Ma discothèque - Les indispensables

Si je ne devais garder que les albums qui comptent vraiment (ou en tout cas qui présentent des particularités auxquelles je suis attaché).
Liste amenée à évoluer.

Ils auraient pu figurer sur cette liste : Animal Collective, Aphex Twin, Devendra Banhart, Broken Social ...

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Liste de

158 albums

créee il y a plus de 6 ans · modifiée il y a 5 mois

Highway to Hell
7.5

Highway to Hell (1979)

Sortie : 27 juillet 1979 (France). Rock, Hard Rock

Album de AC/DC

Annotation :

Je n'écoute plus trop cet album (c'est le cas de plusieurs autres dans cette liste) mais je continue à le considérer comme important : une sorte de classique rock indémodable qui fait toujours son effet quand je l'écoute.

Ce que j'aime par dessus tout avec Highway to Hell c'est son urgence mêlée à une efficacité imparable. Je ne connaissais pas vraiment AC/DC avant de découvrir cet album, j'en avais la vision d'un groupe hard un peu bourrin et bas du front. Ce n'est pas entièrement faux mais il se dégage d'Highway to Hell un son beaucoup plus chaleureux, avec une forte influence blues, que ce soit via la guitare tranchante et ample d'Angus Young ou dans la voix rocailleuse de Bon Scott. Back In Black, par exemple, ne me fait pas le même effet, je trouve cet album plus hard, voire heavy, et plus froid, au-delà de la voix plus crispante de Brian Johnson.

Finalement la musique d'Highway to Hell est plutôt fraîche, et très spontanée, ce qui rend l'album immédiatement accrocheur, celui-ci n'hésitant d'ailleurs pas à s'aventurer dans des contrées étonnantes, presque pop, à l'image de Touch Too Much. Ce qui ressort c'est cette volonté de proposer une musique puissante, féroce, agressive, mais très musicale, percutante et efficace. Les morceaux s'enchaînent sans interruption, sans baisse de régime, définissant une énergie quasi punk, mais du punk avec une âme.

Toys in the Attic
7.3

Toys in the Attic (1975)

Sortie : 8 avril 1975 (France). Rock, Blues Rock, Hard Rock

Album de Aerosmith

Annotation :

J'entame cette liste avec des albums qui sont assez comparables dans mon esprit. Toys in the Attic n'est pas si éloigné d'Highway to Hell en terme d'effet. C'est aussi un album que je n'écoute plus trop mais qui a été important dans mon petit parcours d'amateur de musique, et qui me fait toujours autant plaisir quand je le réécoute.

Même si Aerosmith est rarement mentionné, souvent relégué dans les marges de l'histoire du rock, parfois déprécié au fil du temps, je trouve que ce groupe possède une vraie personnalité, un son et une démarche bien particuliers. Walk This Way suffirait à lui seul pour démontrer la formule si singulière d'Aerosmith, mélange de rock hard crépitant et de groove survitaminé, syncopé, hyper dense, si ce titre n'était pas devenu un cliché depuis sa reprise par Run DMC.

Les trois premiers titres de Toys in the Attic sont de la même trempe et représentent toujours à mes yeux un condensé de ce que le rock peut produire de meilleur en terme d'énergie, d'efficacité, de musicalité, à l'image de l'étrangement psychédélique Uncle Salty ou de l'enthousiasmant Adam's Apple.

C'est juste dommage que la seconde partie de l'album soit beaucoup moins convaincante, les morceaux se font plus lourds, moins légers, moins groovants. C'est très frappant. Cette baisse d'inspiration (ou ce changement de ton - au choix) m'a toujours étonné mais ça ne m'a jamais empêché de conserver une petite tendresse envers Toys in the Attic.

Rocks
7.2

Rocks (1976)

Sortie : 1976 (France). Hard Rock

Album de Aerosmith

Annotation :

A l'époque je n'ai jamais réussi à déterminer si je préférais Toys in the Attic ou Rocks. Ça dépendait des jours. Rocks est sans doute un meilleur album, parfait de bout en bout, sans véritable faiblesse, mais Toys in the Attic a un côté plus rafraîchissant, plus léger, peut-être plus attachant.

Il faut dire que Rocks ressemble à une démonstration de force. Il est certes court mais il est tendu d'un bout à l'autre (hormis peut-être sur la traditionnelle ballade de fin), créant presque un genre à lui tout seul, où le hard rock fusionnerait le heavy et le punk, traçant sa route sans regarder sur le bas côté.

Pour l'avoir réécouté après pas mal de temps cette tension permanente peut s'avérer étouffante mais certains morceaux restent impressionnants, toujours avec cette capacité d'Aerosmith à créer des petites bombes super condensées, aux ambiances à la fois efficaces mais bizarrement complexes et ampoulées, d'une musicalité parfois échevelée, en tout cas originale (Last Child) avec un groove unique en son genre (Get the Lead Out). Bref, ça percute dans tous les sens et c'est plutôt fou dans son genre.

Souvenirs d’un autre monde
7.2

Souvenirs d’un autre monde (2007)

Sortie : 3 juillet 2007 (France). Black Metal, Shoegaze

Album de Alcest

benton a mis 8/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

Souvenirs d'un autre monde est un album qui m'échappe quelque part, mais c'est aussi la marque de son genre : le shoegaze, ici gonflé par une énergie épique qui doit tout au black metal. C'est bruyant mais en même temps étrangement doux, et très beau, notamment grâce à ces voix planantes. On ressort de l'écoute de l'album tel après une longue apnée, il y a quelque chose de rassérénant, mais aussi un truc mystique qui nous échappe un peu, d'où l'impression d'avoir affaire à un album insaisissable, que je n'arrive pas à cerner malgré les écoutes. Mais vers lequel je ne peux m'empêcher de revenir, attiré par cet univers insondable fait de bruyantes mélodies. Je n'ai pas énormément creusé le filon mais Alcest est pour moi un groupe qui a totalement compris et digéré l'héritage de My Bloody Valentine.
Et ce n'est pas rien.

Le Dernier Présent
6.6

Le Dernier Présent (2012)

Sortie : 17 septembre 2012 (France).

Album de Alexis HK

benton a mis 8/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

Je ne suis pas du tout porté sur la chanson française et je me dois de remercier ma chérie pour m'avoir fait découvrir quelques trésors dont fait partie Alexis HK, complétant une sorte de triptyque idéal, et surtout complémentaire, avec Albin de la Simone et Mathieu Boogaerts. Appréciation tout à fait personnelle bien sûr, mais pour moi ces mecs sont le fleuron de la chanson française actuelle. Après je ne m'y connais pas des masses mais qu'est-ce que ça ferait du bien si l'on parlait davantage d'artistes pareils.

Pour en revenir à Alexis HK, ce mec est un génie, n'ayons pas peur des mots. C'est en quelque sorte le digne hériter d'un Brassens, au niveau de la qualité des textes plus que de la musique qui n'a pas grand chose à voir (ou si peu, selon les titres). La manière qu'il a de jouer avec les mots, de créer des rimes, de dresser le portrait de personnages étranges, de raconter des histoires absurdes, touchantes et pleines de sens et de morale, l'espace d'une chanson est tout simplement fabuleuse.

Peu d'artistes rendent si bien hommage à la richesse de la langue française, et peu la manient aussi bien, avec une facilité aussi déconcertante. La plupart de ses chansons prennent ainsi la forme de contes ludiques, astucieux, parfois sordides, hilarants, et toujours étonnants et divertissants.

Ce que j'aime bien chez Alexis HK c'est que la qualité des textes ne se fait jamais au détriment de la musique qui reste pour moi essentielle dans mon appréciation d'un artiste. Et ici je suis comblé, car l'imaginaire d'Alexis HK est idéalement mis en musique avec un véritable amour de la mélodie, de la musicalité, brassant les genres avec aisance, tantôt pop, hip hop (oui oui, le phrasé d'Alexis HK empruntant pas mal au genre), folk, chanson paillarde... Tout cela crée des ambiances uniques, souvent brillantes, évoquant en quelques secondes des images percutantes.

C'est peut-être aussi pour cela que j'ai une préférence pour le Dernier Présent, qui n'est sans doute pas le meilleur album d'Alexis HK mais le plus mélodique et le plus homogène en terme d'ambiance, avec quelques sublimes chansons (Le dernier présent, Je reviendrai, Son poète, la Fin de l'empire). Après, tous les autres albums sont aussi excellents, et certainement encore plus brillants et ambitieux, notamment avec des histoires absurdement poétiques, que ce soit Belle Ville (Gaspard, le Ringard, Mitch), ou bien les Affranchis (Chicken manager, la Fille du fossoyeur...)

I Am a Bird Now
7.6

I Am a Bird Now (2005)

Sortie : 1 février 2005 (France). Rock, Art Rock, Avantgarde

Album de Anohni and the Johnsons

benton a mis 8/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

C'est amusant car I Am a Bird Now est sans doute le plus gros retournement de veste que j'ai pu avoir à propos d'un album (après réflexion, il y a match avec Forever Changes de Love). Je n'ai pas du tout aimé lors de mes premières écoutes, je pense que j'étais surtout interloqué, un peu dérouté par la musique très affectée, l'ambiance sombre, déprimante, avec une mélancolie funèbre que je trouvais surjouée. Je n'arrivais pas à trouver cela sincère. Et en fait c'est totalement l'inverse. A présent je considère I Am a Bird Now comme l'album le plus émouvant, le plus beau et le plus touchant qui puisse exister. J'ai du mal à comprendre avec le recul comment j'ai pu être aussi réfractaire à cette musique, et par la suite aussi ému. Il y a peut-être en effet une ambiance très particulière, que l'on peut trouver affectée, avec la voix si singulière, si profonde, d'Antony. Un temps d'adaptation à avoir avant de comprendre cet univers d'une sensibilité si puissante, si déprimant et lumineux à la fois. Tout ce que je sais c'est que maintenant je pourrais chialer à l'écoute de Hope There's Someone et You Are My Sister qui sont, très certainement, les deux plus belles chansons qui aient jamais été écrites, et surtout interprétées, avec une finesse et une sensibilité terrassantes. Et c'est toujours en équilibre instable, sur le fil, entre pathos tourmenté et mélancolie sincère avec une retenue pénétrante. Aucun autre album ne me procure cet effet là donc I Am a Bird Now a plus que jamais sa place dans les disques qui me sont importants.

Burst Apart
6.9

Burst Apart (2011)

Sortie : 10 mai 2011. Indie Rock

Album de The Antlers

benton a mis 8/10.

Annotation :

Burst Apart fait partie des albums plus ou moins planqués de ma discographie que j'aime redécouvrir à l'occasion en me disant "ha oui tiens, j'avais oublié que j'ai cet album, pourtant je l'aime beaucoup !". C'est aussi pour cela que je me lance un peu dans le défrichage de tous ces disques (même si je n'en ai pas énormément), pour redécouvrir des petites perles que j'ai trop vite écoutées ou qui dorment à l'ombre des classiques et de mes groupes préférés vers lesquels je me tourne plus facilement, par habitude, réflexe ou flemmardise.

La musique de Burst Apart a quelque chose de fascinant, j'aime sa capacité à créer des atmosphères calmes, planantes, éthérées, tout en restant dans un registre relativement pop et accrocheur, avec un chant assez présent. Le truc un peu dommage c'est que la qualité des morceaux est un peu aléatoire, ça va de l'excellent, du stratosphérique même, au médiocre, voire agaçant, et il n'y a pas vraiment de juste milieu.

Il y a des morceaux que je ne comprends pas, à l'image de Parenthèses qui est très irritant, alors que partout ailleurs la musique se fait aérienne, fluide, en recherche constante de pureté, de fluidité sonore et mélodique. Il y a aussi Every Night My Teeth Are Falling Out qui n'est pas génial. En fait dès que le groupe essaie de faire des trucs plus nerveux / tendus, ça marche moins bien. Les Antlers sont plutôt des esthètes, des bâtisseurs d'ambiance, des architectes sonores, avec un raffinement assez fou. Leur talent s'exprime dans la subtilité, dans les détails, le minimalisme et l'émotion.

Heureusement il y a plus de bon que de mauvais, et à la fin l'impression reste très positive, on reste sur ce sentiment de bien être cotonneux, réconfortant, flirtant malgré tout constamment avec une mélancolie lumineuse déchirante. C'était impossible d'omettre Burst Apart de cette liste quand on écoute des perles comme I Don't Want Love, French Exit et surtout le tryptique final Hounds / Corsicana / Putting the Dog to Sleep qui contribue énormément à rendre l'album si beau, avec cette petite frustration de quitter un univers si tendre, si lumineux.

Funeral
7.7

Funeral (2004)

Sortie : 14 septembre 2004. Rock, Indie Rock

Album de Arcade Fire

benton a mis 9/10, l'a mis dans ses coups de cœur et a écrit une critique.

Annotation :

Impossible de ne pas mentionner Funeral d'Arcade Fire.
Ce n'est pas bien original mais ma foi comme l'immense majorité de la population mondiale (qui écoute de la musique) Funeral m'a profondément marqué quand je l'ai (vraiment) écouté pour la première fois. Il m'a transpercé comme rarement un album a su le faire. La puissance, la sincérité, l'énergie, et surtout l'émotion, tout cela réuni, dégagé par certaines chansons est phénoménal, unique, transcendant, comme jamais dans l'histoire du rock.

Cette sensation est assez mystique finalement, assez inexplicable, mais en tout cas elle prend aux tripes, et découvrir Neighborhood #1 (Tunnels) pour la première fois c'est comme redécouvrir la musique, le potentiel de vitalité, de joie, de bonheur, de régénérescence qu'elle peut procurer. On se sent tellement vivant à l'écoute de cette musique. C'est fou. Bien sûr l'album ne se résume pas à ce titre mais pour moi Tunnels fait partie des plus belles chansons jamais écrites.

Et ce n'est pas juste beau, c'est fort, puissant, débordant d'énergie et c'est ce qui est si miraculeux dans la musique d'Arcade Fire (et plus précisément dans Funeral, car le groupe ne renouera plus jamais avec cette énergie, si ce n'est rarement sur Neon Bible). Arcade Fire a le sens de la démesure, de l'épique, mais cette ambition qui pourrait s'avérer épuisante est constamment rattrapée par l'urgence de l'interprétation, par la vigueur des mélodies éclatantes et conquérantes.

Bien sûr l'impact de Funeral tend à diminuer au fil des écoutes - c'est surtout le choc de la découverte qui est tétanisant, comme si l'on découvrait un continent perdu, comme s'il devenait impossible de vivre une seule journée sans la musique d'Arcade Fire - mais pas tant que ça non plus. Tunnels reste fantastique, et un paquet d'autres chansons conservent leur puissance intacte que ce soit Wake Up (surtout, deuxième sommet après Tunnels), Rebellion, et les deux sublimes Haiti et In the Backseat (on a rarement fait mieux question final émouvant).

Neon Bible
7.4

Neon Bible (2007)

Sortie : 2 mars 2007 (France). Indie Rock

Album de Arcade Fire

benton a mis 8/10, l'a mis dans ses coups de cœur et a écrit une critique.

Annotation :

J'ai hésité avant de mettre Neon Bible dans cette liste.
Finalement, un seul album d'Arcade Fire - en l’occurrence Funeral - me semblait suffisant. Car, en effet, s'il ne fallait en garder qu'un ce serait Funeral qui résume tout ce qu'Arcade Fire a de génial. Pour l'instant la suite n'a pas apporté grand chose de plus à l'équation, et surtout n'a pas atteint la quintessence, la puissance évocatrice de Funeral. Il faut l'avouer, même si ça peut être difficile à accepter : la beauté de Funeral résidait dans cette énergie conquérante, juvénile, spontanée, presque inexpliquée.

Sorti de cette puissance magique spontanée, Arcade Fire est toujours intéressant, parfois inspiré, mais moins accrocheur, moins essentiel. C'est en tout cas l'effet que ça me fait, à réécouter Neon Bible en ayant trop rarement les poils qui se dressent. J'en demande peut-être trop à Arcade Fire, mais c'est le minimum syndical (le groupe a au moins le mérite de continuer à explorer, de faire différent, à défaut de tout réussir).

Mais bon, après difficile de passer sous silence tout ce que Neon Bible réussit, difficile de résister à cette ambiance esquissée, si singulière, plus sombre, moins éclatante, parfois funèbre, avec des trouvailles sonores tétanisantes (ces orgues) qui arrive aisément à se démarquer de l'héritage de Funeral sans pour autant renier les saillies mélodiques et conquérantes d'Arcade Fire. Par exemple, Intervention n'a aucun mal à se hisser au rang des meilleurs titres du groupe, de même que le final My Body Is a Cage.

Dans un certain sens, Neon Bible est plus maîtrisé que Funeral, il y a une réelle volonté de proposer une musique plus posée et aboutie. Mais ce qui me gêne au fond, et que j'ai un peu de mal à cerner, c'est que je trouve cet album indéniablement attirant car oui il dégage une atmosphère particulière mais cela tient parfois plus à des ruptures de tons, des breaks qui amènent les chansons vers des hauteurs intéressantes (Black Wave / Bad Vibrations, Ocean of Noise, The Well and the Lighthouse), plutôt qu'aux chansons en elles-mêmes que je trouve peut-être trop bavardes, trop longues, parfois trop excitées, comme si Arcade Fire n'arrivait pas à condenser ses idées, à synthétiser son propos, à canaliser son énergie et partait en roue libre. Et sans l'énergie spontanée de Funeral pour faire ciment, pour transcender, le résultat peut s'avérer parfois épuisant.

Neptune City
7.7

Neptune City (2007)

Sortie : 30 octobre 2007 (France). Country

Album de Nicole Atkins

benton a mis 9/10, l'a mis dans ses coups de cœur et a écrit une critique.

Annotation :

J'ai déjà écrit une critique qui résume ma pensée à propos de cet album sur lequel je n'ai pas vraiment changé d'avis (contrairement à Neon Bible ci-dessus au sujet duquel je suis plus nuancé). Bref, Neptune City reste plus ou moins une anomalie dans mon cœur de mélomane : Nicole Atkins, une chanteuse à la voix imposante, opulente, presque ostentatoire, accompagnant un univers tout aussi grandiloquent, baroque, riche. Un vrai travail de producteur qui pourrait logiquement paraître aseptisé et convenu.

Oui mais non. Si cet effet est inévitablement palpable lors des premières écoutes, la beauté sidérante de la musique, sa pureté et son ampleur, finissent par briser toutes les retenues. Les chansons éclatent alors de mille feux. Le son de Neptune City est phénoménal, dégageant un souffle épique d'une puissance et d'une beauté étonnantes, sublimant des mélodies d'un romantisme émouvant.

J'ai rarement entendu un album de pop - quasi easy listening, en tout cas ce qui se rapproche le plus du mainstream - formellement aussi beau, aussi réussi et chiadé, en apesanteur constante, véritablement enivrant.

Keep It Hid
7.4

Keep It Hid (2009)

Sortie : 9 février 2009 (France). Pop rock, Blues

Album de Dan Auerbach

Annotation :

J'ai redécouvert cet album récemment après l'avoir acquis. J'en gardais le souvenir d'un album sympathique mais inégal, et pas forcément mémorable malgré quelques jolies compositions. Et en fait à la réécoute je trouve que Keep It Hid n'est pas si inégal que cela, la qualité est même plutôt constante et Dan Auerbach nous livre là un album de haute tenue, très solide, très consistant, finalement assez éloigné de ce que le guitariste / chanteur fait en tant que Black Keys.

Ici tout est plus bluesy, plus posé aussi, la musique dégageant parfois un côté étonnamment intimiste qui la rend très attachante et chaleureuse (des petites merveilles comme Trouble Weights a Ton, When the Night Comes et Goin' Home - quel final ! - font facilement vibrer la corde sensible). Tout ce qui manque à la musique des Black Keys en somme, sans que ce soit forcément un mal (ce n'est pas la même démarche), mais qui confère un supplément d'âme à Keep It Hid.

A côté de ça, Dan Auerbach n'oublie pas le rock avec des morceaux abrasifs et réjouissants à l'image du fantastique Heartbroken, In Disrepair et de The Prowl. Et puis il y a le sublime Whispered Words (Pretty Lies) qui est un des meilleurs morceaux de Dan Auerbach, encore plus beau et réussi que les tentatives mélodiques des Black Keys.

Au final, ce que l'on pourrait considérer comme un simple spin-off des Black Keys est en fait un album à part entière, très cohérent dans sa volonté de proposer une musique très influencée par le blues, très roots, avec une simplicité presque rupestre et en même temps relativement accessible, sincère et chaleureux dans son approche.

New Wave
7.5

New Wave (1993)

Sortie : 22 février 1993 (France). Rock, Britpop, Indie Rock

Album de The Auteurs

benton a mis 8/10, l'a mis dans ses coups de cœur et a écrit une critique.

Annotation :

Cet album - même si j'écoute beaucoup moins - reste une référence incontournable pour moi. Je suis un fervent admirateur de la vague britpop qui a inondé le monde de la musique durant les années 90. A une époque je m'étais mis en tête de défricher cet univers parfois méconnu, au-delà des fameuses têtes d'affiches qui ont vampirisé le genre (Oasis et Blur, sans doute les deux groupes les plus faibles dans le domaine - ok cette remarque est totalement gratuite). Je me suis arrêté en chemin mais j'ai découvert des groupes géniaux (Supergrass) et je me suis attaché à certains noms moins connus, à tort, à l'image de The Auteurs.

New Wave fait indéniablement partie des plus grandes réussites du genre. Le terme britpop est réducteur, fourre-tout surtout, mais bon il y a quand même quelque chose de plus global qui s'en dégage : le retour à une certaine forme de musicalité pop, une fraîcheur et une spontanéité revitalisantes, avec une alchimie presque inexplicable, qui doit autant à l'origine britannique des groupes qu'à l'ambiance particulière des 90's.

New Wave émerge du lot grâce à la finesse incroyable de ses chansons, la précision chirurgicale de ses mélodies taillées au cordeau, et la concision de ses arrangements, les guitares relativement discrètes venant cisailler l'air avec une netteté sans fioritures. Il y a une science de la retenue, un flegme, assez fascinant dans New Wave. Chaque chanson est un petit trésor qui semble avoir été soigneusement monté, étudié, produit pour un résultat d'une classe absolue, d'une efficacité étonnante, et d'une musicalité brillante.

L'album enchaîne les tubes en puissance mais sans jamais s'imposer par la force, toujours avec une certaine forme de recul sur sa propre musique. Pourtant tout est là, et signe qui ne trompe pas, il suffit de lire les titres des chansons pour avoir immédiatement les mélodies qui reviennent en tête. En fait je trouve New Wave très moderne dans sa manière de produire de la musique, c'est sobre, précis, et en même temps en quête constante de pureté, de mélodie. L'ensemble paraît presque intemporel.

Now I’m a Cowboy
7.5

Now I’m a Cowboy (1994)

Sortie : 9 mai 1994 (France). Rock, Brit Pop

Album de The Auteurs

benton a mis 9/10, l'a mis dans ses coups de cœur et a écrit une critique.

Annotation :

Now I'm a Cowboy est tout aussi indispensable que New Wave mais dans un registre légèrement différent. L'aspect très propre, presque chirurgical, peut-être même obsessionnel de New Wave a laissé la place à une énergie plus frondeuse, plus électrique, n'hésitant pas à partir dans des digressions étonnantes, si ce n'est incongrues quand on se rappelle les petits trésors ciselés avec amour sur le précédent album.

La voix de Luke Haines, si singulière, reste le point d'accroche, le phare dans la tempête, l'identité du groupe, mais pour le reste la musique a changé. Ce qu'elle a perdu en sobriété, en production intemporelle, en subtilité, elle l'a gagné en puissance, en magnétisme, en chaleur aussi.

Les mélodies sont toujours aussi passionnantes mais elles sont baignées dans une orgie électrique tétanisante. J'ai rarement entendu un album marier aussi bien l'énergie et la beauté de la pop avec la nervosité et la hargne des guitares électriques.

C'est franchement impressionnant sur certains morceaux qui s'envolent très haut à l'image de The Upper Classes et Modern History, qui oscillent entre beauté pure (ces mélodies désenchantées) et la rage crachée par Haines et les guitares électriques esquissant des motifs simples mais conquérants, menaçants et aériens. Le mélange est assez fou et unique en son genre (quoi qu'en y repensant certains morceaux de This Is Hardcore de Pulp se rapprochent un peu de cette formule).

Now I'm a Cowboy est un album bourré de paradoxes qui en font un objet intéressant, fascinant, et très attachant.

Music From Big Pink
7.1

Music From Big Pink (1968)

Sortie : 1 juillet 1968. Folk Rock, Roots Rock

Album de The Band

benton a mis 8/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

Je ne pense pas souvent à cet album (et surtout au suivant The Band) alors qu'en fait je l'aime beaucoup (tout comme le suivant, qui est aussi bon, mais qui est bizarrement toujours relégué après Music From Big Pink dans mon esprit). Et je crois que c'est le grand drame du groupe The Band - quelle idée de s'appeler comme ça aussi, "le groupe". Malgré sa bonne réputation, et le fait d'avoir longtemps traîné avec Bob Dylan, on en parle pas si souvent.

Pourtant quand on se penche vraiment sur les albums c'est d'une grande qualité, c'est souvent magnifique, pur, aérien, avec un son bien à part, une démarche et une identité propres, plutôt originales dans le genre. The Band est franchement un des rares groupes à transformer la country en truc cosmique groovant, gorgée de soul et super mélodique, d'une grande beauté. L'exploit n'est pas mince.

En fait j'adore cette musique qui respire l'authenticité, et qui respire tout court, qui dégage une amplitude sereine, paisible. On se sent immédiatement bien à l'écoute d'un album de The Band, comme une intimité, une familiarité chaleureuse s'installait. C'est pur, c'est beau. Si les chansons sont parfois inégales, il y a quand même de purs joyaux que je trouve emblématiques de ce que le country rock de cette époque a produit de meilleur.

Je pense notamment aux sublimes et émouvants Tears of Rage, Lonesome Suzie et I Shall Be Released, au potentiel émotionnel terrassant, le risque de pathos étant rattrapé par la force de l'interprétation et ce son si pur, si majestueux. Et puis il y a le tube The Weight qui allie si bien énergie, groove et mélodie, formule absolue de The Band.

Je pense aussi que si j'aime autant ce groupe c'est grâce à la présence assez importante de l'orgue. J'adore ce son, si enrobant, si large et planant, sensuel. Cet instrument participe énormément à l'ambiance de l'album et à l'identité si particulière de The Band. En tout cas les groupes qui intègrent l'orgue aussi bien à leur musique et à leur univers sont rares.

The Band
7.3

The Band (1969)

Sortie : 22 septembre 1969 (France). Rock, Folk Rock

Album de The Band

benton a mis 8/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

Si je me tourne plus naturellement vers Music From Big Pink (sans doute car c'est le premier album du groupe que j'ai écouté) je dois avouer que The Band - l'album - est sans doute un meilleur disque, en tout cas plus régulier et homogène. Si j'en conserve souvent une impression plus morne (la faute peut-être à cette pochette déprimante), je suis à chaque fois surpris de redécouvrir une musique toujours aussi douce, cotonneuse, rassurante, qui respire les grands espaces.

Je pense surtout que cet album, contrairement à Music From Big Pink, a moins de fulgurances emblématiques comme Tears of Rage, The Weight ou Shall Be Released. Je regarde les titres et il n'y a rien qui fasse appel à ma mémoire, qui me frappe, même si à l'écoute, quelques tueries sortent tout de même du lot à l'image du magnifique The Night They Drove Old Dixie Down ou de l'énergique Up On Cripple Creek.

The Band - l'album - est moins fantasque en fait, moins surprenant, mais en contrepartie il est plus régulier et n'a pas de vrai moment faible. On retrouve ce son si cher au groupe, ample, organique, sensuel, chaleureux, mais dans une optique encore plus cohérente, totalement dévouée au country rock. Et, une nouvelle fois, dans le registre country cosmique on n'a pas fait mieux (il y a bien Gene Clark qui bat tout le monde mais à part ça).

C'est le genre de musique que l'on peut écouter en toutes circonstances, une musique de vieux avant l'heure en fait, qui fait du bien au moral, qui apaise, qui donne envie de prendre le temps de vivre, de laisser le temps couler paisiblement, tout en restant assez pure et moderne dans sa manière de sonner, de matérialiser son univers.

Pet Sounds
7.9

Pet Sounds (1966)

Sortie : 16 mai 1966 (France). Rock, Psychedelic Rock, Pop rock

Album de The Beach Boys

benton a mis 8/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

Pet Sounds représentera toujours un magnifique paradoxe à mes yeux. Sans doute le plus beau paradoxe de l'histoire de la pop. Après c'est peut-être moi qui ai juste une mauvaise perception de la chose. Toujours est-il que j'ai l'impression que Pet Sounds est souvent vanté pour ce qu'il n'est pas : un chef-d’œuvre pop, l'égal des Beatles et que sais-je encore. Sauf que cet album est bien plus que cela, et on insiste rarement sur cet aspect, sur ce qui fait réellement la magie de sa musique, sa beauté onirique, sa naïveté touchante, loin des canons que l'on attribue souvent à la pop (mélodie, refrain, accroche, énergie). Pet Sounds est tellement libre, tellement éloigné des conventions, dans une sorte de monde hors de tout, hors du temps.

C'est sans doute la plus belle incarnation de ce sentiment si diffus, si réconfortant et légèrement triste : la nostalgie. La nostalgie d'une époque que l'on n'a pas vécue, du temps qui passe, de la vie, de sa beauté langoureuse et éphémère. Il n'y a pas vraiment de chansons que je trouve marquantes (à part Wouldn't It Be Nice), juste une atmosphère incroyable, très cohérente et homogène, nonchalante, délicate, comme si rien n'avait plus d'importance que de prendre le temps de prendre le temps, de paresser dans un état proche d'une insouciance béate et bienheureuse.

Une chanson résume assez bien ce sentiment très spécial de beauté diffuse et mélancolique, I Just Wasn't Made For These Times, comme si le groupe avait déjà conscience d'être une anomalie, un anachronisme défiant les époques, jamais à sa place nulle part et par conséquent partout en même temps, unique, traversant les âges avec une légèreté indifférente.

Surf’s Up
7.7

Surf’s Up (1971)

Sortie : 30 août 1971 (France). Rock

Album de The Beach Boys

benton a mis 8/10.

Annotation :

C'est peut-être aussi en écoutant Surf's Up que l'on se rend compte à quel point Pet Sounds est unique. En tout cas, en cinq ans les Beach Boys ont évolué vers un son moins singulier, plus grossier d'une certaine manière (Student Demonstration Time est un gros cliché de blues rock déjà passé de mode en 1971), mais toujours aussi bizarrement attachant et mélodique. Finalement c'est aussi cet aspect plus basique qui rend l'accroche de Surf's Up plus immédiate, car oui pour le coup on a affaire à un vrai disque pop dans son acception la plus classique.

Les mélodies éclatent immédiatement, et il y a des arrangements foutraques que je trouve très originaux, et qui donnent une identité très particulière à Surf's Up. Pour moi il y a quatre titres qui se détachent spontanément de l'album : Don't Go Near the Water, Take a Load Off Your Feet, A Day in the Life of a Tree et 'Till I Die. Les deux premières sont des titres pop aux sonorités étranges, décalées, il y a une joie presque enfantine dans ces chansons, c'est très rafraîchissant et ludique.

Les deux suivantes sont des sommets de musicalité et de beauté. Surtout A Day in the Life of a Tree avec son côté limite pompeux et son ambiance désuète mais terriblement nostalgique et mélancolique. 'Till I Die vaut surtout pour son final en roue libre et ses harmonies sublimes.

Si elles paraissent plus classiques au premier abord les autres chansons se révèlent tout aussi excellentes, dans un registre qui se rapproche finalement des inspirations plus diffuses et traînantes que l'on pouvait trouver sur Pet Sounds. Disney Girls, par exemple, ressemble à un sommet de mièvrerie et puis finit petit à petit par conquérir nos cœurs tout en délicatesse, avec cette ambiance de douceur paisible et nonchalante, comme à la grande époque.

Au début on se dit que ça marche moins bien car tout ce qui a autour n'est plus pareil, et puis en fait si, la magie est encore là, à peine moins sublimée par une cohésion sonore plus chaotique. Si Surf's Up est indéniablement moins homogène, moins cohérent que Pet Sounds, ses petites particularités, ses petites imperfections éclatent, s'émancipent plus facilement, il y a une folie douce qui rend tout cela très intrigant et attachant.

Beach House
7.1

Beach House (2006)

Sortie : 3 octobre 2006 (France). Rock, Ethereal, Indie Rock

Album de Beach House

benton a mis 9/10, l'a mis dans ses coups de cœur et a écrit une critique.

Annotation :

J'ai déjà écrit une critique qui continue à résumer ma pensée sur cet album incroyable, une perle sans équivalent qui continue à me subjuguer par la grâce et la beauté onirique qu'elle déploie. Dans ma critique je commençais déjà à regretter de voir se faner le pouvoir magnétique et évanescent de la musique - comme cela arrive avec la plupart des albums que l'on a écoutés et adulés trop intensément - et en fait non, c'est plutôt le contraire qui s'est passé avec ce premier album de Beach House.

Sa magie reste intacte, écoute après écoute. Les premières notes planantes de Saltwater, en introduction, suffisent à chaque fois à relancer la machine, à créer en l'espace de deux secondes cette atmosphère intemporelle et sublime. Et l'album se poursuit ainsi, en lévitation permanente, dans une sorte de rêve lancinant et insondable.

Je continue à penser que Beach House n'a rien fait de mieux que ce premier album. Oh, les disques suivants sont bons, voire très bons, mais ils ont perdu en cours de route cette fraîcheur onirique, cette nonchalance cosmique et traînante pour se muer en dream pop plus classique, en recherche de rythme et d'efficacité formelle.

Une sorte de quête de la chanson pop idéale, belle et entraînante. Et ça marche - les quatre premiers titres de Teen Dream sont fantastiques - mais ça en devient presque un sacerdoce monomaniaque où la surprise, les ruptures de tons, la torpeur langoureuse, les imperfections attachantes n'ont plus leur place. Une formule qui mène petit à petit le groupe dans une impasse artistique, puisque tous ses albums finissent par se ressembler.

Au milieu de tout cela, ce premier album reste unique, immuable, pur, et en ressort même grandi au fur et à mesure que le groupe continue à empiler les disques interchangeables. Ici tout est lent, délié, en apesanteur, sublime, hors du temps. Ce qui n'empêche pas d'avoir le tube qui résume déjà toute la discographie à venir du groupe, à savoir le génial Master of None. J'attends le jour où ce premier album de Beach House sera réévalué à sa juste valeur.

Thank Your Lucky Stars
7.1

Thank Your Lucky Stars (2015)

Sortie : 10 octobre 2015 (France). Pop, Rock, Ethereal

Album de Beach House

benton a mis 8/10 et a écrit une critique.

Annotation :

Je n'attends plus forcément grand chose des albums de Beach House (comme déjà dit, ils sont toujours bons mais interchangeables, le groupe commence sérieusement à tourner en rond depuis Devotion) et j'en attendais encore moins de Thank Your Lucky Stars qui a débarqué à peine deux mois après Depression Cherry, comme une sorte de bonus alors que le problème du groupe réside justement dans l'accumulation de morceaux identiques.

Il m'est donc difficile d'expliquer le petit miracle accompli par Thank Your Lucky Stars. Je n'en attendais rien, encore moins que rien - c'est peut-être aussi pour ça - et j'ai mis un peu de temps avant de me rendre compte que le groupe n'avait pas sorti un énième disque de dream pop monomaniaque et monolithique. Bref cette surprise sort un peu de nulle part mais elle a mis du temps à se dessiner car il n'est pas facile de relativiser, d'accepter, de comprendre, et de cerner ce qui fait la force de la musique de Beach House après tant d'années, surtout quand elle nous est offerte ainsi, sous la forme d'un cadeau bonus qui ressemble à une sorte de parent pauvre démoulé dans l'ombre de l’œuvre maitresse.

Oui, Depression Cherry a peut-être davantage la forme d'une œuvre forte, cohérente et maîtrisée, et Thank Your Lucky Stars a plus la gueule du projet parallèle, un peu mineur, plus léger. Mais c'est peut-être là que réside le truc. Beach House s'est enfin décidé à relâcher la pression, à abandonner cette fuite en avant perpétuelle, à prendre le temps de respirer, à créer des ambiances plus langoureuses, hasardeuses, renouant ainsi avec un onirisme fragile finalement proche du premier album.

Oui Beach House est enfin arrivé à ressusciter l'esprit de ses débuts, à retoucher du doigt ce délicat raffinement nonchalant ! Cette beauté tranquille et planante... J'en suis le premier surpris car ça faisait tellement longtemps et que je ne comprenais toujours pas pourquoi cette magie si particulière avait été totalement perdue en cours de route.

Finalement Thank Your Lucky Stars ressemble à la synthèse idéale de tout ce que Beach House a réalisé jusque-là. Oui, il y a quand même des titres entraînants et efficaces (Majorette) mais même dans ces moments on sent une liberté, un onirisme délicat, retrouvant cette épure sonore, cette simplicité qui faisaient tant défaut aux précédents albums du groupe. Il y a aussi de pures merveilles comme She's So Lovely ou le final magnifique Somewhere Tonight, tels des échos sonores du premier album.

The Beatles
8.1

The Beatles (1968)

Sortie : 22 novembre 1968 (France). Rock, Experimental, Pop rock

Album de The Beatles

benton a mis 9/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

Puisqu'il faut bien choisir un Beatles autant prendre celui qui propose le plus de titres ? Oui et non. En fait le double blanc est le seul album des Beatles auquel je voue une admiration sincère et immodérée. Les autres albums me paraissent inégaux et jamais tout à fait à la hauteur de la légende. Ici, au moins, les Beatles ne cachent pas leur incapacité à faire des albums constants, peuplés de chansons aussi significatives les unes que les autres, et se contentent de balancer tout ce qu'ils ont dans leur besace.

Du coup, il n'y a plus vraiment cette simplicité décevante face au trop peu ou trop classique (Revolver), cette recherche de l'album concept parfait (Sgt Pepper) ou ce gras ampoulé (Abbey Road), il y a juste les chansons, beaucoup de chansons, des plus ou moins réussies, des plus ou moins bonnes, mais un enchaînement assez faramineux qui fait ressortir par-dessus tout le côté astucieux et ludique de la musique des Beatles. Et c'est définitivement cet aspect que j'adore dans ce groupe : l'amour des mélodies, leur vision tantôt décalée, pleine d'humour, de dérision, mais aussi une capacité incomparable à créer une musique belle, charmante, efficace, mémorable.

Et je trouve que la profusion du Double Blanc remet tout cela en perspective, à chaque morceau : la fulgurance de Back In The Ussr éclate face à la délicatesse de titres comme Julia ou Dear Prudence, la bouffonerie de Ob‐La‐Di, Ob‐La‐Da devient supportable par la grâce d'un chef-d’œuvre comme While My Guitar Gently Weeps... Tout fait sens car rien ne fait sens.

Tous les titres que l'on aurait pu trouver mineurs ailleurs, dans un autre contexte, deviennent attachants, vivants, car ils participent à l'ambiance collective, à la dynamique, à la mise en lumière des autres morceaux. Des titres comme Why Don’t We Do It in the Road, Birthday, Yer Blues et Everybody’s Got Something to Hide me mettent toujours la banane. Il sont symboliques de cette débauche ludique, parfois crétine, en tout cas pleine d'énergie, si caractéristique de l'album.

Et en même temps on ne bloque pas uniquement là-dessus, sur le côté supposément (en fait clairement) limité de titres pareils, puisqu'à côté il y a autre chose, de petites douceurs fantastiques (Dear Prudence, Sexy Sadie, Glass Onion, Savoy Truffle, Good Night) et des morceaux de bravoure (While My Guitar Gently Weeps, Happiness Is a Warm Gun). Le Double Blanc c'est le foutoir qui rend définitivement hommage au génie fantasque des Beatles.

Sea Change
7.1

Sea Change (2002)

Sortie : 21 septembre 2002 (France). Alternative Rock, Post Rock

Album de Beck

benton a mis 8/10.

Annotation :

Au-delà de sa qualité propre Sea Change m'a fait prendre conscience qu'un artiste ne se résumait pas forcément à ses classiques (Odelay en l'occurence) et qu'il fallait creuser, continuer à explorer, écouter d'autres albums pour découvrir de nouvelles facettes et avoir une autre vision de l'artiste en question. Ok, Sea Change reste aussi un classique relatif de Beck mais il est tellement différent de Odelay (et de Mellow Gold accessoirement) et si je m'étais arrêté à l'impression laissée par ces deux albums, en me disant que Beck se résumait à cette musique amusante, ludique, mais un peu écœurante à force, je serais passer à côté d'un album très chouette et foncièrement différent : Sea Change, donc.

Ici la musique est plus apaisée, il n'y a pas vraiment de délires electro hip hop, tout le savoir faire de Beck en terme sonore (et Dieu sait qu'il maîtrise le son, la spatialisation) est mis à profit pour créer des ambiances calmes, planantes, d'une grande beauté. Sea Change est un grand disque bucolique, serein, parfois étonnant quand il s'aventure à ressusciter l'esprit de Serge Gainsbourg époque Melody Nelson, quitte à piquer tous les gimmicks qui font de Cargo Culte un titre immense. Il y a aussi du Nick Drake sur Round the Bend. Ces emprunts sont visibles mais pas plombants (quoique Round the Bend est un peu chiant mais c'est l'influence qui veut ça), car la musique de Beck est par ailleurs beaucoup plus aérienne, planante, douce, privilégiant une approche du son très pure et lumineuse.

Bref, ne jamais s'arrêter à l'impression laissée par l'écoute d'un album, découvrir toujours plus pour peut-être, un jour, tomber sur une révélation au hasard des écoutes. Sea Change fait partie de ces heureuses surprises.

The Life Pursuit
7.2

The Life Pursuit (2006)

Sortie : 6 février 2006 (France). Pop, Rock, Indie Pop

Album de Belle and Sebastian

benton a mis 8/10.

Annotation :

Encore un album que j'ai tendance à laisser de côté alors qu'à chaque fois que je l'écoute je prends beaucoup de plaisir. Il a peut-être un côté too much, une énergie communicative, un enthousiasme trop spontané - limite mièvre - pour être honnête. C'est peut-être ça qui me retient, qui m'empêche de me tourner plus souvent vers The Life Pursuit.

Pourtant, c'est justement là que réside le pouvoir de cet album : son énergie infaillible, sa bonne humeur contagieuse, son entrain irrésistible et lumineux font de cet album un sommet de pop resplendissante comme rarement compilée au sein d'une seule et même œuvre. La sunshine pop dans sa définition la plus pure.

Chaque chanson est un tube en soi, la particularité de Belle and Sebastian étant d'allier à la perfection des mélodies d'une grande sensibilité (mièvre diront certains) et une énergie rayonnante. C'est d'autant plus criant sur The Life Pursuit qui possède une ambiance radieuse, un son chaleureux et ample où se déploient avec grâce des orchestrations tantôt délicates, tantôt bondissantes.

Il y a ainsi des chefs-d’œuvre d’orfèvrerie pop, d'un raffinement absolu (Act of The Apostle, Dress Up In You) mais aussi des tubes pop incroyablement réjouissants (Sukie In The Graveyard, le décontracté Song For Sunshine, le démentiel For The Price of a Cup of Tea) qui rappellent parfois le meilleur du glam rock de la grande époque (White Collar Boy évoque le T.Rex de The Slider, de même que The Blues Are Still Blue). J'aime énormément le son des claviers dans cet album, il est très organique, très chaleureux, franchement groovant sur certains titres.

Pour moi, ce son, et ces morceaux un peu plus entraînants et ludiques sont ce qui donne son identité à The Life Pursuit et le démarque des autres albums du groupe que j'ai écoutés, notamment leur œuvre phare If You're Feeling Sinister, qui me parait pour le coup plus aseptisé, plus lisse, proche de la sensiblerie impersonnelle avec laquelle le groupe flirte bien souvent.

Cheap Thrills
7.9

Cheap Thrills (1968)

Sortie : 12 août 1968. Rock, Blues Rock, Psychedelic Rock

Album de Big Brother & The Holding Company

Annotation :

Après réflexion, Cheap Thrills mérite tout de même d'apparaître dans cette liste pour ce qu'il a représenté et continue de représenter. C'est un album qui a un peu vieilli et il y a un paquet de disques comme ça, qui ont compté (pour moi) mais que je n'écoute quasiment plus et qui n'ont pour eux qu'un peu de nostalgie à leur évocation. Un côté : "c'était bien mais je suis passé à autre chose". Cheap Thrills fait quasiment partie de cette catégorie. Ce n'est pas péjoratif, simplement subjectif.

Mais quand même, il y a quelque chose que Cheap Thrills n'a jamais perdu, c'est cette folie, cette rage psychédélique qui en fait sans doute la meilleure captation absolue de ce qu'était réellement le rock pysché à son top. Il y a l'énergie lysergique, les envolées de guitares fuzz chaotiques, tout ce qui a rendu le genre si particulier, si iconique, et en même temps si épuisant et agaçant, avec des excès en tout genre et une énergie désordonnée.

Sauf qu'ici, je trouve qu'il y a une urgence qui sauve le disque du marasme, une sorte de rage, de puissance, évidemment incarnée par Janis Joplin et son énergie dévastatrice au chant. Le disque s'envole assez haut dans le psychédélisme déjanté et cathartique sur Combination of the Two et surtout le fantastique Piece of My Heart.

Le psychédélique a engendré des œuvres plus abouties (je pense aux Doors de Strange Days ou au groupe Spirit) mais pour ce qui est de l'énergie échevelée et décousue propre au genre on n'a pas fait mieux que Cheap Thrills. Et puis ça reste LE témoignage de la légende Janis Joplin - parfois plus criarde que chanteuse certes, mais tellement débordante de vitalité - mille coudées au-dessus de ses deux albums solo un peu fades et mous du genou.

The Mysterious Production of Eggs
7.4

The Mysterious Production of Eggs (2005)

Sortie : 8 février 2005 (France). Chamber Pop

Album de Andrew Bird

benton a mis 8/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

Je conserve une petite tendresse pour cet album que j'ai découvert à une époque où je n'écoutais pas encore trop ce genre de musique indie rock folk. J'en étais encore au stade des gros noms du rock des années 70. Du coup ça tranchait un peu. Avec le recul The Mysterious Production of Eggs, et plus globalement la musique d'Andrew Bird, est relativement classique, assez fidèle à l'image que l'on peut avoir d'un indie rock aux touches folk classieux, joli, bien arrangé, mélodique et touchant, dans un registre finalement assez proche de celui de Sufjan Stevens.

Le manque relatif de personnalité par instant est compensé par quelques audaces sonores, de petites folies parfois dissonantes, une énergie étrangement échevelée et en même temps très contrôlée. C'est peut-être le petit défaut du disque, cette sensation d'écouter une musique toujours sous contrôle, même dans ses moments plus enlevés. Du coup, certains passages ne sonnent pas toujours très bien, en équilibre instable entre la sensibilité d'une musique très léchée, hyper produite, et des saillies sonores qui se veulent plus éruptives, chaotiques (le pire étant Fake Palindromes).

J'ai toujours cette impression étrange quand j'écoute cet album et malgré tout il continue à dégager quelque chose d'attachant, de chaleureux, de singulier. Car la musique reste belle, rassurante dans sa bizarrerie banale sublimée. Et il y a des petits chefs-d’œuvre de douceur - le registre où Andrew Bird brille plus que tout - notamment un : Sovay. J'ai rarement entendu autant de douceur dans une chanson, comme une caresse apaisante, calme, remplie d'amour. Il y a d'autres grands moments, sans forcément atteindre la finesse de Sovay, à l'image de Measuring Cups, Masterfade, MX Missiles (qui ressemble parfois à du Jackson Browne), et aux épiquement tendres The Naming of Things et The Happy Birthday Song.

Je crois que le talent d'Andrew Bird s'exprime vraiment dans la délicatesse, dans la mélodie simple et pure, débarrassée des tics sonores que l'on retrouve par ci par là qui rendent The Mysterious Production of Eggs à la fois intrigant et inégal. En y repensant, le disque suivant Armchair Apocrypha m'avait paru beaucoup plus classique, moins inventif - au point de le déconsidérer - et en fait c'était surtout très beau. Il faudrait que je le réécoute pour être sûr.

Frank Black
7.6

Frank Black (1993)

Sortie : 8 mars 1993 (France). Indie Rock, Rock

Album de Frank Black

Annotation :

Je ne peux m'empêcher de mettre le premier album de Frank Black dans cette liste alors que c'est un disque sérieusement foutraque, inégal, qui tente de retrouver l'énergie des Pixies sans jamais vraiment y arriver. On me dira que ce n'est pas le but - et oui on a affaire à un album de Frank Black et pas des Pixies - mais on assiste à une grosse fuite en avant tout azimut qui donne l'impression de courir après quelque chose sans savoir quoi : l'inspiration passée ou, au contraire, l'exorcisme de cette période dorée en jetant les restes du cadavre des Pixies encore chaud dans cet album dingue, sans cohérence, ni queue ni tête.

Car oui, même si ce n'est plus les Pixies, ce premier album de Frank Black ressemble à tout bien écouter à la suite de Trompe Le Monde. On retrouve cette puissance sonore unique, ce son de guitare acéré, ces envolées étranges, mariant déflagrations et mélodies cosmiques. C'est juste moins cohérent, moins fulgurant sur l'ensemble, moins bien construit, il n'y a pas ces enchaînements de folie (Planet of Sound / Alec Eiffel, Letter to Memphis / Bird Dream of the Olympus Mons). Ici chaque chanson semble faire sa vie dans son propre coin, mais cela n'empêche pas de retrouver la folie si particulière du songwriting de Frank Black, à la fois excessive et très précise, très musicale et ludique.

Peut-être même que ce côté dérangé est encore plus palpable par l'accumulation de titres plus ou moins déconnectés les uns des autres, enchaînant les ambiances aussi diverses que variées, s'autorisant certains excès et des bizarreries au bord du kitsch comme une rythmique quasi disco-dance sur la reprise des Beach Boys Hang on to Your Ego que j'ai presque honte d'apprécier. Mais c'est aussi un peu ça l'histoire de ce disque. Un délire permanent, des divagations bizarroïdes mais une énergie incroyable, irrésistible, un côté récréatif enthousiasmant.

Frank Black a toujours cette puissance musicale étonnante (qu'il perdra un peu au fil du temps), chaque chanson ayant un twist, une idée, à faire valoir : Los Angeles et son break cosmique (formule éprouvée chez les Pixies) ; Fu Manchu et ses trompettes ; la beauté sidérale de Places Named After Number et Everytime I Go Around Here ; le mur de guitares de Ten Percenter et Parry the Wind High, Low... et le riff de guitare de Old Black Dawning ressemble méchamment à celui de Early Years des Auteurs (bizarre que je le remarque seulement maintenant).

Dog in the Sand
7.5

Dog in the Sand (2000)

Sortie : 2000 (France). Indie Rock, Rock

Album de Frank and the Catholics Black

benton a mis 9/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

J'ai une affection toute particulière envers le premier album de Frank Black & The Catholics (j'ai franchement hésité à l'inclure dans cette liste). Objectivement c'est une musique très limitée - en même temps c'est assumé - mais il y a une énergie intéressante et des morceaux loin d'être aussi bourrins qu'ils le laissent paraître. Toujours est-il qu'on peut admettre un certain passage à vide dans la discographie de Frank Black entre The Cult of Ray et Pistolero. On sent que Black opère une transition, laissant le rock indé un peu dingo pour se tourner vers une musique rock plus classique.

Après quelques errements, donc, Frank Black trouve la formule idéale avec Dog In The Sand qui vient concrétiser ce changement d'orientation d'une manière éclatante. Inutile cette fois-ci de continuer à chercher l'esprit des Pixies, la musique n'a plus rien à voir avec ce rock débridé et ressemble davantage à un rock à l'ancienne, presque un rock à papa, tantôt électrique, tantôt folk, souvent un mélange des deux.

Malgré tout, Frank Black n'a absolument rien perdu de sa musicalité, de sa capacité à écrire des chansons immédiatement accrocheuses. C'est peut-être même d'autant plus évident ici que les chansons sont débarrassées de certains gimmicks, de l'énergie instable des Pixies (et même des premiers albums solo du gars) pour une approche plus simple, plus épurée, qui fait ressortir les mélodies avec une efficacité imparable.

Dog in the Sand est ainsi un album très rafraîchissant, dégageant une énergie simple, immédiate, ensoleillée. Outre les titres rock - presque autant de tubes - que sont Rober Onion, Hermaphroditos et Llano Del Rio, il y a aussi des chansons qui marient à merveille l'énergie d'un rock pur et dur et les trouvailles soniques d'un Frank Black toujours aussi singulier dans son approche, que ce soit le génial Blast Off et son riff contagieux ou bien Bullet.

Et puis on retrouve des sommets d'émotion - chose assez nouvelle dans la discographie de Frank Black - avec les sublimes I've Seen Your Picture, I'll Be Blue et Dog in the Sand (auxquelles on pourrait ajouter Stupid Me et The Swimmer). C'est beau, pur, d'une délicatesse absolue, notamment avec du piano magnifique et des pedal steel guitar qui donnent une vibration unique à la musique, à la fois chaleureuse et mélancolique, telle une sorte de coucher de soleil qui réchauffe l'âme.

J'aime Dog in the Sand pour cette énergie simple et sincère, généreuse et belle, sans aucune forme d'arrière pensée.

Black Letter Days
7.2

Black Letter Days (2002)

Sortie : 20 août 2002 (France). Indie Rock, Rock

Album de Frank and the Catholics Black

benton a mis 10/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

Black Letter Days s'inscrit dans la continuité de Dog in the Sand, mais là où ce dernier enchaînait les prouesses et donnait dans le spectaculaire, le percutant, le mélodique, l'efficace, Black Letter Days se veut plus introspectif, intime, complexe avec des titres qui accrochent moins facilement l'attention au premier abord mais se révèlent plus profonds et intenses sur le long terme.

Au final on a un chef-d’œuvre de folk rock americana, bourré d'émotion, de sensibilité, d'énergie, de vitalité, alternant soubresauts électriques (California Bound, How You Went So Far, l'épique 1826) et perles mélancoliques (Chip Away Boy, Cold Heart of Stone, Valentine & Garuda) maîtrisant si bien cet art si délicat de la beauté humble et transcendante, humble par cette humanité qui transpire à chaque instant, cette justesse dans l'instrumentation et l'interprétation, et transcendante par tous les trésors que cette musique déploie, la manière dont elle transperce notre âme, les vagues incessantes de pedal steel guitar à la fois merveilleuses et terriblement tristes.

Black Letter Days est un véritable condensé de ce que la musique américaine, dans son versant acoustique / électrique rupestre peut produire de meilleur. Il y a naturellement les merveilles qui émergent écoutes après écoutes (franchement Chip Away Boy, Cold Heart of Stone et Valentine and Garuda on a rarement fait mieux en terme de folk rock) mais je continue à être subjugué par la richesse de l'album, par des titres qui ne sont mineurs qu'en apparence, qui cultivent, déclinent à foison cet americana si pur et chaleureux, à l'image de The Farewell Bend, True Blue, Jet Black River et le fantastique Whispering Weeds. Sans oublier ces pièces endiablées, cet épique acoustique, que sont Jane The Queen of Love et 21 Reasons.

Black Letter Days semble inépuisable, inaltérable, on y redécouvre toujours quelque chose, même avec le temps qui passe. Cet album a énormément compté pour moi à une époque, j'éprouve souvent une grande nostalgie à son écoute, une nostalgie ambivalente, et c'est franchement ce que Frank Black a produit de mieux dans sa carrière toutes périodes confondues.

Brothers
7.6

Brothers (2010)

Sortie : 14 mai 2010 (France). Blues Rock

Album de The Black Keys

benton a mis 8/10.

Annotation :

J'ai mis un moment avant de me rendre compte que j'aimais bien les Black Keys mais pas trop. Et puis est survenu Brothers, et l'illumination est arrivée. Donc oui, j'aime bien les Black Keys, mais j'aime surtout Brothers (et El Camino aussi, mais différemment). Je trouve que le groupe touche enfin un certain idéal de musique blues rock roots - plus ou moins la formule que le groupe décline depuis ses débuts - d'une grande efficacité, notamment grâce à une musicalité et un travail sur les mélodies assez remarquable, ce qui lui faisait énormément défaut jusque-là.

Certains diront que le groupe est devenu commercial. Sa musique est devenue plus accessible, sans doute, mais c'est pour le mieux à mon avis (en tout cas je préfère) et puis à aucun moment on a l'impression d'écouter une musique qui sonne faux, qui soit empruntée, hésitante, ou qui paraissent téléphonée et aseptisée. Le groupe ne s'est pas compromis, il conserve cette base de rock rocailleux, bardé de blues, mais il est juste moins frontal, et a surtout considérablement enrichi sa musique.

Au-delà des arrangements beaucoup plus travaillés (c'était déjà un peu le cas sur Attack & Release mais ce disque m'a toujours paru froid, tout le contraire de Brothers) il y a surtout des inspirations mélodiques géniales que les Black Keys n'avaient pas osé jusque-là. Par exemple, un morceau comme Everlasting Light est une bombe d'une concision absolue, tendue, percutante, efficace et mélodique.

Mais le groupe se démarque vraiment avec ses tentatives sublimes de soul chaloupée et sensuelle avec The Only One, Unknown Brother et Never Gonna Give You Up qui dégagent un charme irrésistible. Toute la puissance sonore des Black Keys, sa maîtrise incomparable du rock américain dans toute sa splendeur, est ici au service d'atmosphères sublimes, gorgées de soul et d'un feeling ravageur. L'orgue de The Only One est une trouvaille fabuleuse, entêtante et charnelle.

Brothers n'est pas un album parfait - j'ai toujours du mal avec l'aspect mal dégrossi, poisseux, de certaines chansons qui n'ont pas spécialement d'accroche pour compenser - mais il dégage un charme indéniable, une énergie sensuelle attirante, une générosité sincère et fédératrice qui en fait l'album incontournable des Black Keys.

El Camino
7.3

El Camino (2011)

Sortie : 1 décembre 2011 (France). Blues Rock, Garage Rock

Album de The Black Keys

benton a mis 8/10.

Annotation :

Si de loin Brothers et El Camino semblent former un duo étroitement lié par leurs dates de sorties rapprochées, je suis toujours aussi étonné de voir que, dans le détail, ces deux albums sont si différents. Là où l'on aurait pu imaginer un simple prolongement des idées présentes sur Brothers, El Camino constitue en réalité une rupture encore plus forte que Brothers par rapport aux précédents albums du groupe et c'est sans doute le disque le plus significatif du groupe, celui à l'identité la plus forte et la plus marquée.

En fait la sensualité et le groove dont pouvaient faire preuve les Black Keys laissent ici la place à une énergie qui frôle parfois avec le punk, une énergie débridée, sauvage, qui fonce tête baissée. De la même manière le son roots, blues et poisseux est remplacé par un son plus acéré, grinçant, sec. Ce qui, au début, peut ressembler à une perte d'identité finit par convaincre grâce à l'urgence dégagée par l'ensemble. El Camino est ainsi baignée d'une étrange folie, à la fois racoleuse et aguicheuse (Stop Stop), super communicative et sans concession, frénétique, enragée.

C'est indéniablement cette énergie incandescente qui sauve l'album d'un rock tout venant, pétaradant trop facilement. Chaque chanson envoie des ondes positives, irrésistibles, que ce soit l'introduction dingue de Lonely Boy qui représente parfaitement l'ADN du disque - une rengaine fatigante au premier abord qui finit par rompre nos défenses et devient contagieuse, démentielle, endiablée -, ou bien les tubes aussi enfiévrés que fédérateurs comme Gold On the Ceiling, Sister et Stop Stop.

Si on ne peut oublier l'incontournable Little Black Submarines qui est cependant trop sûr de son effet, trop taillé pour en faire un titre culte - le truc, c'est que ça marche, mais du coup c'est sans doute le titre le moins singulier du disque - mes petits préférés restent Dead and Gone et Nova Baby, qui allient à merveille l'urgence si particulière d'El Camino et des mélodies conquérantes et euphorisantes.

Cette fois-ci je veux bien concéder que la musique du groupe a changé, et se veut globalement plus enlevée, plus clinquante, mais il y a un son, une urgence, une approche qui ne rend pas l'album si accessible qu'il y paraît. Disons qu'il faut dépasser le côté épuisant et hyperactif pour découvrir un album de rock aussi brut de décoffrage que rafraîchissant.

Parallel Lines
7.5

Parallel Lines (1978)

Sortie : 23 septembre 1978 (France). Rock, New Wave, Punk

Album de Blondie

benton a mis 8/10.

Annotation :

Alors celui-là j'ai franchement hésité à le mettre, encore plus que les autres. Oui, je l'ai pas mal écouté à une époque mais aujourd'hui je ne suis pas sûr que j'aurais spontanément envie de l'écouter même en retombant dessus au hasard, contrairement à du AC/DC ou du Aerosmith. Il n'y a pas cet attachement, cette petite tendresse.

Mais quand même Parallel Lines possède des petites tueries et un aspect mélodique auquel je ne suis pas insensible, c'est d'ailleurs peut-être une anomalie dans la carrière du groupe puisque les deux précédents albums m'ennuient au possible. Concrètement il y a trois chansons qui figurent dans mon panthéon personnel (et sans doute dans celui de plein de monde) : Hanging on the Telephone, One Way or Another et Heart of Glass. Les deux premières sont de fantastiques chansons pop aux sonorités à la fois punk et new wave. Et la dernière que l'on ne présente plus est un sommet de disco écoutable et beau, dont je ne me lasse pas.

Le reste du disque est beaucoup plus aléatoire. Avec le recul, c'est même plutôt louche tant les inspirations sont assez diverses, parfois avec un goût du kitsch assumé et des mélodies guimauves pas forcément désagréables (Picture This), mais dont le mélange des genres entre rock'n'roll, doo wop, pop, laisse une impression improbable finalement. Je ne suis pas sûr de savoir ce que Blondie cherche à faire précisément.

Encore une fois, ce n'est pas désagréable, c'est même plutôt bon, je trouve même que le son est plutôt moderne, ample, chaleureux, et pour un disque de l'époque - fin des années 70 - c'est déjà beaucoup. Il y a aussi un véritable amour de la mélodie, de l'efficacité pop et c'est à souligner même si les inspirations sont parfois inégales.

benton

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