La « position dans le monde de Lenz Buchmann » — c’est le sous-titre d’"Apprendre à prier à l’ère de la technique" — fait peur : médecin virant homme politique carriériste, cynique sans s’en rendre compte, pour qui « la compassion était […] "un outil inutile pour l’existence", qui techniquement ne réglait rien » (p. 64-65), et qui finalement ne respecte ni n’estime personne d’autre que lui. Voilà pour l’anti-héros, qui au bout du compte n’essaiera jamais d’apprendre à prier, et ne tirera de leçon de rien. (Je laisse volontairement de côté toute lecture qu’on pourrait faire de ce roman dans une perspective de critique sociale, quand bien même Lenz Buchmann constitue un parangon de surhomme nietzschéen en société ultra-libérale…)
On n’est pas loin de la parabole, quoique le roman fasse ses trois cent cinquante pages bien tassées, et on retrouve l’humour noir de "Jérusalem". Cela dit, même si les trois grandes parties du texte soient de plus en plus courtes, "Apprendre à prier à l’ère de la technique" manque parfois de rythme. Cela reste intéressant en tant que vie imaginaire d’un monstre crédible.
Alcofribas
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le 4 févr. 2015

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