Cover Ol' Zim (1989-2013) : choix de chansons de Bob Dylan dans ses vieilles années

Ol' Zim (1989-2013) : choix de chansons de Bob Dylan dans ses vieilles années

Bob Dylan (né en 1941) est une figure majeure de la musique et de la littérature américaine (en atteste sa toute récente nobélisation en 2016) dont le public non-initié et non anglophone ne retiendra surement que ses jeunes années : la période folk empreinte de racines blues, les chansons devenues ...

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29 morceaux

créee il y a plus de 7 ans · modifiée il y a plus de 7 ans

Man in the Long Black Coat
8.7

Man in the Long Black Coat (1989)

Man in the Long Black Coat

04 min. Sortie : 12 septembre 1989 (France). Pop rock

Morceau de Bob Dylan

Montremolle a mis 9/10.

Annotation :

Vision hanté d'un homme au long manteau noir, mi-outlaw mi-ange sombre. L'harmonica vient déchirer la nuit trouble, les lucioles et les bestioles qui tapissaient la nature environnante. Des guitares se répondent en échos froids. Le sud profond, marécageux de la Louisiane peut-être. La production de Lanois est ample, magnifique, sur tout l'album d'ailleurs. Empreinte d'images religieuses que vient chanter Dylan comme à bout de souffle sur les couplets. La voix est basse, rêche, le ton est mordant.

Ring Them Bells
8

Ring Them Bells (1989)

Ring Them Bells

03 min. Sortie : 12 septembre 1989 (France). Pop rock

Morceau de Bob Dylan

Montremolle a mis 10/10.

Annotation :

Une ode à la foi, en l'espoir, peu importe la misère des hommes et du monde. Cette chanson est une étincelle dans la nuit. Le chant du Zim est fervent mais nuancé. Encore une fois les images bibliques sont nombreuses (le berger qui guide les égarés). Poème sur la vulnérabilité des êtres (l'aveugle, le sourd, le brisé) face au temps, aux autres, au vice. Le ton n'est jamais lourd, ce n'est pas un sermon, plutôt une prière.

What Was It You Wanted
8.2

What Was It You Wanted (1989)

What Was It You Wanted

05 min. Sortie : 12 septembre 1989 (France). Pop rock

Morceau de Bob Dylan

Montremolle a mis 10/10.

Annotation :

Sur un rythme simple et répétitif posé par la basse, ponctué du discours distant des guitares, l'harmonica strident se perd dans des méandres aigus. Ces aigus qui durent, comme pour mettre l'emphase sur le sentiment d'urgence de la question : "What was it you wanted?". On ne sait à qui s'entretient Dylan, une femme, son public? L'interrogatoire se joue sur toute la chanson. "Que me voulais-tu?" répète Dylan qui se montre tantôt empathique, inquisiteur, hésitant, suspicieux. On ne saura jamais ce qu'on voulait de lui, le mystère reste entier

Dignity
7.6

Dignity (2008)

Dignity

05 min. Sortie : 7 octobre 2008 (France).

Morceau de Bob Dylan

Montremolle a mis 8/10.

Annotation :

Bootleg de la période "Oh Mercy", la chanson tomba aux oubliettes et fut sauvée de l'indifférence générale grâce à l'exceptionnel Bootleg Vol.8 "Tell Tale Signs". Une réflexion incarnée par une peuplade d'êtres obsédés par la dignité, qui ne la trouveront jamais là où ils la désirent. La dignité se perd dans les âges, ceux qui savent taisent son nom, ceux qui la méritent risquent d'y passer. Il existe plusieurs versions de la chanson, dont un puissant piano-voix où Dylan tempête, éructe pour décrire sa quête de la vertu.

Series of Dreams
8.7

Series of Dreams (1994)

Series of Dreams

06 min. Sortie : 15 novembre 1994 (France). Pop rock

Morceau de Bob Dylan

Montremolle a mis 9/10.

Annotation :

Œuvre étrange, assemblage surréaliste et presque absurde d'images rêvées, de visions hallucinées, rendu dans une langue simple qui contraste avec les scènes décrites. La voix de Dylan est presque étouffée, distante, derrière les vapeurs du rêve. Les guitares, lointaines sont étincelantes et et se calent sur une ligne de basse hypnotique. On plonge de rêve en rêve sans en avoir la clé pour les déchiffrer, sans pouvoir se les raconter et les rendre intelligible.

Most of the Time
8.5

Most of the Time (1989)

Most of the Time

05 min. Sortie : 12 septembre 1989 (France). Pop rock, Bande-originale

Morceau de Bob Dylan

Montremolle a mis 9/10.

Annotation :

Deux versions existent de la chanson, l'un est un air folk simple, où le chanteur est accompagné de sa guitare et son harmonica comme au bon vieux temps ; l'autre version est une plongée quasi-océanique dans les méandres de la psyché du narrateur. Ce narrateur qui se dit satisfait, serein la plupart du temps. La plupart du temps il ne pense plus à ses amours brisés, la plupart du temps il sait se tenir, la plupart du temps il a les pieds sur Terre. Mais ce sont ces autres moments, de rage, de désespoir et de mélancolie qui sont bizarrement les plus manifestes. A chaque vers, on s'imagine le pire quand il nous dépeint le mieux. La tristesse, en creux, comme pouvant surgir à chaque instant, est tout ce qui demeure. La voix, l'intonation ne trompent pas.

Standing in the Doorway
7.7

Standing in the Doorway (1997)

Standing in the Doorway

07 min. Sortie : 30 septembre 1997 (France). Pop rock

Morceau de Bob Dylan

Montremolle a mis 10/10.

Annotation :

Un homme esseulé, paumé, se tenant sur le porche de son amour indifférent. Le texte, long, est d'une simplicité touchante, beau à en chialer :

"The ghost of our old love has not gone away
Don’t look like it will anytime soon
You left me standing in the doorway crying
Under the midnight moon"

Sur fond d'orgue dont les lueurs sont à demi-éteintes, la nuit s'engouffre dans la chanson, recouvre même le soleil : "In the dark land of the sun". Dylan chante une plainte déchirante, sa voix déraille, se perd dans l'obscurité et la nostalgie déjà gagnée.

Highlands
7.6

Highlands (1997)

Highlands

16 min. Sortie : 30 septembre 1997 (France). Pop rock

Morceau de Bob Dylan

Montremolle a mis 10/10.

Annotation :

Chanson-fleuve, au courant tranquille et morne, c'est le titre le plus long à ce jour composé par notre Ol'Zim (plus de 16minutes). Un pattern de blues usé jusqu'à l'os offre rythme et faux-rythme. Le ton de Dylan est laconique, la narration lente, anecdotique. Les vers sont désespérés, murmurent le blues qui persiste et entâche l'âme. Même les rêves perdent de leur magie :

"Windows were shakin’ all night in my dreams
Everything was exactly the way that it seems
Woke up this morning and I looked at the same old page
Same ol’ rat race
Life in the same ol’ cage" En point de mire les Highlands, refuge inatteignable, objet de désir. On trouve entre autres images un clin d’œil amusant à Neil Young :

"I’m listening to Neil Young, I gotta turn up the sound
Someone’s always yelling turn it down
Feel like I’m drifting
Drifting from scene to scene
I’m wondering what in the devil could it all possibly mean?"

Le long du chemin tortueux, l'horizon est illisible, phagocyté par des êtres fantomatiques, des automates (la serveuse du restaurant de Boston, le gars qui lui hurle de baisser le son). Une œuvre lancinante et obsédante.

Not Dark Yet
8.3

Not Dark Yet (1997)

Not Dark Yet

06 min. Sortie : 30 septembre 1997 (France). Pop rock

Morceau de Bob Dylan

Montremolle a mis 10/10.

Annotation :

Bijoux de l'album "Time out of Mind" conçu alors que Dylan fut pris dans un tempête chez lui, "Not Dark Yet" est porteur d'un terrible message. Les vers "It's not dark yet/But it's getting there" annoncent la mort et l'apocalypse. On ne sait jamais vraiment si la noirceur qui vient est une sorte de réconfort ou une menace dans ce monde misérable. Le narrateur traîne sa vie d'échecs amoureux, de blessures profondes qui ne guériront pas.

"Sometimes my burden is more that I can bare"

Dylan livre une chanson incroyablement sombre presque décourageante si elle n'était pas porté par une musique délicate, toute tendre malgré la tristesse. On remarque des emprunts à la tradition talmudique :

"I was born here and I'll die here
Against my will"

Pirke Avot (Ethics of the Fathers) 4:29 :

“[...] for against your will you were created, against your will you were born, against your will you live, against your will you die, and against your will you are destined to give an account before the Supreme King of Kings, the Holy One Blessed be He."

Mississippi
7.3

Mississippi (2003)

Mississippi

05 min. Sortie : 16 septembre 2003 (France).

Morceau de Bob Dylan

Montremolle a mis 10/10.

Annotation :

L'une de mes chansons préférées du Ol'Zim, un aventure épique et romantique près des berges du Mississippi ramassée sur quelques strophes en 6 minutes à peine. La version finale qu'on trouve sur l'album "Love and Theft" (2001) est la plus aboutie, la plus ample, la plus tragique. Une lutte perdue d'avance contre les éléments déchaînés "the sky is full of fire and the pain is pourin' down", une lutte pour l'amour. L'amitié n'est pas délaissée dans l'affaire et c'est même quasiment le seul bien qui reste, la seule chose qui ne laisse pas ce gout amer en bouche. L'amour est exacerbé, violent et impuissant à sauver les êtres :

"All my powers of expression, I thought so sublime,
Could never do you justice in reason or rhyme
Only one thing I did wrong,
Stayed in Mississippi a day too long

[...]

" Some people will offer you their hand and some won't
Last night I knew you, tonight I don't
I need something strong to distract my mind
I'm gonna look at you 'til my eyes go blind"

Mais malgré les mésaventures, le déchirement du coeur, la fatigue des corps, on trouve une forme de rédemption dans la traversée si l'on ne s'attarde pas sur ses fautes. On peut découvrir un regain d'énergie, de détermination et de courage pour affronter à nouveaux les vents mauvais.

"Well, my ship's been split to splinters and it's sinking fast.
I'm drowning in the poison, got no future, got no past.
But my heart is not weary, it's light and it's free.
I got nothing but affection for those who've sailed with me.

High Water (For Charley Patton)
7.6

High Water (For Charley Patton) (2003)

High Water (For Charley Patton)

04 min. Sortie : 16 septembre 2003 (France).

Morceau de Bob Dylan

Montremolle a mis 9/10.

Annotation :

Sur un air de banjo rutilant et les emphases de la guitare acoustique, Dylan déroule une une vision comique de l'apocalypse s'abattant sur le monde, ici le sud profond. Des figures bariolées et amusantes traversent le récit comme des pantins désarticulées, ne savant comment réagir face à la montée eaux. S'affrontent les hors-la-loi, le shériff, le darwinien qu'on lynche en place publique, le juif etc.. On entend, presque imperceptiblement des chœurs masculins sur la fin des couplets. Le grotesque et l'absurde se font face.


"Highwater rising, six inches above my head
Coffin's dropping in the street like balloons made out of lead
Water poured into Vicksburg, don't know what I'm gonna do
Don't reach out for me, she said, can't you see I'm drowning too
It's rough out there
Highwater everywhere"

Honest With Me
6.9

Honest With Me (2003)

Honest With Me

05 min. Sortie : 16 septembre 2003 (France). Pop rock

Morceau de Bob Dylan

Montremolle a mis 8/10.

Annotation :

Un morceau rageur propulsé par un jeu de batterie détonnant (comme une cavalcade à toute allure). Les guitares électriques répondent invariablement aux plaintes du narrateur quant à sa bien-aimée : "si seulement tu étais honnête avec moi!". Dylan prend son pied comme dans tout l'album "Love and Theft"et c'est jubilatoire

"Well, I'm stranded in the city that never sleeps
Some of these women they just give me the creeps
I'm avoidin' the south side the best I can
These memories I got they can strangle a man
Well, I came ashore in the dead of the night
Lot of things can get in the way when you're tryin' to do what's right"

Thunder on the Mountain
7.6

Thunder on the Mountain (2006)

Thunder on the Mountain

05 min. Sortie : 29 août 2006 (France). Pop rock

Morceau de Bob Dylan

Montremolle a mis 8/10.

Annotation :

"Thunder on the Mountain" ouvrant avec fougue et tempête l'album "Modern Times" clin d'oeil malin à notre époque moderne donc mais dont le véhicule sera des chansons dont les mélodies sont puisées dans les racines les plus profondes américaines. Comme si les aspérités de notre époques rencontraient celles des temps anciens et légendaires de l'Amérique qui se construit. Après tout, les gesticulations amoureuses, les histoires de vengeance, les faits humains demeurent. Dylan traverse donc l'Amérique mythifiée pour en raconter sa face glorieuse et son envers peu reluisant. Dans cette chanson qui emprunte largement sa musique à Chuck Berry, on suit les péripéties d'un couple, comme souvent, à travers les routes sinueuses des États Unis. Ce sera d'ailleurs le propos le plus saillant des albums récents du Zim depuis 1989.

"Everybody's going and I want to go too
Don't wanna take a chance with somebody new
I did all I could and I did it right there and then
I've already confessed, no need to confess again"

Ain’t Talkin’
7.7

Ain’t Talkin’ (2006)

Ain't Talkin'

08 min. Sortie : 29 août 2006 (France). Pop rock

Morceau de Bob Dylan

Montremolle a mis 10/10.

Annotation :

L'ouverture emphatique et théâtrale ne trompe pas, c'est une chanson fleuve, un chef-d'oeuvre Ces quelques accords sobres, solennels au piano et à la guitare accompagnés d'un violon timide annoncent cette exploration torturée de la vie d'un homme dévoré par la rage, l'esprit de vengeance enfouis dans le silence sourd des morts-vivants. Le narrateur arpente un monde qui se délite, truffés de faux-pas, de traquenards de déceptions amoureuses et de croyances ébranlées :

"As I walked out tonight in the mystic garden
The wounded flowers were dangling from the vine
I was passing by yon cool crystal fountain
Someone hit me from behind
Ain't talkin', just walkin'
Through this weary world of woe
Heart burnin', still yearnin'
No one on earth would ever know"

On a rarement fait aussi sombre, apocalyptique, même pour du Dylan. La fin du monde est ce vers quoi se dirige cet homme aux lèvres cousues pour de bon et qui ne fait que marcher. Le biblique se mêle aux descriptions prosaïques. La noblesse des sentiments trouve son pendant ignoble. La fin, en creux, s'amorce pour tout le monde : les images sacrées des sociétés sont corrompues si elles ne sont pas déjà en pièces. La voix de Bob Dylan est souvent un murmure froid, résigné. Derrière ce cortège macabre nous apparait une forme tragique et existentielle de la solitude. Une solitude radicale et inatteignable. Puissant!

Workingman’s Blues #2
8

Workingman’s Blues #2 (2006)

Workingman's Blues #2

06 min. Sortie : 29 août 2006 (France). Pop rock

Morceau de Bob Dylan

Montremolle a mis 10/10.

Annotation :

L'histoire déchirante des petits travailleurs confrontés à la misère, à jamais enterrés par la domination. Seuls les souvenirs sont des endroits chaleureux en ce bas-monde :

There's an evenin' haze settlin' over the town
Starlight by the edge of the creek
The buyin' power of the proletariat's gone down
Money's gettin' shallow and weak
The place I love best is a sweet memory
It's a new path that we trod
They say low wages are a reality
If we want to compete abroad

Accompagné d'un ligne de piano mélancolique et agrémenté d'un violon à la plainte sourde.

Someday Baby
7

Someday Baby (2006)

Someday Baby

04 min. Sortie : 29 août 2006 (France). Pop rock

Morceau de Bob Dylan

Montremolle a mis 8/10.

Annotation :

Deux versions existent du morceau : l'une enjouée sur une musique western-swing joliment désuète et dansante. Le ton de la première version est mordant voire amer. L'autre version, sortie dans le Bootleg "Tell Tale Signs" est une ballade lancinante où le ton est plus près du reproche, de la plainte. Je préfère la seconde version, surtout pour sa musique tout en finesse, avec des guitares au son cristallin et surtout cette batterie qui prend le rythme d'une marche. C'est une marche vers la tristesse et la résignation pour le narrateur qui se décidera à quitter sa bien-aimée car elle lui aura causé trop de tord. La séparation est douloureuse, le chant est cherche parfois la pitié, mais reste
tendre pour un amour qui ne veut pas mourir de lui-même.


"Living this way ain't a natural thing to do
Why was I born to love you?

Someday baby, you ain't gonna worry about me any more"

Red River Shore

Red River Shore (2008)

Red River Shore

07 min. Sortie : 7 octobre 2008 (France).

Morceau de Bob Dylan

Montremolle a mis 10/10.

Annotation :

Peut-être la meilleure chanson qu'il ait un jour délaissé. Abandonné pour la production de "Time Out of Mind" c'est pourtant un chef-d'oeuvre, une ode à la délicatesse, à la vulnérabilité de l'amour et des choses que l'on appréhende. Dylan nous décrit une relation amoureuse à sens unique, totalement oblative. Les ravages de la passion se parent d'un miel qui nous les fait oublier.

"Well I knew when I first laid eyes on her
I could never be free
One look at her and I knew right away
She should always be with me
Well the dream dried up a long time ago
Don't know where it is anymore
True to life, true to me
Was the girl from the red river shore "

Cette femme prend l'aspect d'une figure mystique, une sorte de nymphe qu'on ne connait que par sa présence "au bord de la rivière rouge". Un amour durable, sans doute éternel, dont l'issue est malheureuse, mais pas totalement comme le dévoile les vers qui concluent la chanson :

"Sometimes I think nobody ever saw me here at all
Except the girl from the red river shore "

Le chant de Dylan est empreint de tendresse malgré la peine en sourdine. Le texte est d'une beauté remarquable et que dire de la musique? Elle ne fait que prendre de l'ampleur jusqu'au terme du morceau. Elle est d'abord discrète, faite de milles nuance mélodiques, les instruments se suivent et se répondent. Ils s'accumulent progressivement et l'émotion monte inlassablement. L'une des mes chansons préférées.

Beyond Here Lies Nothin'
7.7

Beyond Here Lies Nothin' (2009)

Beyond Here Lies Nothin'

03 min. Sortie : 27 avril 2009 (France).

Morceau de Bob Dylan

Montremolle a mis 9/10.

Annotation :

Blues-rock sauce salsa pour cet ouverture pleine de force. La voix de Dylan est puissante, comme sur tout l'album, malgré le tabac et les ravages du temps. Une histoire d'amour violente (il existe un clip qui manifeste bien la tension du morceau).

"Oh well I love you pretty baby
You're the only love I've ever known
Just as long as you stay with me
The whole world is my throne
Beyond here lies nothing
Nothin' we can call our own "

La narrateur apostrophe sa femme et lui déclare sa passion brûlante.

I Feel a Change Comin' On
7.2

I Feel a Change Comin' On (2009)

I Feel a Change Comin' On

05 min. Sortie : 27 avril 2009 (France).

Morceau de Bob Dylan

Montremolle a mis 10/10.

Annotation :

Encore une œuvre qui nous raconte l'amour ardent, le désir qui nous explose à la gueule :

"You are as whorish as ever
Baby you can start a fire
I must be losing my mind
You're the object of my desire
I feel a change comin' on
And the fourth part of the day is already gone"

Une chanson solaire, qui irradie de chaleur, de douceur de vie qu'on retrouve derrière la "Tortilla Border" sous un ciel crépusculaire. La nuit approche, la chaleur demeure moite. Le chant est caverneux, Dylan a plus d'ampleur, de coffre (sur tout l'album). Le blues coule dans ses veines vieillies et usées.

Forgetful Heart
7.6

Forgetful Heart (2009)

Forgetful Heart

03 min. Sortie : 27 avril 2009 (France).

Morceau de Bob Dylan

Montremolle a mis 10/10.

Annotation :

L'une des chansons les plus puissantes et les plus hantées du Old Zim. Le narrateur s'adresse à ce "coeur oublieux", qu'on découvre prompt à tirer un trait sur leur amour passé. Cet autre qui ne vit que dans un présent pur, un "carpe diem" frelaté, parce que le poids des souvenirs est trop lourd, la balance des peines et des plaisirs penche pour les premières. Le morceau s'ouvre sur un jeu de cymbales accompagné d'une guitare au son gras, pleine de distorsion qui va ensuite jouer le contrepoint sur le chant de Dylan. Sa voix est forte, le ton passe de la véhémence, à l'amertume mais la pitié n'est jamais loin. Saisissant de puissance, la chanson est enveloppée d'une chape de plomb. Le texte est simple, précis, il laisse la place d'y greffer ses souvenirs, il se laisse peupler par nos histoires.

"Forgetful heart
Like a walking shadow in my brain
All night long
I lay awake and listen to the sound of pain
The door has closed for ever more
If indeed there ever was a door "

Things Have Changed
8

Things Have Changed

05 min.

Morceau de Bob Dylan

Montremolle a mis 9/10.

Annotation :

"Things Have Changed" de par son titre frappe par sa ressemblance au prophétique "The Times They're a Changin'" écrit quelques 40 ans plus tôt. Comme un sequel mordant, désespéré Dylan nous dit bien que les choses ont changé, et pas pour le mieux comme l'annonce l'ouverture du morceau :

"A worried man with a worried mind
No one in front of me and nothing behind
There's a woman on my lap and she's drinking champagne
Got white skin, got assassin’s eyes
I'm looking up into the sapphire tinted skies
I'm well dressed, waiting on the last train
Standin' on the gallows with my head in a noose
Any minute now I'm expecting all hell to break loose
People are crazy and times are strange
I'm locked in tight, I'm out of range
I used to care, but things have changed."

Le narrateur pose un regard froid, presque indifférent, le cynisme n'est pas loin de pointer le bout de son nez, mais c'est le désespoir et l'exaspération qui dominent. Les vers s'amoncellent en un tas de punchlines bien senties. L’amertume gagne en ampleur le long de la chanson. Le tout emballé dans une musique saccadée, un peu sautillante, avec un groove presque manouche. Les percussions viennent gratter le derrière du crâne sur tout le morceau tandis que Dylan distille son poison avec une voix râpeuse. Une belle version live existe dans le Bootleg "Tell Tale Signs"

Pay in Blood
7.6

Pay in Blood

05 min.

Morceau de Bob Dylan

Montremolle a mis 10/10.

Annotation :

L'une des chansons les plus violentes et acharnées de Dylan, toute époque confondue. C'est plein de hargne, de fougue, de colère. Le narrateur tempête et nous assure qu'il paye avec du sang (cette espèce de rétribution sanglante me rappelle le marchant Shylock dans la pièce de Shakespeare "Le Marchand de Venise" mais je ne pourrai aller plus loin dans l'interprétation). La chanson s'ouvre sur la collision explosive de la voix défoncée, rocailleuse de Dylan avec un texte détonnant : " (sans rire, ou presque, ça sonne comme du folk-métal avec cette voix d'outre- tombe). La référence à Shakespeare est en fait triple, d'abord le titre de l'album pourrait renvoyer à la dernière œuvre éponyme du dramaturge (bien que Dylan s'en soit défendu), enfin Dylan le cite clairement dans "Pay in Blood" :

"I come to bury Caesar, not to praise him." nous dit l'auteur anglais dans son "Jules César" et Dylan répond par :

"This is how I spend my days
I came to bury not to praise
I’ll drink my fill and sleep alone
I pay in blood but not my own "

Scarlet Town
8.2

Scarlet Town

07 min.

Morceau de Bob Dylan

Montremolle a mis 10/10.

Annotation :

C'est selon moi une réminiscence encore plus glauque, dépravée, et déprimante du "Desolation Row" qu'on trouve sur l'album "Highway 61 Revisited" (1965). Une galerie de personnages improbables peuplent la chanson : la prostituée aux seins plats, les Oncles cul-terreux et alcooliques, la maîtresse Mary etc.. C'est la parade des freaks, des déclassés, des prolos, des héros tragiques, à jamais enterrés dans une terre souillée et maudite. Les allusions aux vieilles ballades anglo-saxonnes, aux comptines, aux fantômes du passé américain sont nombreuses même si je ne les cerne pas toutes.


"Set'em up Joe play "Walkin' the Floor"
Play it for my flat-chested junkie whore
I'm staying up late and I'm making amends
While we smile all heaven descends
If love is a sin then beauty is a crime
All things are beautiful in their time
The black and the white the yellow and the brown
It's all right there in front of you in Scarlet Town "

Tout comme dans "Desolation Row" la forme de la chanson est une ballade, dont l'évocation de la ville écarlate conclue les couplets. La voix de Dylan est étouffée, tout en fiel. La musique est ponctuée par des notes de banjos, du violon, et on a droit à deux soli (chose rare chez Dylan qui n'est pas un fan des soli). Exploration envoûtante et sinistre dans les bas-fonds.

"In Scarlet Town you fight your father's foes
Up on the hill a chilly wind blows
You fight 'em on high and you fight 'em down in
You fight 'em with whiskey morphine and gin"

Tin Angel
7.3

Tin Angel

09 min.

Morceau de Bob Dylan

Montremolle a mis 10/10.

Can’t Escape From You

Can’t Escape From You (2008)

Can't Escape From You

05 min. Sortie : 7 octobre 2008 (France).

Morceau de Bob Dylan

Montremolle a mis 8/10.

Nettie Moore
7.6

Nettie Moore (2006)

Nettie Moore

06 min. Sortie : 29 août 2006 (France). Pop rock

Morceau de Bob Dylan

Montremolle a mis 10/10.

Annotation :

L'histoire d'un homme ayant perdu sa femme Nettie Moore, partie pour de bon, dans la mort peut-être. Une perte qui se pose comme une plaie béante. Le coeur est fendu en deux, irrémédiablement.

"Oh, I miss you, Nettie Moore
And my happiness is o’er
Winter’s gone, the river’s on the rise
I loved you then and ever shall
But there’s no one here left to tell
The world has gone black before my eyes "

Le tragique d'une vie devenue mortifère depuis l'absence. Le chant de Dylan est sec, en retenue jusqu'à l'épanchement déchirant des refrains (vers ci-dessus). Le monde tourne encore, ne fait que tourner mais les êtres blessés sont marqués à jamais. La batterie vient ressasser la douleur lancinante, la mélodie est ascendante puis retombe pour donner de l'emphase. Une chanson sombre et entêtante.

Tell Ol' Bill

Tell Ol' Bill (2005)

Tell Ol' Bill

05 min. Sortie : 11 octobre 2005 (France).

Morceau de Bob Dylan

Montremolle a mis 8/10.

Marchin’ to the City

Marchin’ to the City (2008)

Marchin' to the City

06 min. Sortie : 7 octobre 2008 (France).

Morceau de Bob Dylan

Montremolle a mis 8/10.

Annotation :

Blues simple aux allures de chants d'église (l'orgue tapisse le fond sonore) qui gagne en vigueur et en foi à mesure que Dylan nous raconte la vie en morceaux d'un homme trompé et déçu. Mais qui marche, se dirige vers la ville, le renouveau n'est plus très loin.


"Once I had a pretty gal, she did me wrong
Now I'm marching to the city and the road ain't long"

La voix du Zim est traînante, fumante, elle respire le blues. Ses aspérités sont troublantes et renforcent l'émotion, la passion du chant. Cette chanson n'atterrira pas sur un album studio mais on la trouve en deux versions sur le "Bootleg Tell Tale Signs". On retrouve des bouts de textes qui seront modifiés légèrement et seront intégrés à d'autres morceaux de l'album "Time Out of Mind".

’Cross the Green Mountain
9.3

’Cross the Green Mountain (2003)

Cross the Green Mountain

08 min. Sortie : 4 février 2003 (France).

Morceau de Bob Dylan

Montremolle a mis 10/10.

Annotation :

Chanson fleuve (encore), composée pour un film confidentiel sur la guerre de Sécession "Gods and Generals" qui restera probablement oublié. La chanson ne mérite pas elle de tomber aux oubliettes tant elle est majestueuse. Sombre, empli de dignité (on parlerait du sentiment de "awe" en anglais mélange de crainte et de respect), le morceau est long. C'est une lente marche funèbre aux accents folks qui décrit un monde si beau, si précieux, cédant aux assauts de la folie humaine, de la guerre :

"I cross the green mountain, I slept by the stream
Heaven blazing in my head, I dreamt a monstrous dream
Something came up out of the sea
Swept thru' the land of the rich and the free."

A travers les réminiscences d'un soldat, subsiste encore l'amitié et la camaraderie, enfouies dessous les coups du sort :

"I look into the eyes of my merciful friend
And then I ask myself: is this the end?
Memories linger, sad yet sweet
And I think of the souls in heaven who will meet."

Le texte est juste sublime, les images résonnent dans la tête pour longtemps. Le narrateur, dont on apprend qu'il est en fait mort à la toute fin de la chanson, nous prend la main et nous emmène vers une époque ancienne, désolée, qui n'est pas sans rappeler, par certains aspects, la nôtre. La guerre est invaincue. La flamme menace de s'éteindre :

"It's the last day's last hour of the last happy year
I feel that the unknown world is so near
Pride will vanish and glory will rot
But virtue lives and cannot be forgot."

Montremolle

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