Élevé par sa grand-mère à la suite de tragédies familiales multiples, Grady Tripp grandit dans la fascination de son voisin, Albert Vetch, auteur de romans d'épouvante et inspirateur de sa future vocation.
Devenu adulte et professeur de lettres à l'université de Pittsburg, Grady travaille, ou plutôt se débat depuis près d'une décennie avec son nouveau roman, un manuscrit proche de l'absurde et bourré d'inutiles digressions de plus de deux mille pages, intitulé Des garçons épatants. La vie de Grady est aussi peu linéaire que son roman. Tout juste quitté par sa femme, il vient d'apprendre que sa maîtresse Sara, la présidente de son université, la femme de son supérieur hiérarchique, est enceinte de lui. Et comme si cela ne suffisait pas, Grady se convainc qu'il est passionnément amoureux d'une de ses étudiantes, la jeune Hannah.
Autour de Grady gravitent deux autres personnages principaux : Terry Grabtree, flamboyant et cynique explorateur de diverses drogues et autres plaisirs, qui vient de se faire virer de son poste d'éditeur, et James Leer, un des plus fervents disciples de Grady, jeune homme anxieux et fragile, mythomane avéré et atteint d'une attirance morbide pour les suicides de stars hollywoodiennes.
Ces trois paumés magnifiques, pour ne pas dire ces trois garçons épatants, nous embarquent dans une aventure aussi noire qu'hilarante, une comédie rocambolesque, émouvante et cynique.


 
Des garçons épatants est une histoire étrange et baignant dans une folie douce, frôlant souvent le « to much », mais l'ésquivant à chaque fois. Nous suivons un écrivain et professeur de lettres pendant deux journées, journées très  agitées et primordiales qui changeront sa vie. Alors qu'un festival littéraire bat son plein dans son université, il va essayer de jongler entre une femme qui le quitte, une maîtresse (moins séduisante, moins jeune et plus intelligente que sa femme, ce qui mérite d'être souligné) qui attend un enfant, un de ses élèves suicidaire, cleptomane et mythomane, sa jeune locataire qui a le béguin pour lui, un étrange type qui semble être jockey et qui en veut à sa voiture et son ami et éditeur proche du renvoi. Sans oublier un livre de plus de deux milles pages qu'il traîne depuis des années et qu'il n'arrive pas à se décider à terminer. Tout cela en trimballant le corps d'un chien mort (accessoirement celui de sa maîtresse) dans le coffre de sa voiture. Oui, ça fait beaucoup. Et pourtant, c'est ce qui fait le charme de cette histoire improbable et jubilatoire.


 Michael Chabon nous promène ainsi dans la vie de cet homme qui ne sait plus ce qu'il veut et qui se laisse submerger par les problèmes des autres jusqu'à les assimiler. Il arrive à faire vivre cette incroyable galerie de personnages avec discrétion et adresse, à l'aide d'une écriture vive et prenante. J'ai été emporté par ce roman, aussi bien à cause du fond, loufoque et attachant, que de la forme, d'un style fort décontracté à « l'américaine» .


 Évidemment , il faut aimer ce genre d'ambiance pour adhérer à ce roman, autrement pas la peine d'essayer, il ne pourra que vous irriter par son ton et l'environnement « Germanopratin », de cet auteur en perdition amis de la bouteille, et des fumeurs – occasionnels ou pas – d'une herbe bien sympathique qui aide apparemment à la création, et de problèmes qui sont aussi insignifiants qu'importants. Une ambiance qui n'est pas sans rappeler le style des films de Woody Allen.

Scopa
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le 12 août 2016

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Scopa

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