"Dix-quatre. Trois-dix-deux multiple. Douze-huit"
Écrit à la première personne, noyé dans les sigles d'agences gouvernementales jamais traduites, les références culturelles toujours traduites (on a droit au dahu et à téléfoot), les codes de communication, les lieux communs et les points d'exclamation, Quatre jours avant Noël est un livre que je me suis forcé à terminer.
À l'évidence, ce livre est un épisode d'une série de romans policiers. Les personnages sont sans doute introduits dans les précédents car ici, ils sont très nombreux et pratiquement indiscernables. Ils n'ont absolument aucune personnalité ou trait caractéristique, juste un nom ou une fonction (parfois les deux). J'ai eu un mal fou à les retenir et puis finalement, je n'ai plus fait l'effort. Dans ma tête ils étaient tous des agents sans visage, aux costumes sombres, tous identiques. Le héros, Carl Houseman est shérif dans l'Iowa. L'auteur est un ancien shérif. L'idée générale de ce roman, et de la série sans doute, est de présenter le quotidien d'un shérif dans une bourgade perdue du cœur de l'Amérique. On nous parle de paperasse, d'interaction avec les agences de l'État, du gouvernement et aussi de combien les avocats et les juges entravent finalement le travail de terrain. Les relents assez nauséabonds d'une telle thèse pourraient faire le sel du récit si il y avait un jugement sur le narrateur. Ici, cette subtilité n'est pas de mise. Le narrateur = l'auteur, et c'est tout. Aucune distanciation quelle qu'elle soit. C'est très chiant.
Le roman pourrait se situer à peu près n'importe où puisque jamais aucune description ou scène d'ambiance ne ponctue l'intrigue. Il n'y a pratiquement que des dialogues et des scènes d'action. La construction du roman n'est pas inintéressante (deux histoires croisées qui se rejoignent) mais le résultat est très mou et c'est sans doute une occasion ratée.
Je suis assez surpris qu'un tel roman ait été traduit au final. C'est extrêmement conservateur dans le propos et il y a beaucoup d'occasions manquées pour rendre cela un peu plus vivant.