The Walking Dead : Saison 2
7.6
The Walking Dead : Saison 2

Jeu de Telltale Games (2013PlayStation 4)

The Walking Dead fait partie de ces titres qui donnent à un studio de développement une certaine renommée, tantôt passagère, tantôt durable. Nombreux ont été les jeux de Telltale passés inaperçus, et accueillis de manière relativement froide, voire dans l'indifférence, que ce soit par la presse ou les joueurs. Je pense notamment à Jurassic Park, Back to the Future et plus récemment Game of Thrones. Pas complétement mauvais, mais pas suffisamment aboutis et réussis pour attirer l’attention de joueurs vieillissants, en manque de temps et donc inévitablement très sélectifs. Avec une licence comme celle de The Walking Dead, on ratisse large et Telltale l’a bien compris. En ayant les droits afin de s’approprier l’univers du comics et de la série, aujourd’hui connus de tous, le studio a indéniablement fait une belle opération, avec toutefois une formule qui commence aujourd’hui à s’essouffler. Avec une première saison dont la réussite fut quasi-totale d’un point de vue narratif, une suite s'imposait, et force est de constater que la formule est moins saisissante qu’auparavant.


Pour ceux qui ne sont pas familiers du concept, il s’agit d’un jeu narratif à choix multiples, dont la forme ressemble de loin à ce qui peut se faire dans les point and click. J’entends par là une caméra fixe, des déplacements très limités, quelques objets à récolter et des énigmes qui n’en sont pas. De loin je disais donc. Mais en réalité, cette formule, qui était bien plus présente dans la première saison, avait au moins le mérite d’être relativement rafraîchissante et équilibrée dans ses différentes phases, bien que montrant déjà ses limites. Avec ce second épisode, l’impression de ne pas jouer se fait plus présente, puisqu'il s’agira principalement de discuter avec les différents personnages via le système de dialogue hérité du premier opus et qui possède au moins l'avantage d’être fidèle à ce que le joueur aura choisi d'exprimer. En d’autres termes, Clémentine dira toujours très exactement ce que vous aurez préalablement choisi, avec un temps de réflexion pour le joueur pouvant atteindre les cinq secondes. C’est donc durant ces phases-là, que l’on sera amené à influer directement sur la suite de l’histoire, du moins en théorie, puisque les choix qui nous sont proposés, anodins pour beaucoup, ne permettent pas véritablement d’influer sur la suite des événements, de s’impliquer dans l’histoire, ni de s’attacher aux personnages, un comble pour un jeu narratif. Seuls quelques uns de ces choix auront de l'importance pour la suite des événements et ils sont systématiquement reconnus comme tels par le joueur. Le subterfuge peut donc marcher jusqu’à une certaine mesure, surtout si vous n’êtes pas un habitué du genre, mais sachez que relancer un épisode pour changer du tout au tout vos choix n’aura que très peu d'intérêt. Aucune véritable surprise, ni inventivité donc. Ça sent beaucoup la fainéantise et le doublon paresseux, mais ça a au moins le mérite de parfois faire mouche. S’ajoute à ça, une formule n’étant plus toute jeune, souffrant d’une certaine répétitivité, qui fera certainement piquer du nez à nombre de joueurs, la faute à des dialogues plats et inintéressants pour beaucoup. La première saison avait au moins mis en place une certaine forme d’équilibre avec des phases plutôt atypiques, notamment lorsqu’il nous était demandé de rationner les vivres et de privilégier certains personnages plutôt que d’autres, ou encore ces petites phases d’exploration, toujours présentes dans cette seconde saison, mais en nombre très limitées.


L’une des forces de la première saison résidait également dans le personnage que le joueur était amené à incarner: Lee, un professeur d’histoire accusé de meurtre. A noter que l’on ne connait rien à son sujet, ni son passé, ni ce qui a amené cet homme à tuer. D’ailleurs, on ne sait même pas si le geste a été volontaire ou non. Néanmoins le jeu nous fait assez rapidement comprendre qu’il n’a pas de mauvaises intentions, ou en tout cas qu’il regrette son geste. Rapidement, il tombe sur une petite fille prénommée Clémentine, qu’il prendra directement sous sa protection et donc sous celle du joueur. La relation entre ces deux personnages et la gestion qui en découle représente le premier intérêt du titre, puisque tout au presque va tourner autour de la préservation de cet enfant. Peu à peu, un groupe se forme et il sera bientôt composé d’une dizaine de personnes de tous bords, milieu sociaux, etc. De ce fait, des tensions naîtrons et il nous sera demandé, relativement souvent, de choisir la destiné de certains personnages, souvent secondaires. On incarne donc un adulte responsable d’une quarantaine d’années, dont l’objectif principal est la protection d’une petite fille, mais qui sera également amené à gérer un groupe, avec toutes les conséquences que l'on peut imaginer. Il est alors cohérent que les autres personnages, n’ayant pas toujours l’âme de meneurs, s’appuient sur nous, nous sollicitent sur des sujets délicats, etc ,etc. Ce schéma, dans les grandes lignes, a été repris dans la saison 2 et force est de constater que ça ne marche pas, dans a mesure où le joueur incarne Clémentine, une gosse de 11 ans. Le jeu ne fait pas l’erreur grossière de faire de Clémentine la chef du groupe. Non, mais fait celui de faire des autres personnages des idiots, ayant le besoin constant de s'appuyer sur l’avis d’une petite fille afin de prendre les décisions les plus importantes. En réalité, le joueur incarne un être hybride, tantôt une gosse qui ne doit pas se mêler des affaires des adultes, tantôt un être source de sagesse, mais aussi et assez souvent, une enfant qu’on manipule aisément pour les basses besognes. Le jeu nous impose alors des dialogues absurdes, incohérents et il sera difficile de ne pas rester insensible au déferlement de bêtise que (parfois) le jeu nous impose. En bref, une suite paresseuse et facile, sans aucune nouvelle mécanique de gameplay, mais surtout à l'écriture pas franchement réussie.


Un dernier mot concernant la partie technique, qui ne connait pas d’évolution majeure depuis la première saison. Le moteur est très vieillissant et les animations toujours aussi catastrophiques. Néanmoins, il propose une patte artistique intéressante, avec des environnements variés et des personnages pour certains très réussis.

Rooster
6
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le 28 déc. 2015

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