L'héritage de H.P. Lovecraft dans les jeux-vidéo

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À l'origine, l'ancêtre du survival-horror était prévu pour être une adaptation directe de l'Appel de Cthulhu en jeu-vidéo. Jugé peu convaincant, le scénario fut remanié au fur et à mesure que le concept du jeu évoluait vers sa forme finale, sans pour autant se séparer de sa source d'inspiration principale.
Ce jeu réunit clairement tous les éléments qui constitueraient une nouvelle de Lovecraft : un manoir abandonné dans la Louisiane de 1924 ; un suicide inexpliqué ; occultisme et divinités anciennes... la liste est longue. Il est même possible de trouver le Necronomicon dans la bibliothèque du manoir, difficile de faire un clin d'œil moins évident.
Avec maintenant presque trois décennies de recul, on peut affirmer que Alone in the Dark, en tant que précurseur du survival-horror, eut un impact énorme dans le monde du jeu-vidéo.
Bien que par la suite ce soit Resident Evil et Silent Hill, deux séries japonaises qui ne s'inspirent que peu de l'œuvre de l'auteur américain, qui viendront populariser le genre, il est indéniable que l'héritage de Lovecraft a une influence non-négligeable sur l'évolution des jeux d'horreur.
Pourrait-on même aller jusqu'à dire que sans Lovecraft le survival-horror tel qu'on le connait n'aurait jamais existé ?
Seul les Dieux Anciens le savent.

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Outre le fait d'être un le premier FPS a proposer des graphismes entièrement en 3D polygonale et sans sprites, Quake est également un jeu dont l'univers s'inspire des écrits de Lovecraft.
On retrouve les environnements gothiques et l'imagerie démoniaque qui avaient déjà fait leur apparition dans DOOM, sauf que cette fois-ci les rapprochements se veulent plus évident.
Ainsi l'ennemi principal du jeu est nommé Shub-Niggurath, créature ou divinité parfois citée par Lovecraft dans ses oeuvres, bien que jamais véritablement décrite.
On retrouve aussi d'autres créatures dont les noms font référence au Mythe, comme par example les "Formless Spawn of Tsathoggua", ou certains niveaux du jeu tel que "The Nameless City".

Quake ne se veut pas pour autant être une adaptation fidèle de l'oeuvre de Lovecraft, mais en s'en inspirant largement il reste néanmoins un des jeu-vidéo Lovecraftien majeur.

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Méconnu, Clive Barker's Undying n'en reste pas moins un excellent FPS d'horreur qui aurait mérité plus de succès.
Il s'agissait à la base d'un projet de jeu directement inspiré des mythes Lovecraftien, mais les développeurs firent appel à l'auteur britannique Clive Barker pour aider à écrire le scénario, élaboré l'univers et le gameplay, ce qui lui valut l'honneur d'avoir son nom dans le titre. (À moins que ce soit une des clauses de son contrat ?)
En vérité le jeu pourrait tout autant s'appeler « H.P. Lovecraft's Undying » bien qu'il ne s'agisse pas d'une adaptation directe de l'univers de l'auteur.
On retrouve tous les éléments d'une nouvelle de Lovecraft classique : début du XXème siècle, un riche ami mourant qui va quérir son ancien camarade de guerre, une malédiction familiale, occultisme, mythe celtique…
Au delà du manoir anglais et autre monastère gothique, l'un des environnement les plus intéressants du jeu, est sans doute la dimension onirique d'Oneiros, asservie par le sorcier Otto Keisinger.
C'est un monde bardé d'un ciel écarlate, formé d'îles flottantes sur lesquels se dressent des ruines de temples immémoriaux et de ziggourats de pierres sombres que le personnage principal doit parcourir avant d'affronter son pire ennemi dans un duel mortel. Ce passage est sûrement l'un des plus Lovecraftien et aurait eu tout à fait sied à l'une des longue description auxquelles l'écrivain aimait tant s'adonner.
Undying reste l'une des meilleure adaptation vidéoludique de l'univers de Lovecraft, en plus d'être un bon jeu.

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Exclusif a la Gamecube, ce survival-horror a tenté d'explorer une voie différente de ses concurrents japonais.
L'affiliation à Lovecraft est nette et évidente bien que le jeu ne soit pas une adaptation directe, absolument tout rappel l'univers de l'auteur.
L'histoire se déroule sur quatres endroits différents et propose de jouer avec plusieurs personnages et plusieurs époques par intermittence.
C'est dans un manoir de Rhode Island où la petite-fille d'un éminent psychologue tente d'élucider le meurtre de son grand-père que tout commence. En trouvant un étrange grimoire relié de chair humaine, le personnage principal pourra revivre des fragments du passé et tenter de percer les mystères d'événements qui dépassent la compréhension humaine.
Il s'agit en fait d'une guerre entre une trinité de Dieux Anciens en lutte pour la suprématie, chacun possédant un avantage sur l'un et une faiblesse sur un autre. En début de partie le choix vous est donné de choisir votre affiliation, ce qui influencera grandement la suite du jeu, comme les ennemis à combattre, le type de magie utilisable et bien sur la fin.
Côté gameplay le jeu se joue comme un survival-horror classique, mais ajoute des éléments inédits dont un système de magie qui vient renforcer votre arsenal d'armes classiques.
Mais ce qui rend Eternal Darkness si unique est son système de gestion de la santé mentale ou "Sanity effects" pour les intimes, sous forme d'une jauge qu'il faudra tenter de pas trop laisser descendre, sinon …
Bruits étranges, hallucinations visuelles, les effets sont nombreux et variés pour tenter de simuler le plongeon vers la folie.
Mais là où cela devient vraiment intéressant c'est lorsque la jauge est presque vide et que le jeu brise le quatrième mur pour tenter de piéger le joueur directement : hallucinations montrant la mort du personnage avec écran "game over", simulations de problèmes techniques de la console ou de la TV… Mon effet préféré reste celui où l'on vous fait croire que votre sauvegarde est corrompue et va être effacer … J'avoue m'être fait avoir.
Ce système rappel fortement les écrits de Lovecraft où les personnages, s'ils survivent, ne ressortent jamais indemne des horreurs indescriptibles dont ils ont été les témoins, et sombrent souvent dans une démence profonde.
Un jeu unique qui, malgré des défauts de gameplay évident, est un vrai hommage à l'écrivain américain.
Dommage que la suite n'est jamais vue le jour.

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En souhaitant développer davantage l'univers de Warcraft avec cette extension, Blizzard semble avoir puisé leur inspiration chez Lovecraft pour broder les mythes anciens d'Azeroth.
On pourrait tout d'abord citer le tombeau de Sargeras, situé dans une cité engloutie sous les eaux que l'on visite dans la première campagne.
Mais c'est surtout cet antique civilisation qui vit dans les profondeurs de Northrend, ces créatures humanoïdes à têtes de poulpe aussi appelé les «sans-visages» qui seront l'hommage le plus évident.
D'autant plus qu'ils sont commandés par une créature bulbaire ornées d'yeux immenses et de tentacules gigantesques nommée «l'Oublié» et qui semblent elle-même répondre à l'appel de Dieux Anciens mystérieux …
Ou comment introduire le mythe de Cthulhu dans le lore de Warcraft.
D'ailleurs World of Warcraft et ses extensions continueront sur cette lancée en développant davantage sur cette thématique.

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Une adaptation qui se veut être fidèle mais sombre malheureusement dans la surenchère d'action. Pourtant, je ne peux que saluer l'effort des développeurs d'avoir voulu respecter le lore de l'univers de Lovecraft. Mais à l'inverse d'autres adaptations plus subtiles, ce jeu se contente finalement de reprendre Le Cauchemar d'Innsmouth et Dans l'Abîme du Temps et de broder autour pour essayer d'en faire un scénario cohérent. Nul doute que l'inspiration vient également du jeu de rôle L'Appel de Cthulhu. Néanmoins certains choix restent assez discutables, comme par exemple celui laisser le joueur affronter Dagon directement sur le pont d'une frégate et de l'éclater à bout pourtant avec de la grosse artillerie. De même pour Hydra dont l'apparition casse beaucoup le mythe, surtout que ici la liberté est prise de présenter Dagon et Hydra comme des servants de Cthulhu. La présence de personnages réels comme J.Edgar Hoover est assez étrange, mais encore que ce n'est pas le plus grave. L'ensemble donne surtout l'impression d'une série B basée sur le mythe de Cthulhu, j'ai du mal à m'empêcher de rire quand je vois les habitants d'Innsmouth dans leur force la plus avancées d'homme-poissons avec des fusils et mitraillettes... Heureusement, et ce malgré le titre du jeu, Cthulhu n'apparaît jamais.

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Bloobdorne est sans doute mon jeu Lovecraftien favoris. En effet, le jeu de From Software ne se contente pas simplement d’intégrer des passages du Mythe ou de faire quelques clin d’œils ci et là. Le jeu est plutôt une réappropriation des écrits de Lovecraft dans un univers totalement inédit. On retrouve bien sûr les grands thèmes chers à l’auteur avec la Vérité Ésotérique, qui fait perdre la raison a tout ceux qui l’entrevoit, ou le panthéon de Grands Anciens, ces êtres mystiques quasi-divin qui vivent hors du monde des humains.
Les thématiques du Rêve et du Cauchemar sont également très présentent et font écho au « Cycle du rêve  », une série peu connue, bien qu’indispensable pour tout adepte de l’auteur. Chez Lovecraft, le monde du rêve est un univers a part entière dans lequel les humains peuvent accéder durant leur sommeil et non pas simplement une création de l’esprit. C’est donc sur cette base que Bloodborne fonde également son univers, les mondes du Rêve ou du Cauchemar sont ici, bien qu’intrinsèquement liés a la réalité physique, le lieu où vivent les Grands, et y pénétrer l’un des moyens d’entrer en contact avec eux. Beaucoup d’autres éléments puisent également leur inspiration chez Lovecraft, mais il serait bien impossible de tous les lister ici. En revanche, Bloodborne ne jamais dans le piège de beaucoup d’adaptations et apporte ses propres thématiques et idées neuves, comme la thérapie du Sang ou le Fléau des Monstres, arrivant ainsi a se démarquer de sa source d’inspiration principale.
En créant sa propre cosmologie et ses propre codes, le jeu de Miyazaki Hidetaka à donc su transcender avec brio l’héritage de Lovecraft et est ainsi l’un des meilleurs hommage possible a l’auteur.