C'est l'histoire d'une famille où sont évoquées la grand-mère, la mère (Dilly) et la fille (Eleanora). Les filles sont quelque peu impulsives, passionnées, amoureuses et éprises de liberté. Et jeunes. Les mères sont davantage réfléchies, plus posées. Elles connaissent la vie et ont dû faire des concessions. Les premières s'opposent aux secondes qui tentent de raisonner les premières. C'est le conflit de génération, c'est l'amour d'une mère pour sa fille.
Dilly, âgée et malade nous raconte sa vie, sa jeunesse et sa fuite aux Etats-Unis. Puis son retour, son mariage et son installation sur le sol irlandais. Beaucoup de douleur, de souffrance, de pauvreté, de déception et de frustration dans cette existence tourmentée.
Eleanora, sa fille, prend la suite de la narration. Elle a l'âge qu'avait sa mère à l'époque de son périple américain. Elle aussi a fuit. Mais moins loin : elle s'est contentée de Londres où elle a suivi son époux qu'elle n'aime pas et auquel est se heurte. Pour oublier sa morne vie, elle a pris l'habitude de griffonner des mots, des idées sur un bout de papier. Elle va persévérer et devenir un écrivain talentueux et détesté car elle inclus dans ses pages nombre de personnes qui existent réellement et qui n'apprécient pas de se voir ainsi mis en scène, tourné en ridicule.
Sous des formes et des styles variés (narration au langage parlé, populaire et pas toujours correcte de Dilly, narration bien plus littéraire pour Eleanora, extraits de journal intime, lettres), Edna O'Brien dévoile la tourmente qui bouleverse cette famille. Elle multiplie les personnages, les anecdotes, les points de détail sans jamais fournir une explication au lecteur qui doit faire son possible pour suivre le cours de l'histoire. Tant bien que mal, car ce n'est pas toujours facile de savoir de qui ou de quoi Edna O'Brien parle. De nombreux passages sibyllins ne me livreront pas leurs clés et garderont leur part de mystère. Impossible de savoir si j'étais obtus ou si c'est le texte qui se révélait ardu, voir par moment confus. Dommage.
Dommage aussi cette profusion de références littéraires dans la partie d'Eleanora. J'avais l'impression que l'auteur faisait étalage de sa grande culture citant tour à tour Thomas Mann, Shakespeare, Dickens, Flaubert, Thackeray, Virginia Woolf, Tolstoï, Emily et Charlotte Brontë, Tchékhov... Un peu du remplissage par moment.
BibliOrnitho
3
Écrit par

Créée

le 20 juin 2012

Critique lue 304 fois

BibliOrnitho

Écrit par

Critique lue 304 fois

D'autres avis sur Crépuscule irlandais

Crépuscule irlandais
BibliOrnitho
3

Critique de Crépuscule irlandais par BibliOrnitho

C'est l'histoire d'une famille où sont évoquées la grand-mère, la mère (Dilly) et la fille (Eleanora). Les filles sont quelque peu impulsives, passionnées, amoureuses et éprises de liberté. Et...

le 20 juin 2012

Crépuscule irlandais
Biblio_Anglet
7

Critique de Crépuscule irlandais par Biblio_Anglet

Et voilà encore un excellent roman irlandais. Dans sa jeunesse Dilly a essayé de quitter l'Irlande et a émigré aux Etats-Unis. Après une belle histoire d'amour écourtée « bêtement » elle est rentrée...

le 6 déc. 2011

Crépuscule irlandais
Chach1712
9

Amour amer, amour à mort... amour maternel

« Tel est le courroux des mères, tel est le cri des mères, telle est la lamentation des mères, qui n'en finit pas jusqu'au dernier jour, jusqu'à la dernière nuance bleuâtre, aux fourmis, au...

le 13 févr. 2011

Du même critique

Le Voyage de Chihiro
BibliOrnitho
10

Critique de Le Voyage de Chihiro par BibliOrnitho

Une enfant est affalée sur la banquette arrière d'une voiture, des bagages en tout sens : la famille de Chihiro déménage et arrive dans son nouveau quartier. Mais papa tourne un tout petit peu trop...

le 28 janv. 2014

48 j'aime

3

Le Petit Prince
BibliOrnitho
10

Critique de Le Petit Prince par BibliOrnitho

A cause de la vanité d’une fleur maladroite qui ne sut déclarer son amour et parce qu’il a découvert que l’amour pouvait avoir des épines, le Petit-Prince quitta sa minuscule planète (pas plus grande...

le 5 nov. 2013

48 j'aime

2

Kafka sur le rivage
BibliOrnitho
10

Critique de Kafka sur le rivage par BibliOrnitho

Un chef-d'œuvre qu'il me paraît impossible à résumer. Un récit dense, surréaliste où deux mondes s'entremêlent étroitement. Le jeune Kafka Tamura (le nom est authentique, mais il s'agit d'un prénom...

le 19 juin 2012

42 j'aime

8