Sin and Punishment
7.6
Sin and Punishment

Jeu de Treasure et Nintendo (2000Nintendo 64)

Un Rail-Shooter exigeant et impressionnant, le meilleur de la N64 ?

Alors que je regardai quels jeux de la Nintendo 64 avaient pu passer sous mon radar de perles à découvrir, apparu Sin & Punishment, Rail-Shooter développé par Treasure à la réputation d’excellence dans sa catégorie, de challenge relevé et de réalisation impressionnante. Sans plus tarder, je me lance donc l’arme au poing pour découvrir si le titre est à la hauteur de sa petite réputation qualitative ou s’il bénéficie seulement d’une aura d’élitisme exagéré. La critique étant longue, je vous propose d’écouter le thème de l’héroïne pendant la lecture.



GAMEPLAY / CONTENU : 7 / 10



Bien que le Rail-Shooter soit un genre où le gameplay peut être assez restreint, il y a quelques jeux qui ont su en tirer une certaine richesse, la référence de la console étant pour moi Star Fox 64, Sin and Punishment étant sorti 3 ans plus tard en 2000 j’avais peur d’y trouver des lacunes à ce niveau. J’avais tort, entre les visées automatiques et manuelles complémentaires, les esquives avec frame d’invincibilité, les contres exigeant le bon timing, le double saut pour les phases de plate-forme comme d’esquive... le gameplay est d’une grande richesse, d’un appréciable dynamisme et d’une belle technicité.


Je retrouve également cela dans la manière dont le jeu utilise ces possibilités avec par exemple une utilisation du décor développée et intelligente : si tu détruits une passerelle sur laquelle se trouve des ennemis, oui ils vont tomber mais il faudra alors éviter les débris de la passerelle qui résulteront de l’explosion. C’est tout à fait le genre de détails qui prouvent que le jeu a un bon gameplay et de bonnes situations pour en exploiter le potentiel, il n’y a qu’à voir les boss très différents dans leur affrontement les uns des autres et avec un patern assez diversifié.


Il n’y a qu’un seul chemin possible mais plein d’objectifs annexes sur sa route (détruire un ennemi avant qu’il ne prenne la fuite, détruire tous les ennemis à l’écran dans le temps imparti, détruire ces éléments de décors en plus des ennemis...) qui sont en fait obligatoires en difficulté normal pour chopper les précieux bonus de time sans lesquels la mort est quasi inévitable même en jouant très bien. De la même manière, le mode de visée auto se fait en contrepartie d’une baisse de puissance qui rend difficile l’accomplissement de ces objectifs. Le mode normal est donc un mode qui demande au joueur par son game-design de faire mieux avec moins, ce qui est assez ingénieux.


Par contre, je dirais qu’il manque du contenu, le jeu ne durant que 3 à 4 heures en comptant les morts et les nouvelles tentatives, la difficulté atteint très vite des pics assez tendus pour faire cache-misère et c’est dommage. J’aurais aimé peut-être un stage complet, voire deux, en plus des 3 présents dans le jeu pour adoucir la courbe de difficulté plutôt qu’en étant très exigeant dès le deuxième stage alors qu’on vient à peine de comprendre comment jouer à peu près correctement et comment le jeu fonctionne, c’est pour moi le gros point faible du jeu.



RÉALISATION / ESTHÉTISME : 8 / 10



Les débuts de la 3D vieillissent mal visuellement avec le temps et bien sûr Sin and Punishment en subit les conséquences mais si on se resitue à l’époque de sortie du jeu : ça faisait clairement partie de ce qui se faisait de mieux sur le plan technique et même aujourd’hui il y a plusieurs choses qui m’ont impressionné. C’est plus ou moins normal si on prend en compte le fait qu’on soit plus proche de la fin de vie de la console qu’à ses débuts, ce qui implique une certaine maîtrise du hardware mais ça n’en reste pas moins une réussite.


Dès l’introduction, j’ai pu apprécier les cinématiques réalisées avec le moteur de jeu qui font usage de la vue subjective pour faire comprendre les pouvoirs de vison d’un personnage tout en offrant plus d’immersion, des efforts de mise en scène assez poussés pour l’époque. Mais là où il y a eu le plus d’effort à mon sens c’est en jeu pour donner une dimension dynamique lors de nos parcours, de gigantisme face aux boss, de sensations fortes en jouant avec la gravité... c’est à la fois spectaculaire et ingénieux même aujourd’hui.


Le chara-design est assez recherché avec des cicatrices, des tenues originales et stylées qui peuvent évoluer selon ce qui arrive aux persos. Les décors sont très variés : certains vont appuyer l’aspect apocalyptique de la situation, d’autre un aspect plutôt psychédélique pour te faire comprendre que tu es en train de rêver (sans mauvais jeu de mot), d’autres encore vont juste être là pour appuyer la mise en scène très efficacement... J’adore le passage avec le porte-avions, tellement d’idées avec la gravité qui marchent superbement bien et pas seulement pour en mettre plein la vue sans pour autant perdre trop en lisibilité.


Quant aux musiques, je les ai trouvé correctes pour la plupart avec quelques unes que je retiendrai, comme celle que je vous ai proposé pour la lecture de la critique, mais rien d’extra-ordinaire. Pareillement pour les doublages anglais, imposés même dans la version originale japonaise, de qualité tout à fait honorable sans non plus marquer les esprits. C’est peut-être à ce niveau sonore qu’il manque quelque-chose à la réalisation et l’esthétisme pour atteindre l’excellence parce que sinon c’est une grande réussite à mes yeux.



SCENARIO / NARRATION : 7 / 10



L’intro pose déjà une sacrée ambiance avec ses innocents massacrés froidement dans un hangar suppliant un personnage qui voit tout à travers leurs yeux de les sauver mais qui est parfaitement impuissant. Ça permet en plus de diaboliser l’ennemi qu’on aura envie de massacrer à notre tour dès les premiers niveaux, ce qui est toujours bon à prendre vu l’action frénétique qui nous attend mais ça ne se contente pas de juste nous faire affronter des vagues d’ennemis tous identiques et sans personnalité autre que ce sont eux les méchants.


Bien que le scénario comprenne assez peu de répliques pour les personnages, je trouve qu’il arrive à très bien mener son histoire dynamique et prenante qui nous oppose à des antagonistes charismatiques, qui nous met aux contrôles de personnages attachants, qui nous surprend par des twists qui offrent un autre degré de lecture à certains passages antérieurs... Sin and Punishment est le bon exemple du scénario bien foutu, raconté sans temps morts et facultatif si vous vous en foutez parce que vous attendez autre chose du jeu.


Il y a aussi quelques double sens avec le joueur qui peut s’identifier à certaines répliques de personnages qui font sens dans le récit, j’aime bien ce genre de petits délires mais ça ne va pas très loin non plus. La fin arrive peut-être un peu trop vite, mais je pense que c’est parce que l’univers est arrivé à capter moins intérêt donc je regrette qu’il ne soit pas plus développé que ça, ce qui prouve à la fois la qualité du scénario et de la narration tout en me laissant sur ma faim, une position bâtarde assez particulière.


Quoiqu’il en soit, si le scénario de Sin & Punishment n’est pas incroyable, il a le bon goût d’être de qualité sans s’imposer et bien des jeux devrait en prendre de la graine. Par contre, si vous voulez bien tout comprendre je vous recommande de passer par la traduction de Vanit pour que les sous-titres et menus soient en anglais parce que le tout écrit japonais constitue un petit obstacle qu’il peut être bon d’éviter. Comprendre l’histoire à la voix anglaise sachant qu’elle demande pas mal d’attention et que tout n’est pas doublé, notamment à la fin, c’est pas le top.



CONCLUSION : 7 / 10



Sin & Punishment fut à la hauteur de ce que j’attendais de lui à bien des égards et dans l’ensemble c’était clairement une bonne expérience de jeu dont je me souviendrai, un peu éreintante je vous l’avoue mais intéressante. Hideyuki Suganami, qui a aussi bossé sur des œuvres de Treasure comme Alien Soldier ou Radiant Silvergun, réalise là un très bon rail-shooter de sa console qui tient parfaitement tête à Star Fox 64, de façon peut-être moins emblématique mais plus exigeant et impressionnant, peut-être pas un incontournable absolu de la Nintendo 64 mais une de ses bonnes petites exclues à n’en pas douter.

damon8671
7
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le 20 juil. 2019

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damon8671

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