Cover Introduction passionnée à Leonard Cohen et sa musique

Introduction passionnée à Leonard Cohen et sa musique

"I love to speak with Leonard, he's a sportsman and a shepherd, he's a lazy bastard living in a suit" - "Going Home" in Old Ideas (2012)

Poète génial déguisé en songwriter. Son œuvre est empreinte d'une sagesse antique aux accents liturgiques. Ses textes ne sont jamais ampoulés et sont ...

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16 albums

créee il y a plus de 7 ans · modifiée il y a plus de 7 ans

Songs of Leonard Cohen
8.1

Songs of Leonard Cohen (1967)

Sortie : 27 décembre 1967. Folk

Album de Leonard Cohen

Montremolle a mis 10/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

Leonard Cohen entre en force sur la scène musicale avec ce premier album - premier chef-d'oeuvre - dont la musique est pourtant des plus délicates, à contre courant des délires psychédéliques et des dernières étincelles yé-yés de l'époque. Ayant derrière lui un travail de romancier et poète déjà reconnu et apprécié par la scène intellectuelle montréalaise, il se lance dans la musique (passion de jeunesse, il jouait déjà un peu de guitare country) car la poésie ne paye pas. L'album est un concentré de pépites et toutes ou presque sont des œuvres majeures ainsi que des chansons cultes (Suzanne, So Long Marianne etc..) qu'on retrouvera disséminées un peu partout dans la culture populaire. On retrouve la quintessence du style de Cohen dans cet opus : les choeurs féminins angéliques, le picking velouté de la guitare, et la puissance poétique des textes. Premier album et déjà album de la maturité. Ce qui me frappe le plus c'est sa cohérence et sa complétude, ce qui fait qu'on l'écoute d'une traite. Nombre des chansons sont des chants du soir, à écouter dans les plus hautes sphères de l'introspection.

Highlights : "Suzanne" / "So Long Marianne" / "Sisters of Mercy" / "Stranger Song"

Songs From a Room
7.9

Songs From a Room (1969)

Sortie : avril 1969 (France). Folk

Album de Leonard Cohen

Montremolle a mis 8/10.

Annotation :

Ce deuxième album, très attendu à la suite du merveilleux premier essai, continu d'explorer tout en douceur les milles nuances de la vie personnelle, de l'introspection. Bien que les mélodies soient un peu moins inspirées parce qu'assez répétitives,et que les chansons n'ont pas toutes la force de l'évidence qu'on trouvait dans "Songs of Leonard Cohen", l'album reste un grand moment. La voix de Cohen, son chant se font moins sereins, il se permet d'exulter à certains moments. Certaines chansons chansons ont une dimension épique (The Partisan) et la tonalité de l'album est plus sombre, désespérée. On trouve encore des titres qui restent dans les mémoires comme ce petit bijou "Bird on the Wire" dont la simplicité détonante et ravageuse des vers expose les affres du désespoir/espoir amoureux. La poésie se fait ici légende, fable et mythe (comme la réinterprétation accusatrice du mythe d'Abraham et du sacrifice d'Isaac dans "Story of Isaac) alors que dans le premier opus, le ton était plus à la confession.

Highlights : "Bird on the Wire" / "Story of Isaac" / "The Partisan"

Songs of Love and Hate
8

Songs of Love and Hate (1971)

Sortie : 1971 (France). Folk

Album de Leonard Cohen

Montremolle a mis 9/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

Ce troisième album de Leonard est certainement l'un de ses plus grands moment de bravoure. La noirceur déteint dans toutes ses chansons et l'on trouvera rarement un album aussi hanté (à part peut-être son dernier en date "You Want it Darker" en 2016). "Songs of Love and Hate" comme l'indique laconiquement son titre porte à l'auditeur le combat interne de l'Amour et de la Mort, de l' "Eros" et de "Thanatos", de l'espoir (dans son sens presque religieux) et du désespoir. Ce sont des thèmes maintes fois abordés en littérature et poésie dont Cohen apporte son témoignage. Certaines chansons sont hypnotiques et confinent à la folie comme "Dress Rehearsal Rag" et "Avalanche", quand d'autres sont d'une tristesse et d'un éclat bizarrement beau et insondable "Famous Blue Raincoat". Dans cet album Cohen joue encore plus de sa voix profonde et semble encore mieux la maîtriser que dans les deux précédents opus. Il chante tantôt d'une manière abyssale, tantôt rageur et fou "Diamonds in the Mine". Les mélodies sont sèches et se déploient lentement. Dans "Love Calls you By your Name" la poésie, bien que classique, mêle, de force des images glaçantes : "Between the ocean and your open vein [...] Love calls you by your name." Le thème du suicide est souvent évoqué dans cet album, ce n'est pas étonnant tant les sentiments exprimés sont exaltés et plus destructeurs qu'auparavant. Cet album est follement romantique.

Highlights : "Dress Rehearsal Rag" / "Avalanche" / "Famous Blue Raincoat"

New Skin for the Old Ceremony
7.9

New Skin for the Old Ceremony (1974)

Sortie : 11 août 1974. Folk

Album de Leonard Cohen

Montremolle a mis 8/10.

Annotation :

Un album trop court! Cohen délivre des compositions toujours aussi sobres, parfois arides et les agrémente d'instruments d'orchestre et de cuivres, par touches pour accentuer les lignes mélodiques de sa guitare. On alterne la folk délicate, les ballades jazzy. Son chant est plus libéré qu'à l'accoutumé, plus plaintif parfois ("Lover, Lover Lover" ou "There is a War" par exemple). On retrouve encore une fois un classique, le "Chelsea Hotel" qui raconte son aventure d'un soir avec Janis Joplin (il l'avouera plus tard et regrettera de donner son nom). Cette dernière chanson est un exemple du talent de poète du monsieur qui parvient à extraire de l'anecdotique, le coup d'un soir, une oeuvre sensuelle et lancinante où le désir ("longing") transpire, où les formes de la beauté son renouvelées. La plupart des chansons de l'album sont ouvertement des chansons d'amour, inspecté dans toute ses nuances. Le chanteur parvient à incarner et s'approprier, une nouvelle fois, des thèmes millénaires et usés jusqu'à l'os.

Highlights "Who by Fire" / "Chelsea Hotel" / "There is a War"

Death of a Ladies’ Man
6.7

Death of a Ladies’ Man (1977)

Sortie : novembre 1977 (France). Pop

Album de Leonard Cohen

Annotation :

J'ai peu à dire sur cet album dont les mélodies originales et les textes sont complètement gâchés par la production de Phil Spector. Recouvert d'une multitudes d'effets et d'instruments, Leonard Cohen perd son style, et sa voix - peut-être l'élément le plus essentiel dans sa musique - est toujours à la traîne, ne peut s'exprimer. Du coup, il gueule, hurle mais cela n'a pas l'émotion qu'on retrouvait dans "New Skin for the Old Ceremony" et "Songs of Love and Hate". Cohen a d'ailleurs plus ou moins renié cet album, en tout cas la production de Spector. Il y a d'ailleurs des anecdotes amusantes et effarantes sur le processus de réalisation du disque avec ce cinglé de Spector. J'espère un sortie (improbable?) des démos, avec Leonard seul à la guitare.. C'est album est vraiment décevant d'autant plus que les obsessions du chanteur sont traités comme le thème de la sexualité : "Death of a Ladie's Man", "Don't Go Home with your Hard-On"

Highlight : "Memories"

Recent Songs
6.9

Recent Songs (1979)

Sortie : septembre 1979 (France). Folk

Album de Leonard Cohen

Montremolle a mis 8/10.

Annotation :

"Recent Songs", titre laconique encore une fois, trouve son inspiration dans les musiques traditionnelles européennes et juives, le violon fait figure de second rôle ici. Les mélodies sont lancinantes, terriblement mélancoliques. La voix du chanteur est lente, posée, presque en retard. Le temps de l'écoute souffle un air froid, la musique enveloppante. A noter dans certaines chansons la mise en avant de la basse, bienvenue, qui vient appuyer la diction et lie les strophes entre elles. Certains airs sont jazz et j'apprécie ce groove lent. L'ensemble de l'album est donc triste, désespéré, un objet d'une beauté froide.

Highlights : "The Gypsy's Wife" / "The Window" / "Came so Far from Beauty"

Various Positions
7.4

Various Positions (1984)

Sortie : décembre 1984. Pop

Album de Leonard Cohen

Montremolle a mis 7/10.

Annotation :

Premier album où Leonard semble laisser de côté la guitare pour les claviers, plus pratiques pour composer et structurer des mélodies seul. La production sur certains morceaux est un peu passé à mon goût ("Dance me to the end of Love" et même "Hallelujah" retrouvent leur superbe - parce que débarrassées de leurs scories kitsch - en live, comme dans le Live à Londres en 2009) malgré que l'album contient de grandes chansons dont l'une en particulier ("Hallelujah" évidemment) est maintenant un classique des classiques repris ad infinitum et surtout ad nauseam (si bien que Cohen en appela, tout en humour, à un moratoire sur cette chanson, ce que j'approuve!). D'autres arrangements sont magnifiques comme dans "Night Comes On" et "The Law". Ce qui frappe le plus à la première écoute c'est la voix du chanteur qui a bien changé : elle se fait plus profonde encore, plus grave et un peu traînante, comme fatiguée parfois. Le ton du disque est encore une fois celui de la nuit, de la prière à Dieu et/ou à la femme aimée "If it Be your Will". Un album de doute, de regrets et d'espoir parfois. Mais un album bizarrement d'une chaleur réconfortante malgré la nuit.

Highlights : "Hallelujah" / "Night Comes On" / "If it Be Your Will" / "The Law"

I’m Your Man
7.6

I’m Your Man (1988)

Sortie : 21 février 1988 (France). Rock, Folk Rock, Electronic

Album de Leonard Cohen

Montremolle a mis 7/10.

Annotation :

"I'm your Man" signe le retour en forme de Leonard Cohen pour le grand public et cette fois il revient sur le devant de la scène avec des chansons venimeuses, acérées, ironiques, sans pour autant délaisser les sujets qui lui sont chers ("I'm Your Man" justement). Les claviers sont une nouvelle fois omniprésents et la musique plus sombre que dans l'album précédent. Je n'adore pas cet album qui je trouve à mal vieilli sur certains titres dont la production est trop rattachée aux 80's mais les chansons sont toutes excellentes et puissantes, les lives des années 90, 2000 et 2010 leurs rendront vraiment hommage et restaureront leur splendeur intrinsèque (encore une fois c.f.: Live in London en 2009). La voix du chanteur est plus grave bien entendu. Autre fait intéressant, c'est le premier album où Cohen commence à se sentir vieillissant, sans se départir de son ironie : "I ache in the places where I use to play" dans "Tower of Song"

Highlights : "First We Take Manhattan" / "I'm Your Man" / "Tower of Song"

The Future
7.4

The Future (1992)

Sortie : 24 novembre 1992. Pop

Album de Leonard Cohen

Montremolle a mis 7/10.

Annotation :

Tout comme le précédent album qui commençait très fort et rageusement avec "First we Take Manhattan", "The Future" démarre sur cette chanson éponyme qui dépeint une vision glaciale et apocalyptique du futur, seul l'humour vient sauver les meubles. La voix de Cohen est plus fantomatique, éthérée, on sent les affres de la cigarette et c'est tant mieux. Le ton est encore plus bas et profond. Les défauts sont les mêmes que pour les albums des années 80, mis à part pour certaines chansons comme "Waiting for the Miracle" dont le kitsch est délicieux quand il est contrasté par la gravité des propos. On trouve dans cet album certaines de ses chansons les plus épiques et les plus amples comme "Democracy" ou "Anthem" : "There is a crack in everything, that's how the light gets in" est devenu pour moi un motto.

Highlights : "The Future" / "Waiting for the Miracle" / "Democracy"

Ten New Songs
6.8

Ten New Songs (2001)

Sortie : 8 octobre 2001 (France). Pop

Album de Leonard Cohen

Montremolle a mis 9/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

Déconcertant c'est le mot! Cohen a travaillé à quatre mains avec sa partenaire et amie de longue date Sharon Robinson qui lui compose les musiques de l'album dont le son est terriblement marqué par le R'n'B avec ses boites à rythmes et ses chœurs suintant. Mais la musique se révèle ici, contre toute attente, un écrin parfait car sobre, austère, pour la voix toujours plus grave traînante du poète. Le groove est imparable sur certains titres. "In my secret Life" qui ouvre l'album est une merveille d'introspection :

"I bite my lip
I buy what I'm told
From the latest hit
To the wisdom of old
But I'm always alone
And my heart is like ice
And it's crowded and cold
In my secret life"

Highlights : "In my Secret Life" / "Alexandra Leaving" / "That Don't Make it Junk" / "A Thousand Kisses Deep"

Dear Heather
6.3

Dear Heather (2004)

Sortie : 25 octobre 2004 (France).

Album de Leonard Cohen

Montremolle a mis 7/10.

Annotation :

Un album pour l'aube froide et les pâles après-midi hivernales. Tous les morceaux sont ainsi enveloppé d'une production blanche, froide. Des instruments insolites, dont des percussions, s'ajoutent sur des plages musicales simples, aérées. La basse place le rythme qui est lent et sur certains morceaux des airs veloutées de saxophone emportent vers des hauteurs sublimes. Les chœurs féminins sont à nouveau présents mais Cohen laisse ses choristes prendre les commandes pour des envolées cristallines, pures. Un disque qui s'offre comme un chant du cygne, tant la vieillesse et la mort se suivent et se rapprochent.

"Because of a few songs
Wherein I spoke of their mystery,
Women have been
Exceptionally kind
to my old age.
They make a secret place
In their busy lives
And they take me there.
They become naked
In their different ways
and they say,
"Look at me, Leonard
Look at me one last time."
Then they bend over the bed
And cover me up
Like a baby that is shivering."

Live in London (Live)
8.4

Live in London (Live) (2009)

Sortie : 31 mars 2009 (France).

Live de Leonard Cohen

Montremolle a mis 9/10.

Annotation :

Le live à Londres en 2009 est un morceau de bravoure qu'on retrouvera sur toute sa grande tournée de 2009 a 2013 environ. Nombre de morceaux sont magnifiés par les nouveaux arrangements offerts par Cohen et ses musiciens : «Dance me to the end of love» retrouve son romantisme tragique et fiévreux qui était dilué par des sons froids et kitsch, «The future» déploie un groove apocalyptique emmené avec force, assurance et souffle, «Gypsy wife» se dote d'un solo de clarinette mélancolique qui pince le coeur, «Who by fire» est introduit par la mandoline hantée de Javier Mas etc.. Cohen est plus drôle que jamais «excuse me for not dying». Mais ces concerts sont de véritables moments de recueillement, profonds et solennels (cf. : «Anthem» ou la récitation de «A thousand kisses deep» aussi drôle que touchante.)

Old Ideas
7.1

Old Ideas (2012)

Sortie : 27 janvier 2012 (France).

Album de Leonard Cohen

Montremolle a mis 9/10.

Annotation :

Après un "Dear Heather" décevant, il faudra attendre le sursaut créatif imposé par les soucis financiers du chanteur, escroqué et ruiné par son comptable. Cet album est un excellent guide d'entrée dans l'oeuvre de Leonard Cohen tant il constitue un patchwork aussi bien musical que littéraire des thèmes chers au poète. On y retrouve aussi bien du blues sec et hanté dans "Darkness", de la folk teinté de musiques européennes dans "Amen", que des musiques empreintes de sacré et proche du gospel dans "Come Healing". Désormais la voix est caverneuse, Cohen parle parfois plus qu'il ne chante mais la précision dans la diction permet aux textes de se déployer dans toute leur simplicité, leur sincérité, et leur beauté. Abandonnant les productions un peu surannées des précédents albums, il retourne aux sources et c'est magnifique.

Highlights : "Going Home" / "Darkness" / "Show me the Place"

Popular Problems
6.9

Popular Problems (2014)

Sortie : 23 septembre 2014 (France).

Album de Leonard Cohen

Montremolle a mis 9/10.

Annotation :

Leonard Cohen poursuit son jaillissement créatif retrouvé dans la fin des années 2000 et livre peu de temps après Old Ideas (2012) un album qui tient la dragée haute au précédent. Il est même plus abouti, car plus cohérent et encore plus épuré. L'orgue, la basse et les cuivres sont les dominantes du disque qui viennent ajouter, par touches, et souvent en contrepoint, des impulsions blues. Un groove moderne et froid se dégage à l'écoute. La musique bien que prenant ses sources dans des racines centenaires est plus actuelle que jamais car réduite à formes simples. La voix du chanteur est mise en avant, elle est toujours plus grave, profonde, et déraille un peu plus. Alternant le blues, la folk et même un air gospel, Cohen rejoue ses classique et c'est très inspiré tant dans le texte (plus ouvertement politique qu'à l'accoutumé) que dans la musique ('Nevermind' ou "Almost Like the Blues").

Highlights : "Almost Like the Blues" / "Nevermind" / "Born in Chains"

Can’t Forget: A Souvenir of The Grand Tour (Live)
7.6

Can’t Forget: A Souvenir of The Grand Tour (Live) (2015)

Sortie : 8 mai 2015 (France). Rock, Folk Rock

Live de Leonard Cohen

Montremolle a mis 8/10.

Annotation :

Highlights : "Never Gave Nobody Trouble" / "Night Comes On" / "I Can't Forget" / "Choices"

You Want It Darker
7.7

You Want It Darker (2016)

Sortie : 21 octobre 2016. Rock, Folk Rock, Folk, World, & Country

Album de Leonard Cohen

Montremolle a mis 10/10, l'a mis dans ses coups de cœur et a écrit une critique.

Annotation :

Un chef-d'oeuvre. J'ai écrit une critique sur l'album.

Highlights : "You Want it Darker" / "Traveling Light" / "Steer your Way"

Montremolle

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