Vous pouvez retrouver mon avis avec illustrations et vidéos sur mon blog.


Les jeux de simulation et d’exploration à la Animal Crossing et Harvest Moon sont légion tant ces deux licences ont marqué le domaine vidéoludique. On a ainsi connu d’autres itérations du genre tels que Stardew Valley ou encore My Time at Portia. Prideful Sloth s’est joint à la danse en 2017 avec la sortie de Yonder : The Cloud Catcher Chronicles en misant sur une aventure zen où notre personnage n’aura jamais à faire preuve de violence. Une ode donc à la quiétude et à l’entente avec les êtres peuplant cet étrange île qu’est Géméa.


L’aventure commence avec, certes, une scène assez classique mais qui fait toujours son petit effet. Une fois notre personnage créé, nous voici projeté sur un navire en route pour la fameuse île. Une tempête oblige le frêle esquif à s’échouer, causant un naufrage. On se réveille dans une grotte où un esprit nous confronte à l’un des mystères de l’île : notre destinée est liée à cette dernière. Sortant de la grotte, on se retrouve face aux plaines de Géméa et au début de l’aventure.



Une île trop lisse et sans attraits



Si le jeu est sorti cette année sur nos consoles actuelles, les différences avec la précédente édition sont minimes. Tout au juste on a droit à un léger lifting graphique. Après avoir été scotché par le travail accompli par Bloober Team sur Observer System Redux, celui mené sur Yonder parait presque fade.


Pour autant je suis consciente que ce n’est pas là que réside le cœur du jeu. Yonder cherche à présenter un univers apaisant avec un visuel tout en couleurs chatoyantes et traits simplistes. Malgré tout, je n’ai pas réussi à éprouver une véritable affection pour Géméa. La modélisation 3D ne rend pas honneur à la volonté des développeurs. Les créatures et PNJs paraissent plus grotesques qu’autre chose. Nombre de PNJs se ressemblent beaucoup trop, donnant l’impression de croiser toujours les mêmes personnages.


Sans compter que l’île révèle de grands paysages malheureusement vidés de vie et, par extension, de substance. On se retrouve bien souvent à sillonner des plaines où l’on croisera quelques amas d’animaux se comptant sur les doigts d’une main. La bande sonore n’aide nullement. Il m’est régulièrement arrivé de mener des parties où, sans aucune raison, toute piste musicale avait disparu. Le jeu n’émettait plus que des sonorités pour signaler un changement de saison ou jour/nuit.


Le jeu dévoile de jolis panoramas mais, il faut le reconnaître, même sur Playstation 4 on a vu bien plus attrayant. Il manque un charme à Géméa que d’autres jeux du genre ont su mieux retranscrire.


Pourtant je suis bon public concernant les jeux indépendants et je suis consciente que les studios de petite ampleur connaissent davantage de limites techniques et financières que les grands noms du domaine. Un jeu peut ainsi avoir une technique considérée comme en retard au vu des critères actuels et me plaire par bien d’autres aspects comme son gameplay ou encore son histoire et les thématiques abordées.


L’histoire principale de Yonder est anecdotique. Je pense même qu’elle aurait pu être retirée de l’opus en prétextant simplement un voyage, de la part de notre personnage, sur Géméa. Le récit dure à peine une dizaine d’heures et consiste en quelques quêtes rapidement expédiées. La conclusion est même bouclée en quelques minutes alors que notre personnage apprend ses origines. Le danger des miasmes menaçant Géméa, le passé de notre héros, tout cela est expédié sous le tapis et n’a aucune incidence sur l’île et ses habitants. Personne n’en fait mention, chacun préférant lancer quelques répliques assez basiques sans réelle saveur.


Il existe bien des quêtes secondaires mais elles reposent toutes sur le même schéma : concevoir et rapporter un objet, ou des ressources à un PNJ. Les villes possèdent même un tableau de livraisons. Parfois le client se trouve à deux pas de ce dernier. Les dialogues, peu inspirés, n’aident pas à passer outre ce sentiment de lassitude qui va, doucement, s’installer chez le joueur.



Le troc : votre meilleur allié



Concernant les mécaniques du jeu, le récit principal les effleure à peine, ne délivrant que quelques bases et encore. Votre personnage dispose de plusieurs outils (glanés au cours de l’histoire et en explorant l’île) qui lui permettent d’interagir avec les éléments du décor. On peut ainsi découper des arbres, briser des rochers, ramasser des fleurs, miner des filons de minéraux… Comme dans tout jeu du genre, ces ressources vont servir à créer de multiples objets via des recettes. Dans Yonder, ces dernières sont accessibles par le biais de guildes qui se divisent en plusieurs métiers tels que horloger, tailleur, bâtisseur…


On retrouve, sur le papier, une formule classique mais efficace. Malheureusement, concrètement, on finit par rapidement abandonner le système de conception ou « crafting » comme on dit dans le jargon. Certaines recettes essentielles ne sont pas accessibles tant que vous n’avez pas atteint le rang maître dans la guilde. Or, chaque guilde ne se divise qu’en deux niveaux : novice et maître. Pour atteindre ce dernier, il faut concevoir un certain nombre d’objets. Au final on achète les ingrédients manquants pour concevoir les recettes, ou on acquiert l’objet souhaité directement au marchand.


D’ailleurs si chaque objet (ressource comme objet) a une valeur pécuniaire, aucun personnage n’utilise la monnaie du jeu. Les échanges avec les marchands reposent sur un système de troc. Une idée intéressante et que l’on peut, odieusement, exploiter pour éviter toute recherche de ressource en offrant au marchand nombre de pierres ou bois (ressources faciles à récolter).


Si l’histoire vous introduit au notion de ferme, il y a peu de chances que vous y retourniez. Vous pouvez y planter des graines pour faire fructifier arbres et buissons fruitiers, ainsi qu’adopter des animaux. Sauf que l’intérêt premier d’un semblant d’agriculture est balayé du revers de la main par le système de troc, bien plus lucratif. Quant aux animaux, si certains amènent des ressources qu’on peut déjà trouver aisément, d’autres peuvent servir de montures. Mais le jeu ne vous introduit jamais cette mécanique. Autrement dit nombreux seront les joueurs à passer à côté de cette option.


Quelques pierres vous permettent de vous téléporter dans chaque région de l’île, ce qui réduit la distance à parcourir. Le seul hic reste que dans la salle reliant tous les téléporteurs, aucune indication ne vient préciser quel rocher vous amène où. Il faudra donc bien noter la décoration qui entoure chaque pierre pour ne pas avoir à effectuer des allers-retours inutiles.


En dehors de concevoir mille et un objets, Yonder propose quelques activités annexes comme la collecte d’éléments. Des esprits sont à déceler et serviront à chasser les miasmes de l’île, des coffres aux trésors sont cachés dans l’environnement, des constellations doivent être allumées et on peut même pêcher. Sauf que certains éléments à récolter n’apparaissent qu’avec des critères bien précis dont le jeu ne fait aucunement mention, comme les saisons qui ont une influence sur des éléments de l’environnement. Pas même un PNJ n’est présent aux alentours pour mentionner une légende ou une quelconque rumeur qui pourrait servir d’indice au joueur. Si vous voulez découvrir Yonder à 100%, il faudra chercher les précieuses informations sur le net.



Un platine reposant sur la communauté



Yonder manquant d’explications in-game sur l’emplacement de tel ou tel objet à collecter, mais plus encore sur les conditions d’obtention, il vous faudra compter sur les autres joueurs. En soit l’entraide communautaire n’est pas une mauvaise chose, bien au contraire. Mais ici il devient vital car le jeu s’est tellement voulu épuré sur certains éléments qu’il en oublie de guider ses joueurs. Un comble quand votre personnage possède une boussole servant littéralement de traceur lorsque vous sélectionnez une quête afin de ne pas vous perdre.


Pour autant, plus de 50% des trophées vont être obtenus simplement en suivant l’histoire et en explorant l’île. Ouvrir des coffres, changer de couleur de cheveux, réaliser des quêtes secondaires sont autant d’objectifs que la plupart des joueurs avides d’exploration vont mener de même.


C’est au moment de s’attaquer aux collectibles que la sauce se gâte. Ainsi un des esprits à trouver n’apparaît que le premier jour de chaque saison et, plus précisément, la nuit. Je suis passée par hasard deux nuit plus tard à côté de cet emplacement et j’ai pu le trouver. Rien dans le jeu n’indique cette condition précise. De même pour une constellation, inscrite sur un rocher se trouvant au fond d’un lac. Il faut attendre l’été pour que le lac s’assèche. Que les saisons aient une influence sur l’environnement est une bonne idée. Mais comment deviner cette condition ? Ces petits riens qui s’accumulent gâchent une expérience qui se veut zen.



Un opus loin d’être marquant



Yonder: The Cloud Catcher Chronicles n’est pas un mauvais jeu à proprement parler. Il souffre surtout d’un manque de peaufinement dans ses mécaniques. A aucun moment, en tant que joueuse, je n’ai ressenti le moindre sentiment de progression, ni même d’attachement envers cet univers. Si l’île demeure bucolique, elle présente un microcosme sans attrait, ni vitalité. L’aventure apaisante vendue par le studio se révèle ennuyeuse au bout de quelques heures, encore plus mollassonne quand on cherche à la découvrir dans son entièreté. Son absence d’explications dans ses mécaniques la rend confuse, même pour un jeune public qui aurait pu s’initier au genre par le biais de cet opus.

So-chan
5
Écrit par

Créée

le 4 août 2021

Critique lue 108 fois

So-chan

Écrit par

Critique lue 108 fois

D'autres avis sur Yonder: The Cloud Catcher Chronicles

Yonder: The Cloud Catcher Chronicles
Auk
7

Prenez le temps de niaiser

Pas de chichis entre nous : vous allez forcément tomber sous le charme de ce Yonder. C'est vrai, l'histoire n'est pas exceptionnelle et l'absence de tension rend votre progression plutôt...

Par

le 21 août 2017

1 j'aime

Du même critique

Little Nightmares II
So-chan
8

Petits cauchemars entre amis

Vous pouvez retrouver mon avis avec illustrations et vidéos sur mon blog. Tarsier Studio avait su frapper fort et juste avec Little Nightmares, un jeu horrifique misant sur les peurs infantiles...

le 15 févr. 2021

6 j'aime

Yakuza: Like a Dragon
So-chan
9

La naissance d’un nouveau dragon

Vous pouvez retrouver mon avis avec illustrations et vidéos sur mon blog. Yakuza fait partie des licences dont j’ai entendu les éloges à maintes reprises : fresque gigantesque ayant débuté sur...

le 21 janv. 2021

6 j'aime

2

Haven
So-chan
9

Les amants se cachent pour s'aimer

Vous pouvez retrouver mon avis avec illustrations et vidéos sur mon blog À la recherche du paradis Comme vous vous en doutez déjà (ou alors vous allez le découvrir dans quelques secondes) dans le...

le 28 déc. 2020

5 j'aime