Carnival city
7.2
Carnival city

livre de Rawi Hage ()

« Carnival City », le Chicago entêtant de Rawi Hage

Itinéraire d’un chauffeur de taxi
Dans « Carnival City » on suit Fly, protagoniste au passé peu banal. Ayant grandit dans un cirque, il a été élevé par toute la petite troupe après le décès de sa mère et la volatilisation de son père. Les portraits des membres atypiques de cette troupe sont recensés au fil du roman, comme disséminés.
De son enfance curieuse, Fly a su conserver un goût immodéré pour la curiosité. Ce qu’il assouvit avec sa profession : chauffeur de taxi.
Il y a deux types de chauffeur de taxi : les araignées et les mouches. Statiques, les premières sont à l’affut du bon coup moyennement un minimum de déplacement. Des sédentaires attendant leur proie. Les mouches, quant à elles, se meuvent sans discontinuer. Demeurer sur place est, pour elles, impensable. Le mouvement leur est vital.
Fly, comme son nom l’indique, est de cette espèce. Il erre dans les rues d’un Chicago en plein carnaval. Sa profession l’amène à croiser prostituées, transexuels, fils à papa et maquereaux.

Questions de foi
Mais Fly affectionne également de rentrer chez lui, dans son appartement rempli de livre. Ainsi, il ne désespère pas de croiser sur son palier la jolie Zaïnab, sa voisine maghrebine, jolie étudiante en théologie. Entre deux discussions sur Dieu il ne manque pas de lui proposer un verre. En vain. Il faut dire que lorsqu’ils traitent de Dieu, ils s’accrochent toujours un peu :
« Fly, la religion est là, elle sera toujours là.
Est-ce que je vais te revoir ? j’ai demandé.
Je ne crois pas, Fly.
Pour une fois, tu ne crois pas.
Elle a souri et elle a dit : Toi, Fly, en quoi crois-tu ? Pour quoi vis-tu ?
En quoi croient les étoiles, Zaïnab ? Où vont les chevaux, que vénèrent les oiseaux, pour quoi vivent les fleuves ? »

Un roman étourdissant
Etrange roman que ce « Carnival City ». Mais peut-être n’en est-ce pas vraiment un ? Comment ne pas voir au travers de tant de protagonistes et de leurs innombrables récits un livre éclaté se picorant comme autant d’écueils de nouvelles ? Carnival City, c’est le chant de la ville en ébullition permanente, c’est la vie et le terne. Une tour de Babel aux cent nuances de rouge et de gris.
Coke, meurtre, truande. Pas grand-chose pour sauver le tableau si ce n’est quelques oiseaux volants, de passages, dont Zaïnab, la sublime. Et le ton emporté, souvent désinvolte de notre protagoniste itinérant.
Une lecture qui séduit et désoriente, à l’instar de la couverture qui – une fois n’est pas coutume – est travaillée et révélatrice du contenu.
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le 23 juil. 2014

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Anthony Boyer

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