Le rêve d'un papillon

Persona, un nom familier et brumeux à la fois. Il est surprenant de voir aujourd’hui que cette série jouit d’un tel succès tout en restant relativement méconnue dans son ensemble, les épisodes les plus modernes (introduit par Persona 3) ayant totalement balayé les premiers volets, et ce, autant au niveau de la popularité que de l’identité de la franchise. Un constat regrettable dans un sens, et plus particulièrement lorsque l’on se penche sur les origines de Persona, avec ce premier épisode, se situant bien loin de tout le reste de cette série.

Revelations: Persona est une œuvre singulière qui, encore de nos jours, réussit à se démarquer, notamment, grâce à son atmosphère, lui octroyant une très forte aura qui m’ait été rare d’observer.

D’un point de vue purement ludique le titre n’est pas sans défaut, et au contraire, il les accumule. Le plus flagrant étant le système d'EXP absolument incompréhensible et sans conteste l’un des pires que j’ai pu voir de tous les RPGs auxquelles j’ai eu affaire. A dire vrai, sous cet angle, il est tout à fait possible de qualifier le jeu d’assez moyen, tant il peut paraître lourd à ce sujet. Pourtant, s’il ne brille pas par son game design, Persona excelle dans sa direction artistique, malgré les limites techniques.

Rarement un jeu n’aura su parvenir à transmettre atmosphère aussi froide et pesante tout en gardant une touche de douceur et une certaine beauté cristalline. Une ambiance retranscrite principalement par la bande-son du titre, absolument magistrale ; le tout accompagné par une présentation visuelle, certes limitée, mais qui s’accorde parfaitement dans une esthétique froide et mystérieuse.

Cet ensemble apporte à ce premier Persona une véritable identité fantasmatique en total harmonie avec la thématique principale qu’il aborde : le rêve. exploré par le biais de ce concept majeure de l'intrigue, tournant autour d’une réalité alternée représentant un monde rêver par Maki/Mary ; ou même dans certaines intrigues, notamment celle de Chisato/Selina montrant comment le rêve peut réussir à se transformer en cauchemar. On bascule entre réalité et illusion pour se perdre dans un monde qui ne semble ni réelle ni imaginaire, un juste milieu inexplicable et pourtant si familier.

Bien entendu, cette description reste subjective et beaucoup ne verront pas ou ne ressentiront pas la même chose à propos de ce titre. Certains allant jusqu’à n’y voir que les défauts et à le bouder, ce qui en soit n’est pas tout à fait injustifié. Cependant, j’aurai tendance à dire que ce jeu mérite tout de même que l’on creuse un peu plus loin que les premières impressions, quitte à se forcer.

Revelations: Persona est un jeu qui m’aura énormément marqué et qui selon moi, restera l’un de mes plus grands coups de cœur vidéoludique. Malgré la vague de JRPGs qui sont sorties dans les années 90 ou même 2000, il garde en lui un petit quelque chose qui le différencie de la masse et le rend à mes yeux uniques. Est-ce un jeu que je pourrais recommander à tout le monde ? Non. Trop de défauts, trop lent, trop imparfait. Toutefois, il reste un très bon choix pour toute personne, armée de patience, cherchant à découvrir un nouveau JRPG et une expérience mémorable.