Je ne vous ménagerai aucun suspense, ce jeu est un chef d'oeuvre dans le genre RPG/aventure. CD Projekt nous a livré un jeu magistral qui, je pense, fera date dans l'histoire du jeu vidéo. Honnêtement, c'est la première fois que je finis un jeu en ne me consacrant qu'à lui pendant près d'un mois. Pour The Witcher 3, j'ai arrêté GTA V, laissé en suspens Farcry 4, mis de côté Geometry Wars, XCOM et Chevalry Medieval Warfare ! Ce fut 120 heures de pure détente aux côtés de notre cher Geralt de Riv qui nous plonge dans un univers foisonnant et crédible. Ce n'est pas sans émotion qu'on conclut ce jeu. Non pas que la fin soit triste mais on s'attache réellement aux personnages. L'écriture est absolument exemplaire, c'est ce que j'aime le plus dans cette série et paradoxalement, ce qui gêne une grande partie des joueurs "casual" ou habitué à de la merde commerciale genre Skyrim ou Call of Duty : "Pourquoi y a pas des explosions, des missiles et des armes à débloquer avec des skins à acheter et un classement ? Pourquoi y a un scénario scénarisé, c'est trop complex..." - "TA GUEULE !" Bon, j'avoue que ça partait mal question objectivité : je suis un grand fan du 1, un peu plus réservé sur The Witcher 2 même si j'ai globalement apprécié ce volet. Pour moi, le 3 relève le niveau du second au niveau de la qualité des quêtes et du contenu mais n'égale pas le mysticisme et la poésie du premier. Oui je sais, la nostalgie de la "première fois" frappe encore. Haha !


Inutile de revenir en détail sur tous les aspects du jeu (graphismes, scénario blablabla), je vais simplement faire une liste de ce qui m'a déplu dans ce jeu, qui, comme je l'ai dit est un chef d'oeuvre mais pas dénué d'aspects agaçants !



  • LE CHEVAL ! POURQUOI ? Ablette est le nom propre que j'ai le plus insulté en 120 heures. Très clairement. Les contrôles sont atroces et cette jument est débile (comprenez mal programmée) puisque cette conn**** apparaît dans 80 % du temps à 10 bornes de votre personnage lorsque vous la sifflez et ne fait absolument aucun effort pour s'approcher : soit zéro réaction en mode "j'men tape" ; soit blocage intempestif dans des éléments de décors, au choix.


  • Géralt est mou du genou. En fait, le talon d'Achille de The Witcher 3, c'est son gameplay. Il n'est pas horripilant mais carrément lourd (c'est le cas de le dire) et grossier. Se déplacer dans les intérieurs ou contourner des éléments de décors en forêt, dans les villages est une mission de tous les instants. En phase de combat votre personnage ne peut plus sauter, je ne sais pas pourquoi mais c'est ainsi. Anecdote : À un moment donné, il y a une phase de combat contre des harpies sur des falaises qu'il faut escalader pour atteindre un point d'intérêt. Je suis donc coincé sur une plateforme de terre avec derrière moi le vide et devant moi une surélévation à grimper. IMPOSSIBLE de monter sur la plateforme du dessus qui était propice au combat (plus large et surélevée). Au lieu de ça, Géralt fait des roulades débiles et refuse de monter ou sauter. Du coup, je tue les harpies sauf une que je ne peux pas atteindre et qui bug. Résultat ? Coincé comme une merde sur une plateforme avec comme seule issue possible, tomber dans l'océan en contre bas et TOUT se retaper ! :D Génial !


  • The Witcher 2 m'avait quelque peu déçu, c'est vrai, notamment parce qu'il était archi court et comprenait peu de quêtes secondaires. Mais j'avais adoré les véritables choix que proposait le scénario. Dans le troisième opus, rien de tout ça. J'ai trouvé que les décisions avaient assez peu d'incidence sur le déroulement de l'histoire, quoi qu'on fasse ou dise, le scénario avance comme un rouleau compresseur. Les seules décisions importantes que l'on peut prendre sont lors des quêtes secondaires mais elles ne sont pas franchement mémorables. Pour moi, il s'agit soit d'un manque de courage des développeurs (une ramification scénaristique trop complexe à gérer), soit le résultat d'une casualisation relative au succès de plus en plus large de la série. Ils savent qu'au moins 50% des joueurs (si ce n'est plus) qui ont acheté The Witcher 3 n'ont jamais touché au deux premiers. De fait, autant servir un jeu plus classique dans sa narration pour ne pas freiner les nouveaux joueurs qui auraient la flemme de se taper les deux premiers pour comprendre. Simple. Cela revient au problème de la casualisation de la licence. Ajoutons à cela que les décisions prises dans le 2 n'ont pratiquement aucune influence sur le 3. Déception.


  • The Witcher 3 est un jeu qui tente de s'encrer dans un univers médiéval crédible. Oui, je sais il y a des monstres, de la magie et des races (elfes, humains etc.) mais il y a une recherche de cohérence historique, ethnologique voire même sociale dans l'univers du jeu. C'est de cela que je vais parler maintenant. Pour moi, il est impensable d'avoir un personnage qui croit aux légendes, aux monstres (normal puisqu'il les tue), qui s'adresse régulièrement à des divinités et que sais-je encore mais qui, paradoxalement n'accorde aucune crédibilité à la religion. Notamment la spiritualité des paysans et des modestes villageois qu'il croise tout au long de l'aventure qui n'est autre qu'un christianisme qui ne se dit pas (Feu Sacré). En fait, l'image que le jeu renvoie de la religion au moyen-âge et des gens modestes est extrêmement caricaturale pour ne pas dire mensongère. Et The Witcher 3 n'est pas le premier jeu médiéval à faire ce genre de distorsion pour animer le fantasme d'un monde (en miroir le notre) éclairé puisque athée et surtout, fier de l'être. À certains moments, cela frise le ridicule : Géralt parle aux fantômes mais donne des leçons de morales à trois paysans qui déposent une offrande sur un autel ou se permet d'offrir des cours de "tolérance" au XIIIe siècle de notre ère. Sans parler du Feu Sacré en mode Inquisition HARDCORE qui véhicule, là encore, une image biaisée de ce qu'elle fut réellement en Occident. Bref, je chipote mais je ne me contente pas simplement de suivre une histoire quand je lis ou joue, j'apprécie toujours regarder ce qu'il y a derrière le rideau de scène et comprendre de quoi il retourne.


  • Je vais m'attirer les foudres mais ce n'est pas grave. Personnellement, je trouve désagréable et ridicule la volonté de faire de la parité sexuelle son cheval de bataille dans une oeuvre de fiction médiévale. La zouze qui devient Reine de Skellige, ça m'a tellement saoulé ! "Parce que c'est une femme et qu'elle est cro gentille et cro cro réfléchis par rapport au garçon qué cro bourrin". Putain sérieux les mecs ? Une zouze de 30 kg qui va tenir en laisse 20 clans vikings super énervés et qui n'ont qu'une envie, lui prendre le trône ? FUCK THIS SHIT. Si vous voulez mettre des nanas, je ne suis pas contre mais arrêtez de les foutre dans des endroits improbables simplement pour avoir bonne conscience et véhiculer des idées mielleuses putain. Je trouve cela insupportable ! Par ailleurs, cela ne m'empêche pas d'adorer le personnage de Ciri, d'apprécier Yennefer et Triss ou encore la femme troubadour de Jaskier (et pas uniquement pour leur cul).


  • Dernier point, le jeu est un petit peu trop facile (terminé en Marche de la mort) avec un gameplay dans les phases de combat qui amène souvent à la jouer bourrin. L'explication vient des patterns plutôt pauvres des adversaires (surtout des monstres en fait, les humains peuvent s'avérer coriaces). Du coup, une potion coups critiques plus une seconde qui augmente les dégâts et TCHOUUUUU TCHOUUUUUUUUUUUUUUU ! C'est dommage, à partir d'un certain niveau les monstres n'opposent plus de résistance sérieuse.



Pour conclure : Quelques points de détails qui ne doivent pas vous dissuader de tenter l'expérience, car même une oeuvre magistrale comme The Witcher 3 peut avoir des défauts. Cela n'empêche pas le jeu d'être un incontournable du genre, d'une beauté à tomber en proposant pour la première fois des forêts réalistes et des chemins de campagnes crédibles, avec des tonnes de personnages fouillés et attachants, un univers profond et, quoiqu'en disent les râleurs comme moi, plutôt réaliste ! L'aspect monde ouvert n'était pas indispensable mais rajoute du crédit à la volonté de présenter une oeuvre totale et immersive. Disons que c'est dans l'ère du temps et que CD Projekt n'a pas coupé à cette mode et a même plutôt bien réussi ce virage périlleux. Qu'attendez-vous ?


PS : Pour moi, il y aura un The Witcher 4. En fait, je ne vois pas comment il ne pourrait pas y en avoir. On s'en reparle dans quelques années ! ;)

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le 29 juin 2015

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silaxe

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