Même si l’intitulé ne le laisse pas présager, Post Mortem se place comme un prologue à Still Life. On y suit les pérégrinations de Gus McPherson, que l’on retrouvera également dans l’opus suivant, ancien détective privé new-yorkais, fraîchement exilé à Paris durant les années 1920 en quête de reconversion afin de devenir artiste. Les raisons de cette décision restent plutôt troubles mais semblent aller bien au-delà d’une simple petite lubie passagère. Malheureusement, traverser l’Atlantique afin de changer radicalement de vie n’est pas chose aisée pour Gus qui peine à obtenir reconnaissance et argent de son art. C’est pourquoi, lorsqu’une mystérieuse New-Yorkaise vient frapper à sa porte afin de lui demander son aide en tant que détective afin de trouver l’assassin responsable des meurtre troublants et sauvages par décapitation de sa sœur et son beau-frère, le pauvre Gus ne peut se permettre de refuser. Quand bien même il voulait effacer sa carrière passée de sa vie. De fil en aiguille, ce meurtre sordide s’avère bien plus complexe qu’il n’y paraît, de même que les différents protagonistes ne s’avèrent pas être ceux qu’ils prétendaient être et les enjeux très différents de ce qu’il semblait initialement, l’enquête prenant peu à peu une tournure complètement surnaturelle. On trouve donc là des composantes scénaristiques matures, sombres, plutôt violentes, empruntes de fantastique avec une bonne dose de complotisme, dans une veine rappelant un peu la série des Gabriel Knight. Avec bien moins de panache, de mordant et de charisme malheureusement. Car si en terme d’ambiance entremêlant charme retro des années folles avec une certaine tension un brin oppressante, Post Mortem s’en tire fort bien, on ne peut pas en dire autant de sa beauté, se contentant de présenter des images floues et vides, avec son bon nombre d’écrans de déplacements transitoires totalement inutiles desquelles on a incrusté grossièrement des modèles 3D d’objets et de personnages. Ce qui facilite grandement la lisibilité des éléments interactifs d’un côté mais décevant toutefois lorsqu’on sait que le premier Syberia, le dépassant graphiquement des pieds à la tête même si les deux ne jouent pas sur les mêmes points de vue (Post Mortem étant en vue subjective sur les phases d’exploration), est sorti chez le même éditeur six mois plus tôt.


Et voilà un fait qui illustre toute la problématique qui ressort de ce prélude : il s’agit d’un jeu présentant de très bonnes idées, parfois extrêmement novatrices d’ailleurs, mais qui se retrouve continuellement entaché par une exécution maladroite, si ce n’est carrément mauvaise. D’où le fait qu’on se retrouve toujours le cul entre deux chaises sur les bonnes ou mauvaises grâces que l’on veut bien lui accorder. Parmi ces bonnes idées, on pourra lui reconnaître ce parti-pris d’un cheminement non-linéaire où l’on peut mener les différents axes de l’enquête de Gus plus ou moins dans l’ordre voulu, chacun pouvant par ailleurs être résolus de plusieurs manières différentes. Ce qui semble plutôt intéressant sur le papier, d’autant plus qu’il a été annoncé que le jeu comportait trois fins différentes. En pratique, cela aurait pu mieux fonctionner à merveille si ces trois fins ne se faisaient pas que sur un choix mené sur un unique embranchement, et non sur la façon globale à laquelle on a pu mener son enquête. De la même manière, Post Mortem ne parvient pas à bien mener son parti-pris : il n’arrive pas à adapter de manière adroite sa narration selon l’ordre et la manière où l’on exécutera les choses, ce qui rendra par moment le propos plutôt confus. D’autant plus lorsque le jeu présente de nombreux bugs sur les éléments qu’il présente, omettant des choses non menées et/ou nous présentant de nouveau des indices sur des axes déjà terminés, sans compter un carnet d’enquête répertoriant les différents documents trouvés complètement à la masse lorsqu’on veut le consulter. Les dialogues représentent une autre particularité notable du soft où le choix ne se fait pas forcément pas nature de réplique mais par le ton et tournure que l’on décide de leur donner, l’interlocuteur pouvant aussi apprécier l’approche et se montrer loquace ou au contraire se braquer et se replier comme une huître. Là encore, une excellente idée, bien en avance sur son temps, qui se retrouve plombée par un doublage manquant cruellement d’âme, ainsi qu’une modélisation faciale complètement figée faisant que l’on a bien du mal à déterminer ce qui pourrait s’avérer judicieux ou non, ne pouvant pas spécialement sonder les caractères respectifs de chaque protagoniste rencontré. Au final, Post Mortem s’avère bien moins solide que ne laisse présager ses bonnes intentions et fera qu’on finira, au fur-et-à-mesure des tâtonnements à déchanter, voire décrocher alors que l’on aurait pourtant apprécié s’y impliquer davantage, l’ambiance et le scénario global étant clairement intéressants.


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Margoth
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le 24 mai 2018

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