En voilà un jeu qui ne laisse pas indifférent… Un opus qui tranche avec une formule bien rodée, installée depuis 3 épisodes, mais qui de l'autre côté transpire tellement la volonté et l'ADN que la Team Silent a toujours su insuffler à cette saga. Un jeu qui sera leur chant du cygne d'ailleurs… et quelle proposition.
Silent Hill 4 part du postulat le plus osé que la série pouvait s'accorder : pas de Silent Hill. On incarne Henry Townshend, jeune homme placide voir éteint qui se trouve tout d'un coup… enfermé chez lui, dans son petit 2 pièces. En voilà une proposition horrifique juste dingue et originale, qui joue sur moult tableaux : claustrophobie, immobilité, répétitivité malsaine… L'environnement de l'appartement est incroyablement bien pensé, évolutif au fil du jeu et regorgeant de très bons partis pris de designs.
Voyeurisme avec le trou dans le mur de la voisine et le judas de la porte, lien avec les événements du jeu grâce à la vue par la fenêtre, la vue FPS…
Ce hub central dissimulé, ou en tout cas diégétique est une excellente idée pour un Silent Hill. La série nous confronte souvent à des peurs intérieures, psychologiques et mystérieuses. Être enfermé dans un environnement malsain est un thème assez universel je pense, et plus que jamais on se pose des questions et on a envie de découvrir ce qu'il se passe. Le côté "enquête" et "découverte de mystères / profils psychologiques" est extrêmement bien rendu dans cet opus, et ça fait plaisir de voir que la saga a réussi à faire 4 propositions très solides et variées à travers ses itérations.
L'autre grosse partie du jeu sera de l'exploration de niveaux comme traditionnellement dans les précédents opus, à la différence prêt qu'il y aura moins d'énigmes à l'ancienne, et quasi aucun boss. Un vent de fraîcheur réussi encore une fois pour moi, puisque les actions à réaliser à travers les environnements seront toujours assez variées et inventives, et ce jeu contient les meilleurs niveaux de la saga à mes yeux, le dernier et l'avant dernier pour ne rien spoiler. Un vrai tour de force après l'hôpital de Silent Hill 3, mais chaque suite aura réussi à proposer des niveaux plus réussis que précédemment. Particulièrement au niveau horrifique, car oui ce Silent Hill 4 fait peur. Extrêmement peur même, je me demande si ce n'est pas le jeu le plus effrayant que j'ai fait de ma vie. De quoi définitivement démontrer qu'il y a plus intelligent à faire niveau peur que de simples sursauts automatiques avec des screamers. Les niveaux sont oppressants comme jamais comme je l'ai dit, mais le jeu va rapidement être radin en ressource, rajouter des contraintes à mi-parcours, avoir un sound-design toujours plus possédé (pour le meilleur comme pour le pire… quelques petits bugs sur les bruitages d'ennemis), une violence plus crue qu'auparavant, et toucher à des thèmes qui font très mal…
Dernier résumé des qualités du jeu : l'une des meilleurs BO de la saga pour moi avec de nombreux moments marquants, des graphismes assez incroyables hérités de Silent Hill 3 malgré quelques occasionnelles faiblesses, un sadisme hors-norme via un rebondissement dans la proposition du jeu, et une pression qui vous hantera pendant longtemps. Si j'en parle comme le jeu le plus terrifiant que j'ai fait c'est que réellement, au bout d'un moment, revenir sur le jeu me faisait peur. J'appréhendais de rallumer la console, je savais qu'un moment difficile m'attendait, que j'allais devoir poursuivre un véritable calvaire pour des enjeux dont je ne perçais que progressivement les mystères à grand coup d'interprétations… En bref, tout ce qui me fascine et me fait rêver dans ce que la saga Silent Hill a réussi à créer. Le tout dans un jeu qui en a vraiment cassé les codes, terminant ainsi l'héritage d'expériences bien trop fascinantes que la Team Silent nous aura concocté…
Tout ce que j'attend d'un jeu d'horreur est là. Les choix de design sont ambitieux, le média poussé dans ses derniers retranchements pour nous rendre dingue, et nous faire souffrir. Merci Team Silent pour cette tétralogie démoniaque, et espérons que Silent Hill connaisse des jours heureux dans le futur. Avec une telle créativité, ambition et parti-pris.