Quatre veuves, Dora, Susan, Milka et Beatriz, partagent un appartement à Berazachussetts, ville imaginaire d'Argentine, où elles mènent une petite vie tranquille entre copines. Lors d’une promenade en forêt, elles tombent nez à nez avec le corps inerte, énorme et dénudé de Trash. Croyant qu’elle a été victime d’un viol, elles la recueillent, avec beaucoup de peine …

Et c’est là que tout va dérailler car Trash, plante impressionnante aux cheveux fuchsia intense et aux seins gros comme des ballons de basket, fan de musique et de mode punk, est une authentique zombie, dont le régime favori est constitué exclusivement de bière et de viande humaine, les deux de préférence fraîches.

Tout va donc partir en vrille avec le détonateur Trash, entre les quatre veuves rangées qui révèlent tout à coup leurs dessous nymphomanes ou criminels, et dans toute la bonne ville de Berazachussetts, avec ses fils à papa amateurs de snuff movies, ses politiciens méprisants et ses pingouins en cage à tous les carrefours pour attirer les touristes, une histoire délirante drôle et glauque comme une bonne série Z, dans laquelle Trash apparaît finalement comme la plus sympathique de tous les personnages.

«Aujourd’hui, on passe la journée ensemble, annonça Saavedra. Qu’est-ce que tu as envie de faire ?
- Je ne sais pas, répondit Dora en faisant sa timide, c’est toi qui décide.
- Ça te plairait de voyager dans le temps, vers le passé ?
- Arrête ! Tu veux me faire croire que tu as une machine qui fait ça ?
- Bon, plus ou moins, c’est une façon de parler… Ce que je te propose, c’est d’aller passer un moment chez les pauvres ; tu sais, ils vivent complètement attardés, à des années lumière d’ici… C’est amusant, un peu comme partir pour un safari en Afrique, mais plus près.»

Berazachussetts, est une ville fantaisiste, mais pas tout à fait inventée comme nous le dit Hélène Serrano, la traductrice, en postface. Sous le délire apparent qui s’empare de cette ville, on peut lire une histoire corrosive conçue pour attaquer jusqu'à l’os les dérives d’une société argentine en pourrissement : politiciens obnubilés par les symboles du pouvoir et de l’argent, et se moquant éperdument des problèmes réels des argentins, classe dominante totalement pervertie, ravages de la drogue ...

Entre le grand éclat de rire et le coup de poing dans le ventre.
MarianneL
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le 6 mars 2014

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