Du baiser d'avril au baiser de la mort

Que l'histoire se déroule en hiver ou en automne, en été ou comme ici au printemps, les romans de McBain s'ouvrent toujours par des considérations météorologiques. Outre qu'elles fixent un cadre temporel à l'histoire à venir, elles permettent surtout au lecteur d'entrer dans le roman de la manière la plus agréable qui soit : les sens en éveil.
" Avril arrivait, cette année-là, comme une jeune fille à son premier bal. Délicatement parfumée, en robe de brume légère et couronnée de fleurs. Un rayon de soleil caressait doucement la façade grise de l'immeuble de Grover Avenue, forçait les fenêtres à barreaux et transformait les inspecteurs du 87ème en poètes amoureux.
Steve Carella leva le nez de son fichier et se rappela ses treize ans et son premier baiser. Cela s'était passé par une nuit d'avril, il y avait longtemps."


Régulièrement, dans ces romans dits du "87ème" les inspecteurs - Kling, Byrnes, Meyer...- se retrouvent confrontés à un criminel récurent particulièrement intelligent et retors. Surnommé le Sourd (ou le Sourdingue selon les traductions) du fait qu'il porte un appareillage et qu'il parle fort, ce sinistre personnage ourdit les plans les plus machiavéliques qui soient tout en réussissant toujours à se carapater en cas de mise en échec par la police. Une sorte de Moriarty dur de la feuille et nerveux de la gâchette. Tous les inspecteurs du 87ème nourriront une rancœur particulière contre ce meurtrier coupable d'avoir mortellement blessé l'inspecteur Carella au cours d'une banale interpellation. Une rencontre funeste maintes fois évoquée dans les romans qui ont suivi A la bonne heure et qui constitue un moment clef de la saga policière inventé par McBain autour de Carella et ses sympathiques collègues.


C'est totalement par hasard, abordant ici une énième enquête du 87ème (que je lis dans un certain désordre chronologique) que j'eus la surprise de tomber sur la scène en question : le Sourdingue blessant à mort le valeureux Steve Carella. Ne serait-ce qu'à ce titre, "A la bonne heure" qui déroule de façon assez classique son enquête policière est à classer à part.
Un très bon polar à l'ancienne.

Theloma
8
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le 2 oct. 2019

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Theloma

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