Changement radical, réussite quasi-totale

Après le controversé "Hell" puis le plus calme "Bubble Gum", Lolita Pille prend une direction osée pour son troisième roman "Crépuscule Ville". Dans ses précédents livres nous étions dans une dénonciation de la société actuelle et plus particulièrement de la bourgeoisie. Avec ce livre futuriste, nous sommes plongés dans la science-fiction. Le livre commence très fort. On retrouve tous les gimmicks de l'écrivain et notamment celui (et c'est son plus flagrant) où elle passe d'un langage très sophistiqué à un langage bien plus cru. Elle arrive dès les premières pages, où l'on parle de la déchéance de la vie d'un certain Colin Parker, à passionner le lecteur. Après, ça se gâte un petit peu... Voulant montrer qu'elle était inspirée, l'auteur empile des histoires sur d'autres au point d'en étouffer le récit et de perdre, par la même occasion, le lecteur. Si le style est irréprochable dans son ensemble, à force de trituration, elle remet en question l'histoire qui est mise en sourdine pendant quelques bons chapitres. Parfois, à force d'utiliser un vocabulaire pointilleux, il est difficile de toute suivre. Mais quand justement le livre pourrait devenir une grande déception, Lolita Pille redonne du sens et de l'intérêt à son histoire à partir de la troisième partie du roman : Bleu comme l'acier (où le personnage de Blue entre vraiment en action). A partir de cet instant, une longue cavale à travers Clair-ville se met en place et le style arrive enfin à se conjuguer parfaitement avec le récit. Les situations sont bien trouvées et l'auteur montre qu'elle est en possession totale de son sujet (et arrive donc à en tirer le meilleur). On y retrouve de belles réflexions, avec beaucoup d'humour parfois, sur : la chirurgie esthétique et son ridicule, l'informatique et ses "exploits" avec le traceur (étonnement bien en avance sur son temps), la pollution avec le crépuscule, la lutte des classes sociales... Tout prend forme et le roman devient haletant et très bien écrit jusqu'à la dernière page. Mais malgré toute cette réussite, la frustration est tout de même présente. On passe à côté d'éléments au début du livre, il aurait fallut, pour que la réussite soit totale, privilégier davantage quelques éléments de l'histoire (et cela au détriment du style). Passons cette petite frustration et nous sommes en face d'un livre dont le sujet est très bien maîtrisé et dont le style est, dans son ensemble, brillant. Mais malheureusement ce livre montre aussi que son style commence à se fatiguer...