Une des nombreuses bases de la littérature fantastique

Il est toujours difficile de parler d'un recueil de nouvelles, surtout quand celui-ci n'est pas relié par un fil rouge ou une thématique précise. La première intégrale des nouvelles de Richard Matheson, écrites entre 1950 et 1953, est effectivement très hétéroclite, et spoiler : j'ai beaucoup aimé.

On peut se rendre compte a la lecture de ce recueil que l'auteur a directement abordé de nombreux genres dès le début de sa carrière : principalement l'horreur/fantastique ("Né de l'homme et de la femme", "L'habit fait l'homme", "La voie du sang"), la sf ("Quand le veilleur s'endort", "Retour à zéro", "La chose"), mais également le policier ("Toilettes pour hommes seuls"). Et même si ces genres de prédilection sont la sf et le fantastique, il incorpore beaucoup d'originalité dans ses histoires, et on comprend comment ces récits ont pu inspirer des auteurs comme Harlan Ellison, ou bien Stephen King.

Je vous partage les nouvelles qui m'ont marqué et que j'ai vraiment trouvé excellentes :

• "L'habit fait l'homme" : Une nouvelle d'horreur/fantastique comique (?). J'ai adoré.
• "La robe de soie blanche" : Une excellente histoire de fantômes, une ambiance hyper immersive, effrayant.
• "La maison enragée" : La plus longue nouvelle du recueil (40 pages), horrifique. Une ambiance géniale jusqu'au bout, une tragédie fantastique excellente.
• "Nef de mort" : Excellente nouvelle de sf/fantastique. Beaucoup de rebondissements rendent la lecture haletante et passionnante, jusqu'à la révélation finale que je n'ai pas vu arrivé, et qui conclut parfaitement le récit. C'est une nouvelle géniale, et une des meilleures du recueil.
• "La boucle est bouclée" : Une superbe nouvelle de "sf", plus qu'excellente, qui livre un message TRÈS important. Ça fait chaud au cœur de lire des nouvelles comme ça. La fin est extrêmement triste, et malheureusement Matheson touche un point sensible et défaillant de notre société : le manque d'engagement. C'est un texte aux magnifiques valeurs, qui nous fait nous remettre en question, et qui m'a touché.
• "Le dernier jour" : Une magnifique nouvelle, où l'on suit un homme qui vit le dernier jour de l'humanité. Une histoire porté sur l'émotion, magnifique, avec des personnages et des thèmes très intéressants. Tout y est, et j'ai juste passé un moment génial. Surement un grand classique de l'auteur, et une des meilleures nouvelles du recueil évidemment.

On sent tout de suite que certains grands textes ont dû marquer d'autres auteurs et les ont inspirés : je pense notamment à Stephen King (je trouve que la nouvelle "Une résidence de haut vol" est assez similaire à "La Maison de Mapple Street", de même que "Le dernier jour" résonne particulièrement avec "Le Fléau"). J'ai également trouvé une certaine ressemblance entre la nouvelle "À qui le tour ?" de Ray Bradbuy et "La maison enragée" de Matheson (mais qui a influencé qui ? Impossible de le savoir).

Certes il y a certaines nouvelles que j'ai moins apprécié et qui m'ont beaucoup moins marquées (pour en citer 3 : "Quand le veilleur s'endort", "La chose", "Mamour quand tu es près de moi"), mais globalement j'ai passé un très bon moment et j'ai adoré découvrir les nouvelles de Richard Matheson. Je vous recommande cette intégrale si vous souhaitez découvrir les bases de la littérature fantastique des années 50, ou si vous voulez simplement frissonner devant de courts textes (honnêtement, je me suis bien c*** dessus à la lecture de certaines nouvelles). Une excellente lecture, et j'ai hâte de me lancer dans les deux intégrales suivantes !