Retrouver Link dans une nouvelle aventure, même s’il s’agit ici d’une suite directe du précédent opus, c’est un peu comme retrouver la joie d’un feu de cheminée au début d’un hiver rugueux. On se sent tout de suite mieux, réconforté et surtout contemplatif devant la beauté de ce qui se joue sous nos yeux. Nous voici donc avec ce Tears of the Kingdom (que nous appellerons ici TOTK), de retour en terre d’Hyrule, quelques années après la fin du game changer de 2017, le jeu qui révolutionna le monde ouvert pour le transformer en bac à sable géant, le bien nommé Breath of the Wild, alias BOTW pour les intimes.

Verticalité quand tu nous tiens

Ce n’est un mystère pour personne, la peinture ornant la pochette de ce nouvel opus de la saga annonçant clairement la couleur. Il nous est donc promis d’évoluer notamment dans les cieux les plus hauts et les plus bleus. Là où le goty de 2022, l’excellent Elden Ring nous proposait une verticalité à deux étages, sur terre et dans les abîmes, sur fond de bac à sable façon Breath of the Wild, ce Tears of the Kingdom y ajoute ainsi le domaine aérien, le tout dans une ambiance bien plus sombre qu’à l’accoutumée, rappelant le titre de From Software. Des clins d’œil appréciables qui transpirent l’amour du beau jeu (vidéo) dans les deux cas.

Un BOTW à maturité

On a souvent pu lire sur le net combien ce TOTK n’était qu’un DLC, une version 1.5 de son ainé BOTW. Vision un peu simpliste tant le jeu regorge de nouveautés par rapport à son grand frère. Ainsi vous serez amené à découvrir tout un tas de pouvoirs qui conféreront au héros en tunique verte des aptitudes vous permettant de fabriquer des véhicules, de résoudre des énigmes ou encore de vous faufiler à travers les éléments. Trouvailles de gameplay brillantes et simplification des déplacements, tout est fait ici pour que le joueur puisse évoluer dans ce monde à l’agonie, de la manière la plus évidente possible. À vous les joies de construire montgolfières, buggys et autres bateaux par exemple, qui vous permettront d’étancher votre soif d’exploration. S’ils s’avèrent souvent utiles, la fabrication de tous ces véhicules n’est pas imposée et le joueur peut procéder comme il l’entend la plupart du temps, c’est-à-dire à dos de monture ou encore à la marche.

Jouer à TOTK c’est comme revenir 6 ans auparavant, en 2017, là où nous avions laissé BOTW se terminer, et l’on retrouve nos sensations immédiatement. Le moteur graphique pousse la console de Nintendo dans ses derniers retranchements et le jeu, à défaut de pouvoir rivaliser techniquement avec les grosses cylindrées des autres supports, donne toujours autant de leçons en terme de narration, d’immersion et de sentiment de liberté profonde. L’aventure reste une aventure Zelda assez classique dans la conception de son scénario mais quelque chose fait que, comme en 2017, on se sent terriblement chez soi dans ce monde vidéo ludique, et l’on n’a de cesse de vouloir arpenter les moindres recoins de toutes ses régions, qui nous semblent à chaque fois plus familières. C’est ça la force de Zelda. Se retrouver chez soi à chaque itération. Ici, dans le cas présent, un simple saut depuis une île flottante très haut dans le ciel, au lever du soleil, vous fera apprécier combien le jeu vidéo est bien plus qu’un simple passe-temps. Il est bien question d’art ici, de moments suspendus, voire même de poésie. Parfois, on pourrait même se croire dans un jeu qui serait produit par le studio d’animation nippon Ghibli, tant visuellement le titre est empreint de douceur dans le choix des couleurs apportées à ses décors ou encore aux personnages. Un jeu totalement maîtrisé, à la patte graphique éternellement singulière.

Si proche du chef d’œuvre

Ne boudons pas notre plaisir de joueur, TOTK est en effet une parenthèse enchantée, une toile de maître, qui vous permettra de vous évader avec un grand E durant plusieurs dizaines d’heures de jeu selon le degré de complétionniste qui vous habite. Et là où le jeu réussit son tour de force c’est que cela est vrai, même s’il compte quelques défauts. Sa plus grande richesse donc, vient de l’immensité du monde. Là où BOTW vous proposait une aventure ancrée sur le sol, TOTK rajoute donc deux terrains de jeu : les abîmes et les cieux. Ultra généreux aux premiers abords, ces lieux peuvent paraître assez redondants au final. Ainsi, les cieux sont souvent découpés de la même façon, à savoir avec un archipel principal possédant son sanctuaire et quelques autres îles plus ou moins utiles, vous permettant de looter plus qu’autre chose. On aurait sincèrement apprécié plus de variétés ici, même si labyrinthes volants et autres nuages énormes viendront proposer un peu de variété dans ce domaine aérien. Pour ce qui est des abîmes en revanche, si cette strate confère au titre plus de maturité et de noirceur qu’auparavant, elle pourra néanmoins en rebuter plus d’uns, tant le système de racines semble interminable et fastidieux, surtout quand autour de vous, tout est noir. Il faudra ainsi semer ici et là des graines vous permettant d’éclairer vos pas. À l’échelle de la carte, on est en droit parfois de se dire que Nintendo n’a peut être pas su convertir l’essai dans le registre du sous-terrain. Au rang des petites déceptions, on notera aussi des armes toujours trop fragiles, même si le craft quasi infini permet de faire oublier ce choix de gameplay toujours aussi clivant, mais aussi et surtout un nombre important de tenues qui oscillent entre fan service et utilité plus ou moins réelle. Rien qui nuit à l’aventure, encore une fois tout dépendra de la patience et de la tolérance de chacun pour ces quelques petits défauts.

Conclusion

Zelda : Tears of the Kingdom clôt un diptyque d’ores et déjà mémorable pour l’histoire du jeu vidéo, et vient renforcer le sérieux et le statut d’œuvre que peut prendre ce média qui nous passionne tant. Les quelques limites de gameplay qu’il contient n’entachent en rien le sentiment de maestria qui vole au dessus du titre. 31 ans après A Link to the Past (au choix !) cela montre combien nous avons grandi avec la franchise et combien, en retour, nous l’avons fait grandir, nous joueurs. Au point d’en avoir la tête dans les nuages.

OhDaeSoo
9
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le 31 oct. 2023

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OhDaeSoo

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