Pokémon n'est pas mort mais vive Pokémon.

Nous sommes en 2003. L'attente pour les jeux Pokémon Rubis et Saphir est intenable, les fans n'attendent plus que ça et harcèlent leurs parents pour les convaincre de les acheter. Le jeu étant sorti depuis un an au Japon, l'Europe ne pouvait plus attendre. Et c'est finalement en ce 25 juillet que les cartouches sortirent dans les magasins du coin.

Plus de 386 Pokémon à trouver, une nouvelle aventure, des nouveaux personnages, de nouveaux légendaires... Pokémon était un monument depuis 1996. Et les versions Rubis et Saphir ne dérogèrent pas à la règle, avec un succès critique et commercial mérité. 22 millions d'exemplaires dans la nature et des reviews plus qu'encourageantes sur les gros sites de critiques et de tests.

Bref, certains joueurs ont connu cette époque d'or, l'évolution incroyable de la licence, passant d'un jeu en noir et blanc tenant dans une cartouche d'une mémoire de quelques kilos-octet à un jeu en couleur 32-bit et une cartouche contenant 16mo de mémoire. Vous imaginez, pour les gosses de nineties, cette joie de voir leur jeu préféré évoluer ? Alala, quelle chance ils ont...

Mais qu'en est-il des autres joueurs ? Ceux qui sont né trop tard pour pouvoir apprécier cette évolution ? J'en fais parti, et je suis assez malheureux je dois vous l'avouer. Quand on me demande comment j'ai vécu cette époque avec Pokémon Rouge et Bleu, je leur réponds par un silence. Oui, je n'ai pas connu cette période incroyable, où tous les enfants ramenaient leurs Gameboy à l'école pour échanger et combattre.

Mais ne vous inquiétez pas, j'ai su rattrapé mon retard, quelques années après certes. Mais je devais avoir encore moins de dix ans quand j'ai touché à la troisième génération pour la première fois. Cela devait être en 2006 ou 2007. J'avais acheté Pokémon Saphir dans un magasin cash de ma ville, et j'avais joué sur ma Gameboy Advance au lieu d'utiliser la rétro-compatibilité de ma DS Lite. Et j'avais plutôt bien aimé le jeu, mais au fond, j'étais déçu. Je le trouvais moins bon que les autres.

Peut-être parce que je n'ai pas pu y joué à la bonne époque ? Parce que je n'ai pas connu la première fièvre de Pokémon ? En tout cas, cette troisième génération m'avait laissé septique et hésitant. Je ne saurais pas comment la critiquer, mais au fond, je la trouvais décevante.

12 ans après la sortie de ces fameux jeux, voilà qu'un remake sort. Nous sommes en 2014, et Pokémon était -quelque peu- terminé pour moi. J'avais néanmoins beaucoup aimé les remake d'Or et Argent mais les versions Noire et Blanche m'avaient définitivement fâché avec la licence.

Je regardais les jeux Pokémon défiler, de XY en passant par ROSA. J'avais envie de m'y remettre, c'était clair mais bon, je me contentais de regarder des vidéos des jeux et finalement, ça me suffisait. Enfin, c'est ce que je pensais.

Et puis deux ans après, je décide de franchir le pas et d'acheter la 3DS avec Pokémon X. Le jeu ne m'a clairement pas transcendé. Anecdotique selon moi, il m'est quand même apparu comme un bon divertissement. Mon avis concernant Pokémon X n'étant pas si négatif que ça, je me décide d'acheter Pokémon Rubis Oméga avec une once d'hésitation et de mitige. Je me souvenais de cette époque où j'ai acheté Pokémon Saphir et que finalement, ce n'était pas la claque que j'attendais. J'hésitais, peut-être que ces remake étaient encore pires ? Peut-être qu'après des années de dispute entre Pokémon et moi, j'allais encore m'en séparer alors que je venais de ré-apprécier la licence. Après réflexion, j'ai tenté et j'ai reçu Rubis Oméga.

Parlons-en, qu'en ai-je pensé ? Eh bien, le début du jeu ne m'a absolument pas mis l'eau à la bouche, il est aussi ennuyant que les versions originales. Je me suis retrouvé ennuyé dès que j'avais passé la phase des deux premiers badges. Le jeu n'avait quasiment pas changé, et l'ennui enfoui en moi depuis dix ans renaît. Excepté quelques scènes inédites et des animations sympathiques, je ne saisissais pas la qualité du jeu. Et pourtant, je le sais, un jeu Pokémon est souvent de qualité. Finalement, je me disais qu'après une version XY mitigée, les développeurs avaient fonctionné de la même façon pour ROSA. Dommage, je continuais quand même à jouer. De toute façon, je voulais le finir au moins une fois pour avoir bonne conscience et ensuite ranger le jeu sur mon étagère en attendant le prochain déclic.

Et puis finalement, au fur et à mesure que j'avance, j'apprécie de plus en plus le jeu. Il y avait, quelque chose de différent. Pour un remake, il y avait un sentiment différent des versions originales, mais à ce stade-là, je ne savais pas quoi. Mais j'étais content de retrouver la motivation pour continuer malgré les zones d'eau immenses du jeu et la horde de dresseurs souvent ennuyants que tu affrontes à la pelle alors que tu veux juste visiter et profiter. Je continue à jouer de manière spontanée, le jeu n'est pas si mauvais que ça, c'est un fait.

J'arrive à la scène emblématique du jeu où tu dois capturer Groudon en forme action replay. Au bout d'une trentaine d'hyper ball, il rentre enfin. Il faut dire qu'il avait presque décimé mon équipe et qu'il me restait deux Pokémon en vie et sans rappels. J'ai eu un peu peur de pas pouvoir le chopper. Je retrouvais petit à petit cette fièvre de Pokémon, avec le mitraillage des touches A B Bas et Select pendant que le Pokémon rentrait dans la ball. Finalement, le jeu n'était vraiment pas si mauvais que ça. Et à ce niveau, il était déjà meilleur que les versions originales pour moi.

Je continue le jeu, jusqu'à la ligue. En battant le maître, je me rends compte de ce petit " quelque chose " qui était présent dans l'aventure et qui rendait ce remake si différent mais aussi si semblable à la version GBA. Je me souviens alors de toutes ces scènes inédites que je trouvais inutiles... Alors que non, non et non.

Game Freak a fait un excellent travail sur ce remake, encore plus que dans les versions Heartgold et Soulsilver. Ils ont fait de ce jeu, une aventure si personnelle, si proche de l'originale et pourtant si éloignée. Le développement des personnages est beaucoup plus présent et c'est un véritable plaisir, et c'est là qu'on se rend compte que tous ces dialogues et scènes que tu passes en appuyant sur le bouton A un petit millier de fois, sont en fait tout ce qui constitue ce remake. Pokémon et son système de combat légendaire, c'était un peu sa marque de fabrique. Et dans ROSA, les développeurs ont su combiné un développement plus poussé, une histoire plus personnelle à nos yeux et leur gameplay. Cette histoire, c'est un voyage, à la découverte de tout le potentiel que cachait Pokémon Rubis et Saphir, il fait ressortir toutes les qualités que les versions originales auraient pu avoir. Le manque de moyen d'il y a 12 ans se ressent très clairement, on ressent toute la difficulté que le développement des versions Rubis et Saphir a pu être. Et sur ce Pokémon ROSA, Game Freak s'est lâché. Passant d'un jeu impersonnel, éloigné de nous, à une ballade à l'intérieur du jeu.

Je comprends pourquoi j'avais un peu boudé les versions originales, mais je vois à présent tout le potentiel qu'elles contenaient. Et c'est à travers ces remake que je redécouvre les anciennes versions d'un autre oeil, mais surtout d'un bon oeil.

Tous les défauts de ROSA sont comblés par cette approche si subtile, cette vie que Game Freak a instauré dans le jeu.

Après avoir terminé la ligue, je me rends compte de tout ça et pour la première fois depuis longtemps, je ne me barre pas aux toilettes quand le générique de fin s'enclenche. Je lis les noms, je regarde les animations, je souris.

Et puis viens l'épisode Delta. C'est pour moi ici, que tout s'explique. Cette histoire Delta, c'est tout ce que j'attendais. On se sent bien plus proches des personnages et surtout, on se sent vraiment maître de la ligue. On voit les failles des personnages, leur caractère... Tout ce que les versions originales n'avaient pas pu faire. Toutes les références aux anciens jeux me valent un sourire. La région de Hoenn et ces caractéristiques se sont finalement dévoilés dans ce remake, ces clins-d'oeil et ces usages scénaristiques, une vraie renaissance.

Un scénario qui me rappelle d'ailleurs l'excellent donjon mystère rouge/bleu, qui me remémorent tous les bons moments passés devant ce jeu.

Cet épisode Delta est la meilleure conclusion possible pour Pokémon ROSA, c'est une histoire pleine de sentiments. La région d'Hoenn est parfaitement exploitée, et nous avons vraiment ce " quelque chose " en nous qui donne envie de connaître la suite, d'aller toujours découvrir plus de choses.

Ce Pokémon ROSA, est, au-delà de son gameplay, un véritable jeu-vidéo, un véritable RPG avec un fond scénaristique, non-pas omniprésent, mais tout de même très bien dosé.

Pokémon ROSA est un excellent remake et un excellent jeu Pokémon, il a su parfaitement tirer parti des capacités de la licence. Moi, étant fâché avec Pokémon depuis les sorties de Noir et Blanc, j'ai retrouvé tout ce que j'aimais dans Pokémon, cet aspect enfantin mais au fond, si spécial et singulier. Aspect que Pokémon X n'a fait qu'effleuré, Pokémon ROSA ne frappe pas dans le mille, mais à le mérite d'être une véritable aventure Pokémon.

Une histoire qui nous laisse imaginer ce que les enfants des années 90 vivaient.