Un jour, je serai le meilleur dresseur

Premier opus sur 3DS, la génération Pokémon X/Y arrivait avec beaucoup d'interrogations car elle devait marquer une rupture franche dans la série avec notamment l'abandon de la classique 3D isométrique pour une véritable modélisation 3D de l'univers et l'usage des capacités plus modernes de la nouvelle console de Nintendo. Et force est de constater que Game Freak n'a pas loupé le coche.

C'est qu'ils s'en sont donnés les moyens avec ce qui est avant tout une énorme claque visuelle. Et je dis ça en étant pourtant un fan inconditionnel de tout ce qui s'apparente à la 3D isométrique. Artistiquement, tout est très soigné, modélisé avec soin et richesse sans pour autant sombrer dans l'excès. Les zones à explorer peuvent paraître moins vastes mais les nouvelles modélisations leur permettent de regorger de coins et recoins, de mieux jouer du relief, de révéler des petits choses à trouver sans forcément trop indiquer le chemin, d'intégrer de bonnes idées d'animations qui rendent le tout plus vivant (les pokémons qui attaquent depuis les buissons sur les côtés des routes ou qui tombent du plafond, des herbes plus variées, etc.).
Mais ce sont les combats qui y gagnent le plus. Ceux-ci sont enfin réellement animés, les créatures de dos sont enfin regardables, les animations des attaques ressemblent enfin à quelque chose qui n'est pas horriblement kitsch… Il s'agit même du premier jeu dans lequel je ne les désactive pas au bout de trois combats, c'est dire si le changement est important.

Et puis ce n'est pas tout. Dès le départ, les créatures offertes à la capture sont très variées et proviennent de toutes les générations. Cela ne pouvait que séduire les nouveaux joueurs qui ne manquent jamais de découvertes et les anciens joueurs qui retrouveront régulièrement des pokémons déjà croisés et bien souvent appréciés.
Les fonctionnalités offertes sur l'écran inférieur ont également été particulièrement soignées : tout ce qui concerne l'aspect multijoueur en ligne ou local est enfin facile d'accès et ne nécessite aucune explication, l'intégration au système d'amis de la 3DS est réellement appréciable, la pokérécré est un peu plus qu'un gadget mignon et s'intègre agréablement aux combats… Bref, de très gros progrès nécessaires ont été fait et ceux-ci savent se montrer convaincants. Voilà qui est très appréciable.
On regrettera cependant quelques petites régressions d'interface avec un nième remaniement des sacs qui deviennent moins pratiques que dans les quatre jeux Noir & Blanc — et quoique le menu des CT/CS soit lui en progrès avec enfin un affichage pratique des possibilités d'apprentissage — ainsi que la restriction étrange des raccourcis accessibles depuis le bouton Y qui se limite désormais à quatre objets rares ce qui est régulièrement frustrant par rapport à la série N&B précédente où leur généralisation totale nous permettait de gagner un temps appréciable le plus souvent. A côté de cela, l'écran du PSS affiche en permanence des raccourcis pour les menus également accessibles depuis la touche X. Malheureusement, cela implique de régulièrement jongler entre les boutons qui assurent un bon port de la console — ce qui est important avec un modèle XL — et le stylet qui rend certains mouvements plus rapides.
Cela dit, ce sont des détails qui variaient régulièrement d'une version à l'autre et la majorité des anciens joueurs ont parfaitement intégré la nécessité de devoir les réapprendre à chaque nouvel opus. Ce qui rend ces points négatifs moins importants à l'esprit des apprentis dresseurs que nous sommes.

Selon moi, les réels problèmes se situent au niveau de deux points précis. Le premier concerne la façon dont la difficulté du jeu est gérée. Je suis évidemment conscient qu'un jeu tel que Pokémon se doit d'être accessible à tous et qu'il ne valait mieux pas reproduire le début de Noir/Blanc qui l'était parfois trop ou le début des jeux jusqu'à HeartGold/SoulSilver qui avaient tendance à être corrects mais parfaitement interminables et répétitifs. Ici, avec la modification du multi-exp — chaque intervenant dans le combat gagne tous les points possibles et le reste de l'équipe gagne un peu d'expérience également — et sa distribution très tôt dans le jeu font que l'on se retrouve très vite à se balader tout du long avec dix bons niveaux d'avance sur tous les dresseurs, champions compris, sauf à changer régulièrement d'équipe. Pour la difficulté, il faudra donc se tourner vers les combats en ligne et toutes les possibilités du genre arène de combat.
L'autre souci concerne le scénario qui retrouve tous les travers gnangnan et prévisibles d'avant la trame de Noir & Blanc. Tout est absolument transparent et l'équipe des vilains est franchement transparente. Nous perdons également les champions en dehors de leurs arènes. Seuls les compagnons de voyage sont épargnés et restent dans la veine des gentils amis de voyage. Et franchement, sans demander quelque chose de réellement adulte que l'on n'oserait honnêtement exiger d'un Pokémon, un scénario à plusieurs niveaux de compréhension et moins transparent aurait été appréciable.

Mais il faut bien admettre que le scénario n'est pas vraiment ce que l'on recherche réellement dans un jeu Pokémon. Au final, ces quelques petits défauts font peu le poids face au plaisir que l'on prendre en parcourant l'univers de Kalos, encore plus pour les français que nous sommes puisque la moitié nord du pays inspire la géographie et le style de l'univers; les très nombreuses améliorations de mécaniques et la très grande variété des créatures accessibles. Et cela à la mérite de nous rassurer pour l'avenir de la franchise et de nous offrir un jeu à recommander à tous les maîtres pokémon en herbe. Attrapez les tous !