Les chroniques du Raptor déchu : épisode 4, Turok à bout de souffle.

Après une chouette parenthèse dédiée au multi-joueurs nos amis de Acclaim Austin entamèrent la suite de "Seeds Of Evil" pour un épisode qui se voulait être le final de la saga.
Sortie en 2000, le soft bénéficia encore une fois que d'un an de développement. Malheureusement si autrefois cela ne se ressentait guère à travers la qualité de la série., ici on s’aperçoit indéniablement que les anciens d'Iguana Entertainment sont clairement en bout de course et à cours d'inspiration. En même temps un tel rythme de production allait inévitablement finir par nuire à la qualité des jeux, tôt ou tard.
En fait, l'histoire de la saga Turok c'est un peu une tragédie digne d'un film de Scorsese avec une rapide et glorieuse ascension avant une longue descente aux enfers. Le point clef de cette chute étant symbolisé par cet opus : "Shadow of the Oblivion".
Pourtant à mes souvenirs, je me rappelais que ce jeu fut en son temps, très bien accueilli par la presse, Française du moins. Du coups avant l'écriture de ma critique, j'ai été zieuter des scans des tests l'époque. En effet je ne m'étais pas trompé les magazines étaient majoritairement dithyrambiques, certains mensuels qualifiant même le soft comme étant le meilleur de la série. Comme quoi cela pose ce problème du manque de recul quand on juge un jeu à sa sortie. En regardant depuis notre temps, on a cette capacité à pouvoir le contextualiser dans l'ensemble de sa génération, ce qui permet de mieux se rendre compte de sa valeur. Ce "Shadow of the Oblivion" étant un cas d'école tant il représente l'oeuvre vanté en son époque et oublié avec le temps.


Trêve de digressions, attaquons, comme d'habitude on nous propose un mode solo et multi.
Commençons par ce premier, l'aventure démarre sur une longue cinématique nous comptant l'histoire : Donc assez brièvement, cette fois-ci vous n'incarnerez plus notre légendaire indien puisqu'il se fait descendre dès cette première cinématique. Des soldats d'Oblivion, les nouveaux méchants de l'histoire, se sont infiltrés dans sa maison pour l’exécuter lui et sa famille. Néanmoins malgré sa mort, Turok réussit à sauver sa sœur et son frère qui reprendrons le flambeau pour se venger de leur frère. On retrouvera notre ami Adon qui avait guidé précédemment Turok, venant nous aider dans notre quête.
Un scénario pas fameux une fois de plus, servant globalement de prétexte pour que nous ayons le choix entre deux personnages. Car oui cette fois vous pourrez incarner soit le frère ou la soeur de Turok ayant tout les deux évidemment des particularités différentes : La première possède un grappin et plus d'agilité. Le second est capable de se faufiler dans des zones étroites et spécialistes des armes de distances. C'est une des rares bonnes idées du jeu, car les mondes s'explorent de manière différente en fonction du protagoniste choisi. Cela donne une bonne replay value au soft.


Si l'ajout du grappin est pas inintéressant, on peut constater qu'au niveau du gameplay, il n'y a rien de réellement neuf. Mis à part l'apparition d'un d'une visée automatique, standard du fps console démocratisé par les jeux de RareWare.


Enfin parlons plus de l'exploration du jeu et de comment les développeurs ont tué ce qu'était l'esprit de la saga. Qu'est-ce qui fait un l'essence même d'un jeu Turok? Question que les gars d'Acclaim auraient du clairement du se poser. Ce qu'ils sont cassé le cul à mettre en place les 2 premiers : Un monde immense à explorer et un travail de fond de la direction artistique pour créer une ambiance immersive.


En fait dans cet épisode on assiste à la banalisation d'une série, qui apportait une vision originale du Fps en son temps.
Celle-ci c'est tout simplement soumise aux normes de ce que doit être un blockbuster vidéo-ludique :


Exit l'exploration, les mondes sont beaucoup plus linéaires et scriptés, tous découpés en sous partis et les phases de recherches réduites à des petites zones. Une fois la mission terminée on assiste à une cinématique et hop niveau suivant. J'aurais bien pu comprendre un tel choix si les gars d'Acclaim avaient voulu mettre en oeuvre une narration très développée. Après tout pourquoi pas, c'est un autre médium pour créer une ambiance, mais vous l'avez compris précédemment l'histoire n'est clairement pas d'une grande profondeur.


Bon ok pour la linéarité, on avale la couleuvre tout en se disant qu'il y'aura d'autres éléments positifs qui viendrons compenser. Le problème c'est que si on peut mettre ce point là de coté, un autre est plus difficile à oublier : Ce Turok est insipide graphiquement, pas seulement parce-que les textures ont étés revues à la baisse pour pouvoir régler le problème distance d'affichage mais c'est surtout que sa direction artistique est juste catastrophique.
La ou dans ses prédécesseurs et particulièrement le second, on assistait à un subtil mélange entre préhistoire et S-F avec un soin méticuleux appliqué aux architectures. Ici on a un univers futuriste post-apocalyptique ultra fade et surtout sans aucune originalité. On nous fait notamment visiter des lieux qui n'ont rien à foutre dans un Turok, je pense entre autres à la base militaire...


Le bestiaire est lui aussi très décevant avec des monstres dont le Chara Design est bâclé. On a l'impression qu'ils sont juste là pour être dégoûtants, on est à des années lumières de la classe de certains ennemis de "Seeds Of Evil". De plus leurs animations étant moins soignées cela les rends encore moins vivants...


Musicalement c'est tout autant fade, on est très loin des envolées épiques de Turok 2 ou du rythme incessant apporté au premier du nom. Ici on a plus l'impression d'écouter une sorte de J.Carpenter du pauvre.
En fait c'est marrant de constater comment la direction artistique c'est cassé la gueule de manière globale...


Bon ceci-dit ce jeu à malgré tout quelques points positifs, ses combats sont très dynamiques, les armes sont toujours aussi variées, il y'a quelques idées de gameplay et de level design qui s'avèrent bien sympathiques.


Enfin bon, c'est bien gentil tout ça, mais dans un univers qui manque d'âme, de singularité et qui ne sait pas nous embarquer dans l'aventure qu'il propose, ces qualités semblent dérisoire...
En fait les développeurs n'ont pas saisit que la série Turok n'a jamais brillé pour la grandeur ou l'inventivité de ses mécaniques de gameplay, mais bien par son ambiance et son exploration.


Terminons sur le multi-joueurs, qui est quand à lui plutôt bien fichu. Le contenue est assez dense, avec 8 modes de jeux, des armes à gogos et pas mal d'arènes.
On sent que ce qui avait été travaillé dans l'opus "Rage Wars" a permis d'obtenir de nouvelles bases qui ont étés utilisées ici avec brio.
Franchement c'est juste idéal pour une franche rigolade entre potes, et même s'il n'atteins pas le même niveau que le Turok précédent, il est tout même très réussit.


Bon pas besoin de vous faire un dessin, mis à part son multi, cet épisode est pour moi clairement une grosse déception.
En fait je dirais tout simplement que Turok à oublier d'être ce qu'il était. C'est bien d'écouter les retours du public, les exigences des éditeurs mais il faut savoir malgré cela, garder son âme dans la bataille.


La suite au prochain épisode, bye!


[ L'ensemble de mes critiques à propos de la Saga Turok sont disponibles ici : http://www.senscritique.com/liste/Les_Chroniques_du_Raptor_dechu_Mes_critiques_sur_la_saga_Tur/564294 ]

Isaak
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le 28 août 2014

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