Cranach
Cranach

livre ()

En cette période estivale, si vous voulez voir des femmes nues, le mieux est probablement de choisir une plage sur nos belles côtes touristiques. Préférant l’art au voyeurisme, j’ai emprunté ce livre en médiathèque pour mieux connaître un peintre que je connaissais de réputation, mais somme toute assez vaguement. Le livre a attiré mon attention par son format original et son aspect soigné : un bel objet.

L’intérêt du livre est qu’il peut être parcouru rapidement, puisqu’il ne comporte que 17 pages de texte, notes comprises (plus deux autres à la fin pour la table des légendes qui permettent d’en savoir plus sur les illustrations). J’ai ainsi découvert la biographie d’un peintre (1472-1553) qui, en quelque sorte est né avec l’imprimerie (ce que l’éditeur fait justement sentir dans son achevé d’imprimé) et a été le contemporain de Dürer (1471-1528), Grünewald (1475- ˜ 1529) et Holbein (1497-1543) ses compatriotes allemands, ainsi que les Bellini, Mantegna, Botticelli, Michel-Ange et Leonard de Vinci en Italie, mais aussi quelques-uns en Flandres.

On ne sait rien de ses premières années jusque 1505, année où il répond à l’appel de Frédéric le sage, Prince électeur de Saxe qui fait de l’humble cité de Wittenberg une ville brillante. Dans la cathédrale, s’y sont trouvés au moins 19 retables peints par Cranach, Dürer et des artistes flamands. Cranach a exécuté de nombreuses œuvres religieuses ainsi que des portraits signés avec son blason accordé par Frédéric le sage.

En 1520, Cranach est devenu ami avec Luther, l’artisan de la Réforme. Il est donc clairement en opposition avec le Vatican. Cranach peint longtemps, même après la mort de Frédéric le sage, ainsi qu’après être devenu bourgmestre de Wittenberg.

Ce que ce livre met en lumière, c’est sa manière de peindre des nus féminins en mettant vraiment en valeur les courbes féminines : pas de seins pudiquement cachés chez lui, même s’il peint plutôt des jeunes femmes aux traits fins qui ont des physiques plutôt gracieux et élancés. Rien à voir avec les poitrines opulentes des femmes bien en chair peintes plus tard par Rubens par exemple. Le meilleur exemple de ce style est à mon avis « Vénus » (1532) du Kunstinstitût de Francfort à la page 57 qui présente une femme au visage finement travaillé, chevelure attachée et probablement tressée, debout sur un fond noir dans une posture mettant bien en valeur sa nudité (justifiant ainsi le titre de cette critique), avec un voile quasiment transparent qu’elle tient des deux mains, prête à le poser négligemment sur ses épaules. Elle arbore un collier et un pendentif.

http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/b/b0/Lucas_Cranach_d.%C3%84._-_Venus_%28St%C3%A4delsches_Kunstinstitut%29.jpg

Cranach marque les débuts de ce qu’on appelle le maniérisme, mais le livre n’en donne pas vraiment d’explication. L’originalité de Cranach est bien mise en évidence par plus de 70 pages d’illustrations présentant aussi bien des toiles que des gravures. Sujets religieux et portraits (notamment celui d’Henri le Pieux, duc de Saxe (environ 1514) et celui de son épouse la duchesse Catherine, tous deux de la Gemäldegalerie Alte Meister de Dresde aux pages 38-39 qui sont d’une grande richesse dans les détails et les couleurs.

Ce livre est constitué de textes très divers rassemblés par Jacques Damase, éditeur. Ces textes sont de Elie Faure (Histoire de l’art, 1914), Max J Friedländer (extraits d’une introduction 1932, traduction de 1978 par J Chavy pour Flammarion), Jakob Rosenberg (extraits de son addendum à l’introduction de Max J Friedländer, Flammarion, 1978), Maurice Raynal (Mythologie des Cranach, Minautore n° 9, 1936), Christian Zervos (L’œuvre de Lukas Cranach l’ancien, Cahier d’Art, 1950 et D. Schwarz (Permanence de la beauté dans Chefs-d’œuvre de l’art, Hachette, 1967). Ces textes d’origine et d’époques variés, parfois seulement en extraits, apportent des informations, mais le tout manque d’unité. Le livre permet donc une première approche qui donne envie d’en savoir plus.
Electron
7
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Lus en 2013

Créée

le 10 juil. 2013

Critique lue 260 fois

22 j'aime

3 commentaires

Electron

Écrit par

Critique lue 260 fois

22
3

Du même critique

Un jour sans fin
Electron
8

Parce qu’elle le vaut bien

Phil Connors (Bill Murray) est présentateur météo à la télévision de Pittsburgh. Se prenant pour une vedette, il rechigne à couvrir encore une fois le jour de la marmotte à Punxsutawney, charmante...

le 26 juin 2013

111 j'aime

31

Vivarium
Electron
7

Vol dans un nid de coucou

L’introduction (pendant le générique) est très annonciatrice du film, avec ce petit du coucou, éclos dans le nid d’une autre espèce et qui finit par en expulser les petits des légitimes...

le 6 nov. 2019

78 j'aime

4

Quai d'Orsay
Electron
8

OTAN en emporte le vent

L’avant-première en présence de Bertrand Tavernier fut un régal. Le débat a mis en évidence sa connaissance encyclopédique du cinéma (son Anthologie du cinéma américain est une référence). Une...

le 5 nov. 2013

78 j'aime

20