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21 livres

créee il y a plus de 10 ans · modifiée il y a plus de 3 ans

À l'est d'Eden
8.6
1.

À l'est d'Eden (1952)

East of Eden

Sortie : 19 septembre 1952 (États-Unis). Roman

livre de John Steinbeck

Chaiev a mis 10/10.

Voyage avec Charley
7.8
2.

Voyage avec Charley (1962)

Travels with Charley

Sortie : 1962 (France). Récit, Voyage

livre de John Steinbeck

Chaiev a mis 9/10 et a écrit une critique.

Une saison amère
7.6
3.

Une saison amère (1961)

The Winter of Our Discontent

Sortie : 1961 (France). Roman

livre de John Steinbeck

Chaiev a mis 9/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

Oh merde. Merveille. Mais je sais bien, plus personne ne va me croire. Ou bien on va me suspecter de prendre du Xanax. J'y peux rien bordel, si ce bouquin est un PUTAIN DE BOUQUIN. Une histoire toute simple, dans une petite ville de la côte est, qui grâce au génie de Steinbeck prend soudain, mais on ne sait ni comment ni pourquoi, des dimensions cosmiques. Je pense que ce type est un écrivacupuncteur : il pique juste au point névralgique, et des torrents d'énergie sont libérés. D'où on peut arriver à être aussi drôle, aussi léger et aussi profond en même temps ? Aussi doux, aussi désespéré, aussi ironique, aussi joyeux, aussi fantaisiste, aussi humain, aussi intelligent, aussi rempli de tact, aussi juste ? Et on ne peut même pas râler que personne ne connait ce type, puisque pour couronner le tout le gars a eu le prix Nobel (que par contrecoup on ne peut pas totalement dauber non plus, pour avoir su faire ça ! Life sucks).

Au dieu inconnu
7.9
4.

Au dieu inconnu (1933)

To a God Unknown

Sortie : 1951 (France). Roman

livre de John Steinbeck

Chaiev a mis 9/10.

Annotation :

Le succès arrivera pour Steinbeck avec son quatrième livre, Tortilla Flat, et pourtant c’est bien cet opus 3 qui marque réellement son entrée en grande littérature. Plus de doute, le bonhomme est de taille à se coltiner les sujets les plus complexes, et à exprimer sa vision si particulière de l’homme dans le Monde grâce à un style incomparable qui mêle force et minutie, pureté et violence, candeur et intelligence. L’histoire de Joseph Wayne parti refaire sa vie d’éleveur de bétail dans le grand ouest et rejoint par ses trois frères, prend vite une dimension cosmique. Il n’est plus question de roman régionaliste ou réaliste, mais d’un tableau pointilliste et criard, l’aventure d’un personnage hors norme, d’un personnage en lutte contre le destin, fonçant à toute allure contre un mur qui le broiera. Au fil de ces pages lyriques où la plus grande clarté côtoie les ténèbres les plus obscures, on reste le souffle court face à tous les pièges que le talent de Steinou parvient à éviter. C’est qu’il se tient au plus près de ses personnages, tous extraordinaires de vérité et de complexité, sans jamais essayer de les surplomber par une morale toute faite. Quoi qu’il raconte, il traite à égalité les certitudes des uns et les errements des autres, et respecte jusqu’au bout ce que son histoire a de bizarre, d’incompréhensible, de vertigineux. C’est que pour lui, le roman semble être avant tout une merveilleuse machine à observer la vie des hommes, pas pour l’expliquer mais pour en souligner l’absurdité. Un non-sens incommensurable, qui poussera les héros de Tortilla Flat à choisir la voie de l’humour et de l’insouciance, mais qui pour l’heure prend un tour plus tragique, à travers le prisme des quatre frères Wayne. Chacun y apportera sa réponse - débauche, religion, rejet des hommes ou sacrifice - mais un point commun les réunit dans ce combat douteux : la volonté de savoir, dans ce chaos, qui on est, qui on veut être, et s’y tenir jusqu’au bout.

En un combat douteux
8
5.

En un combat douteux (1936)

In Dubious Battle

Sortie : 1940 (France). Roman

livre de John Steinbeck

Chaiev a mis 8/10.

Annotation :

Livre âpre, autant pour l’histoire que pour le style, bien loin de Tortilla Flat, la charmante chronique « bum style » parue l’année d’avant. Steinbeck raconte une grève dans une petite vallée où l’on cultive des pommes, organisée par deux communistes - un jeune et un expérimenté - qui face au spectacle offert par l’Humanité, allient idéalisme et désespoir sans que l’un ne parvienne jamais à prendre le pas sur l’autre. Etre humain et solidaire, un sale boulot, mais qu’il faut bien faire, a l’air de dire dans un demi-sourire l’ami John. En attendant, le roman se révèle page après page assez envoutant. Je ne sais pas, en fait le sujet fait assez « romanesque français » des années 40, j’imagine très bien un Sartre essayer ça, et le rater. Ici, Steinbou marche sur des oeufs, mais n’en casse aucun : beaucoup de dialogues, beaucoup de discours, mais contrebalancés par le récit très circonstancié de l’organisation d’un groupe humain en lutte, des personnages auxquels on s’attache immédiatement, et puis comme toujours la distance parfaite pour raconter cette tragédie annoncée, notamment via le regard acéré et sans illusion du merveilleux Doc Burton, un cousin de l’autre Doc, celui de Cannery Row.

Les Pâturages du ciel
7.7
6.

Les Pâturages du ciel (1932)

The Pastures of Heaven

Sortie : 1948 (France). Recueil de nouvelles

livre de John Steinbeck

Chaiev a mis 8/10.

Annotation :

Si le grand point commun des oeuvres de Steinbeck est l’incroyable acuité du regard que l’auteur pose sur ses personnages (avec un mélange de compassion et d’ironie, doublé d’un sens profond de l’observation et d’une absence quasi totale de jugement), leur forme en revanche est toujours très différente, comme s’il lui importait toujours de tenter des expériences narratives inédites pour lui, source d’inspiration et de renouvellement. Bon, là on n’en est qu’au deuxième livre, mais il est néanmoins très différent du précédent, et adopte un principe que Steinou ne reprendra pas, directement inspiré du Winesburg-en-Ohio de Sherwood Anderson : la collection de nouvelles formant un roman, avec lieu unique et retour des personnages d’une histoire à l’autre. Formule chatoyante qui permet des séries de focus tout en gardant un moule commun qui permet d’éviter l’effet heurté des recueils à histoires indépendante. Est-ce un effet voulu, ou Steinbeck a-t-il écrit ces histoires dans l’ordre où on les lit, s’affermissant au fur et à mesure que les pages s’accumulait, en tout cas l’évolution est frappantes : les premières histoires s’attachent à des péripéties assez extrêmes et marquées (folie, malédiction, jalousie…), et puis, presque insensiblement, les récits s’allongent, autour de détails plus fins, plus subtils (la formidable et poignante histoire de Junius Maltby, la curieuse obsession morbide de Bert Monroe traitée d’une façon qui annonce déjà Carver), et l’ouvrage se clôt sur deux textes absolument magistraux, dédiés au thème de l’héritage familial et de la lutte entre volontarisme et résignation, autour de la figure de la Maison : celle de Pat Humbert qui cherche à oublier les fantômes de ses parents et celle de Richard Whiteside qui veut à tout prix fonder une famille prospère. Deux nouvelles qui assure à Steinou l’accès à la Cour des Grands.

Tortilla Flat
7.6
7.

Tortilla Flat (1935)

Sortie : 1944 (France). Roman

livre de John Steinbeck

Chaiev a mis 8/10.

Rue de la Sardine
8
8.

Rue de la Sardine (1945)

Cannery Row

Sortie : septembre 2000 (France). Roman

livre de John Steinbeck

Chaiev a mis 8/10.

Annotation :

Dans la lignée de Tortilla Flat, on retrouve avec grand plaisir les talents de conteur de Steinbeck, se penchant avec tendresse et humour sur les destinées sans importance de quelques vagabonds de la vie. L'occasion de baguenauder parmi des philosophes-sans-le-vouloir pour qui tout est important puisque rien n'a d'importance. Alerte et léger, le texte est néanmoins traversé de fulgurances merveilleuses, comme des éclairs dans un ciel d'été, qui prouvent que derrière le mauvais garnement se tapit un très grand écrivain, qui sait mêler la plus pure réflexion sur la condition humaine aux galéjades les plus fantaisistes. Je ne sait pas ce qu'il en est, mais j'imagine volontiers que Brautigan devait beaucoup aimer ce bon vieux John : "En passant sur une avenue, il fit un signe de bonjour à un chien, qui lui répondit en souriant." Quand on écrit une phrase pareille, on est sauvé pour l'éternité.

Tendre Jeudi
7.9
9.

Tendre Jeudi (1954)

Sweet Thursday

Sortie : 1956 (France). Roman

livre de John Steinbeck

Chaiev a mis 8/10.

Annotation :

Une guerre mondiale plus tard, John revient rue de la Sardine, pour nous donner des nouvelles de Mack, Doc et consorts. Le monde change, les êtres humains non. Enfin si, mais pas vraiment. Vous voyez le tableau. L’écriture de Steinby fait pareil : toujours aussi merveilleuse, et pourtant elle aussi a muri, s’est pondéré, c’est un changement dans la continuité. Alternant les points de vue et les tons narratifs, il nous tricote une joyeuse histoire d’amour et d’amitié, sur fond d’effondrement. C’est tellement doux et piquant qu’on voudrait vivre dans ce bouquin là. Seul reproche à lui faire : il devrait faire 1000, 2000, 3000 pages. 250 c’est ridicule.

La Grande Vallée
7.5
10.

La Grande Vallée (1938)

The Long Valley

Sortie : 1946 (France). Recueil de nouvelles

livre de John Steinbeck

Chaiev a mis 8/10.

Annotation :

Recueil de douze textes pour la plupart déjà parus en revue auparavant, La Grande Vallée reprend le principe des Pâturages du Ciel, en utilisant le cadre de la région natale de Steinbeck - Salinas et ses alentours - comme élément d’unité. Car pour le reste, les histoires sont assez différentes les unes des autres, et offre un panel très varié du talent de l’écrivain. Piochant dans des thèmes tout à tour politiques, psychologiques, sociologiques, bucoliques, Steinou parvient avec son talent habituel à tricoter de petites histoires toutes simples pour nous plonger dans la complexité de l’esprit humain. Le mélange entre cruauté et candeur, qu’il portera à incandescence dans A l’est d’Eden, est déjà présent ici à travers des personnages d’une richesse incroyable, qu’il parvient à camper en quelques détails à travers des dialogues ou des situations qui sont toujours parfaitement dosées entre sens du quotidien et dimension métaphorique. Chacune de ces nouvelles pourrait donner lieu à un roman de 300 pages, mais toute la force et l’élégance de John est de parvenir à les rendre passionnantes en 15 ou 20 pages.

Journal of a Novel
11.

Journal of a Novel (1969)

The East of Eden Letters

Sortie : 1969. Correspondance, Journal & carnet, Version originale

livre de John Steinbeck

Chaiev a mis 8/10 et a écrit une critique.

Les Naufragés de l'autocar
7.6
12.

Les Naufragés de l'autocar (1947)

The Wayward Bus

Sortie : 1949 (France). Roman

livre de John Steinbeck

Chaiev a mis 8/10.

Annotation :

Cette fois, on dirait un film. Unité de lieu et de temps, sens incomparable du récit et du portrait (quelle galerie de personnages ! ), on suit les mésaventures d'un groupe hétérogène coincés dans un bus en panne. John fait ça avec un tel brio qu'on a l'impression d'être assis au fond du véhicule et de tout voir, tout entendre en direct.

La Perle
7.2
13.

La Perle (1947)

The Pearl

Sortie : 1947. Roman

livre de John Steinbeck

Chaiev a mis 8/10 et a écrit une critique.

Annotation :

Pour La perle, John se fait conteur, mais il ne tombe pas dans le piège de la fausse naïveté, il s'invente un style à la fois coupant comme le couteau de Kino le héros, et rond, inattaquable comme la perle géante qu'il découvre au sein des flots. Cette histoire de pauvreté et de mort a beau être très courte, elle est en même temps gonflée comme une orbe monstrueuse, de l'intérieure, prête à craquer. Tellement naturaliste qu'elle devient légendaire, on dirait un chant crépusculaire, sans âge, et c'est tout naturellement que Steinbeck traite son sujet en musicien : le sens s'estompe pour laisser la place aux sensations, à tout se qui se tapit derrière les fragiles mots humains.

Lune noire
7.7
14.

Lune noire (1944)

The Moon Is Down

Sortie : 1994 (France). Roman

livre de John Steinbeck

Chaiev a mis 8/10.

Annotation :

Steibeck aime à changer de style selon les œuvres, c'est un caméléon étonnant, et pour ce court roman de lutte, il cisèle un roman tranchant comme la glace, surtout composé de dialogues, pratiquement une pièce de théâtre (d'ailleurs le titre anglais - the moon is down - est tiré du Macbeth de Shakespeare). C'est que John est pressé : nous sommes en 1942, et l'ennemi n'est pas encore battu, même si partout la Résistance s'organise de mieux en mieux. Lune noire raconte justement l'occupation d'un village scandinave par l'armée du Führer, rendue de plus en plus difficile par le comportement discret mais déterminé des habitants. Sans grands discours, sans grands idéaux, juste une réaction épidermique contre l’oppression, pour maintenir l'étincelle de la Liberté vivace. Peut-être qu'après la Guerre, le roman aurait été différent, mais il aurait perdu cette force incroyable, qu'il tire d'avoir été écrit au milieu du marasme, à deux doigts de la défaite. C'est un acte militant avant d'être une oeuvre littéraire, ou plutôt une œuvre militante, belle, poignante, simple et sincère, qui se paie le luxe de crier à la face d'un monde qui sombre que tout n'est pas encore perdu tant que le courage et la détermination existent.

Le Règne éphémère de Pépin IV
7.1
15.

Le Règne éphémère de Pépin IV (1957)

The Short Reign of Pippin IV : A Fabrication

Sortie : 1957 (France). Roman

livre de John Steinbeck

Chaiev a mis 8/10.

Annotation :

1956. Que faire quand on a derrière soi un chef d'oeuvre comme A l'est d'Eden ? Tout arrêter ? Refaire pareil ? Non, quand on s'appelle John Steinbeck, on peut aussi se souvenir de son voyage à Paris et trousser en quelques semaines un roman absurde et délicieux en partant de l'idée folle que l'Assemblée Nationale française, lasse de voir ses gouvernements successifs tomber au bout de six mois a l'idée saugrenue de rétablir la royauté en désignant un obscur descendant de Charlemagne héritier du trône. Pépin Héristal devient Pépin IV, et les ennuis commencent. Sans se préoccuper de sa réputation ou de ses lecteurs qui l'attendent au tournant, John a dû bien rire en tapotant cette histoire sans queue ni tête sur sa machine à écrire, enfermé dans sa maisonnette de Sag Harbor. Et nous avec.

Les Bohémiens des vendanges
7.8
16.

Les Bohémiens des vendanges (1936)

The harvest gypsies: on the road to the Grapes of wrath

Sortie : 1936. Essai

livre de John Steinbeck

Chaiev a mis 8/10.

Annotation :

A l’été 36, alors que la situation des fermiers du Middle West est devenue intenable à cause de deux ans de sécheresse et de tempêtes de sables, Steinbeck réalise un reportage en sept articles pour le San Francisco News afin de témoigner de la catastrophe humaine en cours dans l’état où sont venus se réfugier la plupart des fermiers à la recherche d’un emploi saisonnier pour survivre. Révulsé par ce qu’il découvre en détail - misère, violence des propriétaires, corruption de l’état, cynisme des nantis - Steinbeck écrira deux ans après Les Raisins de la Colère. Mais avant le roman, le reportage. Et ce qui est magnifique, dans cette courte série très factuelle c’est la forme que prend la colère du jeune écrivain (il a 36 ans mais n’est encore pas très connu, vite catalogué écrivain engagé suite à « En un combat douteux », un gauchiste quoi, insulte suprême dans son pays) : une colère sans aucun débordement, sans cris lyriques, une colère froide qui ne s’exprime pas autrement que par les faits, leur agencement, des chiffres, et des arguments de bons sens. Pas d’égo dans ce texte, mais une personnalité forte. La différence est de taille. Quant à son but, il est double : faire savoir, et en tirer les conclusions selon une éthique fondée sur la dignité humaine. Les USA s’émurent un temps des conditions de vie des « migrants » (non, non, on ne s’amusera pas à tirer des parallèles) mais l’Etat fédéral fut un peu mou à réagir. Heureusement qu’une guerre mondiale donna enfin du travail à tout le monde et tira le pays de sa misère, c’est toujours plus efficace comme ça.

« Mais si, comme l’a déclaré un grand propriétaire terrien, notre agriculture exige à tout prix la création et le maintien d’une classe de péons, il nous faut alors admettre que l’agriculture californienne, sous le masque d’un régime démocratique, est économiquement corrompue. Et si le terrorisme, les atteintes aux droits de l’homme, les punitions, les meurtres par des fonctionnaires, les prises d’otages, le refus de les juger par des jurys sont nécessaires à notre sécurité économique, nous devons nous résoudre à admettre que la démocratie s’éteindra rapidement en Californie où les méthodes fascistes sont plus nombreuses, plus fortement appliquées et plus ouvertement pratiquées que n’importe où ailleurs aux Etats-Unis. »

Le Roi Arthur
7.1
17.

Le Roi Arthur (1976)

et ses preux chevaliers

The Acts of King Arthur and His Noble Knights

Sortie : 1976. Conte

livre de John Steinbeck

Chaiev a mis 7/10.

Annotation :

Grand admirateur du pavé de Mallory, La morte Arthur, John s’est lancé vers la fin de sa vie dans une réécriture en anglais moderne de ce cycle tardif de la Table Ronde (XVe), mais la Camarde ne l’a pas laissé terminer. On n’attendait sûrement pas Steinbeck à ce coin de bois là, mais la première surprise passée (et après quelques chapitres de chauffe) le résultat est assez plaisant. Une fois Merlin évacué, on dirait que John commence à oser s’écarter du texte original, et l’on voit peu à peu les personnages gagner en épaisseur, avec l’invention d’épisodes entiers qui ne sont pas dans l’original - comme l’entrainement d’Yvain par la vieille Lyne. Du coup, les deux derniers chapitres (250 pages sur les 350 totales) sont des petits bijoux, qui font regretter que le manuscrit s’arrête là, comme une série à cliffhanger, avec le baiser fougueux de Guenièvre à Lancelot.

Un Américain à New-York et à Paris
18.

Un Américain à New-York et à Paris

Sortie : 1956 (France). Essai, Culture et société

livre de John Steinbeck

Chaiev a mis 7/10.

Annotation :

Recueil absolument délicieux de petites gourmandises journalistiques écrites par Steinou pour le Figaro Littéraire alors qu’il passait avec sa famille un été à Paris. Si les 5 premiers textes concernent New York et les Etats Unis (dont un texte très amusant sur le grand cirque des primaires électorales - déjà !), toute la suite est centrée sur les impression d’un étranger dans la Ville Lumière. Toujours espiègle et fantaisiste, la plume de John chatouille juste : habitudes culinaires, ambiances des rues, traits culturels, en fait c’est surtout l’occasion de flâner le nez en l’air avec un compagnon en verve, particulièrement charmant et attentionné. Ou comme l’impression à chaque fois de lire la lettre d’un oncle préféré parti de l’autre côté du globe.

La Coupe d'Or
6.9
19.

La Coupe d'Or (1929)

Cup of Gold

Sortie : 1952 (France). Roman

livre de John Steinbeck

Chaiev a mis 7/10.

Annotation :

C'est toujours amusant de lire le premier roman d'un auteur dont on a connu d'abord les œuvres majeures. On y découvre comme ses balbutiements, les premiers mots de l'enfant qui deviendra homme. Il magnifiera sa façon de parler, mais c'est dans ces premiers pas que pourront se comprendre comment il a appris à se tenir debout. Pour ce premier opus, publié en pleine crise de 29, Steinbeck se tourne vers un passé lointain, le XVIIe siècle des pirates de la mer des Antilles. Un décor fait d'aventures et de jungles, mais peint à très grands traits, car ce que Steinbeck poursuit, c'est surtout l'aventure humaine d'un enfant qui ne veut pas grandir. Une aventure tragique qui finit mal évidemment. Alors c'est un peu bancal, John se cherche à l'image de son héros, le récit peine un peu, n'empêche le début dans le pays de Galles mythique, et la fin lors des désenchantements programmés de ce héros mal taillé sont magnifiques. Un conte pour enfant qui se termine en tragédie shakespearienne, tout Steinbeck est là, prêt à exploser.

Un artiste engagé
20.

Un artiste engagé (1966)

America and Americans and Selected Nonfiction

Sortie : 1966. Biographie, Essai

livre de John Steinbeck

Chaiev a mis 6/10.

Annotation :

Le livre est une espèce de waterzoi imaginé pour accompagner le dernier texte de Steinou : L’Amérique et les Américains. Je ne sais pas (mais ça m'étonnerait) si c'est aussi abstrait dans l'original, en tout cas Gallimard n’a aucun scrupule à faire dans le service minimum : date, livre d’origine, inédit ou non, on ne sait rien, pas la moindre notice… non mais faudrait pas non plus s’attendre à ce qu’ils fassent leur boulot d’éditeur, oh ! Bref, c’est aussi contestable qu’un best of en musique classique, je ne vois pas trop l’intérêt de lire trois pages d’un livre quand on pourrait le lire en entier… passons.
Reste que Steinbeck est un conteur formidable, et que ses souvenirs d’enfance, ses aventures zoologiques, touristiques, guerrières, artistiques, amicales, sont de toutes façons savoureuses une fois la frustration passée. Quant au dernier texte - intégral je pense, mais allez savoir avec eux ! - c’est un essai curieux, pour faire le portrait d’un peuple et d’un continent en 150 pages, un peuple que Steinbeck aime et qui, en même temps, l’énerve prodigieusement. Ce n’est certes pas de la haute sociologie, mais c’est pétri de bon sens et l’on peut voir pour une ultime fois Steinbeck réfléchir sans parti pris , face à ce qui lui pose problème, pour essayer de comprendre et d’avancer, en humaniste désespéré mais optimiste. Un mélange qu’il aura su conserver du début à la fin de sa carrière d’homme.

Des souris et des hommes
8
21.

Des souris et des hommes (1937)

(traduction Maurice-Edgar Coindreau)

Of Mice and Men

Sortie : 1939 (France). Roman

livre de John Steinbeck

Chaiev a mis 5/10.

Annotation :

Premier Steinbeck que j'ai lu (et peut être que sans SC et ses avis éclairés, sans Hobbes et son insistance bien venue - non, pas le philosophe du XVIIe - c'eut été le dernier), j'en avais gardé un souvenir exécrable. Tout ce que je déteste dans la littérature étasunienne (heureusement que c'est un grand pays et que tout le monde là bas n'écrit pas comme ça) était là : behaviourisme de mauvais aloi, bons sentiments mielleux, démagogie, appui prolongé sur les glandes lacrymales jusqu'à ce que crises de larmes s'ensuivent, sur-détermination de chaque élément placé là pour resservir plus tard dans la progression de l'intrigue etc etc etc. D'un autre côté, le souvenir en question datant de plus de 25 ans, et les livres du bonhomme étant depuis le satori provoqué par East of Eden devenus parmi mes préférés dans ma bibliothèque (en tout cas en ce qui concerne les étasuniens), je voulais en avoir le coeur net, j'étais ravi de penser que j'avais pu me planter à ce point là, je riais déjà à l'idée de ce gamin péremptoire qui avait failli me faire passer à côté d'un génie. Bah… Non, je déteste ce livre. Connaissant mieux Steinbeck, j'enlève l'accusation de démagogie (même si c'est un peu putassier quand même, je suis sûr que c'est pour la bonne cause), mais pour le reste je n'arrive pas à me raisonner. Même le style façon pièce de théâtre me saoule (alors que je trouve ça plus réussi et plus adéquat dans Lune noire). On dirait un mélange de Tennessee Williams et d'Hemingway (beurk, beurk, beurk et beurk), j'imagine que Kazan aurait adoré l'adapter au cinéma. Bref, je passe mon tour (et si je ne baisse pas à 4, c'est juste par dévotion pour John).

Chaiev

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