Project Zero II: Crimson Butterfly
7.9
Project Zero II: Crimson Butterfly

Jeu de Tecmo (2003PlayStation 2)

Comme depuis The Haunting de Robert Wise (datant de 1964) et Twin Peaks : Fire Walk with Me, très peu de films m'avaient poussé à me serrer contre mes camarades, à réveiller ma chérie, ou à baisser le son en plissant les yeux, en bon amateur de films "qui sont beaux, bien réalisés et qui font peur", j'ai cru au renouveau que proposait le cinéma japonais avec les histoires de malédiction désormais bien connues, rabâchées depuis ad nauseum dans des redites sans qualités.
Mais les deux points de départ de cette scène, à savoir Ju On et Ring, étaient prometteurs.
Depuis, le voile est tombé, et les quelques bonnes surprises qu'on était en droit d'attendre ont vite laissé place à de réchauffé.
Dommage. Heureusement, les espagnols ont un temps repris le flambeau, et même si eux mêmes se sont épuisés depuis, ils m'ont au moins redonné espoir, avec le très bon La Secte Sans Nom par exemple.


Mais une fois de plus je m'égare.
Alors que le cinéma à la Ring et Ju On était déjà dans la répétition systématique des mêmes procédés éculés arrive dans mes mains ce jeu, prêté par un ami surpris que je sois passé à coté de cette série, compte tenu de mon penchant pour les ambiances efficaces et prenantes.


Si j'aime les jeux "horrifiques", force est de constater que rare sont les moments de réelle angoisse au sein de ce petit monde vidéoludique.
Même si les deux premiers Silent Hill m'ont secoué comme il fallait, le reste fait pâle figure globalement (j'en oublie évidemment plein, dont l'anxiogène Forbidden Siren, entre autres...)


Mais heureusement pour moi, un ami me parle de la série Project Zero. Je m'étonne de ne pas en avoir entendu parler plus tôt, et accepte avec gratitude le prêt du second volet de la série.


Et là, dès la séquence d'introduction, la magie opère.
Au delà des clichés narratifs qui pourront sembler peu inspirés (un village désert, une malédiction, des jumelles, des fantômes, des sacrifices humains et autres découvertes particulièrement sombres jalonneront votre parcours à la recherche de votre soeur jumelle dans une poche hors du temps).
Dès le départ, le propos est posé, une ambiance surréaliste, un monde en marge, sans autres habitants que les fantômes qui errent dans ce village traditionnel japonais, une nuit perpétuelle, et des papillons indiquant le chemin.
Vous êtes lachés là, sans aucun indice, et sans arme, sinon un appareil photo mystique qui capture les âmes damnées.
Si ça sonne un peu ridicule, dit comme ça, n'oublions pas que c'est un thème récurent dans les aventures anthropologiques, la difficulté de prendre en photos les autochtones de différentes zones du monde de peur que leur âme soit imprimée sur le papier.
Les pratiques magiques contemporaines ont elles aussi un rapport à l'image qui, s'il n'est pas aussi "naïf", reste tout du moins dans une logique analogue.


Mais bref, la force de l'appareil photo, ici, c'est qu'il est lent à recharger, que les pellicules puissantes sont peu nombreuses, et que les "coups" portent plus violemment lorsqu'ils sont donnés à bout portant.
On se retrouve donc souvent à trembler en regardant un fantôme sortir en rampant doucement d'un coffre, avancer vers nous, attendant le moment propice pour lancer la photo, le dernier moment avant que ce dernier n'attaque.


Les fantômes sont généralement bien effrayants, les décors sont magnifiques, la mise en scène est extrêmement soignée, les fragments d'histoires locales, de ce qui est arrivé aux précédents infortunés de passage, des rites qui sont pratiqués dans ce village depuis ses origines participent à l'ambiance horifico-onirique de cette aventure tragique et réellement effrayante.
Les graphismes sont peut être un peu datés, mais compensés par une mise en scène bien inspirée, et une histoire belle et terrible, et un gameplay immersif tout en tension.


Est-ce à cause des japonais que j'ai peur des enfants qui sourient d'un air étrange ou à cause des enfants eux-mêmes ?
Est-ce parce que j'ai fait une fois semblant de dormir, un oeil ouvert fixé sur ma petite amie de l'époque, en ronflant de plus en plus fort pour qu'elle finisse par se retourner et hurle en voyant un regard vide dans la pénombre que j'ai peur des gens qui dorment les yeux ouvert, (certains parleraient de justice poétique), ou bien parce qu'ils sont vraiment flippant ?
Est-ce à cause de Twin Peaks, de Lewis Carrol et de Crowley que j'ai peur des miroirs ou parce qu'il se passe vraiment quelque chose de l'autre coté du miroir ?


Est-cet vraiment honteux de finir une chronique par une série d'interrogations sans réponses ?

toma_uberwenig
9
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le 28 mars 2011

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toma Uberwenig

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