Garcia "Fucking" Hotspur est un chasseur de démon mexicain qui à la haine parce que sa petite amie s'est faite enlevée par le prince des ténèbres. Qu'à cela ne tienne il va jusqu'en enfer pour la récupérer et botter autant de culs démoniaques qu'il peut. Un postulat simple pour un Third Person Shooter aussi classique dans ses mécanismes qu'atypique dans sa forme.

On retrouve donc un gameplay qui reprend les bases de la refonte de Resident Evil depuis le 4, ça tombe bien puisque le créateur de la licence, Mr Shinji Mikami, participe à Shadows of The Damned. On a donc un héros incapable de sauter qui vise avec ses pieds cloués au sol (mais on peut quand même bouger, lentement) en phase de tir pour repousser des vagues d'ennemis attaquant au corps à corps. Les commandes répondent bien, la visée est tolérante sans l'être trop et on peut démembrer nos assaillants selon notre bon vouloir. Cool mais ça on le faisait déjà il y a 6 ans et c'est bien le problème.
Shadows of the Damned ne possède pas l'envergure de son modèle, la faute à un level-design archi linéaire et une intensité des combats flottante. Les 3/4 des affrontements se déroulent dans des couloirs ou des lieux confiné avec des adversaires arrivant par 3 maximum. Il n'y a pas de possibilité de se planquer, de chercher des issues dans des étages ou des maisons. Ici il n'y a que des petites arènes qui donnent ainsi un côté très mécanique et très routinier à l'action.

Le titre essaye de donner le change en introduisant les ténèbres, sorte de gros nuage de nuit qui recouvre les arènes et qu'il faut soit dissiper en tirant sur des chèvres ( !! ) soit utiliser pour mettre à jour les points faibles d'un démon. Cette idée à le mérite de mettre la pression (car évidemment ça bouffe votre vie et handicape vos déplacements) pour dynamiser un peu tout ça. Bien qu'un peu trop récurrente l'idée à le mérite de fonctionner.
De temps à autre on a aussi des phases en shoot-them-up 2D très chouettes pour leur direction artistique mais assez pénibles niveau gameplay, il y a aussi le passage obligé de shoot fixe avec le "hot boner" qui donne un certain sentiment de puissance (surtout pour les joueurs masculins) mais qui est un peu chiant et bancal dans ses indications.
Bien sûr il y a des boss pour briser un peu la monotonie s'ils ont le mérite d'avoir un certain cachet (on y reviendra un peu plus tard) on perce trop facilement leurs faiblesses et les affrontements ne présentent donc que peu de challenge.

Comme tout bon shooter des années 2010 Shadows of the Damned utilise l'Unreal Engine. Couleurs maronnasses, textures qui mettent des plombes à charger (et quand elles le sont elles ne sont pas super belles) et aspect vieillot globale de la réalisation. Si on rajoute à cela des modélisations pas super fines et les animations robotiques on se retrouve avec une quasie-caricature des défauts du moteur d'Epic lorsqu'il est mal exploité.
Techniquement le jeu est donc plutôt laid et fait incroyablement daté.

C'est pas beau, c'est pas super génial pad en main... bref c'est de la daube ?
Bah, miraculeusement, non.

Non car le jeu bénéficie d'un atmosphère assez unique et qui tire le jeu vers le haut. Le jeu est ainsi truffé de petites trouvailles délirantes. On aura ainsi un boss avec un harmonica coincé dans la gorge qui fait des notes en se déplaçant, des étrons de sauvegardes (si, si), des sushis lumineux, des items gigantesques qui font un bruit rétro quand on les ramasse, etc...
Une créativité que l'on retrouve aussi au niveau des armes avec un fusil à pompe (ou plutôt un fusil à munition explosive, il n'y a pas de dispersion du projectile ce qui est bien chiant) qui lance des crânes et qui peut aussi lancer des crânes géants explosifs, un pistolet à os qui peut allonger son canon de plusieurs mètres ou une mitrailleuse avec 12 canons qui lancent des dents à tête chercheuse.

L'univers de Shadows of The Damned n'appartient qu'à lui et il a le mérite de fonctionner. Le délire se retrouve aussi dans des dialogues très second degrés, bourrés de jeu de mots et d'allusions sexuelles (il faut voir le seigneur des enfers tripoter son gros bélier lorsqu'il parle de la petite amie de Garcia !). La présence du fantasque Suda 51 aux commandes n'est sans doute pa innocente à tout ceci. Dommage par contre que les sous-titre français soient aussi timides dans leur traduction, pour ceux qui ne comprennent pas l'anglais ça risque de tomber un peu à plat.
Au delà de la fanfaronnade le titre distille une atmosphère pus grave et mélancolique. La belle musique d'Akira Yamaoka (compositeur de génie sur Silent Hill) y est pour beaucoup mais ce n'est pas tout. Paula, la dulcinée de notre avatar, n'a de cesse d'être torturée et de mourir sans cesse tout le long de l'aventure. Ces séquences arrivent d'ailleurs parfois à vraiment déranger et provoquent ainsi un attachement véritable à l'obstination du héros.

Entre gaudriole potache et tragédie romantique le titre de Grasshopper arrive à faire le grand écart sans trop se casser la gueule. Le titre frappe donc là où on ne l'attendais pas forcément. Sympathique sans être transcendant dans son gameplay le jeu séduit surtout par son ambiance, sa folie et son caractère étonnement latin pour un jeu japonais. Si on peut être légitimement déçu qu'une telle réunion de talent ( Suda 51, Mikami, Yamahoka) n'aboutisse pas sur une tuerie incontournable, Shadow of the Damned reste un jeu qui mérite d'être essayer, pour peu que vous accrochiez au délire.
Vnr-Herzog
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le 11 juil. 2011

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