Silent Hill: Shattered Memories par ngc111

Silent Hill : Shattered Memories est une vraie expérience, terme souvent galvaudé mais qui trouve ici tout son sens. Le jeu prévient d'emblée qu'il s'amuse avec le joueur autant que le joueur s'amuse, manette en main. Au final les choix du joueurs (lors de séances de psychanalyse) n'ont que peu d'importance quant aux variations du scénario (à peine sur la fin en elle-même, qui diffère sur quelques secondes) et n'ont d'incidences que sur des changements de lieux ou de physionomies.

Le jeu est d'ailleurs très cloisonné, c'est peut-être le gros reproche que l'on peut lui adresser ; aux phases de découverte des lieux (ponctuées de rares énigmes très faciles) succèdent des séquences de poursuites dans lesquelles on ne peut que fuir et des séances chez un psy. Les phases de poursuite ont le mérite d'être variées avec parfois des énigmes à résoudre pour sortir définitivement d'un enfer glacé.

Mais quoiqu'il en soit la plus grande réussite, et même tout l'intérêt du jeu, se trouve dans son ambiance formidable, ses thématiques abordées et la maturité de son propos.
L'ambiance se traduit concrètement par des graphismes réussis ; certes les textures n'impressionnent pas mais la modélisation des personnages est bonne, et surtout la variété est au rendez-vous. Les détails abondent pour nous plonger dans l'horreur glacé de Silent Hill, affiches avec numéro de téléphone que l'on peut tous composer, objets interactifs, tags grossiers et/ou emplis d'une noirceur angoissante... les lieux traversés sont tous remarquables d'identité.
La musique est aussi gage de qualité dans cette atmosphère, avec une bande son magnifique, doublée d'une utilisation du haut parleur de la wiimote adéquate et immersive.
Les thèmes abordés plairont à beaucoup de monde car ils sont relativement rares dans le jeu vidéo : psychologie de l'enfance, vision du mariage et de sa relation à l'autre, sexe, alcool... la noirceur de l'ensemble arrive à surprendre. D'autant plus que la fin parvient à assouvir définitivement le génie scénaristique de cet opus.

Ce Silent Hill n'est donc pas sans défaut, il faut savoir que l'on se lance dans une aventure où l'interactivité du joueur reste limitée (mais à mille lieues d'un Heavy Rain fort heureusement) mais ses qualités en font un jeu à part et ce dans le bon sens du terme.
Dans le sens où le jeu se démarque de façon originale en manipulant le joueur, en lui procurant un plaisir lent, celui de progresser lampe torche à la main dans un monde hanté d'histoires horribles ayant laissées leur trace, et de découvrir le pourquoi du comment à travers une narration pleine d'intelligence et d'une exécution totalement maîtrisée.

C'est ce qu'on appelle avoir du cachet !