Bon, je m'attelle à la critique de ce "livre". Ou plutôt devrais-je dire à ce recueil d'images "infernales".
Taschen nous propose ici un panorama de la sexualité humaine depuis les vases grecs jusqu'aux couvertures de magazines du XXe siècle. Pas de photo, seulement des illustrations sont proposées.
Je me suis promis de ne pas trop employer des mots inconvenants. Nous sommes sur SC, tout de même!
L'ensemble propose beaucoup d'images très différentes les unes des autres mais qui ont toutes un point commun entre le P et l'Air..., j'ai nommé le Q.
Cette chevauchée à travers les siècles nous fait passer en revue les interdits qui ont marqué nos sociétés :
à l'image des récits salaces que l'on peut lire dans les fabliaux médiévaux, on trouvera des images de nonnes montées par des moines à la membrure très généreuse (d'ailleurs, beaucoup d'images montrent un phallus extrêmement développé chez leur propriétaire, à la limite de la déformation très effroyable, un cheval ferait moins peur).
au temps des perruques et des marquis, de petits nobles et petits bourgeois passent du bon temps en étant vus (sans le savoir) et nous proposent une petite danse, à deux ou plus, digne de la suite fantasmée du tableau Le Verrou de Fragonard.
Certaines situations sont cocasses et prêtent à rire : Madame agite le tison de sa...pardon, de la cheminée tandis que Monsieur découvre ses fesses afin de l'aider à ramoner. Il se fait donc très serviable.
Une jolie fermière donne à manger à des oies dont les têtes se sont malencontreusement transformées en...outil masculin. Pas de quoi se prendre un râteau, visiblement.
d'autres donnent une image de la femme extrêmement dégradante : figurez-vous une rangée de lunes bien pleines et bien blanches accroupies sur un canapé dans lesquelles deux obus s'apprêtent à rentrer afin de les faire exploser.
Je passe les scènes de soumission où la demoiselle est attachée et se fait visiter par plusieurs geôliers peu scrupuleux. Je ne parlerai pas non plus des réunions type "salon de thé" où même la soubrette jouit...pardon, joue un rôle.
Je critique, je critique. Néanmoins dans cette avalanche de débauche qui frise la perversion certains noms sont à retenir, comme ceux de :
Klimt, Rodin, Picasso ou encore Rops et Kubin, moins célèbres certes, mais dont les dessins sont restées importants dans l'histoire de l'art du XIXe siècle.
La sexualité attire et parce qu'elle a été taboue très longtemps, ces illustrations ont circulé sous les manteaux couvrant à peine une chaude nudité, elles ont parcouru les siècles et peuvent sans nul doute choquer beaucoup plus un admirateur contemporain acculturé à la soft-pornographie qui tapisse (à tort ou à raison) nos murs de publicité ou nos magazines.
On accorde souvent au passé une réserve qui n'avait de morale que le nom. Aujourd'hui, le sexe est partout, pour vendre un gel douche, on est obligé de vendre le sein du mannequin qui va avec et pourtant le sexe et le plaisir qui va avec n'a jamais été autant bafoué et reste finalement un sujet, si ce n'est prohibé, au moins qui fait rire et qui rend mal à l'aise.
Restes d'une éducation religieuse qui fait de nous des êtres frustrés? plein d'un désir qui devient intéressant qu'à partir du moment où il reste inassouvi?
Je sais qu'il existe une histoire de l'Orgasme rédigée par Robert Muchembeld, ne l'ayant pas lue, je ne peux y faire référence dignement ici, mais je pense qu'il serait intéressant de mettre en regard à la fois : éducation sexuelle, morale de la sexualité, images du corps féminin et du corps masculin et sciences.
Voici quelques liens qui peuvent peut-être venir compléter le sujet :
BNF
Musée
Muchembeld