Pro Evolution Soccer 2019
6.9
Pro Evolution Soccer 2019

Jeu de Konami et PES Productions (2018PlayStation 4)

Les simus de foot : ses moments de gloire, ses redondances, ses maux…

Putain j’ai replongé…
Ça faisait depuis « FIFA 12 » que je n’avais pas retouché à une simu de foot et franchement j’m’en portais pas plus mal.
En arrêtant les simus de foot j’avais redécouvert le soleil qui brille, les gens qui parlent… Vraiment ça m’avait fait du bien…
Et puis il y a eu ce printemps 2020 là. Ce fameux confinement…
« Il faut jouer pour garder l’moral » qu’ils disaient.
Alors moi j’ai commencé soft en replongeant dans quelques vieux classiques, histoire que ça m’occupe quelques semaines, pas plus…
Et puis j’ai vu qu’on était partis pour des mois ; que j’allais avoir besoin de quelque chose de plus sérieux, de plus fort…
J’avais besoin d’un bon gros jeu d’asocial…


C’est là que j’ai repensé à mon enfance : « Kick-Off », « FIFA International Soccer » (le tout premier), « Adidas Power Soccer », « ISS », « PES » et toutes les autres licences qui ont fini par se numéroter en année…
Tous ces titres représentaient des centaines d'heures de vie de perdues ; à refaire sans cesse la même chose ; toujours plus ou moins le même match, le tout en pestant sempiternellement contre les mêmes défauts…
…Mais je continuais. Encore et toujours…
Pas de doute. Pour le confinement, c’était ce qu’il me fallait.
Il me fallait un jeu de foot.
Mais hors de question que je retombe dans le panneau FIFA. Deux épisodes au début des années 2010 m’avaient suffi.
Il fallait que je me trouve une excuse. Quelque chose qui fasse « joueur savant » qui explore les arcanes de l’art.
Mais bien sûr… « PES »…


Un petit tour sur Amazon et je découvre que « PES 2020 » est aisément accessible à… 60 euros.
Mmmmh…
Bon. Le « PES 2019 » fera l’affaire.
Après tout pour quelqu’un qui a décroché depuis si longtemps du monde de la simu de foot, une année de plus ou de moins, ça ne changera pas grand-chose. Le bond en avant allait suffire à me scotcher. Mon premier jeu de foot sur 8e génération.
Ça ne pouvait que déchirer…


Sauf que…
Eh bah sauf que pas tant que ça en fait…
Et le pire c’est que franchement ça aurait pu…
Oh ça oui, carrément que ça aurait pu ! Parce que l’air de rien, les premières sensations manette en main m’ont clairement rappelé les sensations des premières fois.
C’était nerveux et spontané. Rien à avoir avec « FIFA 12 » où chaque joueur était un véritable paquebot, qu’il s’appelle Gignac ou Hazard.
Là les joueurs se lançaient vite et se montraient relativement agiles. Pas besoin d’appuyer sur trois touches et de prévoir son coup trois semaines à l’avance pour réussir un petit dribble au moment opportun. Ça ouvrait clairement la voie à la spontanéité, à l’improvisation, à l’exploration.
Bref, ça sentait bon le football tout ça. Mais du football chez soi, confiné, associal.
…Parfait pour ma cure de réintoxication.


Je l’avoue, à ce moment-là je ne comprenais pas comment il pouvait encore y avoir des gens pour jouer à « FIFA ».
Parce que bon, je suis désolé mais quand on a choisi de sombrer, moi j’estime qu’il faut faire ça bien. C’est comme l’alcoolisme : avec un petit Jurançon ça passe quand même beaucoup mieux qu’avec de la 16’ toute fadasse.
Parce que ‘croyez pas, j’ai quand même pris la peine de comparer un peu avant de sombrer. « FIFA », mon neveu y est abonné chaque année. Et je peux dire qu’on est quand même dans deux mondes différents en termes de simu.
OK c’est très joli aussi « FIFA », mais franchement ces halos de protection autour du porteur du ballon, c’est certes très sympa pour faire des raids solitaires (surtout que les défenses aident grandement) mais ça n’a pas le charme de ce foot tout en contact qu’offre « PES » ; foot qui appelle d’ailleurs à regarder en permanence le mouvement de ses coéquipiers si on veut éviter de se faire bouffer.
C’est vraiment à deux écoles différentes qu’on a affaire là et – désolé de le dire pour les fifous de « FIFA » – mais il y en a quand-même un qui est davantage tourné vers le collectif, la spontanéité et la créativité.
Et pourtant…


Et pourtant, je l’avoue aussi, au bout d’un moment, j’ai assez régulièrement regretté « FIFA »…
Comme quoi chez Konami, on a l’air de ne pas avoir envie de dominer le marché de la bonne came…
Assez étonnamment, c’est en dehors des terrains que la débandade a commencé, et il m’a suffi de lancer une bonne vieille « Ligue des Masters » pour déchanter sec.
D’abord – on ne peut pas y échapper – ça manque quand même sacrément d’équipes. Seuls deux championnats (anglais et français) disposent d’un système de montée/descente sur deux niveaux. Pour tout le reste on a affaire à des championnats sur niveau unique et franchement, des championnats, il en manque quand-même quelques uns.
Qu’il n’y ait pas de MLS ni de J-League passent encore, mais pas de Bundesliga… Aïe aïe aïe quoi.
Pas de football féminin non plus. C’est un peu triste aussi…
Et franchement, ce n’est pas le fait qu’on dispose d’une bonne demi-douzaine de championnats sud-américains qui va compenser tout ça.


Alors OK, certains rétorqueront à ça que ce problème c’est surtout de la faute d’Electronic Arts. A acheter toutes les licences comme des forcenés, il ne reste plus grand-chose à ce pauvre « PES ». Soit…
…Sauf que, ce que je ne comprends pas, c’est que « PES » a l’arme ultime pour contrer ça ! Et depuis longtemps ! Le libre paramétrage !
Ça fait des années qu’il y a des équipes de fans qui s’éclatent à refaire des patchs de toutes les équipes manquantes ! T’as pas les droits de la Premier League ? Pas grave ! Avec le boulot de la team WEPES en même pas dix minutes tu te retrouves avec tous les maillots, logos et joueurs comme si ça avait toujours été là ! Il te manque la Bundesliga ? Pas un problème non plus ! On remplace un vieux championnat imaginaire et on te reparamètre tout ça !
Du coup, puisque la solution est là, pourquoi Konami ne l’utilise pas pleine barre pour que les joueurs puissent paramétrer à l’envie leur jeu ?!
Pourquoi par exemple on ne peut pas laisser aux joueurs la possibilité de créer des ligues supplémentaires ? Par exemple un troisième niveau pour le championnat de France, voire un quatrième et un cinquième si ça nous chante ! Comme ça chacun peut faire à sa sauce ! Mais franchement Konami, qu’est-ce que ça vous coute ? De toute façon ce sera aux joueurs de gérer le remplissage en équipes et en noms de joueurs donc relax !
Et même chose pour les championnats existants ! Laissez paramétrer ! Comme ça ça permettra de corriger pas mal de vos bourdes !


Parce que bon, moi je veux bien qu’on n’ait pas les droits de tous les championnats, mais ça n’empêche pas d’en respecter les règles !
Par exemple la Ligue 2 française, dans « PES 2019 » (dont Konami a les droits en plus) le principe des play-offs n’est pas pris en compte.
Et ce n’est pas comme si les gars n’avaient pas été mis au courant de la récente refonte du système de montée / descente français, parce qu’ils ont passé le nombre de promus de 3 à 2. Mais par contre, pour tout le reste, ça devait demander cinq minutes de trop à programmer alors ils ont laissé tomber.
Les gars ils ont que deux championnats à deux niveaux sur tout leur catalogue et ils ne sont même pas foutu d’en respecter le fonctionnement ! La lose quand même !…


Alors vous allez me dire que je chipote sur un détail, mais des détails comme ça y’en a des tas.
Par exemple comment ça se fait que lors d’une saison je peux enchaîner cinq à six matchs à l’extérieur d’affilé ? Non mais les gars, vous avez checké les règlements deux secondes ?
Idem, pour les matchs de coupe en terrain neutre ! Renseignez-vous !
Et idem pour les stats des équipes qui sont un peu craquées. Parce que moi, perso, voir Nantes, Amiens, Toulouse et Nimes lutter à la fin de chaque saison pour les places européennes, j’avoue que ça me scie un peu.
Pareil, il y a quand même certaines stats individuelles qui me laissent sur mon séant. Par exemple constater qu’Alexis Blin de l’Amiens SC est l’un des dix meilleurs milieux DU MONDE, j’avoue je ne m’en remets toujours pas.


Et puis une fois de plus, je suis quand même triste de constater que les programmeurs ne semblent pas avoir envisagé une seule seconde l’éventualité qu’un joueur cherche à commencer une Ligue des Masters avec une petite équipe.
Moi par exemple, j’ai commencé ma première Ligue des Masters avec l’AJ Auxerre. (Parce que oui, moi j’aime souffrir.)
Premieres rencontres de la partie : une participation à un tournoi amical en Asie où l’AJ Auxerre a été invitée pour ferrailler contre le Celtic de Glasgow, le Lokomotiv Moscou et le FC Bale…
OK les gars…
A quel moment ça vous a semblé crédible qu’on invite l’AJ Auxerre à ce genre d’événements en présence de ces grosses cylindrées européennes ?
A quel moment ça vous a semblé pertinent et formateur de proposer à un joueur de commencer sa Ligue des Masters avec un petit Auxerre – Celtic ?
Non mais franchement !
(Pour info je me suis pris un bon petit 3-0 bien déprimant. A partir de là j’ai quitté le superstar et suis passé au niveau du dessous… #monanusnestpasuneautoroute)
Et en plus de ça mon président me fixe comme objectif de gagner le tournoi amical ?! …Et de remonter en Ligue 1 par-dessus le marché ?! …Non mais oh ! Tu t’es un peu rencardé sur les derniers résultats de l’AJA toi pour me demander ça ?


Alors du coup, forcément, j’ai voulu me renforcer.
Manque de pot je n’avais pas vraiment compris que le marché des transferts était déjà ouvert.
Et quand je l’ai compris ça ne m’a pas aidé parce que… Je ne savais pas comment opérer des transferts.
Non mais franchement, ce menu de jeu - tout comme le mode de recherche des joueurs - n’est vraiment pas instinctif du tout. Et puis osons se le dire aussi, tout ça n’est vraiment pas très bien ficelé non plus.
Recevoir une proposition d’achat c’est comme découvrir sa déclaration d’impôts. Il y quelques chiffres partout mais tu ne sais jamais à quoi ils correspondent vraiment. Et pour les achats c’est pire. Au lieu de fixer un montant de transfert et un montant de salaire, on joue avec des jauges qui les augmentent automatiquement à notre place. Perso je ne suis pas fan, mais là où ça me gonfle, c’est qu’une fois une barre pleine on ne peut pas surenchérir, quand bien même les caisses sont pleines.
Idem, impossibilité de rebrasser le budget transferts avec le budget salaires comme dans « FIFA », si bien qu’on peut se retrouver avec plusieurs dizaines de millions sur le compte pour acheter un joueur qui vaut seulement un demi-million mais ne pas pouvoir pour autant le faire signer parce que la caisse des salaires est vide. C’est d’un con.
Idem, parmi les innovations dont on se serait bien passé, les p’tits gars de « PES » ont décidé de mettre une jauge d’attachement au club qui définit une autre jauge qu’on pourrait qualifier de « transférabilité ». Pourquoi pas… Sauf que quand tu fais une recherche, tu peux classer les joueurs selon tous les critères, y compris la taille (ce dont on se fout un peu), mais pas par taux de transférabilité. Et vu que dans ce jeu il est impossible de faire une recherche précise de poste (sitôt quelqu’un peut jouer même vaguement à un poste, il figurera dans la recherche) on se retrouve à devoir éplucher des milliers de noms, la faute à un système super mal fichu. Et franchement, ça nous en fait perdre du temps tout ça l’air de rien…


De toute façon, on ne va se mentir, faire des transferts dans un jeu qui a des championnats aussi foireux, ça ressemble vite à du grand n’importe quoi. Vu qu’il n’y a qu’une seule autre D2 dans le jeu – et que celle-ci à un niveau bien plus intéressant que la Domino’s Ligue 2 – personne ne veut venir jouer à l’AJ Auxerre… à part des Sud-Américains et des Thaïlandais (parce que oui, « PES » a les droits du championnat thaïlandais quand bien même – par un grand mystère – on ne peut pas le jouer en Ligue des Masters.)
Ainsi il ne reste plus de choix : on affiche la liste des joueurs libres et en fin de contrat et là c’est la fiesta. Deux ou trois mercatos et on récupère quelques internationaux qui sont libres parce que Konami n’a pas daigné créer leur championnat. Ainsi me suis-je vite retrouvé avec une équipe à la Arles-Avignon (les connaisseurs comprendront) avec quasiment que des joueurs asiatiques ou sud-américains, dont quelques uns n’existent même pas car dans « PES », les championnats inventés, tu connais…
(Mais bon, fort heureusement, Konami semble s’asseoir aussi sur l’arrêt Bossman. Ainsi ai-je pu aligner une équipe avec seulement deux joueurs communautaires sans que ça ne pose aucun souci règlementaire.)
Super la crédibilité…


Et puisqu’on parle de crédibilité, parlons de ce système de renouvellement des joueurs.
Parce que oui, à force d’enchainer les saisons, les joueurs prennent de l’âge et certains se doivent de raccrocher les crampons. Là-dessus pas de souci.
Le problème c’est qu’en retour il faut réalimenter le vivier si on ne veut pas voir des équipes jouer à six au bout de quelques années. Dans « FIFA » les joueurs étaient créés aléatoirement et ça m’allait. Je me souviendrai toujours à « FIFA 12 » d’Odaïr Jouffre et d’Aboubakar Dumont (je ne rigole pas, c’était leur nom) sortir de mon centre de formation et devenir des joueurs expérimentés de coupe d’Europe.
Mais dans « PES » rien de tout ça.
J’ai commencé à avoir mon premier soupçon quand je suis tombé sur un petit jeune du nom de C.ANSALDI (oui parce que dans PES on ne connait pas les prénoms et les minuscules, ils ne devaient pas avoir les droits).
C’était un petit latéral argentin d’à peine 16 ans aux stats plutôt flatteuses. Son profil m’intéressait… Mais je m’étonnais néanmoins qu’il ressemble beaucoup à Cristian Ansaldi, le joueur du Torino… Bon… Coïncidence me disais-je… Et voilà que je tombe dans la foulée sur un certain S.LICHSTEINER, latéral suisse de 16 ans, avec la gueule de quarante ans du Stéphane Lichsteiner qui a joué au LOSC il y a quinze ans… Là plus de doute…
Ces cons de chez Konami ont donc décidé de recycler leurs anciens pour ensuite les transformer en petits jeunots. Ça a l’air malin comme ça hein. Ça permet d’avoir un roulement avec tout le temps les mêmes joueurs hein ? Sauf que niveau immersion c’est zéro.
Quand tu recrutes dans ton centre de formation un petit gamin de seize ans qui s’appelle Juanfran, qui ressemble à Juanfran (et le Juanfran qui a plus de quarante balais hein, pas le Juanfran tout jeune) et qui joue au même poste que Juanfran, eh bien ça te sort totalement du jeu. De où que Juanfran va jouer à l’AJ Auxerre ? Mais laisse tomber quoi…


Et ce qu’il y a de terrible dans ce jeu, c’est que des retraités, il y en a très vite à la pelle.
Moi par exemple, au bout de ma première saison, j’ai vu Olivier Giroud prendre sa retraite. En 2020 donc. Là, en vrai, on est en 2020 et Giroud n’est pas à la retraite. Et je ne suis pas sûr qu’il y pense. En même temps c’est normal, le mec il a 33 ans.
Dans ce jeu, passé 30 ans, tu as une chance sur deux d’être à la retraite.
Et visiblement il ne fait pas bon d’être vieux dans « PES » car sitôt passé 25 ans, en moyenne, les joueurs ne progressent plus et commencent à décliner.
Manque de pot, les prétentions salariales et les valeurs ne cessant pas de s’envoler avec l’âge, y compris pour les joueurs proches de la fin de carrière, si bien qu’il n’y a donc aucun intérêt à acheter des joueurs vieux. Car non, un ancien n’apportera pas de bonification aux autres joueurs en termes d’expérience, de construction de jeu ou d’efficacité.
Ou plutôt si : pour être plus exact il en apportera, mais pas plus qu'un jeunot ayant enchaîné une petite trentaine de matchs au club.
Bref, dans « PES » les vieux n’existent pas. Et être vieux, c’est avoir plus de 25 ans…
Top crédibilité.


Ainsi en plus d’être une équipe de Chiliens, de Colombiens, d’Argentins et de Japonais, l’AJ Auxerre made in Grenouille avait donc une moyenne d’âge proche de la vingtaine.
Une vraie machine à trading. Un club que j’aurais pu/dû rebaptiser le LOSC Auxerre au vu de la logique de sa composition : logique que j’exècre pourtant fortement…
Autant dire que l’impression de choix, de paramétrage et – osons le dire – d’amusement a très vite ses limites en Ligue des Masters.
Assez régulièrement on nous rappelle qu’on joue à un jeu craqué.
Et quand ce n’est pas le mode de fonctionnement de la Ligue qui nous le rappelle, soit en casant trois matchs en cinq jours, soit en faisant en sorte qu’un joueur de Ligue 2 (en l’occurrence Kwon) refuse de quitter son club en faveur du club champion de France (en l’occurrence - après quelques saisons rondement menées - l'AJ Fucking Auxerre) ou bien soit en faisant en sorte que malgré dix victoires d’affilé en debut de saison je reste malgré tout troisième de mon championnat ; c’est malheureusement le terrain qui prend le relais.


Comme je le disais plus haut, ce jeu n’a clairement pas anticipé le fait qu’on puisse vouloir jouer avec des petits clubs. Aussi les perspectives de jeu sont au départ clairement limitées.
Dans les petites équipes, les joueurs qui disposent de la compétence « jeu en une touche » sont assez rares et je trouve ça juste dingue.
Ainsi on est incapable de concevoir qu’en Ligue 2 française on sache jouer en première intention alors qu’en parallèle on n’a visiblement aucun mal à considérer que Troyes joue dans un stade de 80 000 places.
(Dans ce jeu il n’y a qu’un seul stade moisi, et c’est clairement trop peu. Encore une fois « FIFA » marque un point de plus en termes d’immersion.)
A cela s’ajoute des paramètres de jeu bien chiants. En effet, on sent que Konami a pensé les choses de telle manière à ce qu’une équipe qui vient de se prendre un but dispose d’un petit coup de boost tandis que l’équipe qui vient de marquer subit un petit moment de relâchement.
Autant dire qu’en niveau Pro, avec l’AJ Auxerre, mieux vaut ne pas marquer parce que sinon c’est la fessée assurée. C’est mécanique. Rien à faire. Dès l’instant de remise en jeu par l’adversaire, il devient impossible de toucher la balle si le niveau de l’équipe jouée est trop faible. C’était le but systématiquement.
Du pur plaisir.
Un joyau de crédibilité.
Mmmmh… C’est bon.


C’est d’ailleurs aussi dans ces conditions là qu’on se rend compte à quel point la jouabilité de « PES 2019 » est loin d’être parfaite.
Même après vingt ans d’expérience dans le jeu de foot en 3D on a encore le droit à ces bonnes vieilles passes « oh mais non pas à lui ! » (Les connaisseurs comprendront.)
Et même après vingt ans, on a aussi encore le droit à ce drôle de système où la force de l’imput ne règle pas la force de la passe mais la profondeur du joueur choisi pour faire la passe (Mmmh… Et prendre en compte la direction du joystick, personne n’y a pensé depuis tout ce temps ?)
Et que dire encore de ces joueurs qui se fixent comme des plots pour attendre la balle alors qu’on s’acharne sur le joystick pour qu’ils foncent vers elle afin de ne pas se la faire intercepter ?
(…Tout comme on a encore ces joueurs qui courent pour toucher la balle avant qu’elle ne franchisse la ligne alors qu’on bourrine le joystick dans l’autre sens pour qu’elle sorte tranquillement en six mètres.)
Et que dire aussi de ces moments où le ballon se balade en plein milieu de notre surface et qu’il faut bourriner huit fois la touche R1 avant c'espérer récupérer le contrôle du joueur qui est le seul en mesure de la jouer ?
Et que dire encore du fait que la touche d’interception soit la même que la touche de passe ? Combien de ballons on croit crocheter mais qu’on balance par erreur en touche parce que le jeu a soudainement considéré qu’on était le possesseur de balle ?
C’est dans des moments comme ça qu’on aimerait avoir une touche d’annulation d’action. Ah mais si j’y pense : il y en a bien une ! Seulement voilà, c’est la touche « X » aussi et elle ne marche que pour les tirs ! Du coup réappuyer sur « X » pour annuler la passe ne fait qu’en accroître la force… Super !
Alors certes, tout ça n’arrive pas systématiquement. C’est seulement de temps en temps. Mais c’est quand même trop souvent pour que ça ne nuise pas régulièrement à nos parties.
Comme je le disais plus haut : c’est vraiment à croire que Konami ne veut pas dominer le marché ou alors qu’il a des scrupules à nous entretenir dans notre dépendance.


Et le pire c’est que je me rends compte qu’en ayant dit tout ça, j’ai encore laissé pas mal de tares de côtés.
Je n’ai pas parlé du menu des formations totalement moisi avec un curseur bien pénible à manœuvrer.
Je n’ai pas parlé de la pauvreté des noms enregistrés vocalement dans la base de données des commentaires. (Faire un match en L2, c’est entendre le commentateur citer un joueur ou deux, pas plus.)
Et je n’ai pas parlé de ces musiques remarquablement hideuses – une marque de fabrique de Konami – qu’on ne peut d’ailleurs même pas remplacer par notre propre playlist comme dans « FIFA ». Qu’est-ce que ça leur coûtait franchement de rendre modulable ça ?
Trop visiblement…


En fait, en ressortant de cette cure de réintoxication je me suis rendu compte d’une chose : au fond les simus de foot ça évolue sans jamais vraiment évoluer.
Ils ont beau nous en sortir une tous les ans – chaque année se devant être une refonte de tout le gameplay – en fait le genre stagne péniblement. Il n’avance pas.
Alors OK, l’IA s’est quand même sensiblement améliorée ce qui a impacté positivement le rythme et la spontanéité du jeu. Mais d’un autre côté je trouve qu’on reste toujours plus ou moins sur les mêmes phases d’un match à l’autre, ceci s’expliquant généralement par le fait qu’en définitive le jeu peine à s’adapter à nos choix.
A chaque match, il y aura toujours ce joueur qu’on pourrait lancer avec une belle transervale mais sans que la chose ne se fasse. Soit le jeu n’aura pas compris la trajectoire voulue et enverra la balle dans les cieux, soit la balle partira bien mais le joueur visé ne partira pas.
Et ce qui est valable pour une transversale l’est aussi pour un décalage, pour une remise en retrait, pour une balle dans l’intervalle…
Dans un vrai match ces actions seraient possibles. Elles seraient même certainement envisagées par les acteurs et spectateurs de la partie… Mais dans le jeu on finit par savoir que ça ne sert à rien de tenter. On finit par abandonner et stéréotyper son jeu…


Personnellement je pense que c’est là que « PES » – et même « FIFA » d’ailleurs – ont à travailler en priorité.
Au lieu de passer leur temps à augmenter les performances graphiques et à mettre à jour les bases de données, ils pourraient s’avérer bien plus pertinent de bosser la réactivité de l’IA à nos décisions de joueurs, à notre créativité…
Bref à faire en sorte que le jeu s’adapte davantage à nous que nous nous adaptions au jeu.
Pour moi la barrière elle se trouve là et elle est aisément franchissable.
Mais encore faudrait-il pour cela que les programmeurs sortent un peu la tête du guidon de temps en temps.
Encore faudrait-il prendre la peine de recouvrer sa lucidité.


Alors oui, en soit « PES 2019 » est un jeu honnête, agréable, grisant… A n’en pas douter.
Mais le temps serait peut-être venu d’arrêter de vivre sur ses acquis et de commencer enfin à créer de nouveau ; à ouvrir de nouveaux paradis artificiels.
Parce que bon, en cas de potentiel reconfinement, moi je sens que je vais avoir besoin d’une came à laquelle je ne suis pas encore accoutumé.
Alors pitié, Konami… Faites vite…
Et surtout faites fort…

lhomme-grenouille
6

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Créée

le 7 oct. 2020

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