Les réalisateurs français au XXe siècle

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Au troisième visionnage, c'est le bon. Définitivement mon film français préféré. Du plaisir à chaque scène, du rêve partout.

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Indéniablement un des films les plus cultes du répertoire français : dialogues au peigne fin, acteurs légendaires (mention pour Francis Blanche toujours aussi mémorable), scénario complexe et intelligent, des personnages originaux et tous attachants (y compris les seconds rôles), une caméra originale et inoubliable. C'est toute la justesse d'une réalisation millimétrée et la force d'un film qui sait où il va qui font la force des Tontons flingueurs.

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Conte moral par excellence, archétype du film-conversation (avec les "Before..." de Linklater selon moi), 'Ma nuit chez Maud' nous entraîne dans un triangle amoureux, celui de Jean-Louis, trentenaire célibataire et ayant réussi, catholique pratiquant et fervent pourfendeur de Pascal ; Maud, récemment divorcée et femme endurcie et indépendante, au regard de braise et à la discussion acérée ; et Françoise, jeune étudiante réservée, à la discussion bien moins intéressante. Une interprétation sans faille, des dialogues aux petits oignons et l'immersion dans des conversations passionnantes sur la foi, les rapports amoureux et l'espérance, l'engagement ou encore la fidélité, 'Ma nuit chez Maud' parle à tout un chacun, montre les incertitudes et les destins de la petite bourgeoisie provinciale dans les années 1960, confrontée à de nouvelles envies, à l'immobilisme des traditions, aux impératifs moraux qu'elle tente de réhabiliter à l'air du temps.
Mais on apprécie surtout la naturalité, la fluidité, la capacité de s'assimiler à tout ce qui y est dit. Trintignant et Françoise Fabian forment un duo impeccable dans cette longue scène où ils échangent à deux sur le lit de la jeune femme, la moindre de leurs mimiques, rien n'est laissé au hasard, et on aimerait que cela continue encore et encore.

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Quel sublime ! Cette formidable tragédie sous la forme d'un monument m'a estomaqué. La justesse et la saveur des dialogues, mêlées aux interprétations parfaites des acteurs, le flot de références, les mises en abyme incessantes... C'est un film total du cinéma français, une fabuleuse histoire d'amour.

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On ne voit pas passer le temps dans ce film très bien rythmé (de longues scènes d'éloquence mêlées à d'intenses scènes plus intimes mais tout aussi denses). Jean Gabin porte un des rôles phares de sa carrière, celui d'un ancien Président du Conseil se remémorant les vicissitudes de sa carrière et continuant à mener, même dans sa retraite rurale, un rôle décisif dans la politique française. La realpolitik à la Machiavel y trouve un exutoire très naturel et époustoufflant, tandis que la maturité et l'assurance du personnage d'Emile Beaufort ébahissent le spectateur. C'est un puissant numéro de politique qui est alors présenté, transposable à toute époque. Un incontournable du cinéma français certainement !

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Grand ballet de l'amour (et des désillusions), véritable pièce de théâtre musicale où se côtoient une diversité de destins, voués à se retrouver... Tout y est culte, les danses, les chansons, les costumes, les visages, les coupes de cheveux, les couleurs, les acteurs. J'attends vivement de le revoir, de voir les Parapluies de Cherbourg, pour commencer à fantasmer tout ce qui fait la beauté de ce film.

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Une superbe mise en abyme du théâtre, dans une Paris occupée. L'ambiance tout en rouge et noir (ça ne s'invente pas) peut paraître apaisée alors même qu'elle cache de formidables et complexes intrigues. Bien qu'on se surprend à ne pas trop s'attacher aux personnages, on tisse un vrai lien avec Marion Steiner, magistralement interprétée par une Catherine Deneuve au sommet de son talent : tour à tour froide et attendrissante, elle éblouit d'assurance. Malgré son rôle finalement assez second, Depardieu reste à sa place : charmeur au grand coeur, grand acteur en devenir (dans le film bien sûr), bon géant qui saura trouver sa place dans l'intrigue.

La fin, heureuse, est à l'image du film tout entier : des ramifications complexes nous font vivre le théâtre, et l'envers de la vie parisienne sous l'Occupation, que, finalement, la Libération ne vient pas bouleverser au plus haut point. Témoigne cette scène étrange où Loucas Steiner peut librement sortir au milieu des combats de rue, que le narrateur, de sa voix froide et imperturbable, nous fait vivre le plus simplement du monde. Pour moi, un très bon film et une très bonne pièce.

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L'adaptation est prodigieuse, il n'y aura certainement pas mieux. Depardieu est évidemment inouï, Pérez est fade comme la pluie. L'ambiance est très bonne, allant du tragique à la farce.

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On retrouve tout ce qui est le plus séduisant chez Rappeneau : un souci de la mise en scène, une écriture approfondie, une direction d'acteurs sans pareil, et cette attention aux détails... L'atmosphère de la Provence lors de l'épidémie de choléra de 1832 est limpide au spectateur : ancré dans la géographie et dans l'histoire, 'Le Hussard sur le toit' nous fait voyager depuis les révolutions italiennes jusqu'à la domination monarchique de Louis-Philippe d'Orléans. C'est un film plaisant, dont la lecture de l'oeuvre de Giono ne pourra que renforcer.

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Une fresque de misère et de luttes, à la mise en scène impeccable. Les costumes, la lumière, les décors, toute la reconstitution est millimétrée, et montre tous les aspects de l'univers minier au XIXe siècle. Un grand film de l'histoire de France.

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Film à l'histoire agitée, commandé par la Continental, studios au service de la propagande vichyste, mais finalement bien éloigné de ce que le maréchal pouvait vouloir que ses occupés et ses non-occupés visionnent, 'Le Corbeau' est ensuite censuré à la Libération : et pour cause, il montre cette manie française de dénoncer son prochain, d'instiller dans la communauté des graines qui viennent faire vaciller la moralité et mettre en route un engrenage des plus fatals. Des lettres anonymes sont adressées à tous les habitants de Saint-Robin, et ciblent particulièrement le Dr Germain, l'accusant d'être un "avorteur", d'avoir des relations adultères, etc. L'enquête suit son cours, et tout le monde semble avoir une bonne raison d'être le corbeau : c'est bien la preuve que chacun a un squelette dans le placard, des griefs contre son prochain...
Film d'enquête avec une majuscule, 'Le Corbeau' est une exécution sans tâche de la part de Clouzot : le rythme y est celui d'un horloger, tout venant à point, des rebondissements aux explications, et cela digne d'un Agatha Christie ; la direction d'artistes est formidable, servie par un sens du dialogue, de la réplique incisive et du flegme qu'on ne peut plus retrouver chez beaucoup d'acteurs d'aujourd'hui (bien sûr Pierre Fresnay, même si je trouve cela toujours étonnant d'avoir donné un aussi grand rôle à quelqu'un qui ne parvient pas à ouvrir correctement la bouche). Les personnages sont parfaitement caractérisés, tout ce petit microcosme témoigne en petit des différentes moralités qui peuvent exister, et surtout du basculement qui s'opère une fois que la graine du mal a été plantée. Peut-être le film le plus doucement puissant sur la France occupée.

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C'est dans un univers steampunk devenu canonique que Marc Caro et J.-P. Jeunet nous convient ici, dans un film digne héritier des productions cirquassiennes des origines du cinéma. Des acteurs à gueule, des dialogues épatants, une intrigue onirique où un vieil aristocrate désabusé tente de retrouver ses rêves (littéralement), et des ressorts scénaristiques tous plus loufoques (la puce infiltrée qui transfère du sérum qui rend fou ou violent, les réactions en chaîne permettant à One et Miette d'être sauvés, les jumelles diaboliques, etc.)... On ne s'ennuie pas dans ce film même si l'intrigue n'est pas des plus prenantes et que le personnage d'One (Ron Perlman) n'est pas aussi attachant que ce grand dadais costaud aurait pu le laisser présager.

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Une première pour moi avec Godard. Est-ce que son cinéma serait comme le café, on s'y habitue à force de le regarder, voire même on finit par l'aimer ? Ou bien est-ce Anna Karina qui m'envoûte film après film ? Reste que de nombreuses scènes sont bouleversantes dans ce film, et résonnent beaucoup avec ma sensibilité. Pour le reste, c'est du Godard tout craché, et c'est tant mieux.

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Amusant et original, c'est tout de suite la patte de Jeunet qui saute aux yeux. Un teint sépia caractéristique, des acteurs dirigés au poil, un concert de sons, de rythmes et de musiques pour une fable hors du temps et de l'espace. Cet immeuble à la Tati apporte une réelle poésie des lieux, tandis que l'intrigue, finalement assez simple, se révèle captivante par son sens du rythme.

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Un thriller dualiste ? Binaire ? Nenni ! Tous les repères semblent mis à mal dans ce drame qui semble si typique du cinéma de Chabrol. Ceux qui paraissent bons sont en réalité si mauvais, et même le mal qu'ils commettent est à nuancer : ne ressortit-il pas des envies enfouies en chacun de nous ? L'interprétation est parfaite, la réalisation simple et pourtant si évocatrice, l'intrigue poussée sans être étouffante. En fait, c'est surtout la réflexion et les détails qui font de ce film une belle pièce : rien n'est laissé au hasard, et tout n'est jamais unilatéral. Il faut savoir lire entre les lignes, aller au-delà de la simple critique sociale, pour aborder également des thèmes divers comme la famille, le divertissement (comment ne pas penser au livre de Giono et à son épilogue au fusil ?). Chabrol sait manier le cinéma pluriel, et cela se déguste.

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Film emblématique de l'antimilitarisme, 'Z' ne tient à la dystopie que dans ses apparences : lui-même se revendique comme étant formellement inspiré de faits réels. L'assassinat d'un leader de l'opposition dans un Etat francophone méditerranéen, donnant une ambiance très Algérie française, va entraîner une enquête révélant la responsabilité de hauts-gradés de la gendarmerie. Le film est bâti autour de cette enquête, des témoignages et de la reconstruction du fil de la nuit. S'il n'y a rien d'exceptionnellement captivant, 'Z' prend surtout de l'ampleur dans la justesse de son message et la qualité de sa réflexion, sachant complexifier sa critique. Et la coïncidence avec le coup d'Etat de Pinochet 4 ans plus tard reste toujours une merveille de timing.

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Très belle adaptation du roman de Pagnol, au casting impeccable (même Daniel Auteuil m'a convaincu). L'atmosphère d'Aubagne est fidèle, les sentiments de chaque scène sont minutieusement retranscrits, et le tragique se mêle au pittoresque.

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Histoire d'arnaque en-deçà des Tontons flingueurs certes, et au twist final énormément prévisible. Mais des dialogues savoureux, des acteurs très justes, des personnages atypiques et une combine typique des films Audiard.

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Grande oeuvre tragicomique, superbe adaptation et une atmosphère fabuleuse... Drôle et émouvant.

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D'une authenticité grinçante, ce film montre une séparation inexorable : on sait qu'elle va arriver dès le premier quart d'heure, mais elle est mise en scène de manière non linéaire. On se quitte, on se retrouve, comme les soubresauts de la terre avant un séisme. La prestation de tous les acteurs est formidable, Jean Yanne est fascinant de détestation tandis que Marlène Jobert nous attendrit et nous indigne de rester attachée à une telle brute. Et mention à Macha Méril, magnifique et digne dans le personnage de la femme désabusée mais réaliste, consciente de son fardeau mais qui l'accepte.

La mise en scène de Pialat, que je découvre ici, m'a beaucoup plu : c'est sobre, c'est simple, les dialogues sont justes mais pas bavards, les souvenirs et le rythme toujours maîtrisés. C'est très bon.

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De la légèreté, de la délicatesse, beaucoup d'accordéon et une histoire délicieuse et mignonne. Quelques longueurs dans les gags cependant...

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Olalah Clouzot mon amour ! Quel twist final, quelle justesse du montage et de la réalisation. La fragilité de la directrice à côté de la rudesse de la maîtresse... ça donne envie de le revoir !

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En-dehors du trio fabuleux, l'intrigue est tellement bien menée ! Toutes les ficelles se rejoignent, l'harmonie scénaristique n'a d'égal que la tension d'un policier abouti et très solide. La musique d'Ennio Morricone ajoute une ambiance mi-tragique mi-suspicieuse, qui s'adapte parfaitement aux personnages et à leurs sentiments. Mention spéciale pour Jean Gabin qui, loin d'être ridicule en papy mafieux, sublime une carrière déjà bien remplie.

Je déplorerais peut-être quelques longueurs, dans l'avion notamment, qui ne parviennent pas réellement à faire monter la pression, et que le dénouement final cueille un peu de manière inattendue. Le personnage de Roger (Delon) me semble aussi inabouti, peut-être pas jaugé à sa juste valeur, et dont on ne discerne vraiment son habileté qu'à la toute fin.

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Même si je n'aime pas tellement la caméra de Tavernier (on le croirait resté dans les années 60...), la reconstitution est bluffante. Les dialogues sont superbes, le scénario ficelé et rythmé, l'interprétation toujours bonne, et la justesse historique sans faille.

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Ce film qui suscite chez toi tous les sentiments patriotiques existants, et les raisonnements sur la liberté, l'engagement, la valeur... Le plus bel hommage à la Résistance qui soit !