Autobiographie de lecteur

Cette liste suit, par ordre chronologique, les lectures qui m'ont marqué et ont ou bien formé mes goûts, ou bien simplement été des livres centraux à des périodes centrales de mon existence.

J'annote chaque ouvrage, pour expliquer sa place.

Liste de

13 livres

créee il y a environ 3 ans · modifiée il y a environ 3 ans

Harry Potter à l'école des sorciers
7.6

Harry Potter à l'école des sorciers (1997)

Harry Potter, tome 1

Harry Potter and the Philosopher's Stone

Sortie : 30 juin 1997 (France). Roman, Jeunesse, Fantastique

livre de J. K. Rowling

Clément Nosferalis a mis 7/10.

Annotation :

Cela commence comme cela a commencé pour beaucoup d'enfants lecteurs de ma génération. Je passe, ici, sur les prolégomènes, l'apprentissage de la lecture dans Ratus, Coin lecture de l'école, qui aurait d'autres intérêts et mènerait à des réflexions d'un autre type. Je me souviens très bien du moment où j'ai acheté ce livre, avec ma mère, dans une librairie du 10e arrondissement, non loin du canal Saint-Martin. De la première lecture, je crois n'avoir franchement rien retenu. Non, ce qui est marquant, c'est que ce livre m'a donné envie de lire la suite. C'est véritablement à partir du tome 3 que j'ai apprécié, et que je me suis senti institué comme "lecteur". Le tome 5, acheté quelque temps après le jour même de sa sortie, et pour lequel le libraire de "L'Invit' à Lire", non loin de Château-Landon, m'avait offert une sorte de poster en pied d'Harry, m'a définitivement convaincu que la lecture était une activité formidable.

Ellana, la prophétie - Le pacte des Marchombres, tome 3
8.3

Ellana, la prophétie - Le pacte des Marchombres, tome 3

Sortie : octobre 2008 (France). Roman, Jeunesse, Fantasy

livre de Pierre Bottero

Clément Nosferalis a mis 8/10.

Annotation :

Après Harry Potter, il y eut beaucoup de littérature jeunesse. Je pense à la trilogie de Barthimeus, de Jonathan Stroud, à énormément de mangas (je lisais surtout des mangas : Naruto, Death Note, EyeShield 21, Bleach, Fullmetal Alchemist ...) mais surtout à Pierre Bottero, dont j'ai presque tout lu. La Quête d'Ewilan, L'Autre et Ellana ont été de grands moments. Mais je repense surtout à ce troisième tome d'Ellana, qui commence juste après la fin de La Quête d'Ewilan (alors que les deux premiers tomes étaient des préquels à cette saga). Je l'ai lui aussi acheté le jour de sa sortie, et lu d'une traite dans la nuit. Il mettait fin à tout univers et, y repensant, je pense qu'il a mis à une certaine tranche de mes lectures de jeunesse. Une fois cela fini, je devais passer à autre chose.

Légende
7.6

Légende (1984)

Le Cycle de Drenaï, tome 1

Legend

Sortie : 1984 (Royaume-Uni). Roman, Fantasy

livre de David Gemmell

Clément Nosferalis a mis 9/10.

Annotation :

Chronologiquement, j'ai lu Légende, de David Gemmell, avant le tome 3 d'Ellana qu'on trouve ci-dessus. Seulement, dans mon itinéraire de lecture, Légende ouvre une nouvelle voix, tandis qu'Ellana en clôt une autre : le premier ouvre l'Héroïc Fantasy, le deuxième fermait la littérature jeunesse. Ellana, me direz-vous, est aussi de la Fantasy, et vous aurez raison ; cependant, Gemmell m'introduisait dans un monde plus sombre et plus violent, entièrement hors de la "littérature jeunesse", et qu'on classe depuis une date récente dans la "littérature jeunes adultes". Bottero reste pour moi dans l'enfance, tandis que Gemmell est lié à l'adolescence.

La rencontre avec Gemmell est en fait une rencontre avec un éditeur, Bragelonne, lors d'un Salon du livre. Avec mon meilleur ami de l'époque, nous naviguions entre les étalages, sans trouver notre bonheur ; nous nous apprêtions à ressortir avec chacun un exemplaire dédicacé de L'Elève Ducobu. Nous sommes néanmoins tombés sur une espèce de buffet de bar, derrière lequel se tenait un homme et une femme, visiblement fatigués et las. Nos regards furent tout de suite attirés par cette grande hache en couverture, dessinée par Didier Graffet, dont les dessins ont fait beaucoup pour la beauté des objets-livres que sont les ouvrages publiés chez Bragelonne. Nous avons demandé ce que c'était, et les deux éditeurs ont comme repris vie, soudain enthousiasmés par ce livre dont ils ne nous dirent que du bien. Nous l'achetâmes tout deux.

Les années suivantes, Bragelonne était devenu l'animation adolescente du Salon, avec ses châteaux de plus en plus grand, où l'on passait sous des arches emplies de livres. Mes lectures, pendant des années, ont été conditionnées par cet éditeur, auquel je confiais tout mon argent de poche.

La Chute des rois
8.1

La Chute des rois (2007)

Troie, tome 3

Troy : Fall of Kings

Sortie : 2007 (Royaume-Uni). Roman

livre de David Gemmell et Stella Gemmell

Clément Nosferalis a mis 9/10.

Annotation :

Les années ayant passé, j'avais lu une bonne centaine de livres d'Heroïc Fantasy. David Eddings, Sara Douglas, Trudi Canavan, Stan Nichols, Robert A. Salvatore, Michael Moorcock, Roger Zelazny, et une bonne trentaine de romans dudit Gemmell, qui était de loin mon auteur préféré, et encore aujourd'hui celui dont j'ai lu le plus de livres. Des lacunes énormes me sont restées : je n'ai lu aucun Tolkien, aucun Martin, aucun Pratchett ; en gros, aucun de ceux qui sont désormais passés dans la littérature légitime : je restai alors dans les eaux de l'adolescence.

Le cycle Troie a été, très clairement, le sommet de cette littérature. Gemmell, que je préfère ne pas relire aujourd'hui de peur d'être horriblement déçu, y a atteint ici une grande profondeur. La fin de l'ouvrage, notamment, était virtuose ; la manière dont il raconte "la vraie histoire du cheval de Troie" est une réussite géniale. Il était un incroyable pont vers la littérature antique : il donnait envie de dévorer L'Iliade et L'Odyssée, les tragiques grecs, mais aussi la Bible (il y a un twist final biblique, absolument incroyable).

Comme pour Ellana plus haut, j'ai senti que ce livre-ci, par son éclatante réussite, mettait fin à un pan de mes lectures. Après cela, il fallait que je passe à autre chose.

P. S. : au regard des standards de style que j'ai acquis par la suite, il est probable que ceci pourrait être considéré comme un livre de seconde zone. Mais la narration compte. Et, ici, la narration est formidable. Je ne le placerais sans doute pas dans le Top 111, mais l'y voir ne me dérange pas : c'est mérité.

Le Rouge et le Noir
7.2

Le Rouge et le Noir (1830)

Sortie : 1830 (France). Roman

livre de Stendhal

Clément Nosferalis a mis 10/10.

Annotation :

Au-milieu de ma Seconde, en 2009, je suis parti en Allemagne avec le Programme Voltaire. Comme je lisais environ deux livres par semaine, la question se posait : quels livres apporter ? J'ai fait un choix important et qui, comme la plupart des choix importants de ma vie, ne présente aucune logique apparente : j'ai choisi de ne prendre que des classiques, alors qu'à l'époque je n'en lisais aucun. J'ai sciemment décidé, sans savoir ce que je trouverais dans ces nouveaux livres, sans savoir s'ils me plairaient, qu'il était temps pour moi de passer un cap dans ma vie.

A l'époque, j'étais timide et triste, assez "mal dans ma peau", comme on dit. L'Heroïc Fantasy était pour moi une évasion ; le retour au réel était souvent dur. Ce que j'ai découvert dans la littérature dite "classique", c'est une manière d'affronter le réel. Je ne lisais plus pour m'évader, mais pour mieux appréhender le monde. A travers la littérature (mais aussi la musique, particulièrement le rock des années 1970, mais aussi la musique de l'époque romantique), j'ai méthodiquement déconstruit ma personnalité d'avant, d'individu geignard, qu'on pouvait plus ou moins classer dans la catégorie des "cassos", pour m'en bâtir une nouvelle, avec laquelle la vie serait plus supportable. C'est aussi le moment où j'ai commencé à écrire.

J'associe cette période au roman Le Rouge et noir, parce que c'est nettement l'oeuvre qui m'a le plus plu à ce moment-là. Il y en eut beaucoup d'autres : le Journal de Charles Juliet, Phèdre de Racine, Madame Bovary, Solal d'Albert Cohen, Didier Daeninckx, une bonne partie de Stefan Zweig, et d'autres encore. Mais Le Rouge et le noir m'a transcendé par son personnage principal (certes insupportable, mais je ne le voyais pas à l'époque, j'avais besoin de ne pas le voir) : c'est l'histoire de quelqu'un qui s'arrache à un passé médiocre pour aller vers l'avenir. Cette lecture, je le redis, est pauvre par rapport à l'étude plus large qu'on pourrait faire de ce roman : mais moi, j'avais besoin, à ce moment-là, de cette lecture-là. Mon problème n'était pas ma famille, ou ma condition sociale, c'était moi-même ; et, suivant la montée de Julien Sorel, je me sentais monter moi-même vers quelque chose de mieux que le piète adolescent que j'étais auparavant, pour devenir un jeune homme

Lui non plus, je ne suis jamais parvenu à le relire.

Nouvelles complètes
8.4

Nouvelles complètes

Sortie : 1 avril 2010 (France). Recueil de nouvelles

livre de Vladimir Nabokov

Clément Nosferalis a mis 10/10.

Annotation :

Toujours en Allemagne, j'ai découvert Vladimir Nabokov dans un numéro du Magasine Littéraire, envoyé par ma mère, où se trouvait la nouvelle Le Mot, inédite, et présente dans l'ouvrage Nouvelles complètes, en Quarto, qui venait de sortir et que je m'empressai de commander. Là aussi, ma lecture a été très lyrico-adolescente, bien loin de la réception que Nabokov attend de ses œuvres ; il devait d'ailleurs considérer Le Mot comme une erreur de jeunesse, d'un romantisme un peu niais. Mais moi, à cette période, le romantisme béat et appelant à grand renfort d'anges (dans la narration) et d'adjectifs ampoulés (dans le style) à l'élévation de l'individu dans la splendeur du monde, c'était exactement ce qu'il me fallait.

Plus profondément, Nabokov a enraciné en moi l'exigence du style. Ses nouvelles me plaisaient parce qu'elles ne racontaient rien, -seul comptaient les descriptions, les pirouettes stylistiques, les ruptures. Il a ancré en moi le goût du modernisme. Encore aujourd'hui, les romans qui racontent des histoires me paraissent pauvres ; jamais je n'ai pu adorer un roman policier ou un thriller (il y en a certes qui m'ont paru bons, voire très bons, mais aucun ne pourrait figure sur cette liste, car aucun ne constitue un jalon dans l'histoire de ma personnalité). Il a aussi titillé mon envie de poésie. J'aime surtout, dans la prose, la prose poétique. Nabokov, l'un de ceux dont j'ai lu le plus de livres, est à l'origine de cela.

Poésies complètes
8.5

Poésies complètes (1895)

Sortie : 1895 (France). Poésie

livre de Arthur Rimbaud

Clément Nosferalis a mis 10/10.

Annotation :

La découverte de Rimbaud commence pour moi en Allemagne, dans un Lagarde et Michard, avec les poèmes les plus connus : "Ophélie", "Voyelles" et surtout "Le Bateau ivre". Ce dernier allait bien avec mon atmosphère personnelle : cette volonté toute romantique d'élévation, mais avec un grain de modernisme qui rendait les visions d'autant plus sublimes. Ce n'est qu'au retour, dans ma campagne iséroise d'alors, que j'ai lu l'ensemble de ses poèmes. C'est surtout Une Saison en enfer qui, par sa fureur, m'a attiré, et qui fait toujours partie de mon panthéon personnel. Les Illuminations, aussi, m'attiraient, mais je peinais plus à en comprendre les tenants et les aboutissants, ce qui ne m'empêchait pas de les adorer. Plus tard, c'est mon explication réussie sur le poème "Barbare", qui m'est cependant toujours aussi incompréhensible, qui m'a permis d'être admis à l'ENS Ulm.

J'ai lu Rimbaud comme un adolescent ; mais, lui, j'ai pu le relire, plusieurs fois, et l'apprécier encore plus. Si Nabokov m'avait attiré vers la poésie, c'est Rimbaud qui m'y a fait entrer pleinement. Après sa lecture, j'avais soif de découvertes, et j'ai enchaîné Baudelaire, Eluard, Verlaine, Aragon, Darwich, Tsvetaeva, Akhmatova, Hikmet et bien d'autres ; c'est-à-dire des auteurs assez proches en termes temporels : fin du 19e, début du 20e pour la plupart, et avec des thèmes communs : éclatement des perceptions, métaphores puissantes, renouveau lyrique (qui pour moi n'était pas renouveau, mais le seul lyrisme existant).

Nadja
6.5

Nadja (1928)

Sortie : 25 mai 1928. Récit, Autobiographie & mémoires

livre de André Breton

Clément Nosferalis a mis 10/10 et a écrit une critique.

Annotation :

Mes premières amours poétiques m'ont mené vers le surréalisme. Il faut dire, aussi, que ma découverte de la peinture a commencé par Salvador Dali. Et donc, au-milieu de mes nombreuses lectures, je me retrouvai un jour dans la Maison de la Presse de Pont-de-Beauvoisin, où se trouvait mon lycée ; il y avait, au-milieu des Marc Lévy et de la papeterie, ce livre d'André Breton ; ce fait lui aurait sûrement plu. Je le lus donc, et fus transporté. L'absence de description, au contraire total de Nabokov plus haut, fit ici mon bonheur : c'était la simple conscience se baladant dans Paris et faisant des expériences esthétiques. Et, finalement, la découverte dans la personne de Nadja de l'essence même du surréalisme. Cela me donna une certaine idée de ce que devait être la vigueur intellectuelle, et j'y reviens souvent pour y puiser un peu, me remettre non dans le droit chemin, mais au moins sur un chemin, ce qui est déjà quelque chose.

Journal d'un raté
7.1

Journal d'un raté

Sortie : 2011 (France). Journal & carnet, Récit

livre de Edouard Veniaminovitch Limonov

Clément Nosferalis a mis 8/10.

Annotation :

Je ne suis pas sûr que Limonov soit un grand écrivain. Lui-même vous dirait qu'il n'en a rien à foutre d'être "un grand écrivain". Ce qu'il traduit, c'est une espèce de rage vague, portant sur tout à la fois. C'est, en fait, le coeur de ce qu'on pourrait appeler "la littérature punk". J'avais lu le livre de Carrère, qui était, malgré Carrère, un bon livre. "Journal d'un raté" est toutefois dans une autre dimension. Ce qui m'a surtout marqué, avec ces deux livres, c'est que je les ai beaucoup prêté autour de moi ; Limonov, dans mon lycée, était un objet social, dont on parlait régulièrement. Nous nous sommes vaguement mis ensuite à Bukowski, mais avec moins de vigueur ; à Hilsenrath, surtout, dans le même genre ; -ceci alors même que la plupart de mes amis n'étaient pas de grands lecteurs, voire pas lecteurs du tout. Limonov est donc lié à de bons souvenirs de ces années-là.

Ainsi parlait Zarathoustra
8

Ainsi parlait Zarathoustra (1885)

(traduction Georges-Arthur Goldschmidt)

Also sprach Zarathustra : Ein Buch für Alle und Keinen

Sortie : 1885. Essai, Philosophie, Poésie

livre de Friedrich Nietzsche

Clément Nosferalis a mis 10/10.

Annotation :

"Ainsi parlait Zarathoustra" était et est toujours mon livre préféré. Je n'ai pas cependant de "première lecture" de cette œuvre : je l'ai lue par petits bouts détachés, et ce n'est que plus tard que j'ai pris le temps de la lire linéairement.

Ce que j'y ai trouvé, tout d'abord, c'est le couronnement d'une ligne qui partait du roman "Le Rouge et le Noir" : l'écrasement de ma personnalité ancienne, mais, cette fois-ci, non simplement par une œuvre littéraire, mais par un corpus philosophique, bien qu'exprimé poétiquement. L'appel de Nietzsche à privilégier sans cesse l'autodépassement de soi, à faire peau neuve pour laisser mourir l'ancien moi, me confortait dans la volonté d'en finir... Avec quoi ? Je ne sais pas bien. Peut-être avec un fond de morale chrétienne (et pourtant, ce fond m'est resté), peut-être avec un mal-être vague (et pourtant, cette mélancolie m'est restée), peut-être avec les résidus de l'enfance. Je le lisais au lycée, je le lisais en classes préparatoires, comme un livre non qu'on promène comme un miroir, mais comme des jumelles pour trouves de nouveaux chemins. La dernière partie de l'oeuvre est bien cette fuite en avant : les personnages se présentent devant Zarathoustra, et aucun ne sera le Surhomme ; ce dernier est toujours à chercher, il est toujours plus loin. Ainsi la vie.

Hamlet-machine
7.8

Hamlet-machine (1977)

Sortie : septembre 1985 (France). Théâtre

livre de Heiner Müller

Clément Nosferalis a mis 10/10 et a écrit une critique.

Annotation :

Mon année de khâgne a tout d'abord été d'une tristesse infinie. Les mauvaises notes et l'internat y étaient pour quelque chose. Le programme de français était le théâtre, et le professeur d'un ennui absolument mortel. Navigant sans but sur Wikipédia, je tombai sur le début de ce livre : "J'étais Hamlet. Je me tenais sur le rivage et je parlais avec le ressac BLABLA dans le dos les ruines de l'Europe." J'achetai immédiatement le livre. Les dix pages violentes et décapantes de l’œuvre centrale me renversèrent. Qu'on ait pu écrire un texte aussi bizarre et aussi génial à la fois me réjouit. C'était comme le surréalisme élevé au carré de l'échec communiste. Il y avait là quelque chose d'absolument nouveau, trouvable nulle part ailleurs, et dont personne ne semblait soupçonner l'existence, -les lecteurs d'Heiner Müller sont denrée rare, et c'est toujours un plaisir exquis d'en rencontrer un. J'ai lu presque toutes ses autres pièces, et d'ailleurs celle-ci, que j'ai cité dans ma copie d'Ulm, est sans doute ce qui m'a permis d'y avoir ma meilleure note cette année-là.

Liquidation
8.1

Liquidation (2003)

Felszàmolàs

Sortie : 2004 (France). Roman

livre de Imre Kertész

Clément Nosferalis a mis 10/10.

Annotation :

Alors que je n'avais lu aucun Kertész, une amie de ma mère avait décrété que je devrais, plus tard, écrire un livre sur lui. C'est ainsi que j'en arrivai, par curiosité, à le lire. Comme, depuis de nombreuses années, je ne parvenais plus que difficilement à lire de longs ouvrages (étant père et courant les cours particuliers pour tenir financièrement, je lisais essentiellement dans le bus et le RER, ce qui est peu propice aux concentrations de longue haleine), j'ai commencé par celui qui semblait le plus mince. Ce fut un choc tout à fait singulier, et celui-ci reste mon préféré. C'est, en terme de forme, celui qui a le plus d'audace ; par certains aspects, il trace une ligne avec "Hamlet-machine" dont je parle ci-dessus. La narration déconstruite, le passage du théâtre au récit, avec des focalisations qui se chevauchent les unes sur les autres, a fait mon bonheur. Avec, "en bonus", si je puis dire, le problème d'Auschwitz au cœur du livre. J'ai toujours lié, sans pouvoir le justifier rationnellement, Heiner Müller et Imre Kertész. Deux auteurs qui ont eu un pic de célébrité dans les années 90, avant d'être semi-oubliés dans la génération qui est la mienne, -deux auteurs qui ont longuement médité sur l'horreur du XXème siècle. En termes d'écrivains de la fin de ce siècle maudit, il me semble qu'ils tiennent le haut du panier.

La Mélancolie de la résistance
8.2

La Mélancolie de la résistance (1989)

Az ellenállás melankóliája

Sortie : 2006 (France). Roman

livre de László Krasznahorkai

Clément Nosferalis a mis 10/10.

Annotation :

Ainsi de clôt la sainte trinité de la fin du XXe siècle : Heiner Müller, Imre Kertész, László Krasznahorkai. Cet ouvrage est moins centré sur le XXe, même si l'horreur de ce siècle le hante. Il s'agit, comme toute l'oeuvre de Krasnahorkai, d'un ouvrage qui tend vers une réflexion métaphysique, mais qui y tend d'autant plus que la description est précise, que l'auteur s'attache à des choses qui dans la vie courante paraissent banales.

Celui-ci est une lecture plus longue, plus ardue que les deux précédentes, -c'est qu'enfin j'étais sorti de la dèche relative où j'étais auparavant. J'ai lu l'essentiel du livre dans un square de la Croisette, à Cannes, où ma fille faisait du toboggan. Ce livre d'un pessimisme noir m'est donc associé au soleil, à la plage et aux cris d'enfant.

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