L'idée d'écrire un livre d'histoire globale en examinant les évènements et les micro-évènements de la seule année 428 après J.C. s'avère séduisante. La formule a tout pour plaire ; elle a d'ailleurs été déjà explorée pour des dates marquantes telles que l'An Mil (Duby) ou 1492 (Attali). Ce nouveau livre " annuel " est l'œuvre d'un professeur d'histoire romaine à la Sorbonne qui ne badine pas avec le genre : il n'aborde que les faits attestés par l'archéologie et par les textes. Le résultat est solide mais un peu lourd pour le dilettante. Accomplissant un tour de la Méditerranée dans le sens inverse des aiguilles d'une montre, commençant par l'Arménie et terminant dans l'Empire Sassanide, le voyage conduit à visiter les différentes parties de l'Empire et de ses marches. L'information est riche dans les domaines qui ont laissé des écrits. En politique, les gouvernants et les généraux livrent des portraits précis et des témoignages des actions entreprises. La documentation excelle dans le domaine religieux dont les hérésies sont présentées avec des détails fort intéressants. A l'issue de ce tour de la Méditerranée, on apprécie d'avoir fait le point sur une période pas aussi banale que l'annonce l'auteur car la référence à la seule année n'est qu'un prétexte pour décrire un temps plus long. La lecture vaut vraiment la peine mais il n'en demeure pas moins de petits regrets. D'abord, le choix de s'en tenir à une stricte historiographie fondée sur les textes et les monuments restreint le champ d'observation à une histoire par le haut qui laisse de côté les mentalités et la culture matérielle. On apprend tout des batailles et des mariages des princes, ainsi que des disputes théologiques mais rien de la vie quotidienne des populations. Ensuite, on regrette un peu que l'auteur se soit cantonné dans son domaine d'expertise reconnu : l'Antiquité romaine tardive. Ce qui déjà n'est pas mal. Mais les ouvertures sur l'Inde (qui est succinctement mentionnée) ou sur la Chine entraperçue, ne donnent pas lieu à une prise en compte des connexions. Quant à l'Afrique, dont on sait que pour les Romains elle ne désignait que la côte Sud de la mer, elle existait pourtant déjà en tant que continent au-delà de la Nubie. Dans ce livre l'histoire est peut-être globale, mais elle n'est pas vraiment connectée.