Une autre vision du couloir de la mort
J’avais quelques réticences à commencer ce roman, et pour cause, le narrateur de ce roman est depuis des années dans le couloir de la mort en attendant son exécution. Ça jette un froid.
Pourtant, l’auteure arrive par un tour de force à créer un roman très juste. Un des narrateurs est condamné à mort, mais on ne sait pas ce qu’il a fait pour en arriver là. Il ne parle jamais, mais a appris à lire en prison et passe son temps à dévorer des livres. De derrière ses barreaux il observe et décrit la prison, et l’endroit où il se trouve. Sous ses yeux, on voit aussi passer un prêtre déchu et « la dame ». Celle-ci est engagée pour essayer de transformer la peine de mort et l’exécution imminente d’un prisonnier en condamnation à perpétuité. Cette fois, elle tente de sauver un homme qui ne souhaite plus que mourir et tente de retrouver ce qui l’a fait devenir un tel meurtrier.
Le texte ne se complet pas dans les atermoiements. Ce n’est pas forcément plus facile, mais les prisonniers sont résignés, ils ne se démènent pas dans le vide contre l’inéluctable. D’un autre côté les conditions en prison sont décrites telles des fatalités, les viols, les agressions, les morts, l’indifférence des gardiens et du monde en entier. Les personnages sont touchants, avec leurs histoires sombres, tragiques et terriblement réalistes, comme le directeur dont la femme meurt d’un cancer, la dame au passé aussi brisé que les détenu, le prêtre qui a quelque peu perdu foi en la prêtrise.
Ce roman est donc vraiment prenant, il reste en mémoire, il est dur, mais d’une certaine manière nécessaire. Décrire la violence n’est pas nécessaire, on voit que le but est atteint, et rajouter des descriptions atroces n’auraient que fait fuir les potentiels lecteurs.