J’avais à l’origine prévu d’enchaîner les 3 opus à la suite (avec à la clé une critique pour chacun), avant de goûter au jeu que beaucoup de joueurs considèrent comme LE jeu de la génération "PS360"…c’était il y a maintenant plus de 15 mois. Des plans qui furent remis en cause, par la faute d’un premier épisode très largement décevant, plombé notamment par des choix de game design grotesques et/ou incohérents qui ruinèrent (n’ayons pas peur des mots!) mon expérience de jeu. Je décidai malgré tout de laisser une "chance" à la franchise de tenter à nouveau de me séduire plus tard, car…euh…ben c’est Naughty Dog tout de même !
Vi mé voilà, Uncharted 2 m’a bien vite fait revenir sur la planète Réalité. Et ce, dès son intro (un exploit…). C’est maintenant sûr, à l’instar du Nintendo de mon enfance, le Naughty Dog de mon adolescence n’est plus. La trilogie Crash, le fabuleux CTR et le géniallissime Jak & Daxter paraissent désormais TRÈS loin… Car voyez-vous, Uncharted 2, c’est tout pareil que Uncharted 1, mais en version "über" : il accentue tout autant ses (très) rares qualités qu’il confirme ses (très) nombreux défauts. Et c’est sensé être le meilleur des 3 ! Peut-être serait-il préférable pour moi de passer directement à The Last of Us, car je ne sais pas pourquoi mais j’ai l’intime conviction que l’opus n°3 est encore plus un clone du deux que le deux du un…
Mais donc, tout comme le premier, Uncharted 2 a quelques atouts dans sa manche. Pas beaucoup mais bien là. Le plus évident, c’est sa plastique flatteuse : c’est sans nul doute l’un des plus impressionnants jeux de la bécane, à égalité avec un certain God of War III (ce dernier étant encore meilleur pour moi, mais c’est surtout une question d’univers). Et ça résiste encore étonnament bien aux affres du temps, qui s’écoule inexorablement. Et si le fait d’être tous deux le fruit de studios first party explique en grande partie cela, certaines mauvaises langues pourraient arguer que le dirigisme commun aux deux aventures doit également pas mal aider, et elles n’auraient pas forcément tort…
Côté IA, même si c’est encore très loin d’être parfait, on remarque que les opposants sont souvent mieux coordonnés, sont plus mobiles, et s’évertuent parfois à tenter de nous encercler par tous les moyens. Côté gameplay, on apprécie que cette %µ£?$@! (et je pèse mes mots) de détection de mouvements soit abandonnée, rendant les lancers de grenades désormais bien plus précis. Mais le must reste sans aucun doute le moveset de Nathan qui s’étoffe d’une petite touche infiltration bienvenue, rendue possible par une atténuation sensible de ce que j’ai fini par appeler le "sixième sens Uncharted" ; c’est assez sommaire hein, et on ne peut d’ailleurs même pas déplacer le corps d’un ennemi une fois celui-ci étranglé subrepticement par derrière, mais l’intention y est, et pour peu qu’on soit efficace, on pourra vaincre une bonne cinquantaine d’adversaires avec cette méthode, et ainsi économiser de précieuses munitions…
Personnellement, j’ai bien aimé également toute la séquence sur le train, assez variée, avec les ennemis qu’on peut contourner ou attaquer de face, le fait de pouvoir progresser à travers les wagons ou sur les toits, l’affrontement avec l’hélico de combat et le mano a mano avec le boss à la fin (étonnamment solide :p)… Si tout le reste du jeu avait été du même acabit, on aurait peut-être pu tenir en Uncharted 2 le chef d’œuvre que tant de gamers voient en lui. Malheureusement…
…C’est à peu près là que s’arrêtent les bons points. C’est maintenant qu’on (je) se questionne sur l’intégrité des critiques -dites- pros, promptes à mettre des 9/10, 10/10, 19/20, 20/20 à cet Uncharted 2… PSM3 lui a même donné 21 ! Alors déjà, on va relever les trucs qui étaient déjà présents dans le premier et toujours pas corrigés, à savoir les ennemis en adamantium renforcé, les headshots aléatoires, les gunfights un peu mous du genou… Et le jeu adore toujours autant les faire durer, encore et encore, avec une fois de plus ce principe relou des ennemis qui arrivent à la queue-leu-leu, par vagues successives de trois, quatre, cinq, six…
On a également toujours cette idée de génie de devoir appuyer sur le bouton triangle pour ramasser les armes/munitions ; pour peu qu’on fasse face (:p) à des rafales de tirs ennemis, on finit par récupérer dans la précipitation l’arme complètement vide qu’on venait juste de jeter au lieu des balles juste à côté…stressant. Dans le même genre bien teubé, Naughty Dog n’a toujours pas piger le concept d’énigme, les puzzles du jeu se résumant à reproduire bêtement les indications inscrites dans le petit calepin de Nathan… N’oublions pas pour finir ces géniallissimes phases de combats rapprochés, paradoxalement très efficaces (donc à (ab)user sans modération), où on a bien deux bonnes secondes entières pour esquiver un coup ennemi, ou encore ces phases de grimpette plus assistées que jamais…
Et puis, il y a les nouveautés à la con, mal foutues et/ou chiantes, en bref, le caca sur le vomi. Si comme moi vous pousserez sans doute un soupir de soulagement en apprenant qu’aucune phase de jetski n’est cette fois-ci prévue au programme, celles-ci sont en quelque sorte "remplacées" par la lie du gameplay vide de sens (pire que les QTE!) : des saletés de phases de parkour. Mais si, vous savez, ces moments de fuite en avant où l’on pousse neurasthéniquement le stick dans une direction donnée en pressant occasionnellement la touche de saut pendant que s’enchaînent les scripts du décor qui s’écroule de toutes parts…c’est que le jeu se la joue toujours plus Hollywood (c’est sûrement pour ça que le scénar’ est complètement con), avec des cinématiques à foison qui brisent régulièrement le rythme de l’aventure, en plus de parfois entrer en contradiction avec nos actions…
Et tant qu’on est dans les choix de game design grotesques… Si vous avez fini Uncharted 1, vous devez vous souvenir que dans le dernier tiers du jeu apparaissait un type d’ennemi un peu à part… Loin d’être une idée idiote (pour une fois), ça changeait complètement l’approche du combat (bye bye la couverture), et ça nous obligeait même à nous (ré)adapter en permanence lorsque les deux types d’ennemis se côtoyaient ! Bref, un petit ajout stratégique bienvenu, que Naughty Dog cherche à reproduire dans cet Uncharted 2… Le grotesque, ici ? Il se trouve dans la façon de se débarrasser de ce nouvel antagoniste : à moins de posséder un lance-roquettes ou un lance-grenades, la plupart des armes (même la gatling) le chatouille, excepté…l’arbalète. Un bon carreau bien placé dans le fondement et celui-ci crèvera sur le coup ! C’est-il pas complètement stupide que ceci ?
En guise de conclusion, et histoire de boucler la boucle, laissez-moi donc vous "spoiler" une partie de la fin du jeu. Lorsque [méchant générique venu de l’Est] agonise après ce qui est sans nul doute l’un des moins inspirés combats finaux que j’ai connu de ma longue vie de gaming, il somme Nathan de l’achever, comme il a abattu sans états d’âme tous ses hommes, ce à quoi il répond un truc du style "ce n’est pas moi qui vais le faire, chuis un gentil, pas un tueur!". (…) ← moi, interloqué… [pause ; menu statistiques ; 12h14 de jeu pour 853 morts!]. Mouais, Uncharted 3 va encore attendre un petit moment…