Un roman ado osé, détonnant et jouissif !
Tout d'abord, on doit parler de la couverture. La couverture, c'est toujours important lors du choix. Le nom de l'auteur, la couverture, le résumé, la presse, le bouche-à-oreille. Dans quel sens ? Je ne sais pas. Mais en tout cas, la couverture a son mot à dire. Parfois, c'est bien dommage. Parce que, si celle-ci retranscrit plutôt très bien le roman, elle est indéniablement dépourvue de la moindre beauté, voire du moindre goût. C'est d'autant plus dommage qu'il s'agit de littérature à destination des adolescents, qui plus est de sexe féminin. Donc (ouh le vilain cliché !), l'apparence est primordiale.
Enchaînons vite avec l'histoire, pour que vous ne décrochiez pas. Un avion de jeunes miss en devenir s'écrase sur une île déserte. Les survivantes vont apprendre à se connaître et à survivre, ce qui se révèle n'être pas une mince affaire. Conflits d'intérêts, crêpages de chignon, révélations personnelles, rebondissements en tout genre et à tout moment, aventure à foison, suspense intenable, histoires de filles, etc. Tout, tout, vous trouverez tout dans ce roman !
Plus sérieusement, et pour faire court, si l'idée de départ pourra paraître à certains géniale, elle paraîtra à bien d'autres grotesque, niaise, voire à chier. Comme pour la première de couverture, ma première réaction fut un vif mouvement de recul aussi bien physique que mental, suivi d'une expression de dégoût partagée par quelques collègues (je suis libraire).
Cela dit, j'ai été très très agréablement surpris dès les premières pages.
Construction originale, sujet bateau (et de bateaux, il en sera question, entre les pirates de télé-réalité et le yacht d'un dictateur pas très net) mais tellement propice à nombre de scènes absolument exquises, galerie de personnages osée et démesurée (vous croiserez notamment la bimbo de service en guerre contre l'intello, une black et une indienne qui se feront la guerre persuadées que le jury ne gardera pas deux filles de couleur dans les cinq finalistes, une lesbienne qui fait la cours à une sourde, et même une trans!), humour ravageur, folie certaine de la part de l'auteure qui déborde sur tout le roman, hommage ou inspiration bien tourné (en vrac et de façon non exhaustive : Sa majesté des mouches, Lost, Miss France, le pire de la télé-réalité et de la pub), et j'en passe.
Voilà un roman qui ne se prend pas la tête, qui ne se fout pas de la gueule de son public, qui ose ce que j'ai rarement vu en jeunesse (un peu de cul, des personnages hyper atypiques, une construction qui en déroutera certain(e)s, etc.). Le seul (vrai) point négatif (en dehors de sa couverture hideuse) que j'ai à lui faire, c'est une conception un peu trop manichéenne de la société, genre « les riches : tous des pourris ». Mais sinon, la critique, acerbe comme il faut, est bonne à prendre à destination d'un public qui se délecte de Gossip Girl, des Menteuses et de Twilight.
Transgressif, osé, hilarant, féministe, jouissif, Belles dans la jungle n'est pas à mettre entre toutes les mains (pas avant 15 ans, sauf très bon(ne) lecteur(trice) ouvert(e) d'esprit), mais putain, qu'est-ce que c'est bon !