Vis ma vie d'inspecteur des assurances !

Et pour ce soir :

Return of the Obra Dinn, 2018, de Lucas Pope, quasi-intégralement d'ailleurs, chapeau bas l'artiste !

Synopsis dérivé : L'Obra Dinn, un navire appartenant à Compagnie Britannique des Indes Orientales, est retrouvé à la dérive près des côtes de la perfide Albion. Vous incarnez le rôle incroyablement sexy d'un (ou d'une, plutôt) expert(e) en assurance. Votre rôle ? Faire le point sur ce qu'il s'est passé sur l'Obra Dinn et déterminer qui a fait quoi pour... bah en premier lieu déterminer qui héritera des soldes des gens qui y sont mort et qui devra payer une amende pour les actes menés sur le navire. Et en second, enquêter sur tout ce qu'il s'est passé. Et pour cela, vu que les morts ne sont pas très loquaces dans le présent, vous pourrez retourner via une boussole spéciale dans le passé selon les quelques squelettes présent ici et là sur le pont, la cale ou tout autre partie du navire. Il va falloir deviner qui est qui, qui a tué qui et par quel moyen. Détective, mais à objectif financier, quoi !

Lucas Pope, papa de ce ROTOD avait déjà accouché du très sympa Papers Please. Il revient du coup dans ce délire qui marque tout d'abord visuellement. En effet, c'est un jeu d'enquête à la première personne avec un affichage qui rappelle nos vieux Macintosh de l'époque, avec des points bien visibles. Tout en noir et blanc (mais étonnamment, ce n'est pas fatiguant pour les yeux), vous allez déjà vous balader dans le vaisseau en vous disant que ce choix graphique a une vraie gueule !

Il a fallu 4 ans pour qu'il finisse ce jeu. Et quand on voit le résultat, c'est impressionnant d'être arrivé à ce résultat en seulement 4 ans, quasi en solo. Vu que le père Pope gère le développement, la musique et le scénario tout seul, faut le faire ! Et si j'ai abordé l'aspect graphique, faut aussi parler du scénario. Et lui aussi, wah... En toute honnêteté, j'étais plus curieux du choix graphique et des très bons retours critiques qu'autre chose, parce que faire une enquête sur un bâteau au tout début du XIXème siècle, ça m'en touche une sans faire bouger l'autre.

Et pourtant, la magie opère très vite. On commence où on veut mais il y a de bonnes chances que vous commencerez pas la loge du capitaine. Très vite, on comprend le rôle du bouquin, chaque chapitre raconte un pan de la vie du navire, avec des sous-partie où il faudra déterminer qui est mort, comment et par qui. le jeu ne vous files pas d'indice directement, il faut être à l'écoute (des accents par exemple), observateur (cet accoutrement rappelle plutôt un officier ou une personnes d'origine perse...) et fouineur dans les flashbacks (tiens, il a un joli tatouage au bras, lui...). Parce que oui, le jeu va se faire en flashback. Vous voyez un cadavre, la boussole s'active, vous entendez les derniers mots puis le choc, l'instant exact de la mort d'une des personnes. Tout est figé dans le temps et vous vous déplacez dans l'espace prédéfini pour comprendre ce qu'il se passe. Roublard, le jeu s'amuse d'ailleurs à mettre plein d'information en dehors de la zone où se passe les actions. N'hésitez pas à sortir du coeur de l'action, vous y trouverez plein de petites choses pas très correct fait par d'autres marins...

En fait, le jeu est très agréable dans sa façon de récompenser l'intelligence du joueur. A vous de déduire, de recouper les informations pour faire le clair sur qui est qui. Parfois, vous ferez comme moi, en tentant un peu au jugé. Le jeu valide vos trois bonnes réponses si vous en déduisez trois, histoire que vous ne restiez pas dans le flou éternellement. Par contre, en dessous de trois, bon courage. Le jeu fait comme ça pour éviter la méthode brute force et si ça peut complexifier certains moments du jeu, ça ne rends le fait de trouver la bonne réponse que plus agréable !

Et pourtant, tout n'est pas parfait dans le jeu. Déjà, passé un certains moment, le système des orbes qui va faire apparaître un cadavre sur le bâteau et que vous devez suivre va vite vous gaver. Vient ensuite parfois ce sentiment de bloquer en se disant "bon, j'ai vu toutes les scènes mais sur les 60 membres d'équipages, je suis bloqué à 12 et je sais plus quoi regarder pour en trouver d'autres", aboutissant à ce moment où il faut reprendre un peu à 0. C'est un peu décourageant mais retrouver de nouvelles bonnes réponses relance le tout. Et le dernier mauvais point, c'est justement quand il faut revoyager dans les chapitre du jeu. Au lieu de profiter du livre qui vous y emmenerai directement pour revivre la scène, le livre ne vous montre qu'une image, une retranscription des dialogues et les gens morts ainsi que la rubrique à remplir. Vous voulez revoir la scène ? Faut trouver le cadavre qui va lancer la machine...

Bon, en vrai, je termine sur les mauvais points mais rarement un jeu n'a été aussi dans l'idée de ne pas me prendre par la main et chercher à me faire utiliser mon intelligence et m'en féliciter à sa façon. Donc ouais, ROTOD, c'est de la très bonne came, quelque chose d'assez unique, jusqu'à l'aspect graphique et le scénario est vraiment super cool ! Donc, si vous ne l'avez jamais fait, allez-y. Par contre, l'idéal, c'est de pas le lâcher et faire de longues sessions dessus pour éviter de vous y perdre...

8/10