Très loin d'avoir tenu ses promesses

Attendu comme le messie, l'événement vidéo ludique de l'année, le fleuron du RPG, Skyrim porte une lourde responsabilité en tant que suite de la série des The Elder Scrolls. Et c'est la communauté qui en décidera le sort, d'un côté, les ancêtres qui ont joué aux premiers épisodes auront certainement un goût amer dans la bouche, de l'autre, les Kevin qui découvrent le RPG, croyant dur comme fer que Skyrim est un monde incroyablement ouvert.

The Elder Scrolls V est un cauchemar pour tout testeur de jeu vidéo. Il faut résumer le jeu dans sa globalité, tout en essayant de cacher les petits défauts et ne dire que du bien, alors que c'est presque impossible... Nous félicitions grandement la presse internationale qui a réussi tout de même à attribuer une excellente note à l'épisode le plus moyen de sa franchise.

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Skyrim, comme son nom l'indique, se déroule dans la province de Bordeciel au nord de Tamriel, un choix géographique très astucieux de la par de Bethesda qui va pouvoir cacher ses lacunes graphiques sous un lit de neige et un mur de flocons. Ceci ne concerne bien évidemment qu'une grande partie de l'extérieur, car il y avait quand même pas mal de modèles à texturer dans d'autres endroits de la région : la végétation, les animaux, l'eau, les habitations, les personnages... Mais nous y reviendrons plus tard, les graphismes ne sont pas le point fort du jeu, même si il n'y a vraisemblablement pas de point fort dans Skyrim.

Commençons tout d'abord par l'histoire qui n'est pas des plus glorieuses, même si on a vu pire dans la lignée des RPG fantastiques. Vous êtes un "enfant de dragon", capable d'absorber l'âme de ces créatures afin d'obtenir des pouvoirs sous forme de cris. Toutefois, vous n'êtes pas encore au courant de cela au début du jeu, c'est au fur et à mesure du temps que vous êtes censé le découvrir, même si vous avez certainement lu le dos de la boîte avant d'y jouer. Mais avant que vos aventures périlleuses ne commencent, il faut choisir votre race et modifier l'apparence de son personnage. Ça fait toujours plaisir même si c'est un élément dénué d'intérêts... Qui joue à la troisième personne ? Qui ose parcourir le jeu avec cette vue comme un tétraplégique pour apprécier la taille de son pif ou la couleur de ses lèvres ?

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Mais, il y a le choix des races, quelque chose d'enfin intéressant. Pour vous faire un rapide topo, il y a les Argoniens, des lézards qui ont la capacité de respirer sous l'eau, chose totalement inutile puisqu'il n'y a quasiment aucun passage dans le jeu où il faut nager, dans le cas contraire ça ne durera qu'à peine 10 secondes. Les Bretons, qui peuvent résister facilement à l'électricité... depuis quand les habitants de la Bretagne ont cette compétence, sérieusement ? Les Elfes Noirs, renois du ghetto, du ter-ter sisi reprezent. Les Haut-Elfes, fouteurs de merde de Bordeciel se croyant plus forts que les autres. Les Impériaux, impossible de les différencier des Bretons puisque c'est tout simplement un copié/collé de ces derniers. Les Khajiit, des félins dégueulasses qui ont le don de voir dans le noir, alors qu'il suffit juste d'augmenter la luminosité de son écran. Les Nordiques, la race la plus choisie, ils ont la capacité de resister au cris des dragons qui donnent froid, mais un dragon c'est censé être trop d4rk et cracher du feu, pas du froid... je sais bien qu'il faut faire dans l'originalité mais y'a des limites, c'est comme si les oiseaux pouvaient creuser le sol comme des taupes, c'est complètement stupide. Les orcs, c'est un peu les bouches trous, c'est ceux qui servent à rien, qui ont pas de capacité et qui sont moches, une race poubelle en quelque sorte. Et enfin, les Elfes des Bois, des petites tafioles sans charisme qui attaquent à distance mais qui sont même pas des bons magiciens, tellement nuls qu'ils commandent des rats ou des crabes pour se protéger, gros plagiat de Pokemon spotted. Tout ça pour dire que ça rend le niveau du RP complètement minable quand c'est autre qu'un Breton, Nordique ou Imperial. A noter que les classes ont disparu pour laisser place à un système de compétence ultra brouillon et sans intérêts puisqu'à chaque fois que vous augmentez d'un niveau les ennemi aussi gagnent en résistance.

Une fois votre personnage terminé, il sera grand temps de vous lancer à l'aventure, dans un monde qui se veut riche mais qui ne l'est pas vraiment. En fait, le contenu n'est pas un ratage total, mais ce n'est pas la quantité qui fait la qualité. Car c'est bien beau de vouloir faire une grande carte, mais quand les villes ressemblent à des villages fantômes tellement elles sont vides et petites, ça refroidi tout de suite le joueur. Quand je dis fantôme, c'est un peu exagéré, mais vous avez vite fait le tour. De plus, il n'y a pas de ville principale, même pas une capitale surpeuplée avec pleins de bâtiments et de rues qui grouillent de vie pour vous en mettre plein la vue, rien de tout ça. Les gens sortent tout le temps les mêmes répliques, tout particulièrement chez les gardes qui ont tous eu un cousin parti à la chasse au dragon, ou qui ont tous reçu une flèche dans le genou (Il n'est pas nécessaire de vous rappeler que les doublages français sont à chier). Cependant, si on ne s'attarde pas trop sur ces différents points noirs, l'ambiance est assez réussie, bien que la tonne de chargement que vous allez vous bouffer coupe brutalement l'atmosphère du jeu. Des chargements, des chargements et encore des chargements... Il y en a tellement que ça doit représenter 20% de la durée de vie. Ça tue complètement le rythme en plus de nous dégoûter... vous aurez parfois pas moins de 3 chargements rien que pour valider une quête !

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Bien que le côté artistique soit assez réussi, c'est le gameplay qui est le moins pardonné, un élément pourtant fondamental dans un RPG. Tout d'abord, la casualisation outrancière gâche complètement le challenge que Skyrim pouvait apporter. La vie se régénère toute seule, les sorts sont over-cheatés en début de partie, les choix dans les dialogues n'ont plus vraiment d'influences, vous pouvez sauvegarder quand vous voulez et donc tenter de repasser un lieu sans surprises, vous n'avez plus besoin d'entretenir votre équipement, des flèches indiquent ce que vous devez chercher dans chaque objectif, vous pouvez vous déplacer rapidement d'un point à un autre grâce au voyage instantané... Tout ceci donne un gameplay hyper assisté, et donc relativement facile. Le menu qui permet de gérer votre inventaire a été totalement pensé pour console, et évidement, il a malheureusement été porté sur PC, ce qui donne une navigation pseudo-smartphone dégueulasse, lente et ultra désagréable où il faut 3 heures pour chercher un objet bien précis. Vous aurez la possibilité d'utiliser un sort ou une arme dans chaque main pour créer des combinaisons uniques, c'est sympathique, certes, mais quand on se rappelle de la belle promesse des créations de sorts qui n'est finalement pas présente, ça fait mal...

70% des quêtes principales sont inintéressantes, répétitives, chiantes et useless. La durée de vie réelle est de 100 heures, vous n'aurez ensuite absolument plus rien à faire dans le jeu. A côté, les quêtes des guildes sont hyper rapides, linéaires et récurrentes : va chercher cet objet X à cet endroit Y, ou va tuer machin dans ce lieu... Parfois, des évènements qui nous semblent insignifiants peuvent nous empêcher d'atteindre l'objectif. Oblivion avait fait vraiment fait mieux de ce côté avec des missions beaucoup plus variées. A noter que le conflit Sombrage/Imperial est complètement pété, vu que tu fais exactement la même chose dans les deux camps. Il sera possible de recruter des membres ultra cons pour qu'ils combattent à vos côtés, c'est là qu'on découvre la misérable "intelligence" artificielle du jeu : toujours à te bloquer dans un couloir ou à passer devant toi lors d'une attaque puissante... Dans la plupart des cas ils mourront à cause de vous et non à cause des ennemis.

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Le système d'attaque n'est pas mauvais en soi, mais c'est plutôt les animations qui gâcheront le plaisir de combattre (Les combats de dragon ne sont vraiment pas très fluides). On a souvent l'impression de taper dans le vent. Visuellement, la physique du jeu est inexistante, l'ennemi ne réagit pas à vos coups, ce qui explique l'absence d'un système de localisation des dégâts, un élément à ne pas négliger dans un jeu à la première personne. Les finish-moves ont été finis à la pisse, du fait qu'ils sont tout le temps décalés, les charges rendent le personnage injouable pendant quelques secondes, et cerise sur le gâteau, il n'y a pas de combats à cheval... bravo Bethesda, bravo ! Et moi je vous pond un FPS où on peut pas tirer, ça vous va ?

Côté décors, à l'extérieur c'est vaste et... presque varié, heureusement que la direction artistique a bien fait son job, pour le reste il n'y a pas de quoi se vanter. Parce que si pour la presse le soucis du détail c'est des vulgaires saumons qui remontent les cours d'eau ou des papillons en 2D qui traversent les arbres, il ne manquait plus que les abeilles qui butinent les fleurs et les écureuils qui baisent dans la foret et là on atteignait le best game ever made ! Il n'y a même pas les traces de pas dans la neige et après on vient nous parler de "soucis du détail" ? Mais où va le monde ? Heureusement que les particules, l'anti-alliasing et le champ de vision sont relativement convenables sur PC, parce que là on aurait toucher le fond dans la catégorie des jeux qui sont sortis en 2011 mais qui ont 5 ans de retard.

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Côté intérieur, les textures bavent et c'est ultra répétitif. Il y a 3/4 aspects de donjons différents, au bout de quelques heures on sait exactement sur quel ennemi on va tomber, l'effet de surprise aura complètement disparu, à moins que vous aillez une très mauvaise mémoire. C'est plutôt à l'intérieur des bâtiments qu'on peu se rendre compte de la médiocre qualité graphique du jeu. Les puristes iront ajouter des mods de texture avancé sur PC, alors que les pauvres consoleux seront condamnés à jouer sur une version nettement inférieure... le fossé entre les deux plateformes est relativement important, et je pèse mes mots.

Pour en revenir à l'intelligence artificielle, il va sans dire que l'ennemi a pour la plupart du temps l'habitude de vous foncer dessus. Dans certaines missions où il faut suivre un PNJ, vous ne devez pas vous rapprocher trop près de lui, car sinon il va s'arrêter, sortir sa vieille réplique de merde et repartir au bout d'une minute.. et cela autant de fois que vous vous en approcherez. Dans certains cas (notamment quand deux personnages se rencontrent), ça peut donner des situations assez étranges comme un pauvre type sans armure qui tente de s'approcher discrètement d'un Géant, mais qui se mange un coup digne des meilleurs joueurs de baseball, et il s'envole vers d'autres cieux... puis tu le crois mort, mais non ! Aussi incroyable que cela puisse paraître, le gars va se relever et essayer de se rapprocher une seconde fois du Géant avec sa dague en carton, mais cette fois-ci il se bouffe la masse ainsi que le mammouth dans la gueule. Ce qui l'enterre vivant sur place... Un événement comme un autre, dans l'univers de Skyrim.

Si vous réussissez à trouver un réel plaisir à jouer, ça sera les vilains bugs qui vous rattraperont. The Elder Scroll V c'est un peu la farandole des glitches, le festival des freezes... Rester coincer dans un élément de décor est quelque chose de courant et vraiment frustrant. Au bout d'un certain temps, on développe même un comportement paranoïaque en sauvegardant la partie toutes les 10 secondes pour ne pas se retaper tout le chemin parcouru ainsi que tous les temps de chargement. Parmi les incohérences, le joueur va être servit : Évitez par exemple de tuer un vulgaire poulet, ou c'est le village entier qui vous courra après pour vous tuer. Dans le cas contraire, on peu parfois dépouiller des habitants dans leurs propriétés, sous leur yeux, sans qu'ils ne disent rien. Et pour finir, on se soigne des maladies en allant prier à la messe, logique quoi, moi je vais faire mes courses à la bibliothèque...

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Pour ce qui est de l'aspect "social", Skyrim propose... rien. À par se mettre une amulette de Mara dans le cul et faire un mariage bidesque où il y a deux bancs vides pour ensuite ne plus jamais revoir sa femme, il n'y a rien à faire. De plus, il y a un nombre incroyable de PNJ homosexuels, ce qui donne une image pour le moins différente du jeu. Mais vous aurez des choses bien plus intéressantes à faire, comme vous spécialiser dans l'alchimie, le crochetage, la cuisine ou même la forge... de ce côté-là c'est diversifié, mais, sans vouloir chipoter, ça manque vraiment de profondeur. Dans ce qui reste des possibilités de gameplay, vous pourrez changer de statut en passant par exemple d'humain à vampire, mais sur le moment, c'est à peine si on s'en rend compte du fait que c'est écrit en tout petit pendant une demi-seconde en haut à gauche de l'écran... Peut-être que Bethesda n'a pas pris en compte le fait que la plupart d'entre nous ne peuvent jouer sur un écran 330 pouces ?

Ceux qui ont passé beaucoup de temps sur Fallout 3 et News Vegas auront sans doute remarqué un léger copié/collé dans le mécanisme des deux séries. Hormis l'univers, les idées sont les mêmes, et c'est assez dommage. Pour en finir avec ce 5ème épisode des The Elder Scroll, le "grand" final est tout simplement pitoyable. Le boss de fin est encore plus simple que les dragons que l'on croise, et surtout, après avoir vaincu la chose, tout le monde s'en branle, il n'y a aucune réaction des PNJ et vous êtes condamné à désinstaller le jeu puisqu'il n'y a plus rien à faire.

Résumé: Skyrim est très loin d'avoir tenu ses promesses, ça aurait pu être quelque chose de bien, mais la casualisation démesurée et les limites imposées par les consoles de salon en ont décidé autrement. Quand on vient parler d'excellence pour ce titre, il faut vraiment avoir aucune culture vidéoludique.