Job : Dormir. Contrat? CDTI (à durée très indéterminée)

Quand Pokémon Sleep est annoncé, c’est la confusion générale. S’amuser en dormant ? Pardon ? Il aura fallu plusieurs années de développement pour que The Pokémon Company puisse sortir son projet que plus personne n’attendait. Après un mois complet d’utilisation, je suis en mesure de donner mon verdict sur le dernier jeu mobile des créatures de poche.

Pokémon Sleep fonctionne sur une boucle de gameplay très simple : un Ronflex vous est assigné au début de chaque semaine et il sera dans votre devoir de le faire grandir en le nourrissant de baies et de plats confectionnés par vos soins. Via l’utilisation d’un tracker de sommeil sur votre téléphone (ou via l’accessoire Pokémon Go Plus Plus), vous n’aurez qu’à lancer le jeu avant de dormir et le placer sur votre matelas. Le jeu s’occupe du reste et vous indiquera votre dodo score aka votre score de sommeil, le lendemain matin. Après une semaine, votre Ronflex sera remplacé et il faudra viser un score plus haut avec cette nouvelle créature.

Le score sera influencé par la croissance de votre Ronflex et plus celui-ci sera fort, plus votre score sera haut. La qualité de votre sommeil sera aussi d’une importance capitale puisqu’il vous faudra atteindre les 8h30 de sommeil requises pour avoir le multiplicateur de score le plus haut lors de votre réveil. Plus votre score sera haut, plus vous rencontrerez de Pokémon. Chaque Pokemon possède plusieurs types de « dodo » et il sera de votre devoir de tous les trouver et de remplir votre dododex, un compendium de vos découvertes.

La spécificité de cette application réside dans la nécessité de former une équipe de 5 Pokémon préalablement capturés après l’une de vos sessions de sommeil. Ces Pokémon gagneront en expérience après chaque nuit et possèdent des caractéristiques qui leur sont propres. Certains Pokémon s’exerceront dans le ramassage de baies tandis que d’autres seront spécialisés dans les ingrédients. Il y a de multiples types de compétences et celles ci reposent beaucoup sur la RNG puisque cinq sous-compétences peuvent améliorer votre compétence principale, ou bien améliorer des statistiques et attributs dont votre Pokemon n’aura jamais besoin selon sa carrière dans votre équipe. C’est un jeu qui fonctionne sur l’expérimentation et tous les Pokemon ne seront pas viables, d’autant plus que la ressource principale pour les améliorer est rare et importante. Il faudra en capturer autant que possible et ne garder que ceux qui auront une utilité dans l’équipe que vous avez formé.

Les ressources de Pokemon Sleep sont simples. Tout d’abord les bonbons, de différentes tailles et puissance, vous permettront de faire monter de niveau vos Pokémon et les faire évoluer en échangeant un nombre prefixé de bonbons (généralement 80 pour les derniers stades d’évolution). Viennent ensuite les fragments d’étoile, une ressource essentielle à la croissance de vos Pokemon puisque chaque montée de niveau puisera dans ces fragments. Ils serviront également à augmenter la taille de votre marmite, fonction importante pour créer des plats et améliorer votre Ronflex.

Tout aurait été plutôt agréable si la progression du jeu n’était pas aussi lente. En effet, il est inutile de se lancer dans Pokémon Sleep si vous désirez avoir des résultats immédiats. Il va vous falloir énormément de patience. Après un mois d’utilisation quotidienne, mon meilleur Pokémon, un magnifique Herbizarre renommé Boulebi, vient seulement d’atteindre le niveau 21. Les récompenses en bonbons sont suffisamment rares pour ne pas être utilisées n’importe comment et ce jeu qui s’apparentait jusqu’à maintenant comme un simple tracker de sommeil devient un jeu de micromanagement sur le long terme.

Cette fonction de tracking de sommeil a été utilisée par mes soins avec le Pokémon Go Plus Plus. Hélas, il y a quelques rares problèmes qui j’espère seront corrigés dans un futur patch tels qu’un « temps d’endormissement » plutôt hasardeux qui ne fonctionne pas toujours comme prévu - ce qui a pour conséquence de ruiner votre longue nuit en sacrifiant un temps de sommeil précieux. Le tracking par téléphone enregistre également les sons émis autour de votre appareil lors de la nuit, mais je ne l’ai pas suffisamment testé de cette façon pour y émettre un quelconque avis.

Comme tout jeu mobile, Pokémon Sleep n’est pas exempt de microtransactions. Cette boutique… Oh boy… non seulement les prix des objets mis à disposition sont carrément hors sol, mais en plus le jeu intègre un battle pass très cher qui récompensera les joueurs les plus fortunés d’un avantage indéniable : un biscuit premium vous permettant de capturer la majorité des Pokémon de premier stade dès la première rencontre. Les biscuits de capture sont compliqués à avoir dans le jeu donc cette feature étant bloquée à travers un abonnement mensuel est d’un très mauvais goût et poussera sûrement les joueurs les plus désespérés (dont je fais partie) à y laisser leur porte monnaie.

Résultat de ce joyeux bordel : un jeu sympathique qui plaira aux joueurs patients et fans de la licence. Pour les autres, fuyez, vous ne serez jamais rassasié avec Pokémon Sleep. La lenteur de la progression est infernale et le seul moyen de l’accélérer un tant soit peu est en y laissant de l’argent. Les développeurs ont déjà promis des événements pour améliorer le sommeil de Ronflex et l’ajout de nouvelles zones et Pokémon. En tout cas, moi, j’ai hâte de les découvrir. En attendant, je retourne pioncer car j’ai un Evoli à faire évoluer.