Les pages se tournent, journal de lecture 2016 :

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L'année commence merveilleusement. J'ai pris ce roman de Coetzee un peu au pif, pour découvrir l'auteur, le titre était cool et c'était court (ce qui m'arrangeait vu que je venais de sortir de grosse lecture). Le livre commence simple et simplement comme une réécriture de Robinson Crusoe, où on ajoute une femme, la narratrice, et ne cesse de se complexifier, de dériver, de se perdre, de sortir d'un langage volontairement commun, presque bourru, pour une prose superbe, dense et vive. La fin est magistrale de beauté et de mystère. Se perdre pour aller peut-être quelque part.

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A mon grand désarroi une adaptation de la dernière de l'Odyssée sans grande imagination ni créativité. Bref, sans intérêt à lire, et j'ai dû mal à croire que monter cela en ait plus. Peut-être. Et peut-être ai-je raté quelque chose eh.

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Nietzsche c'est toujours un plaisir, simplement parce que c'est merveilleusement écrit, qu'il a le sens de la formule et de la condensation, des trois mots mis ensembles qui explosent le décor. Mais je ne l'ai jamais lu à ce point pré-fasciste, à dire vrai jusque là je ne l'avais quasiment jamais : deux trois paragraphes du Gai Savoir, un petit peu dans L'origine de la tragédie, mais là! Il s'embourbe durant la moitié du texte dans des idées racialistes, dictatoriales, aristocratiques. Immonde et malsain. Cela reste intéressant à lire, il demeure quelqu'un qui soulève des questions pertinentes et a des éclairs extraordinaires. La justification qu'il en lance (on défend la morale en l'attaquant) ne me semble qu'un médiocre alibi (même si le fond est intéressant, "Je suis celui qui fait le bien en ne voulant faire que le mal" etc.).

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Une pièce qui pourrait être intéressant à monter, je le concède. Mais ce théâtre d'idée me semble un peu vieilli dans son déroulement comme dans son écriture (trop naturaliste, pas assez folle) pas mal d'idées malsaines. Cependant il est certain que cela eut historiquement une place importante dans l'évolution du théâtre. La préface montre un sens de la mise en scène prononcé, qui préfigure - et a préparé - le théâtre du XXème siècle.

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Bon définitivement H.S. Thompson a une écriture quelconque, et c'est bien dommage, ces sujets sont intéressants. Le livre offre un panorama et une plongé dans le monde des Hell's Angels, ces gangs de motard apparu dans les années 50, et dont l'influence sur la culture contemporaine est pour le moins importante, étrangement. L'objet de pas mal de fantasme.
Sauf qu'en plus de pas avoir un style phénoménal, Thompson tire trop son livre, la troisième partie étant trop longue, et se montre dégueulassement complaisant sur le sujet du viol et de l'agression sexuel en général, et globalement sur la violence des Hell's Angels.

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Définitivement Zweig c'est pas pour moi. Entre son idéologie bourgeoise pseudo-humaniste à peine mieux que celle de son confrère T. Mann, son écriture belle mais si banale, si commune, sa pseudo-intelligence qui n'en est pas du tout une, bon... C'est plaisant, mais j'avoue je ne vois en rien essentiel. C'est possible que ça ne soit que mes yeux.
Je lui offre 24h dans la vie d'une femme pour me convaincre encore.

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On peut regretter amèrement que Kawabata se soit crevé avant de donner forme final à ce texte. il est assez évident qu'on a ici la version publiqué en feuilleton dans un magazine, avec répétition d'un chapitre l'autre pour les retardataires, passages qui semblent un peu précipités, etc.
Cela n'empêche le roman est étrange, touchant, triste et terrible, un petit trésor de la littérature japonaise, comme Kawabata semble en avoir fait tant.

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C'est drôle, pas assez. Burlesque, pas assez. Violent, pas assez. Cette espèce de parodie de american psycho, et du thriller en général, ne va, je trouve, pas assez loin sur aucun plan, et c'est dommage. Surtout que Mabanckou écrit plutôt bien.

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Drôle, intelligent, bien écrit, Pastoureau est toujours un plaisir. Seulement dommage que finalement il ne creuse pas tant que ça les résonances de cet événements (quitte à être dans l'hypothèse) et reparte dans sa marote couleurs et animaux (même si c'est toujours top).

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Premier Confiant. Conclusion on peut me dire pourquoi on n'en parle pas plus? Un sens de l'écriture, de la narration, de la peinture du temps, de l'expression des problématiques de chaque être, des lignes de vie, et tout cela porté par une générosité! L'humour, la satire toujours reviennent, et c'est une jouissance de lire ce roman/essai historique.

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Une autobiographie à beaucoup d'égards, qui a le défaut de partir dans tous les sens, de ne pas savoir trop où aller précisément, et c'est dommage. Le livre est bien écrit, Diome ne manque pas d'énergie ni d'idée et la plume sait prendre des chemins charmants. Elle montre son vécu et des éclairs de bien d'autres qui touchent et intéressent, parlent de ces mouvements migratoires, ces exils (in)volontaires, notre époque plus encore maintenant qu'en sa publication.

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Le projet, stratégiquement, est intéressant : remettre en question le racisme, et les théories esclavagistes, depuis l'intérieur de ce même discours, et cela par le prisme révélé de l'aveuglement des hommes. Malheureusement je trouve le livre - en terme de tactique - raté. Le livre n'arrive rien à dire vraiment, penche d'un côté l'autre sans se décider, et finalement peut autant dire l'un que son contraire : et la preuve est qu'il a servi à l'un et son contraire. En plus que c'est lent sans raison, lent sans utilité. Dommage. Il y aurait une version "corrigée" à faire à mon sens.

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Déçu. Cela commence par partir dans tous les sens mais plutôt bien, et lorsque ça se décide enfin où aller, cela ne prend pas du tout l'angle qui m'intéressait le plus. Je préférai les paragraphes du début franchement philosophique autour du foyer, du centre, du feu etc. Bon. Soit.

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Je mets ça pour l'ensemble des nouvelles de la période faste de Melville que j'ai lu dans mon édition anglaise (période faste = années 1850). Ya des hauts, des bas, des réussis, des ratés, c'est dans l'ensemble clairement des divertissements, des petits plaisirs, et souvent c'est un vrai plaisir. Melville sait écrire, sait raconté, sait faire sourire, c'est un maitre, et cela vaut le temps de lire, d'autant que, Melville étant Melville, la métaphysique même dans la satire et l'humour affleure.
La nouvelle qui donne le titre à ce volume (Le paradis des célibataires/l'enfer des jeunes fille) étant l'une des meilleures, à mon sens.

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Je ne sais ce que contient exactement le volume en question, mais dans mon volume "Great short works" de Melville, il y avait toute une large sélection des portraits de marin, et portrait en général qui ont fait la majeur partie des derniers textes écrits par Melville.
Parmi les plus superbes nouvelles en forme de portrait que j'ai pu lire, c'est délicat, intelligent, puissant, cela parle et - comme toujours avec Melville - une sorte de porté métaphysique affleure.

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Février fut le mois Melville.
Je comprends l'admiration, les applaudissements, l'amour de tant pour ce texte. C'est du Melville à son extrême : étrange, paradoxale, éthéré, à la fois très concret et toujours profondément métaphysique. Après une première partie qui est une suite de portrait, où l'on respire la mer, le vent, une vie vivante, vient le noeud et, sans que cela paraisse étrange ou incongru, la seconde partie toute métaphysique, plongé dans les abîmes de la loi et le rêve de la nature. Un vrai plaisir.

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Putain Yeats ce poète-titan! Eternel, classique, original, romantique, si vaste et pourtant si tous-les-jours.

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Pas étonnant que nos systèmes politiques soient franchement bancals s'ils ont été construits à partir d'un texte lui-même si bancal. Ni bien écrit, ni bien élaboré, ne sachant faire la différence entre l'idéal et l'empirique, se contredisant souvent et n'aboutissant surtout qu'à quelques bonnes intuitions pas assez développées.

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Un ponge vraiment secondaire, mais un Ponge reste un Ponge. Dur de ne pas apprécier ce petit texte, même si cela parait écrit entre deux eaux et publier sur le tard sans trop de raison, au vue des chefs d'oeuvres de Ponge qui avaient ponctué les années 50-70. 30 pages qui font plaisir.

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Petit 7 mais 7/10 tout de même. Petits groupes de texte qu'on pourrait tout autant qualifier de poèmes en prose que d'essais. S'il y a un certain nombres de marotes, si ce n'est pas une écriture vaste et multiple avec un grand souffle, cela touche (du moins cela me touche), et (me) parle. J'en ai oublié souvent les limites et goûter un certain plaisir de lire, revigorant.

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Quand on a envie de lire une histoire bien racontée, bien écrite, intelligente, vivante, avec du souffle, de l'énergie, il y a Conrad. Cela ne rate donc jamais?

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Conclusion après 3 grosses nouvelles (ou trois petit novela) non ça ne rate jamais, même si The Secret Sharer aurait pu être plus fou, dingue. D'une certaine étrange façon cela donne le sentiment que Conrad s'est retenu sur un texte pourtant tout à son style.

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Trois premiers actes vraiment éclatant, le reste me laisse plus dubitatif, long, lourd, et pourtant avec plein de bonne idée. Cela mériterait d'être repris avec brio.

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Monstrueux voyage. Premier lecture à fond de train, je voulais savoir si c'était mon dada, mon envie, mon trip. Totalement. Je relirai, et sûrement encore, et encore, et encore.
Un mois complet pour lire. Résultat me voilà en retard sur mon programme, mais ne nous plaignons pas, Ulysse est par principe en retard.

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Depestre c'est un peu lassant : merveilleusement écrit mais complètement raté sur le plan roman. Les personnages, les lieux, l'action n'ont aucune épaisseur, mais on pardonne, on oublie, tant la phrase, le verbe est là.