Ziro est un jeu de réflexion qui semble sympathique aux premiers abords, car :
- le concept est neuf,
- il y a de nombreux niveaux : plus de 300,
- les graphismes 3D sont corrects et les couleurs font preuve de bon goût,
Pour résumer le concept, disons que le plateau de jeu consiste en des cubes mobiles et immobiles, le joueur cherche à faire disparaître tous les cubes mobiles. Pour cela, il peut remarquer que ces cubes présentent tous un chiffre sur la face supérieure, et le joueur peut déplacer ces cubes, puis combiner deux cubes s'ils sont adjacents. Le résultat d'une combinaison est un nouveau cube si les cubes combinés arborent des chiffres différents, sinon les deux cubes disparaissent sans faire naître de nouveau cube. Lorsqu'un nouveau cube apparaît, il présente la somme des chiffres indiqués sur ses cubes parents si cette somme est inférieure ou égale à 9, et la valeur absolue de la différence sinon. Il s'agit donc de :
- comprendre quels cubes combiner et dans quel ordre, afin que sommes et différences fassent disparaître tous les cubes mobiles,
- déplacer les cubes suivant le bon chemin, de façon à réaliser toutes les combinaisons souhaitées.
Le concept, certes intéressant, est contraint par les capacités limitées du joueur : qui peut prévoir les combinaisons intéressantes dans le temps alloué pour finir le niveau ? En pratique, je cherchais à combiner les cubes à forte valeur afin de me retrouver en fin de niveau avec des cubes de faible valeur (1 à 5 plutôt que 6 à 9), situés dans une aire faible où je pourrais facilement les combiner. Seuls de trop rares puzzles réclameront de prévoir les combinaisons dès le début du niveau : le jeu gagnerait à supprimer tous les niveaux avec initialement plus de dix cubes sur le plateau, car le concept du jeu y est noyé.
Par ses nombreux niveaux, Ziro passe du jeu agréable au "jeu le plus long" : le joueur s'ennuie la majorité du temps de jeu. En effet, la plupart des 300 puzzles ne sont que du remplissage, puisqu'ils sont re-servis à la moindre occasion, et ce qui est plus grave, ils sont triviaux et sans intérêt intellectuel.
Les puzzles deviennent plus difficiles, mais uniquement lorsque plus de la moitié des continents sont visités. Et c'est un nouveau problème qui fait alors son apparition : il n'y a pas de sauvegarde après chaque niveau, il faudra finir plusieurs niveaux d'affilée (entre cinq et dix, mais je n'ai pas compté) avant de pouvoir sauvegarder ! Si l'on n'arrive pas à finir un niveau, l'on peut toujours appuyer sur F2 et relancer le niveau en question, mais malheur à celui qui ne surveille pas le compte à rebours : si le temps pour réaliser le niveau s'écoule totalement, ce n'est pas le niveau en cours qu'il faudra recommencer mais tous les niveaux de la série en cours. Quelle mauvaise conception du jeu qui est incohérente et ne fait que stresser et frustrer le joueur !
Les graphismes sont corrects, le jeu tourne sur un PC qui se fait vieux, mais il arrive toutefois que le jeu rame. La musique "funky" n'est quant à elle pas suffisamment renouvelée et finit par taper sur les nerfs. Un autre élément énervant est le temps mis par les cubes pour glisser, qui gagnerait fortement à être réduit : quel intérêt pour le joueur d'attendre devant son écran de pouvoir jouer son prochain coup ? Cet élément nuit à la compétition puisque personne ne voudra recommencer un niveau pour améliorer son temps ou son score. A ce sujet, les tableaux de score sont presque déserts, signe que les joueurs ne vont pas bien loin dans le jeu, ou que le développeur ne les met plus à jour.
Je ne me souviens plus du mode de difficulté que j'avais choisi, je peux toutefois garantir que Ziro n'est pas un jeu recommandé au joueur du dimanche, car le compte à rebours le rend frustrant et l'absence de sauvegarde régulière peut prolonger de façon inattendue une partie que l'on prévoyait courte. En outre, Ziro n'est pas à recommander au joueur friand de puzzles, car les puzzles intéressants sont noyés dans une masse informe de puzzles ne faisant pas appel à l'intellect.
J'ai laissé sa chance à Ziro avec dix-sept heures de jeu, neuf continents finis sur quinze, et vint-quatre succès débloqués sur trente-six. Je pensais le finir en mai ou en juin 2012. Cela aurait pu être un agréable petit jeu de réflexion, mais ses niveaux de qualité (il y en a) sont tant et si bien perdus comme des aiguilles dans une botte de foin, que je ne réveillerais pas Ziro avant bien longtemps, un jour qui me semblerait particulièrement long.
