C'est le maire-adjoint de la ville de Paris qui écrit le livre, et y raconte le bras de fer entre une administration qui se décrit soucieuse de préserver un droit à la ville pour tous et toutes, et les grandes firmes américaines qui privatisent toujours plus des services de base. Bon, ça on a déjà beaucoup entendu si on s'intéresse même un tout petit peu aux débats autour de Facebook etc.
Pas de surprise sur le plan politique donc. Mais le livre est aussi une très bonne intro aux enjeux du droit à la ville, du fait que la propagation d'un service comme AirBnB a un impact très large et ramifié sur l'espace que nous partageons. D'une part en ce qu'il modifie l'accès que certaines classes sociales peuvent y avoir, et d'autre part en modifiant le paysage urbain lui-même (par le changement de consommation et d'usage de cet espace, qui finit par refléter ceux-ci pour devenir, par exemple, une série de chaînes de supermarchés ouvert tard le soir au détriment de boutiques locales). Il y a aussi des explications sur toute la superstructure financière, non seulement les mécanismes de taxation habituels des multinationales qui évitent l'impôt, mais aussi les moyens comme les cartes de paiement type Pyoneer qui permettent à tout le monde de blanchir des petites ou grosses sommes.
La question du droit à la ville est donc bien posée et a été pour moi le plus intéressant du livre, bien que le reste du combat contre le mépris les multinationales qui exploitent les biens privés comme publics soit aussi une bonne lecture. Ca se lit vite et bien et permet de poursuivre, notamment en allant voir du côté des références comme David Harvey, qui semble beaucoup influencer la lecture de Brossat. Vu que c'est un des grands penseurs marxistes de notre époque, et qu'il pense en tant que géographe (par ailleurs auteur d'un ouvrage sur Paris, "Paris capitale de la modernité"), ça donne envie de poursuivre.