Ce qu'aimer veut dire par Nina in the rain

Ce qu'aimer veut dire est un roman ambivalent, à la fois très « mode » et très intense, inscrit dans une époque et intemporel. Dans ces pages, Mathieu Lindon évoque amours et amitiés, Hervé Guibert, Michel Foucault, son père ... mais aussi drogue, sexe et certainement rock and roll. Une adolescence classique, marquée par l'entourage paternel. Ça me parle, je pense que les fils et filles de ont des points communs, et que l'un d'eux est cette facilité, cette chance qui se change parfois en déveine, à atteindre des personnes dont tout le monde souhaiterait pouvoir serrer la main. La présence de Robbe-Grillet et Duras dans un jury le rassure car ce sont des têtes connues. Il parle de son père avec Foucault. Et dans un monde légèrement halluciné, il sent qu'il lui faut grandir plus vite que les autres, vivre des expériences d'adulte avant d'avoir terminé son enfance.

Au début du roman j'ai été surprise par ces récits de beuveries, de drogue... et puis je me suis laissée happer par la force de l'écriture et de l'amour qui transparait dans chaque page, chaque phrase, chaque mot même ! Et à cette lecture on se dit que Mathieu Lindon a eu de la chance, non pas de naître dans une famille de culture, mais de naître dans une famille d'amour. Chaque expérience a été faite avec l'assurance tranquille que son père l'aimait, ce qui me semble être le meilleur des visas pour la réussite d'une vie. Il parle peu de sa mère, de son frère ou de sa sœur, mais son père est omniprésent telle une figure tutélaire et c'est cette certitude qui lui permet de grandir, de faire des erreurs et des choses admirables.

J'ai été profondément émue par ce texte qui semble mettre en paroles ce que j'ai toujours ressenti, ce paradoxe qui dit que des parents n'ont pas besoin d'être physiquement là pour être présents, que le cocon dont ils vous entourent ne doit pas être palpable mais immatériel. Que l'amour me semble plus important que le plat chaud, et que cette vision du monde permet à l'enfant de grandir dans un monde de confiance, où il aime et est aimé sans complexe et sans difficulté. Sans l'amour de Jérôme, Mathieu n'aurait pas pu aimer comme il l'a fait, un groupe d'amis solides, des amants, une espèce de débauche de sentiments qu'on ne peut que lui envier.

Parce que fondamentalement, ce roman ne parle pas de Jérôme Lindon mais de Michel Foucault, ami dont Mathieu Lindon semble penser qu'il a été l'un des personnages les plus importants de sa vie. Mais à travers cet amour, cette admiration du jeune garçon envers l'homme mûr, transparaît forcément le besoin de filiation du jeune garçon. Foucault se monter d'ailleurs très paternel avec Mathieu, écoutant ses histoires, rencontrant ses amis, l'hébergeant ...

Ce qu'aimer veut dire est un roman splendide que j'ai envie de conseiller à tout le monde autour de moi, tant il m'a profondément touchée et, quelque part, apaisée. C'est un texte superbe qui va rester en bonne place dans ma bibliothèque, à relire régulièrement, à prêter peut-être mais surtout à célébrer.
Ninaintherain
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le 26 mars 2012

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