Ce récit (1864), le premier à tendance fantastique de Tourgueniev, met en scène un homme rencontrant une jeune femme (Ellis) qui se présente comme un véritable spectre, bien que le doute soit permis sur sa nature exacte, puisqu’elle emporte le narrateur dans les airs et réussit à se déplacer d’une ville à une autre de façon quasi instantanée.


Le narrateur est un propriétaire terrien apparemment célibataire. Son comportement est surprenant puisqu’il répond assez naturellement à l’appel d’une voix féminine provenant de nulle part. Cette voix lui demande (fermement) de le rejoindre de nuit, sous un chêne. Le premier signe inattendu était un bruit ressemblant à celui d’une corde d’un instrument, corde vibrante. La voix se fait convaincante en affirmant au narrateur qu’elle l’aime. Il n’en faudra pas plus (sinon cette demande et cette affirmation répétées) pour que le narrateur accepte le rendez-vous. C’est là qu’il observe Ellis, comme un fantôme ou un spectre issu d’une lueur blanchâtre produite par la Lune. Une entité qui réussit néanmoins à emporter le narrateur dans ses bras et à le faire voyager à sa demande dans toute l’Europe (depuis l’immense Russie) pour observer des situations assez diverses.


Le narrateur en est parfois effrayé et finit par demander à rentrer chez lui. On remarque qu’Ellis accepte les destinations les plus diverses mais ne répond pas aux questions, en particulier sur sa nature et son identité. Le narrateur décrit le paysage Russe avec amour, ce qui ne l’empêche pas d’éprouver un certain dépit en retrouvant finalement son domicile. Un retour marqué par l’observation d’une créature monstrueuse et menaçante, même pour Ellis…


Ce bref récit (une cinquantaine de pages pour 25 chapitres) au style simple mais précis dans ses descriptions et bien suggestif dans son approche fantastique, surprend d’un maître du réalisme, au point que son interprétation peut laisser perplexe. Un homme ordinaire ressemblant à l’auteur est confronté à une image symbolique de la femme : aspect physique flou, mais une voix irrésistible. La femme est mystérieuse et insaisissable. De plus, si elle cède aux idées d’évasion par le voyage, elle se montre assez impérieuse, laissant entendre que l’homme devrait se laisser emporter par son amour sans chercher à en savoir plus. L’important est d’explorer l’incroyable diversité de notre monde en conservant la capacité d’émerveillement. L’amour reste un mystère qui permet de vivre ce qu’on ose à peine imaginer. Le retour au confort du domicile s’accompagne d’une menace mortelle.


C’est là qu’est l’os…

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le 15 janv. 2015

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