Resident Evil 2
8
Resident Evil 2

Jeu de Capcom (2019PC)

Vous allez rire mais j'ai découvert Resident Evil 2 grâce à ce remake signé Capcom en 2022. Autant j'avais eu l'occasion de découvrir cette licence relativement tôt avec les deux épisodes Gamecube (Rebirth et Zero) autant je n'ai jamais eu l'opportunité ni la curiosité de m'atteler aux Resident Evil 2 et Némésis sortis à l'époque sur la première Playstation puis adapté chez Nintendo sur la 64 et la Gamecube. Disons qu'à l'époque de la course effrénée à la puissance dans le monde du jeu vidéo, au début des années 2000, se fader des jeux produits sur PS1 aux graphismes et aux mécaniques vieillottes, n'était vraiment pas dans l'ère du temps. Certes Resident Evil 2 fait partie intégrante de la grande histoire du jeu vidéo, certes il est un excellent titre de la licence mais que voulez-vous ? Aujourd'hui, l'erreur de jeunesse est réparée car je viens de finir ce titre riche de qualités. Honnêtement je suis espanté par le travail réalisé. Parvenir à recréer un sentiment d'angoisse et de peur avec le matériau d'origine, c'est forcément gage d'un travail de grande qualité. Oui, elle est lointaine cette époque où un Resident Evil pouvait me faire peur. Entre le scénario nanaresque au possible et l'implémentation quasi obligatoire dans le bestiaire du fameux "zombie", vous savez, ce truc humanoïde qui a tout le temps la dalle, j'admets que la trouille s'est drastiquement estompée avec les années.


Mais ce remake vient changer la donne notamment grâce à un travail sur l'ambiance hors du commun, un gameplay retors à l'ancienne et une refonte pertinente des animations des zombies. J’insiste sur ce dernier. Les mouvements de titubation des zombies m’ont vraiment déstabilisé au départ, cherchant désespérément une trajectoire en ligne droite pour viser et tirer la tête. C’est la première fois que je vois ce type d’animation dans la licence Resident Evil (corrigez moi dans les commentaires si vous avez observé cela ailleurs). Les zombies sont plus agressifs lorsqu’ils sont proches de vous, idem au sol, ils ont la fâcheuse tendance à faire semblant d’être mort pour mieux vous grignoter la malléole. Le travail apporté aux animations et à l’agressivité des zombies amène indéniablement à une hausse de la difficulté et le retour d’une crainte fondée et légitime des monstres. Et qui dit monstre, dit Tyran. Le fameux, l’inénarrable Tyran ou Mister X. Il m’a vraiment foutu les chocottes ce bâtard non pas parce qu’il est affublé d’un look dégueulasse comme une grande partie du bestiaire de Resident Evil 2 car il est vêtu d’un chouette trenchcoat et d’un joli chapeau, mais parce qu’il vous met vraiment la pression au moment où vous vous y attendez le moins. Pour ceux qui ne connaissent cette créature, il s’agit d’une sorte de super zombie. Rappelez-vous, la Umbrella Corporation essaie de créer des soldats améliorés en modifiant leur code génétique. Ça part en sucette d’où les zombies, d’où le manoir, d’où le laboratoire souterrain etc. Bref, l’histoire du premier Resident Evil, vous connaissez la chanson. Mais Umbrella Corporation, ce n’est pas que des échecs lamentables, la preuve en est avec cette créature impressionnante, cette arme biologique insensible aux balles qui va tenter de vous faire la peau afin de récupérer l’échantillon de Virus-G (le scénario avec Léon). Dans certaines séquences de jeu, Tyran va littéralement vous pourchasser dans tout le commissariat sans relâche. Ceci implique qu’il traverse les salles et donc qu’il vous force à fuir et à planifier tous vos déplacements. Fini les errements inutiles lorsqu’on a une armoire à glace à nos trousses ! Il faudra prêter l’oreille à ses pas lourds qui s’entendent dans tout le commissariat pour estimer, à peu près, la distance à laquelle il se trouve. Franchement, c’est ingénieux et c’est un mécanisme de peur par appréhension que j’aime beaucoup. Certaines pièces du niveau sont étrangement immunisées contre Tyran (les salles de sauvegarde) mais d’autres encore comme la salle de l’horloge ou le bureau des S.T.A.R.S. Ne me demandez pas pourquoi car je l’ignore mais si je devais donner une réponse je dirais pour laisser respirer un peu le joueur acculé.


Deuxième point positif, impossible à manquer, la refonte graphique de toute beauté des lieux mythiques du titre. N’ayant pas connu le titre d’origine, l’effet n’est pas aussi percutant que pour les joueurs de l’époque. Cependant, j’ai regardé des vidéos comparatives sur internet et oui, c’est éblouissant. A la fois le respect de la matrice originelle mais aussi l’innovation dans la remodélisation de certaines zones. Nonobstant, sur le plan purement technique c’est une claque ! Les effets de lumières à la torche, les effets d’eau et d’intempéries sur les visages/vêtements sont sublimes. Le titre est gore, les éléments graphiques associés sont aussi une belle réussite.


Et que dire de la maniabilité ? Encore une fois c’est un sans-faute. Nous sommes bien évidemment dans le contexte d’un jeu de la fin des années 90. Il fallait respecter la maniabilité de l’époque tout en rénovant un peu le concept pour l’adapter aux exigences d’aujourd’hui. Fini la caméra fixe comme dans le premier épisode, nous avons une caméra TPS classique qui suit le joueur dans ses déplacements. Dit comme ça, ça n’envoie pas du pâté mais c’est tout de même une sacrée prise de risque et une refonte très importante du jeu de base permise grâce au progrès technique. Au passage fini le balai dans le fion. En revanche, on garde le système d’inventaire à gérer avec peu de place au départ puis un agrandissement progressif de celui-ci pour les joueurs qui auront la curiosité de farfouiller les niveaux. D’ailleurs à ce sujet, c’est parfois le bordel à gérer car il y a beaucoup de trucs à ramasser ci et là entre les objets de quête, les armes qui prennent de la place, les munitions et les soins… il faut parfois jouer à Tetris ou faire des choix drastiques. Il y a aussi la bonne vieille technique des norias entre les items et les coffres inter dimensionnels. J’adore ce vieux système qui est aussi farfelu que pratique : les objets disposés à l’intérieur de ce fameux coffre sont disponibles, partout, dans tous les autres coffres du jeu que vous croiserez bien souvent à proximité des zones de sauvegarde. En mode normal, fini les rubans encreurs. Honnêtement ce n’est pas plus mal car selon moi c’est une mécanique vieillotte sans intérêt à l’heure actuelle. Par contre, au niveau des munitions j’ai vraiment serré les fesses en particulier pendant la campagne de Léon en mode normal, je précise. Il m’est arrivé de ne plus avoir une seule balle à tirer dans mon inventaire et coffre. Le coup de pression est palpable. Et non, je n’ai pas gaspillé l’intégralité de mes munitions sur le Tyran et non je ne suis pas une truffe pour viser correctement (j’ai joué au clavier et à la souris). Les ennemis basiques sont tellement résistants aux balles que ça en devient frustrant. Il y a des zombies qui refusent de mourir (c’est bizarre dit comme ça…). Paradoxalement, d’avoir non pas raréfié les munitions (car on en trouve partout) mais augmenté le « bullet proof » des monstres est une bonne chose selon moi car parfois il sera nécessaire de faire des choix : cela vaut-il le coup de liquider ce zombie et donc d’utiliser 5 ou 6 balles ? Je l’ai compris assez tardivement dans le jeu car j’avais gardé en mémoire l’ancien gameplay où il est possible de tout tuer sur son passage, en procédant de manière méthodique, sans être jamais vraiment inquiété par l’approvisionnement en munitions. La carte a été aussi amélioré car désormais les objets croisés et non ramassés sont indiqués, les salles ont la progression est totale sont colorées en bleues alors que les salles non terminées sont en rouges. Bref, avec ce Resident Evil 2 Remake on a un exemple de modernisation pertinente de mécaniques de jeu sans pour autant dénaturer l’œuvre originale. Franchement, bravo Capcom !


Le titre force tellement le respect que je ne me suis pas cantonné à la seule campagne de Léon Kennedy. J’ai immédiatement relancé ma partie avec l’histoire de Claire. Les deux sont vraiment différentes dans leur ambiance et leur approche du scénario. En d’autres termes, cela vaut vraiment le coup de le faire deux fois, ce n’est pas une astuce des développeurs pour rallonger artificiellement la durée de vie. Certes, il y a des troncs communs aux deux aventures mais que ce soit dans le choix des armes, les interactions avec les PNJ ou les séquences propres à chacun, il y a un intérêt à explorer les deux voies. Je ne m’attarderai pas sur le scénario de ce Resident Evil 2 Remake. Tout ce que je peux affirmer c’est qu’il est bon. Voire même meilleure que le premier opus, plus mature, plus dramatique notamment avec l’histoire de Claire.


Conclusion : Resident Evil 2 (2019) est une tuerie. Il s’agit d’un très bon remake qui rejoint le panthéon de cette catégorie auprès de la refonte du premier Resident Evil sur Nintendo Gamecube. Capcom a l’air de chouchouter et bichonner ces vieilles licences pour les moderniser avec brio. On sait que ce n’est pas un travail facile car je pourrais vous citer une tonne de remake à chier ou juste passable (bonjour Blizzard). Oui, cela ne fait pas avancer outre mesure le média, oui c’est du pognon facile surfant sur la nostalgie des classiques mais tout comme en littérature, en musique, les œuvres originales ont le droit d’avoir une seconde édition, une seconde vie et même une réinterprétation moderne donc je n’attenterai pas un procès d’intention à la firme japonaise. Par ailleurs, et pour recentrer le sujet sur moi, ce remake m’a permis de découvrir le deuxième opus de la licence permettant ainsi d’étendre ma culture sur la célèbre saga aux zombies affamés. Pour ne rien vous cacher, je m’en vais de ce pas tester le remake de Resident Evil 3 dont on ne m’a pas dit que du bien… On verra si Capcom sait se montrer à la hauteur de sa réputation. Dans tous les cas je recommande vivement cet épisode… Rien que pour Ada.

silaxe
9
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à sa liste Les meilleurs jeux Resident Evil

Créée

le 10 janv. 2023

Critique lue 8 fois

silaxe

Écrit par

Critique lue 8 fois

D'autres avis sur Resident Evil 2

Resident Evil 2
LinkRoi
8

MR.X, première consultation gratuite

Parlons de Resident Evil 2 : Remake ! Avant toute chose, je tiens à préciser que je suis un amateur des Resident Evil récent (surtout du 4, mon amour !) et non pas des anciens. Le seul vieux...

le 15 févr. 2019

24 j'aime

49

Resident Evil 2
Moizi
8

Un régal !

Resident Evil 2 est le seul opus principal que je n'ai pas fait (enfin j'ai jamais vraiment fait le premier, j'ai juste joué au remake sur GC). Et lorsque j'étais au lycée j'avais adoré RE que j'ai...

le 13 avr. 2019

18 j'aime

2

Resident Evil 2
Blood-Curse62
8

"Visez la tête" qu'ils disaient ...

Les récentes sorties en matière de Survival Horror ont mis en avant la difficulté de créer une ambiance horrifique tout en ayant un certain arsenal à disposition. On retrouvait rarement l'équilibre...

le 27 janv. 2019

18 j'aime

3

Du même critique

Fondation - Le Cycle de Fondation, tome 1
silaxe
5

Il était une fois dans une lointaine galaxie...la déception.

Je vais probablement fâcher beaucoup d'entre vous mais personnellement je n'ai pris aucun plaisir à la lecture de ce premier tome du célèbre cycle d'Asimov. N'étant pas un lecteur adepte de...

le 19 juil. 2015

20 j'aime

7

La Domination masculine
silaxe
8

À lire et à relire !

Il faut dire qu'on fait difficilement plus efficace, plus fort et plus clair que l'écriture de Pierre Bourdieu. Un professeur de sociologie absolument brillant qui s'attaque ici à un sujet difficile...

le 17 janv. 2015

18 j'aime

7