Steelrising
6.2
Steelrising

Jeu de Spiders Games et Nacon (2022PlayStation 5)

Bon alors j'ai une bonne et une mauvaise nouvelle.

La bonne, c'est que j'ai sauvé le peuple français du joug des automates démoniaques de Louis XVI soupapes.

La mauvaise, c'est que j'ai empêché la révolution française et donné les pleins pouvoirs au Marquis des galeries Lafayette, en attendant l'avènement du Roi Henri V ascète.

Ou bien est-ce le contraire ? Dans mon coeur électrique d'androïde à la cour, les priorités balancent. Comme les têtes au bout des piques.

Le chapitre Steelrising se referme donc pour moi au terme de vingt-et-quelques heures durant lesquelles j'ai pu "réviser" l'Histoire de France à loisir (et pas l'histoire de France Loisir, beaucoup moins passionnante quand on n'en est pas actionnaire), c'est-à-dire l'apprendre à partir de zéro tellement je n'ai rien écouté en classe : les problèmes familiaux de Mirabeau (et dire qu'il y en a qui croient qu'ils ont des problèmes, dans la vie !), l'intégrité toute relative de Necker, la société des amis de Noirs, la Commune, la révolte de Marat, la dissidence de Choderlos de Laclos, l'inflexible Robot Spierre et le dauphin Flipper, ils sont tous là, modélisés de façon datée, mais fidèle, et imbus jusqu'au cou de leurs travers d'époque, à s'unir bon gré mal gré contre la soldatesque horlogère du Comte de Cagliostro (pour une fois que Saint-Germain est laissé au placard...).

Quoi qu'on ait pu avancer un peu hâtivement à sa sortie ou que l'on puisse penser les premières parties manette à la main, qu'on ne s'y trompe pas : ce Steelrising bien de chez nous (en dépit de son doublage stellaire en anglais francisé) n'est pas un Souls like, quand bien même reprend-il à son compte leurs mécaniques de jeu, mais bien un Metroidvania 3D, équilibrant action et exploration au long de vastes zones parisiennes truffées de raccourcis et de passages secrets à débloquer à la hussarde (sur les toits, mais pas que).

Ce qui, concrètement, se traduit par une difficulté minimale, qui désarçonnera à coup sûr les vétérans de chez From Software, voire les contrariera très fort : parce que c'est sûr que si on part avec l'idée d'un treck à la Bloodborne, on risque de se faire rembourser l'aller-retour en classe éco. Les moins doués (dont je suis sans réserve) peineront peut-être un peu au démarrage, le temps de faire chauffer les bielles et de trouver leur arme de prédilection, mais une fois ceci fait, ils se baladeront sans trop de mal et tomberont les boss en first try sans même utiliser toutes les potions ni mouiller la chemise à jabot, terminant l'aventure avec dans leur besace un nombre incalculable de consommables non utilisés : grenades, fluides curatifs à retardement, améliorations temporaires, balles pour armes à feu... Demain, c'est décidé, j'ouvre un Cash Converter.

Inutile de s'embarrasser avec toutes ces features annexes, sauf pour qui voudra varier les plaisirs : cette révolution sanglante peut se mener intégralement au corps-à-corps, et si j'ai sué à grosses goutte d'huile de friteuse lors de certains affrontements de groupe, dans l'ensemble, on m'avait promis que "ha ça ira ça ira ça ira", et ben oui, c'est allé, c'est allé, c'est allé.

Tout est fait et bien fait pour rendre le challenge accessible : le fond sonore pour prévenir en cas d'ennemi à proximité, la boussole pour pointer les objectifs les plus tordus, le système de refroidissement pour récupérer l'endurance au débotté, les ennemis qu'on pourra semer au sprint façon Gavroche (oui, je mélange tout, absolument)...

Celui qui n'a jamais joué à un From Software, par contre, ou qui a fait de Final Fantasy XVI son meilleur GOTY de tous les temps jusqu'à FF VII Rebirth, risque de peiner pas mal et d'apprendre à la dure qu'il faut des fois appuyer sur des touches, et plutôt deux fois qu'une, car le challenge n'est pas inexistant pour autant, sans quoi on s'ennuierait ferme.

Un peu raide aux entournures, et pas toujours très au point dans ses hitbox et ses réglages caméra, ce jeu AA en bleu blanc rouge reste très agréable à jouer, et plutôt addictif dans ses quinze premières heures. Rendu trop long par des quêtes annexes impromptues, mal intégrées à sa trame (mais riches en lore), des zones un poil trop vastes (le level design est excellent, mais il aurait gagné à être resserré), un peu de backtracking optionnel (mais franchement superflu), un bestiaire trop réduit et quelques pavés de dialogues sur la fin qui peuvent casser le rythme, il fait montre d'un amour immodéré pour son sujet (dont il transgresse la vérité académique avec un respect remarquable), plaisant de bout en bout, joliment alambiqué dans sa structure (loin des couloirs uniques de son faux jumeau Lies of P), original dans son univers, familier (un peu) dans ses décors, plein d'effets de lumière à la JJ Abrams et de prénoms connus, le tout emporté par une belle ambiance de fin de règne, mystique et mélancolique juste ce qu'il faut, comme un mécanisme cassé qui déraille jusqu'à la folie, mais s'entête. A l'image d'un régime politique à bout de souffle - et on pourra sourire ou s'agacer de constater que quel que soit le camp à triompher en fin de lutte, il n'y a pour le peuple qu'une différence de façade et quelques titres ronflants.

Les androïdes rêvent-ils alors de Révolutions électriques ?

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le 7 sept. 2023

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Liehd

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