Cover Nagisa Oshima, tour de filmographie commenté

Nagisa Oshima, tour de filmographie commenté

2015 sera Oshima ! La découverte (et coup de foudre) de ses Contes cruel de la jeunesse à la cinémathèque française m'a poussé à écumer l'intégralité de sa filmographie. Cette liste sera donc le journal annoté de ce périple.

Liste de

24 films

créee il y a presque 9 ans · modifiée il y a environ 8 ans

Une ville d'amour et d'espoir
6.8
1.

Une ville d'amour et d'espoir (1959)

Ai to kibo no machi

1 h 02 min. Sortie : 17 novembre 1959 (Japon). Comédie dramatique

Film de Nagisa Ōshima

Tom_A a mis 6/10.

Annotation :

Des pigeons vendus et revendus à mesure qu'ils reviennent, de l'instit courage, du pdg aussi triste que les employés robotisés qu'il emploi, de la cruauté chez l'adolescence bourgeoise, tout ça ramassé en une petite heure. Pas de folies stylistiques en vue, mais déjà cette rage qui dynamise et arrache les situations les plus pathétiques de toute pesanteur complaisante.

Contes cruels de la jeunesse
7.1
2.

Contes cruels de la jeunesse (1960)

Seishun Zankoku Monogatari

1 h 36 min. Sortie : 3 juin 1960 (Japon). Drame, Thriller

Film de Nagisa Ōshima

Tom_A a mis 10/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

A la rage du premier opus, voilà que s'ajoute une trame plus complexe, et que débarque le sexe. On passe aussi à la couleur, et la photo est belle à crever, comme la réalisation dans son ensemble, qui ose parcimonieusement jouer l'abstraction : ici un décor de rondins sur l'eau, là un plan de bétonneuse monté en parallèle d'une dispute...
Le charme suranné des blousons noirs n'enlève rien à la violence qui régit leur vie et qui va propulser les amoureux vers leur tragique destin. L'homme exploite l'homme, il doit se vendre s'il n'a pas les moyens d'acheter. Les générations s'opposent, 10 ans d'écarts, 30 ans d'écarts, et la lâcheté du père résonne de l’humiliation infligée au Japon par l'occupation américaine d'après-guerre.
Et puis il y a ce long plan séquence en point d'orgue, halluciné autant qu'intelligent, d'un jeune homme qui croque une pomme.

L'Enterrement du soleil
6.9
3.

L'Enterrement du soleil (1960)

Taiyo no Hakaba

1 h 27 min. Sortie : 9 août 1960 (Japon). Drame

Film de Nagisa Ōshima

Tom_A a mis 8/10.

Annotation :

Version paroxystique du pêcher originel Oshimien des débuts : l'homme exploitant l'homme. Ici nous sommes dans les bas-fonds, coupé du reste de l'échelle sociale, et chacun lutte pour sa survie et celui de sa "bande".
Le montage effréné brutalise nos émotions parfois plus que les actes eux-mêmes (le meurtre de la lycéenne...), évitant par là l'apitoiement et le mélodrame.
Le soin apporté au cadre fait du décor un personnage à part entière : le couple sous les pylônes électriques au coucher du soleil marque la rétine !

Nuit et brouillard au Japon
6.5
4.

Nuit et brouillard au Japon (1960)

Nihon no yoru to kiri

1 h 47 min. Sortie : 9 octobre 1960 (Japon). Drame

Film de Nagisa Ōshima

Tom_A a mis 8/10.

Annotation :

Rupture : la jeunesse devient responsable, et Oshima se fait soudain didactique. Les guerres intestines d'un groupe de lutte armé éclaboussent une cérémonie de mariage, qui devient un véritable théâtre. La filiation est renforcée par l'utilisation quasi-exclusive du plan-séquence, le tout entrecoupé de plans abstraits.
Car Nuit et brouillard au Japon est presque un huis-clos, en même temps qu'un film choral où se croise et se recroise les êtres et les idées à travers quelques dates traumatisantes de la lutte étudiante contre le traité de sécurité nippo-américain.
Le tout est très dense, bavard et souvent opaque. C'est très certainement une des intentions du film, qui renvoi dos à dos ces étudiants communistes, partisans de la lutte armée, et en donne une image assez pathétique qui respire la désillusion.
En confrontant ces déchirements à l'image du mariage, Oshima rapproche les institutions conservatrices (cellule conjugale...) et les groupes de lutte politique à travers un jeu de trahisons dont il devient difficile de dégager lesquelles sont idéologiques et lesquelles sont passionnées.
Plus le groupe se fissure, plus les individus s'affirment en tant que tel, et si le film fit, par sa dimension ouvertement politique, si peur à la Shochiku qu'elle décida de le retirer de ses écrans après 4 jours d'exploitation, il est pourtant difficile de voir Nuit et brouillard au Japon comme un film de propagande, tant chacun en prend pour son grade.
Une claque esthétique et intellectuelle, qui délaisse l'émotion des trois premiers opus pour se jeter à pieds joint dans l’expérimentation politisé qui sera la marque d'Oshima pour les années à venir. Impressionnant.

Le Piège
6.5
5.

Le Piège (1961)

Shiiku

1 h 45 min. Sortie : 1961 (France). Drame, Guerre

Film de Nagisa Ōshima

Tom_A a mis 7/10.

Annotation :

Réalisé en 61, juste après le scandale que Nuit et brouillard au Japon déclencha à la Shochiku, Le Piège est un premier pas d'Oshima vers l'indépendance. Ayant créé sa propre société de production (la Sozocha) mais n'ayant pas encore de moyens suffisants, Oshima réponds à une commande de la part d'une petite boite qui lui propose d'adapter une nouvelle de Kenzabûro Oé, Gibier d'élevage.
S'adaptant à sa nouvelle équipe, et revenant au noir et blanc, il se plie à la tâche et livre un film apparemment plus classique que le précédent, mais qui garde toute la rage et la révolte de son réalisateur.
Oshima lui-même considérait ce film comme un semi-échec, et il est rarement évoqué lorsqu'on parle du cinéaste. C'est pourtant loin d'être un film à jeter.
Thématiquement, le film continu sur la voie de la scission intergénérationnelle. Sexuelle dans les Contes cruels de la jeunesse, politique et idéologique dans Nuit et brouillard au Japon, elle est ici éthique, les nombreux enfants du films observant les adultes se débattre dans leurs querelles intestines attisées par un sens de l'honneur obsolète et une organisation hiérarchique oppressante.
A la manière de L'enterrement du soleil, on colle ici aux basques d'une communauté (un village paysan) sans jamais voir le reste du pays, pourtant en guerre.
Le film alterne de long plan-séquences parfois magnifiques et des plans plus courts et parfois très serré, amenant une respiration (que n'avait pas Nuit et brouillard au Japon) tout en gardant constante la tension. La photo n'est pas folle, mais la composition est au cordeau. La direction d'acteurs d'Oshima, toujours au top, permet d'éviter l'hystérie qui mine assez souvent les films japonais de cette époque lorsque les personnages traverse une crise.

Le révolté
6.3
6.

Le révolté (1962)

Amakusa shiro tokisada

1 h 40 min. Sortie : 21 mars 1962 (Japon). Drame, Guerre, Historique

Film de Nagisa Ōshima

Tom_A a mis 6/10.

Annotation :

Un an après Le piège, Oshima se relance dans une œuvre de commande pour la Toiei avec ce Révolté surprenant. On se penche sur les persécutions subies par des paysans chrétiens au 17ème siècle, jusqu'à ce que la révolte se soulève, portée (à son corps défendant ?) par le charismatique Shiro Amakusa.
Oshima s'essaie au film en costume, lui qui a si souvent affirmé sa volonté de rupture avec les maitres classiques, grand spécialistes du genre. Le résultat est bien loin de ce qu'on a pu voir jusqu'alors. Les combats sont relégués au second plan, et le doute domine le film. Pas de héro surhumain ici, Shiro refuse d'agir tout au long du film, puis sa crédibilité de meneur est malmené par un ronin zélé, et s'il le vainc enfin, ce n'est que pour suivre le désir des masses, quand bien même ce désir les mènera tous à la mort.
On retrouve non seulement dans Le révolté du plan-séquence en veux-tu en voilà, mais les dix dernières minutes ré-exploite les expérimentations visuelles de Nuit et brouillard au Japon avec cette suite de personnages qui donnent leurs avis et leurs points de vues, isolés du reste du groupe par la caméra et la lumière.
Le film, parfois un peu lourd, notamment dans l'exposition verbalisé des préceptes chrétiens, garde tout son intérêt grâce à la tranche méconnu d'histoire qu'il met en lumière. La direction d'acteur est toujours au top.

Le Journal de Yunbogi
6.6
7.

Le Journal de Yunbogi (1965)

Yunbogi no nikki

25 min. Sortie : 11 décembre 1965 (Japon).

Court-métrage documentaire de Nagisa Ōshima

Tom_A a mis 6/10.

Annotation :

Premier film auto-produit via la Sozocha, Le journal de Yunbogi est un court-métrage constitué de photos prises par Oshima lors d'un voyage en Corée. Sortant de presque 40 ans d'occupation japonaise, le pays est dans un état assez terrible et donne une nouvelle occasion au réalisateur de taper sur son propre gouvernement.
Le film est donc un diaporama, habillé de quelques bruitages et ambiances, et d'une voix-off entrecoupée de tirades d'enfants (le Yunbogi du titre et sa sœur). Il s'inspire (et semble y répondre) d'un best-seller sorti alors en Corée, véritable journal d'un jeune des bas-fonds.
Touchant mais plutôt anecdotique, Le journal de Yunbogi est important pour son auteur en ce qu'il marque son premier effort véritablement indépendant.

Les Plaisirs de la chair
6.6
8.

Les Plaisirs de la chair (1965)

Etsuraku

1 h 44 min. Sortie : 4 juin 1986 (France). Drame

Film de Nagisa Ōshima

Tom_A a mis 7/10.

Annotation :

Avec ces Plaisirs de la chair, Oshima lance enfin sa série de films indépendants, produits via sa propre société, la Sozosha, créée 4 ans plus tôt.
L'orientation plus ouvertement abstraite de sa mise en scène, qui avait éclaté dans Nuit et brouillard au Japon, trouve sa continuité ici, et inscrit le drame personnel d'un jeune homme au sein d'un univers qui oscille sans cesse entre réalité et projection mentale.
La société japonaise, la famille et le mariage sont lentement et méthodiquement mis à nu comme forces d'oppression et de contrainte, à travers une suite de conquêtes féminines. De la mère à la putain, chacune emmène le film vers d'autres espaces, partant du film noir jusqu'au mélodrame.
La conclusion est plutôt réussie, le film retombant sur ses pieds avec intelligence, achevant de révéler la névrose de son personnage principal en même temps qu'il fait tomber les masques imposés par le rang social de chacun.
Du solide (avec du Vertigo dedans).

L'Obsédé en plein jour
6.7
9.

L'Obsédé en plein jour (1966)

Hakuchû no torima

1 h 39 min. Sortie : 15 juillet 1966 (Japon). Thriller, Drame

Film de Nagisa Ōshima

Tom_A a mis 8/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

Film dense (comme toujours chez Oshima), étonnamment poétique malgré son sujet, L'obsédé en plein jour est un festival visuel avant tout. Comme un contre-pied aux plan-séquences qui, de Nuit et brouillard au Japon jusqu'au Révolté, semblait devenir une marque de fabrique, L'obsédé en plein jour accumule les plans courts à une vitesse étourdissante. Jouant des contrastes via une photo magnifique, juxtaposant les plans larges aux gros plans et scrutant les visages comme les paysages, Oshima mène son récit à un train d'enfer, emportant tout sur son passage en faisant sauter les règles tacites du montage classique.
Si le film s'attache aux agissements d'Eisuke, le fameux obsédé du titre, violeur et meurtrier, il s'en détache au cours de son récit pour se focaliser sur deux femmes qui lui sont liées : sa femme et sa première victime. On se déplace alors de la subjectivité d'Eisuke, dont on aurait pu penser, surtout après Les plaisirs de la chair, qu'elle constituerait la matière même du métrage, pour scruter les liens qui unissent les personnages.

Carnets secrets des ninjas
5.9
10.

Carnets secrets des ninjas (1967)

Ninja bugei-cho

2 h 03 min. Sortie : 15 février 1967 (Japon). Aventure

Film de Nagisa Ōshima

Tom_A a mis 5/10.

Annotation :

Tourné avant L'obsédé en plein jour, mais monté après et diffusé en février 67, Carnets secrets des ninjas ne ressemble à rien de connu, puisqu'il s'agit d'un montage de dessins d'un manga sorti 7 ans plus tôt.
Le film dans son entier est un appel à la révolte, et raconte la lutte d'un groupe de personnages nantis de pouvoir tous plus ou moins délirants contre les autorités, quelles qu'elles soient.
Le montage semble hériter des expérimentations de L'obsédé en plein jour, tant il est serré et haletant, et on a l'impression d'avaler en deux petites heures l'intégralité d'un feuilleton trépidant. On est d'ailleurs parfois débordé par la somme d'informations à engranger en même temps.
Au doublage, minimal mais bien présent, on retrouve la bande à Oshima, de Watanabe à Toura.
Le tout se regarde sans déplaisir, surtout si on est un habitué du genre, bien que ce Carnets secrets des ninjas paraisse aujourd'hui bien anecdotique aux côtés des œuvres qui l'entoure dans la filmographie d'Oshima.

A propos des chansons paillardes au Japon
6.4
11.

A propos des chansons paillardes au Japon (1967)

Nihon Shunka-Ko

1 h 43 min. Sortie : 23 février 1967 (Japon). Comédie dramatique

Film de Nagisa Ōshima

Tom_A a mis 6/10.

Annotation :

Retour aux plans-séquences avec ce film au montage plus apaisé que les précédents, qui continu cependant à creuser la subjectivité de ses personnages. Dans la continuité des "visions" des Plaisirs de la chair, mais un pas plus loin, on a droit ici à de véritables séquences fantasmées et assumées comme telles.
Filmé sans scénario préalable, le film accuse une hétérogénéité stylistique et thématique qui, à mon sens, le dessert un peu. Les différentes séquences s'enchainent certes dans une chronologie logique, mais chaque séquence se réclame d'une autonomie forte qui déchire le film en une multitude de "moments" plus ou moins réussis, dont l'intention reste parfois opaque au sein de l'ensemble.
Là où le film est proprement réjouissant, c'est dans son humour assumé, nouveauté chez Oshima qui se retrouvera dans ses films suivants. Ces garçon aussi affamés qu'impuissants fournissent matière à rire jusqu'en leurs fantasmes.
A propos des chansons paillardes au Japon affiche une jeunesse étudiante incapable de s'engager, malgré les contestations multiples, nationales et internationales qui envahissent le quotidien, jusqu'à phagocyter la culture populaire, dont les chansons, révolutionnaires, conservatrices ou paillardes se font l'écho à travers le temps.

Été Japonais : Double Suicide
6.5
12.

Été Japonais : Double Suicide (1967)

Muri shinju: Nihon no natsu

1 h 38 min. Sortie : 1967 (France). Policier, Drame

Film de Nagisa Ōshima

Tom_A a mis 7/10.

Annotation :

A revoir ! Mais ça m'a vraiment plu !

La Pendaison
7.2
13.

La Pendaison (1968)

Kôshikei

1 h 58 min. Sortie : 24 septembre 1969 (France). Drame, Comédie

Film de Nagisa Ōshima

Tom_A a mis 8/10.

Annotation :

C'est vaste, dense, burlesque, et porté haut par un casting où on croise les habitués Watanabe (parfois fatiguant d'hystérie, mais toujours sympathique), Rokko et Sato accompagnés par Masao Adachi tout jeune et Akiko Koyama, femme du cinéaste, qui avait déjà fait des étincelles dans L'obsédé en plein jour. L'humour, qui impose ouvertement sa présence chez Oshima depuis A propos des chansons paillardes au Japon, entraine ici l'ensemble d'un film au sujet pas forcément facile.

S'ouvrant comme un réquisitoire contre la peine de mort au Japon, à coup de sondages (71% de japonais contre l'abolition) et de questions directes au spectateur (avez-vous déjà vu une exécution ?), La Pendaison s'avère beaucoup plus riche que son postulat de départ ne pouvait le laisser croire. Pointant du doigt la situation indigne et humiliante des Coréens nés au Japon, qui ne sont ni coréens ni japonais, et victimes d'un racisme alimenté par le souvenir de la guerre et des 36 années d'occupations japonaise dont viens alors de sortir la Corée. Le tout se double d'une infiltration du rêve et du fantasme au sein de la réalité, le huis-clos s'échappant alors le long d'un fleuve et dans une université le temps d'une reconstitution judiciaire à mourir de rire.

La dernière partie vois ce fantasme parasiter l'esprit des fonctionnaires chargés de l'exécution, avant de devenir caution des crimes que R., le condamné, qui tente, lui, de comprendre la culpabilité qu'on lui impose. La fin est plus opaque pour quelqu'un qui n'aurait pas suivi l'évolution du cinéma d'Oshima, qui n'hésite pas à faire surgir la subjectivité de ses personnages au cœur du déroulement du film, avec visions, désirs et fantasmes qui parasitent une narration jusqu'alors linéaire. En outre, histoire de brouiller un peu plus notre perception, le dernier quart du film intègre des photos que le réalisateur a pris en Corée, et qu'il avait déjà utilisé dans son court-métrage Le journal de Yunbogi.

Le Retour des trois soûlards
6.5
14.

Le Retour des trois soûlards (1968)

Kaette kita yopparai

1 h 20 min. Sortie : 30 mars 1968 (Japon). Action, Comédie

Film de Nagisa Ōshima

Tom_A a mis 6/10.

Annotation :

Après la drôlerie glissé aux coins d'A propos des chansons paillardes au Japon et La Pendaison, Oshima saute à pieds joints dans la farce avec ce Retour des trois soûlards au titre incongru.
Aucun soûlard dans ce film, qui suit 3 étudiants dont les vêtements sont, au détour d'une baignade, remplacés par des uniformes coréens. S'en suit une suite de péripéties où sera mis à mal l'identité (sociale, sexuelle...) de chacun.

Journal d'un voleur de Shinjuku
6.4
15.

Journal d'un voleur de Shinjuku (1969)

Shinjuku dorobō nikki

1 h 36 min. Sortie : 15 février 1969 (Japon). Comédie dramatique

Film de Nagisa Ōshima

Tom_A a mis 7/10.

Annotation :

Un grand fourre-tout oshimien, qui cherche à prendre le pouls des contestations de 68. Surement un de ses films les plus kaléidoscopique et difficile à suivre, Journal d'un voleur de Shinjuku garde pourtant une fraicheur et une vitalité qui maintiennent l'attention jusqu'au bout, où l'amourette mise en scène laisse la place au caillassage d'un poste de police, où le jeu laisse la place au réel dans toute son absurdité.

Le Petit Garçon
7.2
16.

Le Petit Garçon (1969)

Shōnen

1 h 37 min. Sortie : 28 janvier 1970 (France). Drame

Film de Nagisa Ōshima

Tom_A a mis 8/10.

Annotation :

Étonnant revirement pour Oshima avec ce Petit garçon, qui revient à un classicisme et à une linéarité narrative qu'on n'avait perdu de vue depuis Le révolté, 7 ans et 9 films plus tôt. Alors oui, On trouve ça et là quelques visions, répétitions, séquences monochromes et ellipses ambigües, mais l'explosion formelle et intellectuelle du Journal d'un voleur de Shinjuku, sorti à peine 5 mois auparavant, a laissé place à un cadre au cordeau, une caméra systématiquement sur pied, et surtout une noirceur de ton qui va aussi investir les films suivants.

Il est mort après la guerre
6.6
17.

Il est mort après la guerre (1970)

Tôkyô sensô sengo hiwa

1 h 34 min. Sortie : 27 juin 1970 (Japon). Drame

Film de Nagisa Ōshima

Tom_A a mis 6/10.

Annotation :

Film kaléidoscopique, où Oshima, entre deux monolithes d'aboutissement formels "classiques", fait le bilan maussade d'une lutte révolutionnaire qui tourne en rond. Le film, à la manière d'un Resnais passé à l'essoreuse, nous perd d'entrée de jeu : qui est mort ? Est-il vraiment mort ? Pourquoi a-t-il filmé tout ça avant de mourir ? Si le discours est souvent lénifiant (volontairement, la lutte tourne court), les expérimentations visuelles se multiplient et atteignent un paroxysme dans la droite ligné du Journal d'un voleur de Shinjiku, sans l'optimisme de ce dernier. Depuis Le petit garçon, Oshima semble être entré dans une phase beaucoup plus noire de son œuvre, et dont le diamant viendra l'année qui suivra avec la Cérémonie.
Le commentaire de Mathieu Capel accompagnant le dvd chez Carlotta aide à y voir plus clair dans cette obsession pour la cartographie qui traverse le film.

La Cérémonie
7
18.

La Cérémonie (1971)

Gishiki

2 h 02 min. Sortie : 1971 (France). Drame

Film de Nagisa Ōshima

Tom_A a mis 10/10.

Annotation :

Sinistre, beau comme la mort, étouffant, grinçant, noir et pesant. A revoir absolument.

Une petite sœur pour l'été
5.8
19.

Une petite sœur pour l'été (1972)

夏の妹

1 h 35 min. Sortie : 9 janvier 1974 (France). Comédie dramatique

Film de Nagisa Ōshima

Tom_A a mis 6/10.

Annotation :

Bouffée d'air après La Cérémonie, avec ce film qui joue l'amateurisme, abandonnant le scope pour un format carré et des couleurs "délavées mais travaillées" du meilleur effet Rohmerien. On suit d'ailleurs un couple de jeunes femmes, l'une étant la futur femme du père de l'autre, à la recherche d'un hypothétique frère d'Okinawa. L'occasion pour Oshima de poser sa caméra sur l'île fraîchement réintégrée au Japon, après des années d'occupation américaine.
On flâne, on s'aime, on chante, comme souvent d'ailleurs chez Oshima.

L'Empire des sens
6.5
20.

L'Empire des sens (1976)

Ai no korîda

1 h 45 min. Sortie : 15 septembre 1976. Drame, Érotique

Film de Nagisa Ōshima

Tom_A a mis 9/10.

Annotation :

On lit tout et n'importe quoi sur l'Empire des sens, sur la collaboration franco-japonaise qui a permis au film de voir le jour et sur le scandale volontaire et vendeur qu'il suscita, sans faute.
Le revoir loin de ces considérations permet tout de même de découvrir un film puissant et beau sur une passion dévorante et par certain atours, clairement politique.

L'Empire de la passion
6.7
21.

L'Empire de la passion (1978)

Ai no bôrei

1 h 50 min. Sortie : 6 septembre 1978 (France). Drame

Film de Nagisa Ōshima

Tom_A a mis 7/10.

Annotation :

Reprenant à son compte l'imagerie du revenant à la japonaise, Oshima l'incarne des pulsions de son couple adultère dévoré par le désir comme par la culpabilité. Dans la lignée de l'Empire des sens, l'Empire de la passion tire profit de beaux décors au sein desquels l'action est filmée sans esbroufe visuelle, quand bien même elle intègre sons étranges et apparitions fantomatiques. Il en découle une poésie sans lyrisme, âpre comme le destin des protagonistes, assez loin de l'emphase mélodramatique d'un Mizoguchi auquel on pense forcément par ailleurs (pour les apparitions, pour le couple adultère mis au ban du village...).
Le film profite par ailleurs d'un étonnant personnage comique en la personne du commissaire, assez éloigné du sérieux auquel nous a pourtant habitué Oshima depuis Le Petit Garçon, et auquel semble appartenir de prime abord cet Empire de la passion. Comme une réminiscence des trois soûlards...

Furyo
7.2
22.

Furyo (1983)

Merry Christmas, Mr Lawrence

2 h 03 min. Sortie : 1 juin 1983 (France). Drame, Guerre

Film de Nagisa Ōshima

Tom_A a mis 8/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

Impressionnante réussite que ce Furyo qui jouit du meilleur de chacun de ses contributeurs : le charisme de Bowie, la folie de Kitano, la douceur de Tom Conti. Même Sakamoto, qui semble de prime abord très mal à l'aise avec l'anglais, fait de cette gène une force pour son personnage coincé entre son devoir et ses passions. Le même Sakamoto compose pour le film une musique parmi les plus célèbres que nous ait offert le cinéma japonais, dont la poésie simple et immédiate (comprendre tonale et mélodique) tranche avec l'univers dissonant et inquiétant de Toru Takemitsu, en charge de la musique des précédant films d'Oshima. Je ne peux m'empêcher de voir là comme un avant goût de ce que fera Hisaishi pour Kitano dans les années à venir...

Max mon amour
5.8
23.

Max mon amour (1986)

1 h 34 min. Sortie : 22 octobre 1986 (France). Comédie dramatique

Film de Nagisa Ōshima

Tom_A a mis 6/10.

Annotation :

Un vent de liberté très typé années 70 souffle sur cet énième film inclassable d'Oshima. Film de couple en crise, où le malaise prend la forme inattendu d'un singe, il évite par là les atermoiements et fait des situations les plus rebattues du genre de drôles de scènes au ton incertain, ou se côtoie une drôlerie non exempt d'une certaine poésie.

Tabou
6.8
24.

Tabou (1999)

Gohatto

1 h 37 min. Sortie : 17 mai 2000 (France). Drame, Historique

Film de Nagisa Ōshima

Tom_A a mis 8/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

Pour son dernier film, Oshima reste Oshima et il est encore question, dans Tabou, de l'irruption du pulsionnel au sein d'un groupe social qui s'en trouve mis à mal. C'est donc ici une jeune recrue samouraï, Kano, qui fera tourner les têtes d'une caserne.
La première surprise vient de la tolérance au sein de la milice pour les penchants homosexuels de certains de leurs membres. Ça jase, ça diffuse des rumeurs, mais le ton est étonnamment léger jusqu'au sein de la hiérarchie. Ça rit beaucoup, malgré la gène (ou à cause de), et Kitano comme Shinji Takeda (Soji) apportent une dose d'humanité touchante à leurs personnages qui commence à soupçonner jusqu'à leur propre cœur. De manière générale le casting est d'ailleurs de très haut vol.
A mis chemin, le film prend des tournures de policier. On recherche deux hommes un brin moqueurs, puis on s'interroge sur le meurtre brutal d'un samouraï de la maison... Le personnage de Kano dévoile alors sa (seule ?) facette la plus sanguinaire : tueur au sang froid, il affirme de but en blanc son désir de tuer à un de ses supérieurs, sans que l'on puisse savoir si il est ou non l'auteur du meurtre.
Le final prend alors place dans un espace mental comme Oshima les affectionne tant depuis le final de La pendaison, projetant directement l'intériorité de chaque protagoniste à travers un montage cut de courtes séquences au cœur d'une nuit volontairement artificielle.

Tom_A

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