Quand une petite maison d'édition décide de sortir un recueil de nouvelles d'un auteur de SF au prestige gigantesque, cela donne Baroudeur. ActuSF a rassemblé cinq nouvelles de l'auteur de San Francisco dans une de ses dernières parutions. Aucune de ces histoires n'est inédite, mais il y a fort à parier que peu de lecteurs les connaissent. Déjà une bonne raison de découvrir le recueil.
Dans La Princesse enchantée, le lecteur découvrira comment la cécité d'une jeune femme peut cacher un terrible secret. Cette première nouvelle introduit en douceur le lecteur dans le recueil, en lui présentant une facette peu habituelle de Jack Vance : celle d'un auteur capable de captiver son lectorat sans le transporter sur un autre monde et dans des sociétés étourdissantes.
Le ton convenu et la conclusion relativement attendue de cette nouvelle n'en font pas la meilleure de Baroudeur, mais elle ne démérite pas.
Avec Personnes déplacées, Jack Vance ne nous fait pas quitter la Terre. Il décrit la soudaine apparition d'une population troglodyte fuyant les profondeurs de la terre et envahissant les massifs autrichiens. Cela n'est pas sans causer d'énormes problèmes humanitaires. Cette nouvelle est surtout une critique avisée et virulante de l'inefficace Organisation des Nations Unies, dont les membres se montrent surtout désunis et bien hypocrites vis-à-vis des pauvres troglodytes.
Une petite merveille !
Papillon de Lune renforce l'excellente qualité de Baroudeur. Cette nouvelle dans le plus pur style vancien transporte le lecteur sur Sirène, une planète dont les habitants ne sortent jamais sans leurs masques. L'attaché consulaire des Planètes Mères Edwer Thissel a été nommé à ce poste depuis peu lorsqu'il reçoit la mission d'accueillir l'assassin Haxo Angmark pour l'appréhender. Mais ce dernier lui échappe. Comment démasquer – c'est bien le mot ! – Angmark ? C'est la difficile question à laquelle devra répondre Thissel.
Papillon de Lune est la deuxième merveille du recueil, où on trouve un Vance digne de Tschaï, des Mondes d'Alastor ou de La Planète Géante.
Le Bruit est une nouvelle qui laisse moins bonne impression. Elle est constituée d'extraits du journal de Howard Charles Evans, échoué sur une planète inconnue. Il y fait l'expérience de visions et de sons émis par les habitants quasi invisibles des lieux.
La nouvelle, poétique, ne m'a laissé que peu de souvenirs, signe qu'elle n'est pas du même niveau que les précédentes. Peut-être parce que c'est en fin de compte une petite histoire de rencontre humain/extraterrestre assez classique.
Baroudeur s'achève avec Le Temple de Han, une nouvelle qui a pour protagonistes un voleur aux prises avec les Hans, un peuple extraterrestre intransigeant servant un dieu aux pouvoirs dignes d'une puissance supérieure. Découverte d'un peuple exotique, rencontre avec des créatures fantasmagoriques, personnage principal d'aventurier dont l'intrépidité mène aux pires ennuis, nous sommes dans une configuration parfaitement vancienne.
Miam, miam ! C'est très bon.
Avec Baroudeur, les éditions ActuSF nous régalent, qu'on soit fan ou pas de Vance. Merci Les Trois Souhaits.