Toujours bon mais sur la mauvaise pente...

Grand amateur de Yakuza ayant fini tous les épisodes sortis en Europe (si l'on fait abstraction de Dead Souls qui m'a rapidement gonflé et qui est un spinoff plutôt moisi, même avec tout le fanservoce), j'attendais évidemment ce Yakuza 5 de pied ferme. Quand il est arrivé, un peu tard puisque j'avais déjà un plaisir bien diminué sur la plupart des jeux vidéos, j'ai fait face à un premier obstacle : le manque de place sur mon disque dur de PS3 60 Go. Ceci dit, ne pouvant passer à côté d'un Yakuza, je me suis procuré un disque dur et me suis attaqué à cet épisode qui me faisait autant peur qu'envie, la licence s'aventurant de plus en plus sur une pente s'éloignant des premiers opus tout en conservant le cœur du gameplay qui n'a pas beaucoup évolué depuis le début.
Qu'en est-il au final ?

En réalité, j'ai bien aimé ce Yakuza 5 mais surtout parce que c'est un Yakuza avec ses personnages auxquels on a fini par s'attacher au cours des années, le concept série B d'action abusée mais sympathique et le cœur du gameplay qui - même s'il n'a pas au fond énormément évolué - a grandi autour d'une ossature aussi plaisante qu'irritante.

Au niveau du jeu en lui-même, les combats sont toujours aussi violents et jouissifs avec des attaques spéciales spectaculaires et un système plutôt efficace. Cet épisode en vérité n'apporte pas grand chose par rapport au 4 si ce n'est un retour aux vrais finish (dans le 3 et le 4, les cinématiques intermittentes ne finissaient pas le combat...) et quelques nouvelles techniques moins bonnes que la bonne cuvée du 4.
Les mini-jeux sont bien réalisés bien qu'assez basiques en moyenne (normal vu la quantité, mais ça reste quand même pas mal sachant que ce n'est pas le cœur du jeu...mieux que des jeux spécialisés dans les mini-jeux). J'ai bien apprécié la chasse et le baseball notamment, les courses aussi. Là dessus, Yakuza 5 est plutôt bluffant par la profusion des activités et quêtes annexes (moins bonnes qu'avant) qu'il propose, à tel point qu'il a même intégré une activité annexe par personnage à la trame principale. Rien à dire là dessus.
Pour en revenir aux combats, je trouve que le travail est inégal. Si Kazuma est toujours le meilleur personnage à jouer car bien garni en technique et à mi-chemin entre technicité et bourrin (en réalité, c'est le seul personnage que l'on peut jouer de façon un minimum technique) et que Saejima est agréable également, Shinada est le personnage le plus relou qu'il m'ait été donné de contrôler. De fait, non seulement sa force est ridicule, mais en plus son contrôle est un peu bizarre et sa spécialité annoncée se distingue à peine des autres personnages (pire, il frappe moint fort avec les armes que les autres). Quant à Akiyama, je ne suis pas fan non plus. En un sens, c'est assez cohérent avec l'échelle des puissances présumées (il est normal que Kazuma et Sejima soient plus forts étant des Yakuzas légendaires) par rapport au 4, mais ludiquement ça reste un peu irritant.

Et c'est justement là où je veux en venir : peut-être que Yakuza se disperse trop de manière générale, laissant à la fin une impression paradoxale de ne pas avoir pu faire grand chose.
Proposer cinq villes était une bonne idée, le problème est que les phases de jeux sont tellement courtes (quand elles ne sont pas contraintes) que l'on a finalement peu l'occasion d'explorer...à moins de perdre tellement de temps que l'on finit par complètement délayer l'histoire principale. Bien sûr on peut explorer après...mais une fois le jeu fini ce n'est pas pareil.
Ainsi, là où les précédents exploitaient bien leurs villes (même Yakuza 2 et 3 qui avaient deux villes), le 5 réserve un traitement un peu superficiel aux siennes. Il y a beaucoup d'activités génériques mais au final pas beaucoup de personnalisation du contenu.

L'intrigue principale en pâtit également à mon sens avec finalement un intérêt plus limité des deux personnages les moins forts par rapport au 4. Akiyama revient on ne sait trop pourquoi (sans doute pour du fanservice puisqu'il n'y avait plus rien à en tirer - son histoire étant sincèrement finie dans le 4), gâchant presque la partie d'Haruka qui est la plus rafraîchissante (je reviendrai dessus) et Shinada s'intègre assez maladroitement dans le schéma global de la narration.

Cette dilution et cet éparpillement empêchent l'épanouissement de vrais points d'accroche qui auraient pu faire revenir Yakuza dans l'univers que fait miroiter son titre...et c'était bien parti avec un Masaru Watase qui m'avait fait miroiter un comeback de l'intensité de l'affrontement avec Ryuji Goda dans Yakuza 2. Le combat abusé de la fin de la partie de Kazuma et des tractactions avec différentes familles était également encourageant, malheureusement le titre a progressivement retrouvé les travers des épisodes plus récents : un flirt dangereux avec la niaiserie, le molissement général et les combats de salon avec un boss final complètement pourri (non mais sérieux c'est quoi ça ? Où sont passés Nishiki et Ryuji Goda ?).
Yakuza 1 et 2 étaient des jeux sérieux et sombres, le 3 avait aussi cette intensité même s'il començait déjà à se diriger vers le "trop gentil". Du coup, il y a un décalage entre le discours sur le Tojo Clan/Omi Alliance super puissants et hors la loi et les faits (troupes de bras cassés, headquarters vides, bons samaritains à tous les étages). Merde, moi si je joue à Yakuza c'est aussi pour entrer dans la MAFIA Japonaise, dans un univers un peu sombre ; c'est passé où tout ça ? Je veux retrouver des RDV dans des bars malfamés, des chefs de clans qui sont de vrais gangsters, etc.

En fait, j'ai l'impression que la série a fait racrocher Kazuma trop tôt, du coup c'est à chaque fois un comeback forcé mais pas très "badass", un peu gentillet. Et les nouveaux personnages n'aident pas beaucoup (à part la partie Saejima un peu plus dans l'esprit), peut-être faudrait-il revenir vers le passé, avant le 1 ? J'ai pas mal d'espoir pour Yakuza 0 et espère que Kazuma sera conforme à ses souvenirs dans le 2.

Malgré tout cela, Yakuza 5 reste un bon jeu avec le plaisir Yakuza (ce même si certains mécanismes comment sérieusement à peser comme la raideur générale et surtout les combats à tous les coins de rue). Je dirais même - étonamment car je pensais ne pas aimer cette phase - que la partie Haruka réhausse le niveau du jeu et constitue une véritable attraction, de part sa nouveauté et aussi par le souffel d'air qu'elle apporte. Se promener dans un quartier sans combats tous les deux mètres s'avère très agréable et le côté simulateur d'Idol est plutôt réussi (bon jeu de rythme, progression différente...bonne qualité générale) bien que rapidement tronqué par la demie-partie d'Akiyama qui n'apporte strictement rien ludiquement. A la limite, j'aurais presque préféré ne pas avoir les parties Shinada et Akiyama pour avoir une partie Haruka plus longue (ainsi que pour Saejima et Kazuma bien sûr) . C'est contradictoire avec ce que j'ai dit plus haut entends-je ? Eh bien justement non : si cette partie est une des meilleures, ça veut bien dire qu'on s'éloigne de plus en plus de l'esprit original.
J'espère ainsi que Yakuza redressera la pente - car si entendre Haruka prêcher la gentilesse et la beauté de l'amour - voir trois troupes de Yakuza douces comme des agneaux au lieu de castagner met plutôt mal à l'aise (e vous renvoie aux dernières séquences du jeu). Il serait peut-être temps de songer à passer un vrai coup de balais au niveau du gameplay et inversement revenir aux fondamentaux de la série pour l'histoire et l'ambiance. Je doute que mon vœu sera exaucé mais sait-on jamais...